Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Le nucléaire civil a bien assimilé les leçons de la finance : les stress-tests, les tests de résistance européens, ignoreront ce qui est le plus dangereux : l’erreur humaine. Le raisonnement est familier : comme l’erreur humaine ne devrait normalement pas se produire, il est de loin préférable de faire comme si elle n’aura jamais lieu. C’est la manière exactement dont les économistes du courant dominant raisonnent : l’économie reflète le comportement de l’homo oeconomicus qui est une créature parfaitement rationnelle. « Si l’économie ne se comporte pas de la manière dont nous l’avons prévu, c’est que l’homme ne se conduit pas de manière rationnelle. Ce qui n’est quand même pas de notre faute ! », s’exclament en choeur ces économistes, quand la catastrophe a quand même lieu.
De la même manière, les ingénieurs du nucléaire civil nous disent : « Nous résolvons les problèmes qui sont de notre ressort. Vous ne voudriez tout de même pas que nous tenions compte du fait qu’un taré écrase délibérément un avion sur une centrale, essaie de la faire sauter, ou qu’un hacker à l’enfance malheureuse pirate le logiciel du système de sécurité d’une centrale nucléaire ? »
Pour notre grand malheur, ces ingénieurs confondent deux choses : « Ce ne serait pas de notre faute si ça arrivait ! » et « Ça n’arrivera pas ». Qu’est-ce qui peut bien leur passer par la tête pour qu’ils confondent deux choses aussi tragiquement différentes aux yeux des gens qui exercent une autre profession ? La réponse est malheureusement très simple. Il y a deux dimensions au problème : 1) le fait qu’un ingénieur puisse perdre son boulot à la suite d’une déplorable erreur de calcul et 2) le fait qu’un accident nucléaire rende une partie de la planète inhabitable et, dans l’ordre des préoccupations des ingénieurs, la première considération leur semble infiniment plus importante que la seconde.
Le résultat, c’est que nous vivrons sur une planète de plus en plus exigüe, dont on aura réduit la surface habitable d’un bout d’Ukraine ici, d’un bout de Japon là, et ainsi de suite au fil des années.
Grâce aux économies qu’on aura réalisées en s’accrochant au nucléaire civil en ignorant les règles élémentaires de la gestion du risque – sans même mentionner celles du bon sens, on pourra financer substantiellement la recherche dans la lutte contre le cancer – qui en aura bien besoin. « C’est la rançon du progrès », dira-t-on d’un ton sentencieux.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
121 réponses à “NUCLÉAIRE CIVIL : TESTER PLUTÔT LES ACCIDENTS QUI N’ARRIVERONT PAS”
@ Didier Cavard
Primo, cher ingénieur du nucléaire en retraite, je vous remercie de prendre de votre temps pour répondre à mes petites questions, rien ne vous y oblige et je vous en sais gré. Vous êtes dans la droite ligne d’un Claude Allègre et c’est votre droit le plus stricte. Permettez tout de même que je ne sois pas du tout dans la même lignée, ni rattachez à votre analyse.
D’abord, vous dites : « Nous sommes menacés de tous côté ». Je ne sais pas qui est ce Nous. A qui faites vous référence ? J’ai par habitude de toujours éviter de m’inclure a priori dans un ensemble, on ne sait jamais ce que l’autre vient à y mettre.
Donc pour vous la menace climatique est la menace N° 1. Certes, je pense aussi que le changement climatique présente un problème pour les Hommes tel qu’ils sont organisés pour le moment. Et vous vous pensez donc que le nucléaire est une des solutions à ce changement climatique ?
Je pense que vous êtes un individu sérieux, disons plutôt aux prises et aguerri avec un raisonnement à multiples variables et incluant une multitudes de paramètres. Vous voudrez bien dans ces conditions m’indiquer comment et en quoi l’industrie de production d’énergie à base du nucléaire civile présente un quelconque intérêt pour éviter un phénomène de changement climatique, en chiffrant un peu votre thèse. Ne me renvoyer pas à votre billet, il manque de rigueur scientifique et de données rationnelles, c’est un point de vue ordinaire d’un ingénieur lambda. Etayer votre raisonnement monsieur, je ne demande qu’à apprendre.
Je veux juste comprendre ce qui pousse un homme sain d’esprit et de corps, je suppose, à militer pour le nucléaire, alors qu’il ne cesse de dire que tout est perdu, et ce genre d’énergie en période de crise ne s’arrête pas comme une chaudière fuel. Isn’t it my dear ?
Si je peux me permettre, la réponse de Didier Cavard m’intéresse également.
Le nucléaire pour justifier son existence, argumente systématiquement en citant d’autres périls soit disant plus terribles encore.
