Sur le site Atlantico.fr, « Fin des élections : la rigueur, c’est maintenant ? » un entretien mené par Alexandre Devecchio, avec Jean Peyrelevade et moi-même.
Bien que les élections grecques aient temporairement rassuré les marchés financiers, l’Europe reste plus exposée que jamais à une nouvelle hausse des taux d’intérêt, doublée d’une crise bancaire généralisée. Pour les économistes Jean Peyrelevade et Paul Jorion, le président François Hollande ne pourra ni ne voudra défendre son programme économique, notamment face à la pression allemande.
Atlantico : Jean Peyrelevade, vous affirmez que si le programme économique de François Hollande est maintenu tel quel, la France va être attaquée par les marchés financiers et pourrait voir ses taux d’intérêt s’envoler. Le gouvernement Ayrault va-t-il devoir opérer un tournant de la rigueur comme le gouvernement Mauroy en 1983 ?
Jean Peyrelevade : Un tournant est inévitable. J’ai été nommé directeur adjoint du cabinet Mauroy et conseiller économique du Premier ministre en 1981. J’ai dû gérer le programme de nationalisation. Mais dès le départ, j’ai affiché un certain scepticisme.
Deux ans après, l’Histoire me donnait raison. Mais cette fois, François Hollande n’attendra pas deux ans pour changer de cap. Les dirigeants européens vont devoir bouger vite pour défendre la zone euro qui est attaquée. Nous avons besoin d’un accord avec l’Allemagne. Nous n’obtiendrons pas cet accord sans engager notre propre effort de redressement. Tant que notre politique économique sera considérée par les Allemands comme insuffisamment sérieuse, tout accord avec eux sera impossible et la zone euro ne sera pas sortie d’affaire.
Paul Jorion : En réalité, la politique promise par François Hollande ne représente aucun danger pour les marchés. François Hollande va s’aligner sur la politique allemande, qui est une politique libérale de droite. Il y aura une vague discussion au sujet de la croissance. On va redéfinir le terme pour qu’il s’intègre dans le programme libéral définit par l’Allemagne.
Il n’y a pas de raison a priori que les marchés ne soient pas satisfaits. Il y a un abus de langage lorsqu’on dit que le programme de François Hollande est un programme de gauche. François Hollande est dans la norme européenne, qui se situe entre le centre-droit et la droite. Le problème, c’est que la plupart des gens n’ont pas lu le programme sur lequel François Hollande s’est fait élire.
C’est vrai, François Hollande a dit lors de son discours au Bourget que « son adversaire » était « le monde de la finance ». Mais une semaine plus tard, il s’est rendu à la City à Londres pour dire le contraire. La deuxième annonce le futur de la politique socialiste. Et François Hollande va, comme prévu, remettre en question le contrat à durée indéterminée.
En définitive, le président français va suivre de manière servile la politique qui a été menée depuis 50 ans par le Fond monétaire international, la Banque mondiale et l’Union européenne. La seule variable d’ajustement sera les salaires. C’est ce qu’on a fait en Grèce. Le Portugal, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie suivront. Il n’y a pas de raison que la France reste une exception.
Jean Peyrelevade : Le mot « aligné » me paraît exagéré. François Hollande sera obligé de montrer à l’Allemagne qu’il fait des efforts pour rétablir l’équilibre des finances françaises et relancer la compétitivité de notre pays.
Le retour de la compétitivité passe nécessairement par une modération salariale, par une augmentation des marges des entreprises et par un effort d’investissement dans l’appareil productif. Il faut mettre d’avantage d’argent dans l’appareil productif et vérifier que cet argent est correctement utilisé.
Comment François Hollande pourra-t-il faire accepter des mesures de restriction budgétaire en dépit de sa campagne ? L’opinion est-elle suffisamment préparée ?
Jean Peyrelevade : C’est son problème. A lui de trouver la meilleure façon de prendre le virage. Il sera nécessairement un peu chaotique. Il y aura probablement un phénomène de désillusion comme en 1983. Mais tout gouvernement qui prend des mesures courageuses s’expose à ce type de perte de popularité.
