LES MAÎTRES DU MONDE : À propos de « The network of global corporate control », par S. Vitali, J. B. Glattfelder, S. Battiston

Hier, à 17h00, Christian nous a signalé un article publié au mois de juillet, en faisant la remarque : « ça peut intéresser quelqu’un peut être. »

L’article, c’est The network of global corporate control, par S. Vitali, J. B. Glattfelder, S. Battiston.

Bénédicte était à la modération et je n’ai pas vu l’article immédiatement. Une fois lu, j’ai écrit ceci : « Oui, ça m’intéresse moi en particulier. L’article montre que le monde appartient à 147 compagnies aux intérêts entremêlés. Oubliez vos discussions sur la démocratie. Ça se passe sous nos yeux, sans le moindre complot. L’article le prouve mathématiquement : la science sert donc à quelque chose. »

La discussion a démarré sur les chapeaux de roue au cours de la nuit et Timiota a entrepris de traduire l’article, il ne manque apparemment qu’un bout.

Vu l’importance de la chose, j’ai pris une décision inédite : faire de toute la discussion jusqu’ici un seul billet à partir duquel la suite de la discussion pourra reprendre.

[For those of you readers more comfortable with English, a parallel discussion is taking place here: MASTERS OF THE UNIVERSE: About « The network of global corporate control », by S. Vitali, J. B. Glattfelder, S. Battiston]

Lisez ce qui suit : ça change tout !

Christian

Bonjour,
ça peut intéresser quelqu’un peut être.
http://arxiv.org/PS_cache/arxiv/pdf/1107/1107.5728v1.pdf

  • Oui, ça m’intéresse moi en particulier. L’article montre que le monde appartient à 147 compagnies aux intérêts entremêlés. Oubliez vos discussions sur la démocratie. Ça se passe sous nos yeux, sans le moindre complot. L’article le prouve mathématiquement : la science sert donc à quelque chose.

    À faire circuler.

    • renou

      Paul, vous m’épatez. Décrypter ce document en 59 minutes… Chapeau!…

    • anita

      Un dollar une voix
      (comme a la Banque Mondiale)

    • Marlowe

      Les 147 compagnies sont en fait des familles réunies par la notion d’intérêt commun.

    • renou

      Paul, « Ça se passe sous nos yeux… »
      Il faut quand même de bons yeux…

    • Tim K

      Le capitalisme est à l’agonie! Mais… des jeunes diplômés du monde entier lui préparent déjà sa transplantation cardiaque!
      On pourrait croire qu’il aura un visage plus humain après l’opération… Voici un site belge francophone illustrant mon propos: http://www.rmes.be/?cat=55

      J’espère juste qu’il n’y aura pas trop d’imprévus sur la table d’opération…

    • Charles A.

      Oui, à faire circuler.
      Paul avait bien repéré l’essentiel: 147 transnationales,
      aux intérêts effectivement entremêlés,
      contrôlent la production de plus de 43000.
      Comme souligné par Paul,
      assez de balivernes sur la démocratie en régime capitaliste.
      Elle reste totalement à conquérir,
      sous les formes qui tiennent compte de toutes les expériences,
      avec leurs points forts et faibles
      (coopérativisme, socialisme, communalisme, fédéralisme, etc)
      La démocratie réelle, c’est cela le dépassement de l’agonie du capitalisme,
      en passant de l’indigation à la révolte, vers les révolutions.

      Autre point: ai lu vite fait et pas trouvé
      à quel appareil d’Etat elles sont le plus lié.
      Suis intéressé par les avis éventuels de mes petits camarades ici…
      C’est important pour informer le débat sur domination de l’Empire (Négri)
      ou conflits inter-impérialistes.

      Enfin, vite fait, je relève que sur les 50 du top,
      la majorité sont des transnationales du secteur financier, avec quelques françaises.
      Vous laisse la surprise, en page 33…

    • simplesanstete

      De la conspiration organique, respirer ensemble, au complot il n’y a qu’une volonté organisationnelle qui manque, pour franchir le pas.

    • karluss

      @ Renou : surtout avec la grippe… ;-)

    • Sakhaline

      Surtout ne pas oublier qu’outre les entreprises qu’elles possèdent, ces transnationales contrôlent également la plupart des états, par amis interposés. Des amis qui ne sauraient rien leur refuser.

