Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Ma fille me dit : « C’est ici que je viens surfer le samedi matin ». Je lui réponds : « C’est ici que les cendres de mon père furent dispersées », et je lui apprends ainsi une chose qu’elle ignorait sur son grand-père. Irons-nous manger à midi dans la ville où l’un de mes fils est né ou dans celle où est née l’une de mes nièces ? Au carrefour, ma sœur au volant, hésite et je dis : « C’est à gauche : je connais bien ici ! » et c’est moi, l’exilé de douze ans qui demeure l’ultime référence géographique.
A Santa Monica, nous nous demandions le dimanche : irons-nous dans l’un de ces endroits que nous appelons « où nous ne sommes jamais allés », ou dans un autre « où nous sommes déjà allés », et dans ce cas-là « en quelle année », la référence la plus précise que nous puissions lui attribuer. Ici au contraire, tous les endroits sont « lieux de mémoire ».
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
10 réponses à “Les lieux de mémoire”
Ah, ces racines !
Comme si votre retour faisait aussi leur fête …
Bienvenue pour votre retour Paul .
La vieille Europe c’est pas mal et il y a tellement d’Histoire, je me souviens d’une phrase d’Eva Joly qui relatait l’action de cet Italien de Naples, qui de temps en temps se déchaussait pour marcher pieds nus dans la terre de son Pays….
C’est vrai que revenir en Europe, d’un non-lieu a-historique et u-topique comme les USA,
surtout en ce moment rare,
ça bouleverse.
Un cercle n’a pas de bout, il faut parfois en faire le tour pour s’en rendre compte.
De l’homme de conviction, qui retrouve son substrat, les racines reprennent vite de la vigueur.
Bienvenue!
Paul, content de votre retour et heureux de vous sentir plus pret .Juste après avoir lu votre billet sur les lieux de mémoire, je tombe sur le documentaire suivant ( En Californie, à Victorville des banques propriétaires de maisons dont elles ont expulsé ceux qui ne pouvaient plus payer leur crédit, font démolir ces maisons neuves car elles ne trouvent personne pour les louer et elles ne veulent plus payer des taxes pour un logement inoccupé) On marche sur la tete.
http://www.youtube.com/watch?v=ZsgOaCZ2Lag
Devinette de retour .be
La différence entre un ancré et un errant ? La même qu’entre un arbre… et un poteau.
Heureusement, pour l’humain, la culture arrondit les angles. Salut les copeaux !
L’esprit et la mémoire sont lié mais pas le lieu qui ne fait que raviver la mémoire plus ou moins consciente… Il faut parfois bien garder son esprit libre de la matérialité.
vous revenez sur des pas anciens, l’ombre du grand oncle est le cadran du temps ; non ce n’est pas le glas qui résonne au loin, mais le tocsin du FMI.
« simple sans tete » vous propose la Dordogne, n’hésitez pas, c’est l’endroit idéal pour la méditation, la sérénité, le bon vin, le french paradoxe ; de quoi vous ressourcer et planifier vos ressources (l’éditeur sera enchanté de vous visiter).