LA COLÈRE EMPRUNTE LES VOIES QU’ELLE PEUT TROUVER, par François Leclerc

Billet invité

Le score du Front national est une « tache indélébile sur les valeurs de notre démocratie, une menace pour notre République », a affirmé Eva Joly lors de sa déclaration d’hier soir, poursuivant ainsi : « Je voudrais dire à celles et ceux qui se sont laissés abuser par le Front National qu’ils se trompent de colère ». Son analyse est un bon point de départ pour comprendre le vote qui a été enregistré.

Ce score est fait – mise à part la contribution des troupes historiques de l’extrême-droite – d’un mélange de rejet, de sentiment d’abandon, de perte d’identité qui trouvent refuge dans les valeurs de toujours de la droite nationaliste qui tend ses bras pour l’accueillir en déployant ses artifices manipulateurs et sa démagogie.

À l’arrivée, près d’un cinquième du corps électoral s’étant exprimé se reconnait dans la condamnation de la mondialisation et pourquoi pas du capitalisme financier, dans l’expression du chauvinisme et du racisme. Seule nouveauté sous forme d’adaptation aux circonstances, l’accent mis sur une dénonciation de la finance, qui a toujours été au menu de l’extrême-droite mais qui est remise à profit.

Lorsqu’une telle proportion de l’électorat manifeste ainsi qu’elle est à l’abandon et qu’elle cherche un refuge, la responsabilité n’est pas seulement à trouver chez les manipulateurs qui en profitent mais aussi chez ceux qui sont ainsi rejetés après avoir été placés dans un même sac. Ils doivent reconnaître qu’ils n’apportent pas de réponse aux angoisses sociales qui se cristallisent sur le pire des terrains politiques, qu’ils ne savent pas se faire entendre parce qu’ils ne savent pas parler aux laissés pour compte de la crise.

La référence à la France d’en-bas n’est pourtant pas nouvelle, ainsi qu’à la précarisation d’une partie grandissante de la société, une coupure s’installant progressivement avec celle d’en-haut. Sans que ceux qui sont du bon côté de la vitrine – et qui pour certains craignent de ne pas y rester longtemps – contemplent ce qu’ils préfèrent ignorer. Si une raison doit être recherchée à l’angoisse collective que l’on sent roder et qui s’exprime de mille façons, il n’y en a pas d’autre à trouver que la peur du déclassement, car l’ascenseur social ne marche plus qu’à la descente.

La colère, quand elle s’exprime, emprunte les voies qu’elle peut trouver. Alimentée par les désillusions du passé. Les mêmes qui devraient s’interroger en constatant qu’ils ne sont pas entendus peuvent également se dire qu’ils héritent de leur propre passé et s’inscrivent dans sa continuité. Que pèse la promesse du changement devant le poids de celui-ci ?

Le « droit d’inventaire » qui avait été réclamé par Lionel Jospin n’a pas été exercé. Si François Hollande est élu dans quinze jours, un soupir de soulagement sera malgré tout poussé, mais aucun élan ne l’accompagnera. Quant à ceux qui en ont impulsé un à sa gauche, leur responsabilité est d’apporter une réponse autre que déclamatoire et de ne pas se réfugier sous un drapeau cocardier.

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269 réponses à “LA COLÈRE EMPRUNTE LES VOIES QU’ELLE PEUT TROUVER, par François Leclerc”

  1. Avatar de franck
    franck

    Mai 2007 Sarkozie acte 1 scène 2: le salaire du Président est doublé.
    La cause était entendue.

    7 mai 2012: aucune perspective. L’euro nous plombe.
    Lente dégringolade.
    Sauve qui peut.

  2. Avatar de lon
    lon

    @ Klaki
    23 avril 2012 à 16:35

    Oui c’est bien beau de crier à l’Europe non démocratique et de vouloir donner plus de pouvoir au Parlement Européen, histoire de sauver The Beautiful Project des vilaines griffes rétrogrado-nationalistes, mais si c’est pour obtenir ça :

    Le 19 avril 2012, en séance plénière, le Parlement européen a adopté par 409 voix contre 226 le très controversé Accord entre les États-Unis d’Amérique et l’Union européenne sur l’utilisation des données des dossiers passagers (données PNR) et leur transfert au Ministère américain de la sécurité intérieure.

    http://www.europaforum.public.lu/fr/actualites/2012/04/pe-accordpnr/index.html

    Alors, que ce Parlement ait plus qu’un pouvoir de ratification, qu’est-ce que cela change, quand on sait que le vrai patron est à Washington ?

