La monnaie : le point de notre débat (IV)

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

L’hypothèse de la création monétaire « ex nihilo » fait partie d’une analyse débouchant sur un projet de réforme politique et sociale.

Mon entrée dans la discussion relative à la création monétaire a été suscitée, il y a plus d’un an, par un commentateur qui aurait aimé que je me joigne à ce projet et que j’exprime mon soutien à cette hypothèse. J’ai expliqué qu’une telle création « ex nihilo » n’avait pas lieu. Une explication m’a alors été offerte (par Armand) qui, à première lecture, m’a convaincu de changer d’avis. Je l’ai fait savoir.

Une deuxième lecture m’a fait découvrir une contradiction dans cette explication et m’a ramené à ma position initiale. J’ai alors lancé le débat auquel vous avez été nombreux à participer. Chaque partie a pensé pouvoir convaincre l’autre. Je crois pouvoir dire aujourd’hui que nous n’y arriverons pas.

La raison en est, selon moi, la suivante : pour ceux qui souscrivent à l’hypothèse de la création monétaire « ex nihilo », elle constitue un élément-clé dans l’exposé du projet de réforme politique et sociale qu’ils soutiennent, sans lequel il perdrait de son sens. Personnellement je ne pense pas que ce projet ait besoin de cette hypothèse. Mais de cela aussi, je sais maintenant que je ne les convaincrai pas.

Il n’y a pas de raison que la discussion sur la création monétaire s’interrompe. Je me suis contenté – dans les coulisses – de modérer ceux qui, emportés par l’enthousiasme, versaient malencontreusement dans l’attaque ad hominem. Je continuerai quant à moi de vous tenir informés des progrès de ma réflexion personnelle sur la monnaie. Mais je m’abstiendrai de répéter des choses déjà dites, à moins bien sûr que cela ne contribue utilement à la compréhension de mon exposé.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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37 réponses à “La monnaie : le point de notre débat (IV)”

  1. Avatar de Shiva
    Shiva

    @ Opossum

    Vous semblez ignorer l’existence d’une monnaie centrale électronique, à dessin ?

    @ A-J Holbecq

    « ou dans la monnaie du bénéficiaire » par quel(s) mécanisme(s) ?

    @ Christophe & au lecteur bénévole…

    Une petite histoire: Firmin et Monsieur le Comte.

    M. le Comte, quoi qu’âgé, est encore très amoureux de la Comtesse et lui offre régulièrement des présents.
    Un beau jour, il se rend chez le bijoutier et choisi un collier pour elle, le bijoutier lui demande de quelle façon il souhaite le payer.
    M. le Comte qui est loin des préoccupations matérielles déclare au bijoutier que c’est son valet Firmin qui s’en chargera.
    De retour au château le Comte donne effectivement à Firmin une somme d’argent et lui demande d’aller effectuer le règlement.
    A son retour Firmin, embarrassé, déclare que la somme n’était pas suffisante pour le paiement.
    Le Comte reconnait s’être trompé et, puisqu’il se fait vieux, décide d’allouer mensuellement une somme à Firmin pour que celui-ci effectue les paiements. Il lui demande aussi d’ouvrir un registre sur lequel il consignera les dépôts du Comte et les dépenses qu’il aura réglées pour lui.
    Quelques jours se passent, la Comtesse et le Comte donnent un réception le soir même et bien sûr la Comtesse souhaite paraître devant les invités, ornée de son nouveau collier.
    Mais, manque de chance, en l’essayant le matin même, elle casse le fermoir.
    Le Comte paniqué, demande à Firmin d’aller de toute urgence chez le bijoutier pour faire réparer le collier.
    Firmin et le Comte consultent alors le registre pour vérifier que le solde sera suffisant.
    Or il le solde est à zéro.
    Le Comte explique à Firmin qu’il n’a pas la somme disponible immédiatement et, un peu gêné, demande à son valet de bien vouloir lui en faire l’avance, contre un bonus bien entendu.
    Firmin, qui n’a guère l’occasion de dépenser son solaire, accepte.
    Il sera de retour dans l’après-midi avec le collier réparé !