Je pense néanmoins qu’il a la place pour trouver le bon langage, à condition qu’il décide d’aller jusqu’au bout de la vérité. Il aurait d’ailleurs sans doute dû dire la vérité avant. Mais François Bayrou, le seul candidat qui a dit la vérité, a été éliminé dès le premier tour.
Paul Jorion : François Hollande a tiré les leçons de l’expérience Mitterrand avant même d’être élu, puisqu’il n’a rien promis, si ce n’est une politique de droite.
Mais, les gens qui imaginent par erreur qu’ils ont voté pour un gouvernement de gauche, comprendront au moment où les mesures passeront qu’il y avait un malentendu. C’est évident. De la même manière que les Grecs ont compris qu’il y avait malentendu au cours des récentes élections.
François Hollande dispose de la majorité absolue, et l’opposition en interne représentée par Jean-Luc Mélenchon est dans l’impasse. Cela va-t-il lui faciliter la tâche ? Martine Aubry peut-elle représenter un obstacle ?
Jean Peyrelevade : La majorité absolue met François Hollande en face de ses responsabilités. Il est président de la République, dispose de tous les pouvoirs, et sera seul face à l’Histoire. Il contrôle le Parlement, le Sénat, les collectivités locales. S’il le veut vraiment, il contrôlera aussi Martine Aubry.
Paul Jorion : Il faut retenir les leçons de l’Histoire. Quand un parti obtient la majorité absolue, l’éventail des opinions commence à se refléter. Le Parti socialiste est désormais un parti de centre-droit.
Au sein même du PS, on va voir apparaître une aile droite, un centre et une aile gauche au sein de la majorité. Je ne sais pas si Martine Aubry pourra réellement incarner l’aile gauche. Henri Emmanuelli devrait revenir lui sur le devant de la scène pour jouer ce rôle.
Les politiques de restriction des dépenses publiques ont montré leurs limites en Europe. A titre d’exemple, la dette grecque qui, malgré la multiplication des plans de rigueur, continue d’exploser. L’austérité est-elle vraiment la seule solution ?
Jean Peyrelevade : Il ne faut pas opposer rigueur et croissance. De toutes les façons, nous sommes condamnés à la rigueur.
Si nous voulons de la croissance, cela passe nécessairement par l’Europe car nous n’avons plus les moyens de la financer nous-mêmes. Encore une fois, il nous faut un accord européen. Pour cela, nous devons faire preuve de discipline. Nous sommes dans un cercle parfaitement fermé. Nous avons besoin de rigueur, et ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons trouver un accord avec l’Allemagne.
Paul Jorion : La logique de compétitivité signifie que l’on va aligner les salaires français sur ceux du Bangladesh. Il faut un pouvoir d’achat minimum pour que les gens achètent les produits qu’ils fabriquent. On ne peut pas remplacer tous les salaires par des crédits. Tout simplement parce que les crédits, il faut bien les rembourser un jour ! Il faut donc augmenter les salaires et baisser la rémunération des actionnaires, ainsi que celle de certains chefs d’entreprise.
Il est impossible de conjuguer rigueur et croissance : c’est l’un ou c’est l’autre. A l’échelle de l’Europe, il faut remettre les compteurs à zéro. L’Europe est insolvable. Il faut restructurer la dette avec une dévaluation de la monnaie, en instaurant une véritable solidarité entre les États. Si les Allemands refusent cette solidarité, ils n’ont qu’à sortir de la zone euro. Cela facilitera les choses pour tout le monde.
Propos recueillis par Alexandre Devecchio
178 réponses à “ATLANTICO.fr, Fin des élections : la rigueur, c’est maintenant ? Jean Peyrelevade et Paul Jorion”
Cette phrase suscite forcément pas mal de réactions… La question que je me pose pour ma part depuis près d’un an, c’est: pourquoi ne l’ont ils pas déjà fait?
. A cause de leurs exportations en zone Euro?
. A cause de leurs avoirs en Euro? La capitalisation pour les retraites?
. A cause de leur idéal « européen »?