    Parce que finalement le vrai problème c’est celui-ci :

    L’eurodéputé libéral, Charles Goerens, ajoute à cette liste de griefs le non respect du principe de réciprocité, qui, s’il était observé, contraindrait les Etats-Unis à livrer aux autorités européennes le même type d’informations que celles qu’ils reçoivent.

    ( « griefs » renvoie aux arguments des opposants du texte )

    J’ai lu il y a quelque temps sur ce blog un commentaire que le vrai clivage actuel n’était plus un clivage droite-gauche, mais un clivage homme-machine. Peut-être philosophiquement intéressant mais je reste pour ma part persuadé que le clivage est aujourd’hui géopolitique, et le choix pour « l’Europe » de son indépendance et de ses alliances. C’est plutôt mal parti. Mais comme disait le grand Vigneron, si je ne me trompe, rien ne se fera sans les US et certainement rien contre eux.
    So be it.

  3. Avatar de lon
    lon

    Je voudrais rajouter à mon commentaire de 22h26 que la sécurité c’est du bon business :

    48 millions de passagers transatlantiques chaque année, bon coupons la poire en deux et disons 24 millions d’européens, ça fait toujours 24 millions x 14 dollars de frais de remplissage de la fiche ESTA ( https://esta.cbp.dhs.gov/esta/ ), obligatoire pour entrer aux US, donc 336 millions de dollars soit grosso modo 270 millions d’euros dans la poche du Homeland Security Dpt, et payables uniquement par carte de crédit s’il vous plait, comme ça on récolte encore votre historique de transactions courtesy of yourself 😉

  4. Avatar de DidierF
    DidierF

    Vous pleurez sur le FN à près de 20 %. En Suisse, son pendant est à 26 – 27 %. En Autriche, c’est encore plus fort. La Lega est très haute en Italie (Je ne sais pas à quel niveau). En Hollande, le gouvernement vient de sauter car ses populistes l’ont lâché.

    Je suis d’accord avec l’idée « La Colère emprunte les voies qu’elle peut trouver ». Elle est européenne.

  5. Avatar de fleens
    fleens

    Mélenchon s’est trompé de cible. Il a attaqué le symptôme et pas la cause.

    Pourquoi les gens sont malheureux, ce n’est pas à cause du FN mais à cause de ceux qui dirigent le système. Le FN s’attaque entre autres et à juste titre au système représenté par l’Europe. Les gens l’on compris en oubliant les solutions proposées par le FN qui ne les intéressent pas. Les nouveaux électeurs ont bien entendu ce message. Le Front de Gauche a brouillé le tableau en associant le FN à sa juste vindicte anticapitaliste.
    Alors si le FN s’attaque aux immigrés, il est tout à fait condamnable mais cela reste un ennemi secondaire par rapport aux tenants du système. La haine anti immigrés n’est pas ce qui attire le plus les électeurs FN. Dans beaucoup d’endroits où il y a le plus d’immigrés, on vote le moins pour le FN (Exemple: Paris et la Seine Saint-Denis). Le vote anti immigrés est pour beaucoup le vote contre un fantasme, un bouc émissaire. Il faut laisser cela à Sarkozy qui court derrière avec sa posture anti immigrés.
    Finalement, il est possible d’envisager que Mélenchon a fait trop de publicité pour le FN, ce dont le FN a profité. Dont coût 5 à 10%.
    Le FN est maintenant un problème pour le PS. S’il ne s’arrange pas pour avoir des candidats communs avec le Front de Gauche pour les législatives, il risque de ne pas avoir de majorité à l’Assemblée nationale, ni PS ni de Gauche à cause des triangulaires FN, UMP et PS qui ne lui seront pas nécessairement favorables. Alors là, le PS sera très mal avec une cohabitation.