    A partir de là, je dis que pour considérer que Firmin à créé l’argent de la réparation par une simple écriture sur le registre du Comte, il faut qu’il n’ait rien donné au bijoutier en échange de la réparation.

    Si il donne quelque chose de la valeur de la réparation qui lui appartient et qui lui sera remboursée par le Comte, pas de création monétaire.

    Si le bijoutier lui doit de l’argent, à la hauteur du service de réparation du collier, c’est cette somme que Firmin redonne au bijoutier, puisqu’il aurait du la récupérer et qu’il y renonce car le Comte lui remboursera avec intérêts.

  2. Avatar de enzobreizh
    enzobreizh

    oh ! possum oh ! possum in simplex veritas 🙂

  3. Avatar de johannes finckh

    @ crystal:
    pourriez-vous nous dire plu sur ce qui se passe au zimbabwé,
    à part l’hyperinflation de fin 2008, je ne sais pas où ils en sont aujourd’hui foin avril 2009
    jf
    Qui a lu mon eposé?

    Encore une autre remarque tentant de « prouver » que la soi-disant création de monnaie via le crédit ne tient pas:

    En fait, plus on utilise les moyens de paiement autres que la monnaie en pièces et billets, moins on utilise les pièces et billets.
    Il s’agirait là de deux modes concurrents et souvent équivalents de paiement.
    En clair, les transferts de créances feront que la monnaie en billets et pièces se retire en bonne partie de l’usage et inversement.

    J’insiste encore sur un autre aspect:
    pour radicaliser la notionde marché et d’échange, je dirais que l’économie est active aux seuls moments où un échange s’effectue (sans doute plus ou moins en permanence, mais à tour de rôle de l’échange ffectif.
    Et comme je l’ai dit dans mon message prcédent, o, ne peut acheter que ce qui existe réellement, autrement dit, en achetant un bien il disapraît du marché!
    Mais la monnaie ne disparaît du marché que jusqu’à la transaction suivante. Elle disparaît cependant pour un temps plus long en utilisant les transerts de créances, car elle sera en partie devenue inutile, et les agents économiques, en premier lieu les banques elles-mêmes, mettent dès lors moins de billets et pièces en circulation, cr ils seront moins demandés.
    L’équivalence entre ces deux modes de paiement fait que la demande effective n’est aucunement augmentée par l’usage des moyens de paiement bancaire.
    Au fond, l’inflation appara

  4. Avatar de Tzecoatl
    Tzecoatl

    Après vous avoir lu, et pesé les arguments des uns et des autres, toute la mésentente entre les créationnistes et l’autre camp vient me semble-t-il de l’expérience américaine de Paul Jorion.

    Aux US, le ratio entre monnaie permanente et monnaie temporaire est de l’ordre de 50-50. En Europe, il est de 5%-95% environ.

    Si Paul Jorion, lors de ses activités bancaires, se devait de trouver de l’épargne pour prêter, il n’en va pas du tout de même pour un banquier européen, qui d’ailleurs la plupart du temps ignore d’où vient l’argent qu’il prête.

  5. Avatar de johannes finckh

    Au fond, l’inflation apparaît quand la « confiance » en la stabilité est ébranlée par le mécanisme d’une liquidité trop abondante par rapport aux biens et services disponibles, et alors, la monnaie inspire moins confiance et la fuite en avant vers l’achat de biens, services et actifs se déclenche en déclenchant une poussée inflationniste.
    Et plus la monnaie a tendance à venir, plus elle se « dé »tésaurise et alimente le phénomène.
    Jusqu’à épuisement des « trésors » ou, ce qui revient au même, par resserrement de la politique monétaire du refinancement central.
    jf

