Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Quand le 18 mars, les États–Unis ont annoncé l’enterrement programmé du dollar, la presse française n’en a pas parlé. Rebelote aujourd’hui avec la proposition de Joseph Stiglitz aux Nations-Unies en assemblée générale de « création d’une nouvelle facilité du crédit et d’un autre système mondial de réserves pour surmonter la crise ». Le monde uni, promettant la création d’un G-192 (le nombre de nations sur la planète), déclare la guerre aux États–Unis, et personne n’y prête attention.
©Marvel
Pourtant le programme est sans ambiguïté : il faut « aller au-delà des intérêts étroits des différents États, et en particulier des plus grands d’entre eux ». Stiglitz, Président de la Commission des experts, a déclaré que « si l’on ne prend pas les mesures qui s’imposent, il n’est pas certain que l’on sorte de la crise climatique qui gronde à l’horizon ». François Houtart, représentant du Président de l’Assemblée générale au sein de la Commission d’experts, a lui précisé que « nous nous trouvons face à l’effondrement de tout un système économique et pas seulement d’un système financier. Pourquoi simplement réformer ou réparer un système qui a détruit des millions d’emplois et des millions de personnes et continue de détruire la planète, alors qu’il faudrait reconstruire le système financier mondial ? »
Il est question de « transformer, de manière radicale, les bases de l’économie mondiale ». On demande « la création de nouvelles instances qui prennent en compte à la fois la crise climatique à venir et les exigences de démocratisation ». Et pour ceux qui n’auraient pas compris, le communiqué déclare que « Le G-8 et le G-20, s’étant montrés incapables de corriger les défaillances des cadres économique et réglementaire , les experts ont proposé la mise en place d’institutions dotées de la légitimité politique et réelle de tous les habitants de la planète, soit un « New Deal mondial », ou un G-192 travaillant sous les auspices des Nations Unies ».
Mais comme pour la fin annoncée du dollar, tout cela passe inaperçu dans le brouhaha général : le Wall Street Journal titre sur la bourse de New York qui a gagné 175 points, Le Monde, sur les bonus chez Natixis, le Washington Post sur des fonds supplémentaires pour la guerre en Afghanistan et Le Figaro sur les bandes qui défient la loi dans les banlieues. Néron lui joue de la lyre.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
42 réponses à “Le Machin se rebiffe”
Je crois qu’il parle surtout de nous en fait 😉
Moi qui prône une société de gratuité je viens de découvir ce livre et son auteur :
Jean-Louis Sagot-Duvauroux
De la gratuité
http://www.lyber-eclat.net/lyber/sagot1/gratuite.html
Bonjour et merci Paul, je vais suivre ton conseil, le repos, mais avant je voudrait réagir à Galacticus, le mangeur de mondes, parfum d’adolescence.
Nous sommes comme des poissons dans cette mare d’économie consumériste. On nait, on vit, on rêve dedans. Elle a façonné notre monde depuis des siècles, avec une accération notable au 20em. Mais, pour la première fois, depuis très longtemps, on ne mourra pas dedans, comme nos ancêtres.
Cette économie fonctionne sur la cupidité/rentabilité et son cortège de colonialisme, territoral et spirituel.
Elle a besoin d’énergie sans mesure, elle peut dévorer ses propres enfants au besoin.
Maintenant, c’est fini, la bête va juste mourir de faim, les réserves étant épuisées. Bienvenue dans le monde réel.
Nous sommes des esclaves sans révolte, et nous nous demandons ou allez quand le maître sera mort. Au moins, lorsque l’on se bat, on a l’espoir d’une victoire, ici non. Juste la peur de l’avenir, et l’attente de directives qui ne viendront pas. Que dire à nos enfants, il n’y a pas de plan b.
Je suis convaincu que la seule chose à faire est d’établir une transition, la plus douce possible, une charte mondiale comme proposée par Paul Jorion serait un départ, en attendant un socle que nous construirons ensemble bon gré, malgré.
@ barbe-toute-bleue
« En thermodynamique, voyez simple aussi, @Logique. Voyez l’augmentation d’entropie, ou, homogénéisation d’un ensemble, dans un milieu approximativement fermé ( bien que pas rigoureusement d’application sur notre planète ). C’est l’image employée pour illustrer cette augmentation d’entropie, qui n’est pas un concept facilement accessible, même si vous regardez de près un pot de confiture en train de travailler grâce aux bactéries. Ça reste un principe caractérisant les évolutions naturelles. »
Pas mal !