Je vis à Berlin et d’expérience (attention cliché) les Allemands ont tendance à suivre des plans définis à l’avance, ce qui peut expliquer une certaine inertie. Mais quand il leur semble bon de remettre quelque chose en cause, ça ne traine pas…
Vous êtes tous deux d’accord pour dénoncer les stock-options, mais pour le reste… ?
http://www.attali.com/actualite/blog/geopolitique/saisir-la-derniere-chance
J’ai écouté une émission sur France inter sur Cécile Renouard à propos de son livre où elle expose avec études à l’appui, pourquoi il faut règlementer les écarts de salaires et pourquoi il faut intégrer ces écarts dans la fiscalité; les études auxquelles elle se réfère sont originales et jamais citées ailleurs;
Retrouvez L’invité : Cécile Renouard, auteur de « Le facteur 12, Pourquoi il faut plafonner les revenus » sur http://www.franceinter.fr/emission-on-n-arrete-pas-l-eco-l-invite-cecile-renouard-auteur-de-le-facteur-12-pourquoi-il-faut-pla
« Il y aura probablement un phénomène de désillusion comme en 1983. Mais tout gouvernement qui prend des mesures courageuses s’expose à ce type de perte de popularité. » Jean Peyrelevade 2012
C’est beau la nov’langue, cette notion de courage en politique. Remember Juppé95, quel courage, héroïque son discours :
« Si le sens des responsabilités, la primauté de l’intérêt général, la volonté de partage et de solidarité l’emportent, nous allons réussir ce qu’on n’a pas osé entreprendre depuis 30 ans. Le moment est solennel. Nous avons mis dans la préparation de notre réforme toute notre énergie, toute notre volonté d’écoute, toute notre exigence de Justice. Il faut le faire, j’en ai l’intime conviction. Il faut le faire maintenant. Il faut le faire ensemble. Ce n’est pas le sort d’un gouvernement qui se joue. C’est un enjeu national qui est en cause.
C’est pourquoi, Mesdames et Messieurs les Députés, je m’adresse aussi à vous avec force, presque avec passion.
Je sais que l’unanimisme n’existe pas. Je sais que l’unanimité est parfois trompeuse. Je sais que certaines divergences sont légitimes et même parfois fécondes. Mais il est des moments où l’intérêt national commande de faire prévaloir la solidarité et l’unité. Nous vivons l’un de ces moments. »
J’en frissonne encore… presque.
« Prendre des mesures courageuses »: cela ressemble à « Il faut faire preuve de réalisme ». Quand vous lisez ou entendez cette phrase (et les occasions sont nombreuses), avez-vous remarqué que cela signifie TOUJOURS: « Le monde mondialisé – globalisé est LA réalité. L’idéologie économique ultralibérale de la finance dérégulée s’y est imposée. Rien ni personne ne pourra jamais s’y opposer. Il n’y a pas d’alternative ». A quoi l’on pourrait ajouter: Amen. La messe est dite!
Quant au pari d’Emmanuel Todd sur « le hollandisme révolutionnaire », il lui reste un peu moins de cinq années pour être gagné. Et si « la réalité » contraignait Frau Merkel – une « courageuse réaliste » elle aussi- à avancer la date des élections allemandes?
Todd racontait déjà n’importe quoi sur Sego…
Des remèdes qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes…
(post précédent = réponse à schizosophie citant Juppé)
J’entends « Il y aura probablement un phénomène de désillusion comme en 1983. Mais tout gouvernement qui prend lâchement des mesures lâches s’expose à ce type de perte de popularité. » et la conséquence m’étonne moins, is the people’s taylor rich ?
Incidemment, j’apprends par Michel qu’Emmanuel Todd a fait un pari stupide. La France francisée du capitalisme à la papa, elle le valait bien, le global globalisant.
Emmanuel Todd est le meilleur. (Paraphrase de Copé sur Sarko le soir de son dernier premier tour. 🙂 )
Ah Juppé !!! un honnête homme encore !!!! mouarf
Vous avez, Paul, le talent de ramasser en quelques
phrases des idées latentes. (latentes, mais pas ici)
Mise bout à bout, elles prennent une force
qui devrait ébranler les intelligences raidies par le libéralisme.