  • stef

    Bonsoir,
    Si une âme sensible pouvait traduire (j’ai essaye, mais j’ai pas tout compris!), ou faire un résume….
    Milles merci!

    • timiota

      Le réseau du controle global des grandes sociétés (« corporate »)
      Stefania Vitali, James B. Glattfelder, and Stefano Battiston
      arXiv:1107.5728v1 [q-fin.GN] 28 Jul 2011

      Chair of Systems Design, ETH Zurich, Kreuzplatz 5, 8032 Zurich, Switzerland,

      Résumé : la structure du réseau de contrôle des multinationales affecte la concurrence sur le marché global et la stabilité financière. Jusqu’ici, seuls des échantillons nationaux modiques ont été étudiés, et aucune méthodologie appropriée n’avait été développée pour valider globalement le niveau de contrôle. Nous présentons la première investigation de ‘architecture du réseau international de propriété, accompagné du calcul du niveau de contrôle détenu par chacun des acteurs globaux. Nous trouvons que les multinationales (« transnational corporations ») forment une structure de nœud-papillon géante, et qu’une grande part du contrôle est drainée vers un cœur tissé serré d’institutions financières. Ce cœur peut être vue comme une « super-entité économique » dont l’existence soulève de nouvelles et importantes questions tant pour les chercheurs que pour les organes d’élaboration des politiques (« policy makers »).

      Introduction

      Une intuition courante parmi les universitaires et dans les médias fait se représenter l’économie globale comme dominée par une poignée de multinationales (TNC = Trans National Corp.) puissantes. Toutefois, des chiffres explicites ne sont pas venus confirmer ni infirmer une telle intuition. Une enquête quantitative n’est en rien triviale car les firmes exercent un contrôle sur d’autres firmes via une toile de relation de détentions directe ou indirectes qui s’étend sur de multiples pays. De ce fait émerge le besoin d’une complexe analyse de réseau si l’on veut mettre à découvert la structure de controle et ses implications. Récemment, la littérature universiaire s’est penchée avec une attention croissante sur les réseaux économiques [2] que ce soit les réseaux de commerce [3], de produits [4], de crédit [5,6] de prix sur bourses [7] et de conseil d’administration/ de direction [8,9]. Cette littérature a aussi analysé les réseaux de détention d’actifs[ ] mais a négligé la structure de controle à l’échelle globale. Même la littérature sur la gouvernance d’entreprise globale n’a étudié que des petits groupes d’entrepreneuriat nationaux[12].
      Certes, il est intuitif que chaque grande entité multinationale a une pyramide de filiales sous elle et une palanquée d’actionnaire au dessus d’elle. Toutefois, la théorie économique n’offre pas de modèle qui prédise comment les TNCs se connectent globalement les unes aux autres. Trois hypotheses alternatives peuvent être formulées. Les TNCs peuvent rester isolées, agrégées en coalitions séparées, ou former une composante connectée géante, plausiblement avec une structure coeur-périphérie. Pour l’instant, cette question est demeurée vierge d’enquête, nonobstant ses importantes implications pour la chose politique. Notamment, des relations de détentions mutuelles entre firmes du même secteur peuvent, dans certains cas, mettre en danger la concurrence {{libre et non faussée Note du bloggeur}} sur les marchés [13,14]. Qui plus est, le tissage de liens parmi les institutions financières a été reconnu comme ayant des effets ambigus vis à vis de luer fragilité financière[15,16].
      La vérification du degré auquel ces implications se vérifient dans l’économie globalisée est per se un domaine de recherche inexploré, et est au-delà du but de cet article. Toutefois, un prérequis nécessaire à de telles enquêtes est de mettre à jour la structure du controle des multinationales ou des grandes sociétés à l’échelle mondiale. Ceci n’a jamais été accompli auparavant et est le but du présent travail.