  6. Avatar de ln

    On peut voir à quel point les chercheurs et ingénieurs qui ont mis au point Arpanet, Internet, et le World Wide Web ont apporté une immense contribution à la société. La nucléation de prises de position et de débats sur l’argent et la monnaie n’en est qu’un exemple, mais particulièrement fascinant pour les personnes intéressées par le concept d’échange. Débats au service de l’action, n’est-ce pas.
    C’est aussi l’occasion de remercier l’auteur de ce weblog pour sa démarche (et pas uniquement parce qu’il m’amène des visiteurs).
    ln

  7. Avatar de Vadet
    Vadet

    La monnaie n’est qu’une unité de compte, elle n’est pas une réserve de valeur, la monnaie par elle même n’a aucune existence, pour connaître la valeur il faut pouvoir identifier ou retrouver les contrats sociaux qu’elle comptabilise,
    Si le contrat social est un pari stupide (la bourse, les marchés à terme, les swaps, ) la valeur monétaire a toute les chances d’être zéro, si le contrat social est l’achat d’une maison la valeur monétaire est celle de la maison, ect…
    C’est toujours le même problème de la »numérisation » de données sociales ou naturelles : la transformation des faits ou contrats sociaux en nombre implique toujours une perte d’information, une approximation, une hypothèse, une simplification. Ce travail de conversion en nombre effectué on perd de vue les approximations (ou pire on ne les connaît pas), on se met à croire aux nombres, et à les manipuler comme s’ils représentaient toute la réalité, alors qu’ils ne sont qu’un moyen commode de la représenter.
    De plus il existe une autre dissymétrie , les gens qui transforment les données en nombres sont rares et les gens qui calculent à partir des nombres très nombreux, et ils ont tendance à ne jamais remettre en question les sources des nombres

    Bref la monnaie a non seulement été inventée, mais en plus elle a été sélectionnée au fil des générations pour envahir presque tout le champs social et naturel. Du point de vue de la théorie de l’évolution la monnaie apporte aux groupes qui la possèdent un avantage reproductif certain. En clair les groupes sociaux qui utilisent la monnaie ont plus d’enfants capables à leur tour de reproduire que les autres, d’ailleurs y a t’il encore des groupes sociaux sans monnaie ???? De même y a t’il encore des groupes sociaux qui n’utilisent pas la guerre, autre coutume sélectionnée par l’évolution .
    On peut le dire autrement : les groupes sociaux sans monnaie ont disparu ou en voie de disparition, leur étude sera bientôt réservée aux seuls historiens.

    La monnaie doit donc être prise pour ce qu’elle est : un moyen commode de manipuler des contrats sociaux de toute nature. La monnaie est une information incomplète et partiale des contrats sociaux, elle ne dit rien d’autre.
    La crise actuelle vient du fait qu’on a confondu les chiffres et les contrats sociaux sur lesquels ils reposaient, en l’occurrence un tas de paris stupides. Comment en est-on arrivé là ?
    * on a confié la gestion de la monnaie à des individus présentant un profil psychologique tout à faire particulier et notammnet un ego surdimentionné
    * on a négligé ou supprimé les instrument de contrôle
    * on a laissé les mathématiques envahir le champ de la monnaie
    * on a prétendu prévoir le futur, et sans même sacrifier aux dieux
    * on a enfin quitté le monde réel en ignorant complètement sur quels contrats sociaux simples reposaient les paris successifs : à ce stade on confond la monnaie (l’unité de compte) et le compte lui même.

    La résolution de la crise peut se faire de plusieurs façons :
    * supprimer la monnaie : pas crédible
    * laisser faire la nature : ça va saigner
    * boucher les trous, ce qui revient à donner une valeur à zéro : totalement immoral et donc générateur de futurs conflits : risque de conduire à la guerre
    * dire la vérité : la monnaie fondée sur un pari stupide est égale à zéro , difficile à faire car le contrats mélangent du vrai et du faux, et empilés sur plusieurs couches successives, ce qui rend très difficile de retrouver l’information de base
    * retirer le contrôle de la monnaie des banques et le donner au corps social suivant les règles démocratiques en vigueur pour les autres activité humaines

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  1. Dans ce cas, effectivement, c’est plus délicat.

  2. nb : j’ai écrit imaginer et non croire.

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