Et vous même vous commencez à faire un bout de chemin vers
un protectionnisme intelligent, défendu par exemple par François Ruffin.
Rapidement:
Vous dites que la spirale descendante des salaires doit avoir une fin.
La compétitivité est par trop inégale.
Très bien. C’est évident: nous ne pouvons pas lutter contre l’esclavagisme
intelligent mis en oeuvre en Chine, par exemple.
Mais cela implique en même temps que leurs productions sont très abordables
pour nous et que les nôtres leur sont sans attrait, hors de prix.
D’où une déséquilibre structurel des échanges. Il n’est pas viable.
Ce n’est pas une remarque originale: c’est la structure actuelle des échanges
entre Chine et USA. Avec une différence importante: seul ce couple de pays peut
perdurer dans ce schéma, pas nous, que ce soient les pays européens
isolément ou le bloc Europe.
D’où, afin de ne pas être insolvable vis à vis de l’ex-tiers monde,
et lui être une charge insupportable, la nécessité de rééquilibrer notre commerce.
Quelle est la meilleure solution, une fois admis que notre zone
doit rester à niveau de vie élévé et que les gains relatifs de productivité
vont devenir de plus en plus faibles ?
Je n’en vois qu’une, d’ailleurs à longue échéance et remettant en cause notre
mode de vie et beaucoup de nos croyances.
J’ai conscience de très mal expliquer quelque chose d’essentiel.
En résumé: baisse salariale stoppée suppose protectionnisme éclairé
ou acceptation ( imposition serait plus juste ) d’une charge vis
à vis des pays à faibles salaires. Ce que sont les USA vis à vis de
la Chine.
Non, ce n’est pas la solution.
Le protectionnisme, qui va d’ailleurs s’accentuer dans la crise,
ne mènera qu’aux guerres comerciales et sans doute aux guerres tout court.
Explication ici, par Michel Husson
http://www.npa2009.org/content/protectionnisme-et-altermondialisme-contretempseu
( Vite fait sur la gaz, j’ai une dure journée demain à l’usine.)
Merci Charles A.
J’ignorais. Mais tant et tant est ignoré.
Vous aurez vu que je parle du déséquilibre des échanges,
en craignant la reconduction du commerce USA/Chine.
Ce déséquilibre est durablement, structurellement implanté.
Il est d’ordre mécanique : le matériel madeinchina entre aux USA,
en échange le dollar imprimé à la demande entre en Chine,
et la boucle est bouclé par l’achat de bon du trésor US par la Chine.
Chacune des deux parties peut s’estimer satisfaite.
En particulier, la dictature du PCC trouve là un justificatif confortable
et un motif à durer. Ce commerce peut être vu comme un échange
de bons procédés.
Ou comme la corde et le pendu
Nous n’avons pas les moyens de le reproduire.
Et je m’interroge: comment l’éviter tout en répudiant l’austérité des salaires.
Il est évident que c’est en fabricant préférentiellement ce que
nous consommons puis en exportant l’ équivalent de nos importations.
Donc en gros , réindustrialiser.
A cet égard, nous devons nous considérer comme un pays
sous-développé ou en phase d’industrialisation après
des destructions matérielles dûes par exemple à la guerre.
(le libéralisme qu’on nous oblige à ingurgiter vaut destruction massive.)
Nous cumulons et cumulerons encore plus les handicaps:
en particulier coût du travail maintenu élevé par
consensus en vue d’une protection sociale à la hauteur
et un bon niveau de consommation.
Ce n’est pas le seul handicap et de loin.
La seule compensation pour ces multiples désavantages
est un niveau raisonnable de protection
aux frontières rétablissant l’égalité des chances.
C’est par exemple ce qu’ont fait les USA de 1865
à 1930, environ.
Pour la petite histoire, en 1924-1926, les USA
étaient « porte ouvertes, liberté du commerce »,
la France était « protectionniste ».
Les tarifs des douanes étaient généralement plus élevés
aux frontières US qu’aux frontières françaises,
surtout pour ce que pouvait exporter la France.