J’ajouterais un postulat : Interpréter l’économie avec les principes de thermodynamique n’est possible que dans un monde où les économistes ont remplacé les prêtres. Ce qui suppose pour le consommateur moyen d’accepter comme « parole d’évangile » tous les procédés d’induction qu’engendre la macro-économie. La norme économique n’ayant aucune vocation à être logique dans les faits, il faut que le consommateur lambda trouve « normal et logique » que 95% des chaussettes de l’humanité soit produites à des milliers de kilomètres de chez lui. Du coup, le boulot de l’économiste forcément idéologue, même lorsqu’il légitime sa discipline à coup d’équations indiscutables, est de faire avaler cette couleuvre de plusieurs kilomètres à toute la classe moyenne, sinon, la démocratie libérale perd tout ses bons petits soldats !
Omar Yagoubi, Paul,
Galactus a créer du Surfeur d’argent pour le servir.
Surfeur d’argent qui s’est retourner contre son maitre pour défendre la Terre.
Parabole prémonitoire sur la fin du capitalisme mangeur de monde?
Tous,
Suite à mon message ci dessus un vidéo de « ce soir ou jamais », émission politique et culturelle de TV
Après le Soir 3, Frédéric et ses invités débattent sur la nouvelle tendance du « Low cost », jusqu’où peut on baisser les prix ? Est-ce un modèle économique viable ?
Pierre Kosciusko-Morizet, Chef d’entreprise
Hélène Darroze, Grand chef cuisinier
Philippe Moati, Economiste
Pascal Perri, Economiste
Jean-Louis Sagot-Duvauroux
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/index-fr.php?page=emission&date=2009-03-26#2
Pardonnez moi mais j’ai eu un choc lorsqu’il a parlé du :
« temps vie donné pour le temps de vie restante »
dont j’ai parlé ici quant à la définition de l’argent.
je me permet de mettre ceci suite à se billet intitulé « la machine se rebiffe » qui fait allusion aux médias.
voici une émission de TV assez peu conventionnelle pour du service publique non ?
(dont on élimine la publicité)
@kercoz
moi j’ai bien compris ce que tu voulais dire et ça m’a fait sourire . Tu as expliqué en quelques lignes ce que j’aurais eu du mal à faire en plusieurs paragraphes!!
Et peut être le même malaise en lisant les posts sur la gouvernance mondiale
A vrai dire, j’ais l’impression de ne pas avoir été compris. Je ne cherche pas a dire que l’économie est une science comme l’est la thermo. Je voulais juste dire qu’il y a un gros recipiant dans lequelle ont mais la monnaie, avec les credit ont fait chauffé et avec la vapeur généré ont produit. Hors le probleme actuel est qu’il n’ont plus de quoi continuer a faire chauffer l’argent pour qu’il produisent les interet générer par la production (et la vente a credit). Mais c’était l’histoire de donner une image mécanique du systeme. Et vue sa rigidité ont peut emplement en déduire que le système est mécanique.
à propos du plan Geithner, je lis sur un blog éco (sérieux) italien http://duecents.blogspot.com/
une possibilité assez inquiétante :
(je traduis comme je peux)
« un autre doute surgit: s’il existe un mécanisme qui empêche éventuellement à une banque d’instituer une structure ad hoc pour participer au programme du Trésor.
En effet, la banque A pourrait créer un fond Untel, le faire participer aux enchères pour un pool de junks bonds de la même banque A, gagner l’enchère en offrant une somme faramineuse, payer le 6% de la somme en question, libérer le bilan de la banque et passer en même temps les pertes à l’État.
Un groupe de managers de Goldman Sachs il y a quelques temps, avait abandonné la banque et annoncé l’intention de fonder une société pour exploiter les possibilité d’investissement que le gouvernement allait mettre à disposition du marché à travers le PPFI (Public-Private Investment Fund). qu’est-que empêcherait à ces messieurs de se faire prêter 6 % des fonds par leur ex-banque et les utiliser pour acquérir, en les payant au prix fort, les titres pourris de Goldman?
La crainte que le but du projet tout entier soit justement cela, est forte.