    • timiota

      suite
      Méthodes:

      La détention {d’actif?} se réfère à une personne ou à une firme possédant une autre firme en tout ou partie. Notons W la matrice de détention, où la composante W_ij dans l’intervalle [0,1] est le pourcentage de détention du détenteur (ou actionnaire) i dans la firme j. Ceci correspond à un graphe directement pondéré {les matheux purs corrigeront merci} avec les firmes représentées comme nœuds/sommets et les liens de détention comme arcs/arêtes. Si, à son tour, la firme j détient W_jl parts de la firme l, alors la firme i possède une détention indirecte de la firme l (Fig 1A). Dans le cas le plus simple, cela revient trivialement au produit des parts de détention directe W_ij W_jl. Si nous considérons maintenant la valeur économique v des firmes (p ex les recettes d’exploitation en dollar USD), un montant W_ij v_j est associé à i dans le cas direct et un montant W_ij W_jl v_l dans le cas indirect. Ce calcul peut être étendu à un graphe générique avec des réserves {caveat} importantes à respecter toutefois [17, SI Appendix Secs3.1 3.2].
      Chaque actionnaire a droit a une fraction du surplus d’exploitation de la firme (dividende), et à une voix dans le processus de décision (p ex des droits de votes aux AG des actionnaires). Ainsi, plus grand est la part détenue W_ij dans une firme, plus grand est le degré de contrôle associé sur cette firme, qu’on note C_ij. Intuitivement, le contrôle correspond à des chances de voir son propre intérêt prévaloir dans la stratégie de business de la firme. Le contrôle C_ij est habituellement calculé à partir de la détention avec une simple règle de seuil. L’actionnaire majoritaire a le plein contrôle. Dans l’exemple de la figure 1 C D , ceci donne C_ij =1 v_j dans le cas direct et C_ij C_jl v_l= 0 dans le cas indirect. A titre de test de robustesse, nous avons testé des modules plus précautionneux où les minorités gardent un certain contrôle (voir SI Appendix Sec. 3.1). Par analogie avec la détention, l’extension à un graphe générique est la notion de « controle de réseau » :
      C_i \net = Somme sur j des C_ij v_j + somme sur j des C_ij c_j \net.
      Ceci additionne la valeur contrôlée par i à travers ses parts dans j avec la valeur contrôlée indirectement par le réseau de contrôle j. Ainsi, le contrôle de réseau représente la quantité totale de valeur économique sur laquelle i a une influence (p ex c_i\net =v_j + v_k dans la figure 1D).

      Du fait des liens indiercts, le drainage vers l’amont de plusieurs firme peut avoir pour résultat que certains actionnaires deviennent très puissants. Toutefois, et particulièrement dans les graphes avec multiples cycles, la formulation détaillée ci-dessus de c_i\net sur-estime sévèrement le contrôle assigné aux acteurs dans deux cas : les firmes qui font parties de cycles (ou les structures de participation croisée, échanges d’action), et les actionnaires qui sont en amont de ces structures là. Une illustration du problème sur un réseau simple à titre d’exemple, ainsi que les détails de la méthode, son indiqués enSI Appendix, Secs 3.2 3.4. Une solution partielle pour les petits réseaux est rapportée dans [18]. Des travaux précédents sur les grands réseaux de contrôle ont utilisée une méthode différente de construction du réseau et ont totalement négligé cet aspect [11, SI appendix Secs 2 and 3.5]. Dans cet article, sur la base de [11], nous développons une nouvelle méthodologie pour surmonter ce problème de surestimation du contrôle, qui peut être employée pour calculer la valeur du degré de contrôle au sein de large réseaux.

    • timiota

      Résultats
      Nous commençons par la listes des 43060 TNCs (trans nat corp) identifiées selon la définition de l’OCDE, prélevée à partir d’un échantillon d’environ 30 millions d’acteurs économiques contenus dans la base de donnée Orbis 2007 (voir SI Appendix Sec.2). Nous appliquons alors une recherche récursive (Fig. S1 et Appendix 1), qui, pour la première fois à notre humble connaissance; individualise le réseau de tous les chemins de détentions partant de et allant vers les TNCs (Fig. S2). Le réseau résultant contient 600508 nœuds et 1006987 arcs (liens) de détention (participation).
      Notez que ce jeu de données diffère fondamentalement de ceux analysés dans [11] (qui n’a considéré que les compagnies listées dans des pays séparés et leur actionnaires directs). ICi, nous sommes intéressés par le réseau de participation/détention vraiment global, et plusieurs TNCs ne son pas des compagnies répertoriées (voir aussi SI Appendix Sec.2)