( encore un exemple des méfaits du « nominalisme »)
Votre article ne répond absolument pas à ces questions.
Et il procède trop par affirmations non prouvées.
Je ne dis pas non prouvables.
Comme très souvent, j’ adhère aux raisonnements
de Todd. Il ne faudrait pas croire que je suis original.
Ecoutez, il y déséquilibre annuel de 40-60 milliards d’ Euro,
structurellement en hausse, le tout depuis 2001.
Nous vivons sur le dos de nos créanciers, en dehors de toutes fautes de gestion.
( et dieu sait si le nain a été généreux pour ceux de sa classe sociale.)
Des affirmations théoriques ou idéologiques de laisser
faire ou de minoration de cette question ne sont
pas satisfaisantes. La théorie des avantages comparatifs
– je ne sais plus qui- montrant l’avantage mutuel
Angleterre-Portugal à adopter des frontières ouvertes
– j’espère que vous voyez à qui je fais allusion,
une précision supplémentaire : il y a une arithmétique
entre des draps anglais et du Porto portugais-
cette théorie en pratique a surtout montré que le pauvre
Portugal a été maintenu en état de sous-développement pendant plusieurs
siécles.
Dans cette sorte d’économie, il faut toujours se demander
à qui profite la théorie du libre échange.
Elle a toujours été créée et adoptée par le pays hégémonique.
L’ économie est une fausse science qu’il est très facile à la Puissance
du moment d’instrumentaliser, en vue de prolonger sa prééminence.
Ceci dit, danser comme un cabri au cri de « produisons local »
ne fera pas avancer le schmilblick.
Mais nous devons garder une attitude flexible.
Le retour de la compétitivité passe nécessairement par une modération salariale, par une augmentation des marges des entreprises et par un effort d’investissement dans l’appareil productif. Il faut mettre d’avantage d’argent dans l’appareil productif et vérifier que cet argent est correctement utilisé.
Intéressante cette assertion!
que ne fait-on depuis presque 20 ans?
et pour quel résultat, celui que nous connaissons aujourd’hui
et comme tous les néo-libéraux, il vous affirme que cela ne arche pas parce que l’on en fait pas assez
ça rappelle certains communistes russes(et autres) il y a quelques décennies!
En Europe centrale à partir de la comptabilité nationale on montré
qu’en transferant l’ensenble des charges sur salaires et des impôts sur la TVA et si les entreprises jouent c’est à dire en maintenant constant le prix actuel TTC on avait la solution
que nous cherchons.
idem pour les dividendes des actionnaires ???
Cher Paul,
J’apprécie beaucoup votre humanité et étant résolument à gauche également, je partage vos convictions. Ceci dit, une chose me tracasse dans votre côté refus de tout compromis: ne pouvez-vous pas imaginer que des gens (et pas mal) soient à droite? Peut-être ne le sont-ils pas dans leur propre intérêt (je ne parle évidemment pas des grands patrons), mais le sont-ils par conviction. Est-ce un crime à vos yeux? Est-on coupable de croire en l’effort personnel plutôt qu’au partage? Vous rejetez d’avance la discussion avec la moitié du monde en imposant un remède d’autorité. Vous êtes expert et humaniste, mais pas très démocrate en un certain sens.
Bien à vous
Si j’étais vous, j’arrêterais de me tracasser : prenez les choses du bon côté, la vie est courte, on n’a que le bon temps qu’on se donne, et à chaque jour suffit sa peine : à chacun son métier et les vaches seront bien gardées !
Fyfy, vous avez compris ma réponse : allez en paix, et que la force soit avec vous !
Ce fil de discussion me semble plus intéressant et plus riche que d’habitude car il y a plus d’échanges argumentés, moins de Niaqua et une meilleure prise en compte de la complexité du réel et de l’inexistence de solutions simples qui régleraient tous les problèmes en un clin d’œil. J’attribue cela à l’électrochoc que produit l’intervention de Paul : si le PS est au centre droit (et donc comme l’on fait remarquer des intervenants le FDG au mieux au centre gauche) – la droite et l’extrême droite étant encore plus loin de toute solution – nous sommes mis en demeure d’imaginer des solutions qui ne soient pas la reprise des couplets trop connus. Génial !
