On se rapproche du 3 janvier, jour où se tiendra en Iowa la première des primaires des élections présidentielles américaines de 2008. J’en ai présenté le cadre général il y a trois semaines dans Présidentielles américaines : l’avant–match.
Le système à deux tours, et surtout le fait que les primaires n’aient pas lieu simultanément dans tous les états introduit une dynamique particulière, handicapant les favoris de l’un et l’autre parti. Les outsiders, Edwards du côté démocrate, Romney du côté républicain tentent de tirer parti de cette particularité en jouant leur va–tout en Iowa où l’on votera le 3 janvier et dans le New Hampshire, où l’on votera le 8. Ils espèrent, en arrivant premier dans ces petit états créer une dynamique et renverser les tendances que les sondages révèlent au plan national.
Obama, quand il apparaissait clairement distancé par Rodham–Clinton il y a quelques mois et basculait dans le rôle d’outsider, a réajusté le tir en adoptant cette tactique d’outsider, et dépassait Edwards il y a trois semaines dans les opinions de vote démocrate en Iowa. Aujourd’hui, les choses ont à nouveau changé : les trois candidats de tête sont dans un mouchoir et Clinton est passée en tête des intentions de vote. Au New Hampshire Edwards semble avoir échoué, distancé qu’il est par Clinton et, à une courte tête, Obama.
Du côté républicain, Romney a semble–t–il d’ores et déjà échoué en Iowa, où la nouvelle vedette de la droite religieuse, Huckabee, le distance clairement. Je rappelle que Romney lui–même fut un temps le candidat des Chrétiens fondamentalistes, avant que son Mormonisme ne le disqualifie dans cette fonction. Thompson, joua lui aussi ce rôle un court moment mais son manque d’allant dans les débats publics lui retira bientôt la vedette. Romney maintient ses chances dans le New Hampshire où il n’est menacé que par un McCain ressuscité des morts grâce au soutien de la presse locale qui en a fait son favori.
Au plan national, les intentions de vote pour les candidats républicains révèlent le marasme dans lequel le parti se trouve tout entier : les intentions de vote pour Giulani qui a longtemps caracolé en tête, fondent de jour en jour et Huckabee, McCain et Romney conservent toutes leurs chances, l’ordre exact étant sans cesse bouleversé. Au vu de ce spectacle, Bloomberg, en candidat indépendant, fourbit sans doute ses armes. Il attendra stratégiquement que les primaires républicaines aient sombré dans le chaos avant de se déclarer et de lancer le milliard de dollars dont il dispose pour sa campagne. On aura alors l’occasion de tester sur un exemple réel la plaisanterie cynique des États–Unis comme « best democracy that money can buy ».
Dans un pays où chacun sait que les lignes téléphoniques sont largement écoutées par le pouvoir, c’est un beau résultat…