      Topologie du réseau
      Le calcul du degré de contrôle nécessite une analyse préalable de la topologie. En terme de connectivité, le réseau consiste en beaucoup de petites composantes connectées, mais la plus grande (3/4 des nœuds {!}) contient tous les grandes TNCs en termes de valeur économique, totalisant 94,2% des recettes d’exploitations totales (Tbl1). En sus de es statistiques usuelles de réseau, deux propriétés topologiques sont les plus pertinentes pour le point central de ce travail. La première est l’abondance de cycle de longueur 2 (participation croisées) ou plus (Fig. S7 et SI Appendix Sec.7), qui sont des motisf bien étudiés dans la gouvernance d’entreprise (corporate governance)[19]. Une généralisation consiste à considérer une « composante fortement connectée (SCC), c’est à dire un jeu de firmes au sein duquel chaque membre détient directement et/ou indirectement des actions chez tous les autres membres. Ce type de structure, observé jusqu’ici seulement dans de petits échantillons, a pour explication notamment les stratégies anti-OPA-inamicale, la réduction des coûts de transactions, le partage du risque, l’accroissement de la confiance et les groupements d’intérêts {style GIE}. Quelle que soit son origine, toutefois, ce type de structure affaiblit la concurrence sur le marché[13 14]. La second caractéristique est que la plus grande composante connectée ne contient qu’une seule composante fortement connectée (= SCC) (1347 nœuds). Ainsi, comme le web WWW, le réseau TNC a une structure en nœud-papillon[21] (Fig.2a). Ces particularités sont que la composante fortement connectée ou core, est très petite comparée aux autres sections du nœud papillon, et que la partie hors-section est significativement plus grande que la partie en-section avec tubes et excroissances (Fig.2B and Tbl 1). Le core est aussi très densément connecté, avec des membres ayant en moyenne, des liens vers 20 autres membres (Fig 2 CD). LE résultat de tout cela, c’est qu’environ 3/4 de la propriété des firmes du core reste dans les mains des firmes de ce même core. En d’autre termes, ceci est un groupe tissé serré de sociétés qui, ensemble, détiennent une majorité d’action de chacune d’entre elles.
      Notez que l’analyse inter-pays de [11] a pour sa part trouvé que seuls quelques uns des résaux de détentions nationaux sont topologiquement des noeuds papillons, et que, notamment, pour les pays anglo-saxons, les principales composants fortement connectées (SCC) sont grosses en comparées à la taille du réseaux;

      Concentration du Controle
      au suivant

  • Yann Q

    Merci pour ce document très intéressant.

    Ces données illustrent la donnée « non raffinée » selon laquelle les entreprises transnationales (ETN) concentrent 60% du commerce mondial (donnée ocde).

    Elle révèle aussi le potentiel de propagation de règles dédiées aux ovnis juridiques que constituent les ETN. Notamment celles qui consistent à lutter contre l’abus d’autonomie juridique des entitées constituant un groupe qui permet d’éviter la remonté des responsabilités à la tête de groupe.

    Si je peux me permettre de rappeler un récent billet publié sur ce blog présentant le cahier « Réguler les entreprises transnationales, 46 propositions » : http://www.pauljorion.com/blog/?p=27982