Ceci étant, pour l’avenir, il ne faut pas désespérer complètement de la politique et des hommes politiques car il faudra bien que la solution soit politique ou sinon nous reviendrons à l’état de nature qui est beaucoup moins drôle que certains l’imaginent. Si, comme je le crois, l’analyse de Paul (et de François et de beaucoup d’autres) est juste, la crise est systémique et va poursuivre son déroulement mortifère quelles que soient les mesures qui seront prises dans le cadre actuel. Les hommes politiques qui continueront à essayer de placer des rustines en affirmant comme Hoover lors de la crise de 29 que « la reprise est au coin de la rue » le rejoindront dans les poubelles de l’histoire. Mais pourquoi n’y aurait-il pas un ou des hommes politiques qui finira(ont) par voir ce qui nous est évident depuis longtemps et qui peut de moins en moins être ignoré, à savoir qu’il n’y a pas de solution dans le cadre actuel ? ; et qui pensera qu’il a une chance de passer à la postérité en initiant un nouveau cours politique. Après tout, il n’était pas écrit d’avance que ce membre éminent de la grande bourgeoisie américaine, Roosevelt, serait l’un de ceux qui commencerait à mettre en œuvre des politiques efficace de sortie de crise.
Il n’y a pas de science économique. Il n’y a que de la politique économique !!
Un bon article sur le blog Simplement de gauche: « Les Grecs choisissent la sortie de l’Euro. »
Je vous livre les cinq dernières lignes:
« Les politiques de récession de la troïka ne font qu’augmenter le risque de sortie de la zone Euro pour la Grèce !
Concluons par cette déclaration d’Alexis Tsipras, leader de Syrisa:
« Le futur nous appartient (…), en attendant, nous ferons tout pour mettre en place des réseaux de solidarité et de la survie pour la population »«
Ben oui. « Dehors les bosch », comme le chantait si bien Didier Bourdon dans la télé des inconnus. LOL
Il n’y a pas UNE solution, il y a plusieurs processus qui enclenchés parallèlement aboutiront peut être à l’esquisse d’une solution!
Voici le commentaire des élections grecques paru sur le site Démocratie et socialisme, animé par Gérard Filoche et d’autres proches d’Emmanueli. Excellent.
« Grèce : la victoire « à la Pyrrhus » de la droite »
Que diable fichent-ils au PS ?
Je n’ai jamais compris la « fidélité » des honnêtes gens à des partis déconsidérés, hier les PC, aujourd’hui les PS.
Pas trop d’accord avec Chavigné quand il écrit que l’Aube dorée « ne représente qu’un danger marginal » avec son score renouvelé de 7%. 7% c’est le résultat du FdG (avec 10 élus contre 0 à l’AD) ici. « Danger marginal » aussi pour le PS d’Emanuelli et Filoche ?
Bien lu, vigneron.
Va savoir.
Qu’il est filoche, ce vigneron !
C’est de toutes façons absurde de mesurer le danger d’un mouvement anti-démocratique à l’aune de sa force démocratique. Cette habitude provient du mythe de la victoire nazie par les urnes. Mais il ne s’agit que d’un mythe, Hitler n’est pas arrivé au pouvoir suite à des élections puisque son parti était en perte de vitesse lorsqu’on lui a offert le poste de chancelier. C’est un complot de la grande bourgeoisie industrielle allemande qui l’a amené là de manière légale, suite à la crainte du danger communiste.
Je suis d’accord avec Monsieur Jorion: il faut dévaluer la monnaie ou provoquer mécaniquement une inflation; le problème de l’inflation est qu’elle n’est pas contrôlable, elle peut dégénerer et appauvrir les classes moyennes. Cette manoeuvre ne sera pas remunérée par les investiseurs et marchés, mais notre époque fait appel au courage, il faut le courage d’un Matador au personnel politique. Mais je crains que l’on demande là on peu trop.