  6. Avatar de Kercoz
    Kercoz

    deux constats .
    -Pour les intellos et autres nantis de l’assiette ou de la culture , ….il y a bifurcation entre la croyance entre le modèle globalisateur , centraliste , mondialisation …(gouvernances mondiales si on euphémise) …..et le modèle parcellisé stigmatisé comme protectionniste (on peut aussi retourner le stigmate en proteger l’individu plutot que l »économie …et les économistes ).
    Il n’est pas de bon ton de sortir du clivage droite/gauche …….mais c’est une réalité que le concept globalisation versus morcellisation recoupe ces lignes .
    En argumentaire on /je pourrais soutenir que la dynamique globalisatrice initiée par l’exploitation (éhontée) des pays sous développés , puis poursuivie par l’abondance énergétique ne pourra ni physiquement ni mathématiquement etre poursuivie , et que l’humanisme s’il perdure impliquera de revenir a une parcellisation du système .
    -Pour ceux qui ne voient pas plus loin que leur assiette , et que cette perspective rend peut etre plus clair-voyant qu’on ne le croit , …..qd elle est vide l’assiette, ils veulent des solutions immédiates …..et pas pour apres demain . d’ou les réactions du vote .
    Il me semble qu’il faille inverser la dynamique …mais les points d’inflexion sont des moments sociétalement tres dangereux. Du fait de l’absence d’ inertie provisoire .(du moins en physique)

    1. Avatar de BasicRabbit
      BasicRabbit

      @ Kercoz
      « les points d’inflexion »
      Ce sont des points de génuflexion que l’on nous propose (je ne peux pas m’empêcher…).

      1. Avatar de kercoz
        kercoz

        @Basic :
        ….marrant ! …..Pourtant la notion de point d’inflexion en terme de similitude de dynamique sociétale et de dynamique mécanique est des plus interessante :
        Un point d’ inflexion en géométrie , (de mémoire) , c’est qd on annule la dérivée seconde …c’est un point ou il n’ y a donc plus ni vitesse , ni accélération ……C’est donc un moment ou une force des plus faible et habituellement in-signifiante , peut devenir prépondérante sur l’évolution future du signal …

      2. Avatar de Tigue
        Tigue

        accélération nulle signifie vitesse constante ?

      3. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        « @ Kercoz
        « c’est un point ou il n’ y a donc plus ni vitesse , ni accélération »

        Non. En math un point d’inflexion est un point où la dérivée seconde (ou, en géométrie différentielle la courbure) s’annule. La dérivée première peut être non nulle.

        C’est, en très gros, la nullité de la dérivée de l’ordre le plus petit qui classifie les points de la fonction. Par exemple:
        dérivée non nulle=point ordinaire,
        dérivée nulle et dérivée seconde non nulle= extrémum (en une variable, en plusieurs c’est plus compliqué, il y a les points col),
        etc.

        « C’est donc un moment ou une force des plus faible et habituellement in-signifiante , peut devenir prépondérante sur l’évolution future du signal … »

        C’est René Thom qui a donné une classification « signifiante », c’est à dire topologique (en maths la topologie est à la géométrie ce qu’en psychologie le signifié est au signifiant), à savoir la liste des 7 premières « vraies » catastrophes dites élémentaires (l’extrémum ci-dessus étant trop élémentaire pour être considéré). La singularité se déploie, déploiement universel. Puissance et acte au sens d’Aristote. Vous venez de découvrir René Thom. Félicitations 🙂
        La singularité « extremum simple » est son propre déploiement universel: si vous la plantez dans votre jardin elle ne va pas germer/se déployer. Thom associe à chaque catastrophe des verbes et des substantifs. A l’extremum simple il associe le verbe « être ». La catastrophe dont vous parlez est le pli, la première catastrophe considérée par Thom. Les choses sérieuses commencent avec la suivante, la fronce, à la base selon lui, de l’embryologie animale.

      4. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Tigue

        1) Si l’accélération est constamment nulle, oui.
        2) Si l’accélération est seulement instantanément nulle, non.
        Contre-exemple dans le cas 2): f(t)=t*t*t, f'(t)=3*t*t, f »(t)=6*t. La dérivée seconde ne s’annule qu’à l’instant t=0, la dérivée première aussi. Mais cette dérivée première n’est pas constante dans le temps (son graphe est une parabole, pas une droite horizontale).