  • Tim K

    Dans ce contexte, on peut imaginer que ces transnationales héritent du droit régalien non pas de frapper monnaie, mais au contraire de détruire monnaie.
    Au bout de 5 ans de pressions incommensurables, les Etats pourraient tomber à genoux face à ses transnationales. Entre le désir d’être réélus aux prochaines élections et le réel pouvoir qu’ont les institutions financières à faire la pluie et le beau temps sur l’humeur des gens de par le monde devenus entièrement matérialistes, les élites politiques -quelles qu’elles soient- pourraient laisser tomber l’éponge. C’est-à-dire ne plus être les protecteurs du peuple, si elles ne l’ont jamais été…
    Le but des transnationales ne serait plus alors de faire du bénéfice puisque l’argent serait sous contrôle. L’argent devenant la propriété du réseau transnational. Le but serait seulement de contrôler les gens selon des normes.
    Dans ce contexte, on pourrait imaginer que l’argent se dote d’une nouvelle valeur. Non pas celle du travail accompli ou de la richesse créée, mais celle du contrôle total des transnationales sur la vie des gens.
    Ces derniers qu’on appellera par la même occasion dans quelques années les « transnationaliens nouveaux ». En référence aux « hommes nouveaux » des années soviet’.
    Vous riez? Rira bien qui rira le dernier! Le monde se reconfigure. D’ici 10 ans, voilà ce qui pourrait advenir…
    L’Europe bureaucratique deviendrait l’exemple même d’appareil étatique globalisé. Appareil de gestion sociale et nationale traitant juste de l’économie selon les directives du réseau des transnationales.
    Après la tempête économique dévastatatrice de l’automne 2011, en janvier 2013 précisément, il se murmure que les transnationales auraient proposé aux Etats de remettre les compteurs de la dette à zéro. Les Etats -épuisés par les crises à répétition- acceptent secrètement l’offre.
    A l’époque, on disait que les Transnationales avaient toujours rêvé de s’affranchir de la politique étatique. En janvier 2015, dans certains magazines libertaires, on écrira qu’ils avaient réussi à la phagocyter!
    Mais vite le vent de la tyrannie commence à souffler, les magazines libertaires commencent à se faire plus discret.
    On se souvient qu’en 2011-2012, les armées du monde entier étaient toute sur le pied de guerre, mais qu’elles se rendaient bien compte qu’elles avaient trop à perdre à jouer leur rôle devant l’infinie force de feu disséminée sur le globe tout entier. La guerre mondiale ne devait plus se faire l’ancienne comme celle de 40-45. Le jeu d’alliances qui en découlerait était jugé trop dangereux. Alors, on préférait continuer à piller les plus faibles comme en Lybie.
    L’autre pan militaire existant, pas celui de l’OTAN, lui, devait servir à autre chose:protéger les Etats de leurs propres citoyens devenus insurgés car appauvris de mille façons différentes depuis 2007. Il y avait un accord tacite à ce propos qui se résumait ainsi dès le printemps 2012: « Oui, mon Général, oui mon Président ». Les deux hommes ne s’aimaient pas, mais ils se respectaient pour leur bravoure.
    On se souvient aussi que la Bourse et le Forex étaient devenus eux pendant ce temps-là les vrais champs de bataille. Les actionnaires mourraient les uns après les autres (surtout durant la tempête financière d’automne 2011), les spéculateurs aussi. S’ils ne mourraient, ils avaient la chance de guérir d’avoir voulu toujours gagner plus durant toute leur vie. Les cupides devenaient les grands sages d’un seul coup! Ceux qui le pouvaient encore s’achetaient des lingots d’or en guise de souvenir d’une époque bénie pour le capitalisme
    Entre temps, les altermondialistes trépignaient déjà comme des fous, ils n’attendaient plus qu’une chose: que cet ancien système s’écroule. Selon eux, le capitalisme ne respectait rien, ni les humains ni la nature. Il fallait que qu’il dégage une bonne fois pour toute! En même temps, les PDG des entreprises déjà mises au « vert » (les bons élèves du marketing écologique) eux et leurs managers n’en croyaient pas leurs yeux quant à l’incompétence des politiques à relancer l’économie, ça les agaçait profondément de devoir dégraisser et restructurer sans cesse leurs entreprises et d’un point de vue philanthropique, ils auraient préféré mieux, c’est peu de le dire. Ce sera donc après 5 ans de cris et de douleur atroce, de révolte populaire, de récession, d’inflation, de renvoi d’immigrés et de répression populaire que le beau bébé naitra. Naissance inespérée pour tous les naufragés et presque morts de l’ancien système, ce bébé sera l’Espoir incarné.
    Il sera accueilli dans des larmes de joie. Les peuples chanteront sa naissance. Mais vite, ce nouveau bébé s’avèrera assez capricieux. Il ressemblera comme deux gouttes d’eau à ses parents. Le portrait craché de papa: entrepreneur décidé et charismatique et la sensibilité de maman: « écophile » maternante. C’est drôle à dire, mais déjà embryon, il voulait un « autre monde », un monde plus doux. En grandissant, on se rendra vite compte que cet enfant si prometteur était en fait un nouvelle tyrannie, un hybride « bolchévico-capitaliste bio ». Pour le dire franchement, une dictature des altermondialistes.