Évidemment la bourse ha largement agréer le plan. »
est-ce possible?
merci
@ Loredana, merci pour ce lien en Italie, j’en cherchais! vous en avez d’autres?
dans le même genre, petits montages et escroqueries en tous genres
http://www.nakedcapitalism.com/2009_03_15_archive.html
» Say I am SAC Capital. I get to be one of the bidders on bank assets covered by the program
Citi holds $100mm of face-value securities, carried at $80mm.
The market bid on these securities is $30mm. Say with perfect foresight the value of all cash flows is $50mm.
I bid Citi $75mm. I put up $2.25mm or 3%, Treasury funds the rest.
I then buy $10mm in CDS directly from Citi [or another participant (BOA, GS, etc)] on the bonds for a premium of $1mm.
In the fullness of time, we get the final outcome, the bonds are worth $50mm
SAC loses $2.25mm of principal, but gets $9mm net in CDS proceeds, so recovers $6.75mm on a $2.25mm investment. Profit is $4.5mm
Citi writes down $5mm from the initial sale of the securities, and a $9mm CDS loss. Total loss, $14mm (against a potential $30mm loss without the program)
U.S. Treasury loses $22.75mm
Great program.
It’s just a scheme to transfer losses from the bank to the taxpayer with an egregious payout to a middleman (SAC) to effectively money launder the transaction.
You’ve also transmuted a $30mm economic loss into a $36.75mm economic loss because of the laundering. So its incredibly inefficient.
How did fraud and money laundering become the national economic policy of the US?
One would have to be a criminal to participate in this. »
Bon résumé Loredana,
L’arnaque jusqu’as bout. je ne sais pas si les XXI siécles sera spirituel. Mais cela ne m’as pas l’air d’en prendre le chemin. Mais c’est vrai que de passé du matériel au spirituel sans passer par la case inttellectuel, c’est pas possible.
Une autre voix (collective elle aussi) se lève et pose des exigences radicales:
Avertissement des syndicats au G20 : Les demi-mesures ne suffiront pas à colmater la brèche de l’économie globale
Bruxelles, le 23 mars 2009 (CSI En Ligne) : Dans le cadre d’une campagne mondiale appelant les gouvernements du G20 à agir pour sortir l’économie mondiale de la récession et mettre au point un nouveau plan d’action pour la création d’emploi, la réglementation financière et la gouvernance mondiale, les syndicats aux quatre coins du monde présentent, aujourd’hui, un ensemble commun de demandes à leurs gouvernements nationaux. Le plan d’action syndical en cinq points, qui inclut des propositions politiques détaillées, décrit les mesures requises pour s’attaquer à la crise et construire une économie mondiale plus équitable et plus durable pour l’avenir. Le plan préconise :
Un programme international coordonné de relance et de croissance durable contribuant à la génération d’emplois et aux investissements publics ;
La nationalisation des banques insolvables et l’adoption de nouvelles règles financières ;
Des mesures pour combattre le risque de déflation salariale et renverser des décennies d’inégalités croissantes ;
Des mesures porteuses concernant le changement climatique ;
Un nouveau cadre juridique international, pour la réglementation de l’économie globale et la réforme des institutions financières et économiques internationales (FMI, Banque mondiale, OCDE, OMC).
La « Déclaration du groupement Global Unions au G20 » , élaborée conjointement par la CSI et la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (CSC-OCDE), expose les mesures qui doivent être adoptées par le G20, en collaboration avec les autres gouvernements. Les centrales syndicales nationales présenteront ce document à leurs gouvernements respectifs aujourd’hui, en attendant sa présentation officielle au Sommet des dirigeants du G20, le 2 avril prochain, à Londres. Des syndicats venus des quatre coins du monde se joindront à leurs collègues de la centrale britannique TUC lors d’une mobilisation massive de la société civile prévue le 28 mars, à Londres, où l’accent sera mis sur l’importance d’une action mondiale coordonnée des gouvernements.
« Si les gouvernements du G20, réunis à Londres, ne parviennent à tomber d’accord que sur des demi-mesures, ils auront failli à leurs responsabilités. En tant que principales puissances économiques mondiales, ils ont la responsabilité et la possibilité de tourner la page du néolibéralisme défaillant du passé et de conduire la globalisation vers une toute nouvelle direction », a dit Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.