Les allemands prônent la stabilité, le status quo, parce que la continuité leur sert, du moins pour l’instant. C’est au personnel politique de leur faire comprendre que cela est une illusion, que les allemands ne ppurront éternellement repousser les échéances, on est au bord de l’abîme.
Il y a un problème supplementaire: pour l’instant, il y a des emplois en Allemagne, on embauche même des étrangers pour certains secteurs. Les allemands ont donc le sentiment que leur « modèle » est le bon, les autres pays européens n’on qu’à suivre. Merkel doit en tenir compte en vue des élections en automne 2013. Une nette majorité du public allemand demande de maintenir la politique de rigueur en ce qui concerne les pays de l’Europe du sud (dont la France).
Il serait donc difficile de négocier avec un partenaire qui ne veut rien céder et qui a peur de ses sous, de payer les dettes des autres.
La question des « compétitivités » relatives fait partie des questions à étudier comme y insiste par
exemple Jean Peyrelevade.Mais il n’est pas du tout pertinent de limiter cette question à des
problèmes de coûts(en bref,pour l’essentiel de salaires et de « charges »).La compétitivité n’est
absolument pas une question surtout de coût et de prix.C’est AVANT TOUT une question de
QUALITE,et qui plus est une question de Qualité « intelligente ».(au sens disons de l’analyse de la valeur d’USAGE pour l’utilisateur,frais d’utilisation et d’entretien compris).Rien à voir avec ce que
les prétendus spécialistes du marketing préconisent.trop souvent et trop légèrement..L’effort de compétitivité souhaité en France ,en définitive,
n’a pas grand chose à voir avec le niveau du salaire au sens où il devrait être plus proche de
celui de la Chine ou du Bangladesh,ce qui est absurde.Bien au contraire concevoir des produits de « valeur » c’est-à-dire qui conviendront à leurs acheteurs(et pour acheter il faut un pouvoir d’acheter!) et les élaborer en sollicitant les compétences et les initiatives des salariés(mais aussi des clients
et des fournisseurs,) passe par autre chose que la seule obsession de la valeur marchande,et de la rentabilité à court terme.et des seuls coûts salariaux au sens large.Voilà ce qui ne saurait passer non plus par une fragilisation organisée
de la situation du salarié par rapport à son employeur via une fragilisation du contrat de travail
lui-même,qui serait devenue le fin du fin de la compétitivité :croyance dont on peut dire
qu’elle signerait plutôt hélas l’incompétence et l’irresponsabilité des « responsables »ou prétendus tels.eux-mêmes.Un salarié qui crée de la valeur d’usage aux produits de son
entreprise n’est au contraire jamais trop bien payé,et ce ne saurait sûrement pas un salarié
non seulement mal payé mais inquiet de perdre son emploi.Peur et précarisation ne sont pas
les voies assurées de la marche à la compétitivité.Il est temps que les milieux patronaux aient
bien reconnu les raisons profondes de ce qui réellement génère des produits compétitifs.
M’enfin…
Si l’Europe est « insolvable » , à quoi bon restructurer la dette ?
Traduction pour les cancres:
– » je sais que tu ne pourras pas me rembourser mais en réduisant les échéances ou en étalant dans le temps ce que tu me dois , çà devrait aller ( sous entendu , ça permettra au jeu de durer plus longtemps )…
– » Le temps de rétablir l’esclavage? »
– » l’homme n’a inventé que deux stratégies pour acquérir : soit il achète( échange pacifique à partir d’un rapport de force) , soit il vole ( « échange violent à partir ,aussi , d’un rapport de force ) »
– » donc, tout est dans la nature du rapport de force? »
– » tout est dans l’objectif du rapport de force »
– » le choix du durable ou pas… «
[…] Bien que les élections grecques aient temporairement rassuré les marchés financiers, l’Europe reste plus exposée que jamais à une nouvelle hausse des taux d’intérêt, doublée d’une crise bancaire généralisée. Pour les économistes Jean Peyrelevade et Paul Jorion, le président François Hollande ne pourra ni ne voudra défendre son programme économique, notamment face à la pression allemande… […]