    Car les multinationales et les entreprises les plus résistantes avaient résisté à la tempête et là où elles demandaient encore poliment aux consommateurs d’acheter leurs produits par toutes sortes de manipulations marketing, elles avaient vite compris qu’elles pourraient désormais obliger à manger, boire, dormir, penser, baiser, faire du sport, lire, penser à l’environnement en un mot: vivre, selon leur façon de voir les choses. Nous y voilà! L’ordre! Il sera mis en application concrète dès 2017 par la population elle-même car les altermondialistes et les multinationales auront pactisé pour leur meilleur et pour le pire (du courant libertaire). Les firmes, entreprises, multi- et transnationales auront su s’adapter définitivement à la demande forte de nouvelles normes « éthique et responsable pour une symbiose parfaite entre l’homme et la nature ». provenant des altermondialistes depuis des années en premier et acceptée passivement par toutes les personnes sensibilisées à la question environnementale dès leur plus jeune âge. D’ailleurs, à ce propos, l’énorme buzz qu’avait crée le film « Home » de Yann-Arthus Bertrand sera considéré comme l’acte fondateur qui aura « mis sur la bonne voie » des centaines de milliers d’enfants dans le monde. Les bénéfices n’auront plus lieu d’être, c’est la symbiose homme-nature désormais qui obsède! L’écologisme comme seul prisme pour découvrir le monde sera la clé et surtout la clé de la réussite pour les apparatchiks du nouveauSystème Transnational Globalisé et Démocratique. Ces derniers auront enfin pris le droit de traiter les citoyens du monde comme on les a toujours traités. Mal, grossièrement, de façon humiliante et de toutes façons de manière complètement partiale. Ils deviendront les pires éducateurs de normes d’après-demain, ils s’autoproclameront les « garants du bien-être et de la symbiose parfaite avec la nature » et protègeront les gros, les vieux, les laids, les bordéliques, les négligents, les paresseux et les timides d’eux-mêmes. Faut-il encore qu’on sache ce qu’est exactement tout cela… Le droit et la justice auront été sabordé depuis longtemps. Complètement manipulés et travestis par le grand réseau transnational. Les « apparatchi-coatchs » auront toute l’autorité de ce réseau derrière eux pour faire appliquer leur vision du monde.
    Jogging et fitness seront la norme. Cigarettes interdites évidemment. Tout cela sera très bénéfique pour toute personne et pour l’Etat qui aura ,de cette façon, moins de frais de santé à prévoir puisque les gens seront sains. L’argent circulera de façon rapide et efficace grâce à de nouvelles politiques ambitieuses!
    Vêtements, objets, portables, tout sera scrupuleusement distribués selon l’empreinte carbone. L’Objectif parmi les objectifs. Officiellement, personne ne méritera une empreinte carbone plus grande qu’un autre, chacun sera sur un pied d’égalité. Officieusement, seuls les plus dévoués à la cause pourront polluer comme des porcs.
    Manger librement sera un vague souvenir, la composition de notre assiette s’élaborera au plus haut niveau dans les bureaux de l’Europe Incorporation rebaptisée « My Sustainable and Responsible Berlaymont ». Allusion aux deux termes très en vogue avant la naissance du beau bébé: : durabilité et responsabilité Celui qui ne voudra pas manger de cette nourriture ne mangera pas, le « coach-pion » transnationalien pourra se prémunir d’une éventuelle culpabilité en se disant qu’il nourrit ses « enfants ».
    Pour finir, j’aimerais aller au bout des choses car ça ira jusque-là avant que le Système ne s’autodétruise (la Planète aura pris un sacré coup de vieux malgré tout parce que l’hypocrisie du système atteindra des sommets, rien à voir avec aujourd’hui!)
    Surveiller les objets, les meubles, les vêtements, le portable de ton voisin pour voir s’il les a bien entretenus comme ce sera partout prescrit (La propagande affichée partout dira « Prenez soin de vos objets, la planète vous remercie ») relèvera de la survie personnelle.
    Naturellement, Internet, le savoir accessible à tous, vous l’aurez presque oublié, c’était dix fois trop dangereux… La Boétie et les archives de Jorion un vague souvenir, secret Transnationalien oblige!

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300 réponses à “LES MAÎTRES DU MONDE : À propos de « The network of global corporate control », par S. Vitali, J. B. Glattfelder, S. Battiston

  1. […] la conclusion, mettant sur son blogue, le 7 septembre un article intitulé  “Les maîtres du monde” Lisez les notes de Jorion et les commentaires sur l’article sont aussi d’un grand […]

  2. […] – dit ETH – The network of global corporate control qui avait été repéré sur le blog de Paul Jorion, début septembre. Elle traite de l’extraordinaire concentration du pouvoir économique mondial […]

  3. […] LES MAÎTRES DU MONDE : À propos de « The network of global corporate control », par S. Vitali,… […]

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