D’après la Déclaration, la relance et la croissance durable sont des objectifs réalisables, à condition, toutefois, que la priorité soit accordée à la création d’emploi et aux investissements publics, à des politiques actives au plan du marché d’emploi, ainsi qu’à l’expansion des filets de sauvetage sociaux et des mesures spéciales pour les économies en développement et en émergence. Les syndicats ont également présenté un plan d’action spécifique en huit points concernant la réglementation financière globale, qui prévoit des dispositions immédiates en vue de la nationalisation des banques insolvables.
« La réglementation inconsistante, voire inexistante, de l’activité bancaire et financière a converti l’économie mondiale en un casino où tous les coups sont permis, plongeant le monde dans une profonde récession et entraînant la perte de dizaines de millions d’emplois. Des solutions doivent être trouvées d’urgence. Un autre pilier fondamental de la relance et de la réforme, à savoir la création d’emplois décents et durables et l’augmentation du pouvoir d’achat, mérite qu’on lui accorde une attention toute particulière à l’occasion au G20 », a dit John Evans, secrétaire général de la CSC-OCDE.
La Déclaration de Londres attire l’attention sur le risque bien réel d’une déflation des salaires et souligne le fait que l’inégalité croissante des revenus de par le monde figure parmi les principaux facteurs de la récession actuelle, dès lors que le pouvoir d’achat des travailleurs ne suffit pas à maintenir la demande pour les marchandises et les services. La garantie du droit de négociation collective pour tous les travailleurs et le renforcement des institutions chargées de la fixation des salaires contribueront à l’établissement d’un plancher décent au niveau des marchés du travail et à la relance économique, à travers une augmentation du pouvoir d’achat des ménages. Ceci est étroitement lié à la nécessité plus générale d’une réforme du FMI, de la Banque mondiale, de l’OMC et de l’OCDE, et de l’inclusion de l’Organisation internationale du travail au centre d’un système de gouvernance mondiale efficace et responsable.
« La réglementation financière est essentielle mais n’est pas suffisante en soi. La nouvelle gouvernance mondiale doit être fondée sur une base solide de droits sociaux et, singulièrement, les normes fondamentales du travail de l’OIT. L’économie réelle, le travail décent et la réduction de la pauvreté ne peuvent plus être laissés en marge de la politique globale. Le G20 doit éviter de limiter ses horizons en se contentant d’apporter des changements insignifiants à un système noyé dans le discrédit. Il lui revient de présider à une révision complète de la manière dont l’économie mondiale est gérée. Ceux qui pensent qu’ils pourront retourner aux vielles habitudes se trompent sérieusement », a dit Ryder.
Les propositions syndicales insistent, d’autre part, sur la nécessité d’une action urgente sur le changement climatique, à la lumière du coût environnemental, social et économique monumental de l’inaction. Les gouvernements devraient, dès à présent, mettre en œuvre une réponse fiscale mondiale coordonnée à la crise économique pour aiguiller le monde sur la voie d’une « économie verte ». La création d’emplois verts et les mesures visant à garantir une « transition juste » au sein des communautés et des secteurs affectés par la conversion vers une production respectueuse de l’environnement sont essentielles pour atteindre les niveaux requis d’émissions de gaz à effet de serre et contribueront à sortir le monde de la récession.
« Les gouvernements disposent, dès à présent, des leviers leur permettant d’aiguiller le monde vers une croissante verte. Manquer une telle opportunité serait une tragédie pour l’humanité tout entière, ainsi que pour l’avenir de la planète », a conclu Evans.
La CSI représente 170 millions de travailleurs dans 312 organisations affiliées dans 157 pays et territoires. http://www.youtube.com/ITUCCSI
Ce qui me semble aller plus loin que les documents de l’ONU:
Ceci est étroitement lié à la nécessité plus générale d’une réforme du FMI, de la Banque mondiale, de l’OMC et de l’OCDE, et de l’inclusion de l’Organisation internationale du travail au centre d’un système de gouvernance mondiale efficace et responsable.
L’OIT comme acteur mondial essentiel? Oui, mille fois oui mais une OIT avec un statut et des pouvoirs changés et renforcés
@ Loredana
Bien vu.
je vois bien que je ne suis pas la seule à m’inquieter
à Philippe Detembe
un autresite italien intéressant est
http://castellidicarte.blogspot.com/