      5. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Kercoz
        J’essaye d’aplatir l’essai sur Thom avant que vous ne changiez d’avis. 🙂
        Ci-dessous l’épilogue de Stabilité structurelle et morphogénèse de Thom, dernière édition 1984.

        « Je voudrais avoir convaincu mon lecteur qu’il n’est pratiquement pas un domaine de la pensée humaine où l’usage de modèles géométriques ne puisse être de quelque utilité. Les mathématiciens déploreront sans doute l’abandon des modèles quantitatifs familiers si précis, en faveur de modèles qualitatifs de Topologie fonctionnelle nécessairement plus flous. qu’ils se rassurent, les modèles quantitatifs ont encore de beaux jours devant eux. Mais on l’a vu, ils ne présentent d’efficacité que pour les systèmes présentant un petit nombre de paramètres. Les méthodes qualitatives ici préconisées, qui font appel aux notions de champ morphogénétique, de chréode, associées aux singularités d’un ensemble de bifurcation d’un espace fonctionnel de dimension infinie, échappent à cette difficulté. Mais elles ne permettent en principe, qu’une classification locale des singularités de la Morphogénèse. Le problème de l’intégration des modèles locaux en une structure globale stable (qui serait l’objet d’une Topologie dynamique), bien qu’ébauché dans le cas des êtres vivants, demeure largement ouvert.
        Un outil essentiel nous manque encore en effet; une description mathématique un peu précise des processus catastrophiques, de la disparition d’un attracteur d’un système différentiel et son remplacement par de nouveaux attracteurs. Ce problème n’a pas qu’une importance théorique; si les physiciens veulent un jour obtenir quelque information sur des processus d’une extrême petitesse, ils devront faire appel à l’interaction de processus d’un énorme pouvoir d’amplification, et néanmoins suffisamment contrôlés. De tels processus, qui exigent une très grande variation des effets pour une perturbation infinitésimale des conditions initiales, sont typiquement des catastrophes. »

      6. Avatar de Tigue
        Tigue

        @ à Basic Rabbit

        Et une fois qu on a localisé l attracteur, on en fait quoi ?
        C est une sorte de pylône (ou puits) Indeboulonable .
        Peut on faire des discours démagogiques visant à en faire une variable facilement modifiable quand c est une donnée constitutive non seulement du terrain, mais aussi constitutive de l’ observateur (cette « donnée » est autre chose qu une variable independante de lui).
        La carte des attracteurs n est elle pas le reflet de nos propres projections conceptuelles sur le reel ?

      7. Avatar de kercoz
        kercoz

        @Tigue :
        Les eres glaciaires et inter glaciaires , sont deux attracteurs …
        A posteriori on peut définir leurs caracteristiques :
        -des fourchettes de temperature tres précises…
        -des durées de périodes avec certaines caracteristiques : ( les inter glaciaires sont beaucoup plus courtes ce qui peut indiquer que les inter sont moins stables par ex ..
        -des « pentes » qui doivent avoir certaines caracteristique indiquées par les modifs de temperature et climat mémorisées .
        L’attracteur doit etre considéré comme une somme de solutions du système qui est confinée ds un tableau du style absice -ordonnée ..ou a 3 dimensions ..

  7. Avatar de kercoz
    kercoz

    @Basic :
    ///// Un outil essentiel nous manque encore en effet; une description mathématique un peu précise des processus catastrophiques, de la disparition d’un attracteur d’un système différentiel et son remplacement par de nouveaux attracteurs. Ce problème n’a pas qu’une importance théorique; ////

    Je suis tombé sur des liens qui montrent la continuité entre Thom et les découvertes ulterieures sur le Chaos . …1984 est la pleine periode ou ces découvertes se faisaient et auraient du aider Thom ds ses démarches … (Ruelle, Ekeland ) …. Il a mis en évidence la notion d’attracteur , mais ne disposait pas des enormes possibilité des ordis pour achever sa démarche .
    Il a me sembkle t il raison en affirmant que le qualitatif suffit a determiner le concept …
    qd il dit :
    ///////Mais on l’a vu, ils ne présentent d’efficacité que pour les systèmes présentant un petit nombre de paramètres. /////////
    il me semble qu’il se trompe …..il se peut (purement intuitif) qu’un petit nombre de variables « dominants » suffisent a localise un attracteurs .
    Intuitivement aussi , on peut conjecturer qu’en multipliant les variables (ex de boucles trophiques nombreuses ds une pedogenèse ) , on précise peut etre mieux la localisation de l’attracteur (au pif 10% , mais c’est négligeable) , mais on renforce la stabilité du système donc de l’attracteur …et que cette caracteristique (stabilité) peut etre visualisée comme une attraction plus forte , donc une pente plus forte des bods(limites ) de l’attracteur .
    Pour pas mal de domaines , le lieu de l’attracteur serait DEJA une donnée de conjecture miraculeuse (économie ou énergie sur economie) . Le fait de renforcer la stabilité en multipliant les boucles et non en les réduisant est aussi un renseignement majeur

    1. Avatar de BasicRabbit
      BasicRabbit

      @ Kercoz
      Thom était voisin de Ruelle à l’IHES et c’est lui qui est à l’origine de la théorie de la turbulence faible de Ruelle et Takens.
      I. Ekeland est pionnier de l’utilisation de la théorie des catastrophes en mécanique lagrangienne et hamiltonienne (en dimension 1). Un résultat beaucoup plus intéressant (en dimension 2) est dû à Y. Kergosien.

      « il me semble qu’il se trompe …..il se peut (purement intuitif) qu’un petit nombre de variables « dominantes » suffisent à localiser un attracteur. »

      Relisez bien ce qu’écrit Thom. C’est exactement ce que vous dites (chapeau pour votre intuition!). Et c’est tout l’intérêt de la théorie du déploiement universel faite par Thom. Thom écrit que les scientifiques standard avec des méthodes standard sont perdus dès qu’il y a trop de paramètres (par exemple, l’ajout est de moi, la prévision climatique…).

    2. Avatar de BasicRabbit
      BasicRabbit

      @ Tigue
      « Et une fois qu on a localisé l attracteur, on en fait quoi ?
      C est une sorte de pylône (ou puits) Indeboulonable  »

      L’attracteur peut être effectivement vu comme un puits, un fond de vallée dans un paysage montagneux. Dans ce cas l’eau ruisselle (ou une bille dévale la pente) jusqu’à un puits (il peut y en avoir plusieurs). C’est un modèle statique (le paysage montagneux est fixé). Dans ce cas les puits sont fixés, indéboulonnables.
      Mais on peut imaginer (et je pense que certains jeux vidéo le font) qu’on peut en même temps que la bille (variable interne) faire évoluer la forme de la montagne en faisant varier des paramètres externes, de contrôle, en agissant sur la console de jeu. Dans ce cas on a affaire à des modèles métaboliques, beaucoup plus intéressants en morphogénèse. De nouvelles vallées, de nouveaux sommets, de nouveaux cols s’actualisent dans ce cas alors que les anciens redisparaissent, tapis dans l’ombre, en puissance, prêts à réapparaître. L’exemple le plus simple qui me vient à l’esprit est celui d’une bille dans un bol. Par un mouvement périodique approprié de la main la bille tourne autour de l’attracteur sans être attirée par lui. On imagine aisément que ce rôle peut être joué, en morphogénèse biologique, par la périodicité des jours et des nuits.

      « Peut on faire des discours démagogiques visant à en faire une variable facilement modifiable quand c’est une donnée constitutive non seulement du terrain, mais aussi constitutive de l’ observateur (cette « donnée » est autre chose qu’une variable independante de lui). »

      Je crois que ce qui précède répond partiellement à votre question. Vous soulevez de plus un problème important, celui où une variable externe s’internalise, cad celui où l’observateur rentre dans la danse.

      « La carte des attracteurs n est elle pas le reflet de nos propres projections conceptuelles sur le réel ? »
      Je crois que cette manière géométrique de voir les choses, de géométrisation, de spatialisation de la pensée a l’avantage de clarifier ses propres idées. Il s’agit alors plutôt ama de relèvements que de projections. Ce n’est plus Descartes (je pense puis je projette ma pensée sur le monde sensible), mais l’inverse (je suis dans la caverne de Platon et j’essaye de « relever » cad d’interpréter les ombres que je vois).

      PS: démagogique?

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