Rappelez vous, à l’école ça ne marchait pas :
« Eh monsieur, c’est lui qui a commencé, et en plus blablabla »
Ce n’est pas cela qu’on demande à un projet de société.
Thomas,
Vous n’aurez pas de réponse, le nucléaire a de grandes tours pour produire de la « fumée » ce qui fait que les fumistes n’en manqueront jamais
Il faut retenir ceci sur le mythe du nucléaire vs GES.
La part du nucléaire au niveau mondiale dans la production d’énergie est de 3 à 4% environs (pour 455 centrales) selon le CEA.
Le gros de l’énergie électrique à 90% c’est de la bonne énergie fossile bien émettrice de CO2.
Faites un simple rapport en ordre de grandeur, à consommation constante, afin de faire baisser la part des énergies fossiles habituelles disons d’environs 2%, il faudrait monter la part de l’énergie nucléaire à 6% !
Et combien que ça nous de centrales à constuire ça mon bon ami ? ! Ben imaginez vous que jamais les spécialistes de la calculette nucléaire nous l’écrivent, ils pleurent sur le pauvre sort du climat et des bonshommes, snif, snif, snif, de leurs larmes de crocodiles de la ferme au crocodiles de Cruas 😉
Facile plus, ça fait plus de 227 centrales soit une augmentation du parc de 50% 😀
Et où qu’ils vont trouver les techniciens, les dollars, les matériaux, les sites, et dans combien de temps pour nous monter ce beau programme de lutte contre les GES ?
Non, de la foutaise en uranium massif l’argument du nucléaire contre les GES. Ca en dit long sur le niveau intellectuel des décideurs et des ingénieurs qui soutiennent cette industrie, malgré les inconvénients majeurs et rédhibitoires qui la caractérise. Enfin, soyons honnête, niveau intellectuel, on ne sait pas trop, laissons le bénéfice du doute, mais intérêts financiers et mélange de genres absolument ! Mieux vaut pour eux tous, que tout se passe bien ou pas pire que ce que l’on voit jusqu’à présent jusqu’à l’arrêt totale et définitif du dernier réacteur de la planète Terre…
Je ne milite pas pour le nucléaire, je milite contre les émissions de gaz à effet de serre. Vous n’avez pas lu ce qui est vraiment écrit dans mon billet ou mes autres interventions, probablement parce que vous m’avez fourré a priori dans une case.
Restons-en là, vous avez toutes les sources qu’il faut pour trouver des réponses à vos questions, si vous en avez honnêtement envie.
Magnifique !
Vous avez raison, restons en là, pour discuter honnêtement il faut être deux, et je suis tout seul. Cette dérobade ne me surprend pas un instant, vous vous êtes fourré tout seul dans une case sur ce sujet, monsieur, nul besoin de moi pour cela. Bon vent !
@ Vincent
Votre approche me semble intéressante.J’ai laissé Didier Cavard vous répondre d’abord puisque c’est à lui que vous vous êtes adréssé, mais puisque cela n’a rien donné je souhaite tenter une réponse car il me semble que je suis à peu près dans le même état d’esprit que Didier.
Je commence par une vue d’ensemble dans laquelle chaque point n’est pas forcément étayé pour la commodité du raisonnement. Par contre je serais prêt à justifier chacun de ces points un à un si vous le souhaitez.
Pour commencer il y a une peur, que je qualifierait d’irrationnelle, du nucléaire. Je sais que c’est un point de vue, mais cette caractéristique entraîne de grandes difficultés pour aboutir à des solutions raisonnées à des problèmes réels qui se posent.
Les nucléophobes disent des choses comme : Le danger est absolu, mondial, met l’espèce en danger etc… et on ne sait pas quel type de raisonnement serait acceptable pour eux pour démontrer le contraire.
Les nucléophiles en général tentent des comparaisons. Leur point de vue est : il n’y a pas d’énergie sans dangers, pour sortir de l’irrationnalité comparont les dangers du nucléaire avec ceux des autres sources. Mais les nucléophobes dans ce cas répondent c’est pas parce que c’est pas bien avec telle source que cela justifie le nucléaire, le nucléaire est une horreur absolue, il faut sortir du nucléaire.
Ensuite les avantages du nucléaire sont minimisés par les nucléophobes : ils se précipitent sur l’énergie finale pour montrer que l’impact du nucléaire est négligeable en ce qui concerne les rejets de CO2 alors qu’il suffirait de calculer quels rejets supplémentaires on aurait si on remplaçait le nucléaire pour voir que son impact est grand. Mais ce dernier raisonnement n’est pas accepté non plus, car il vaut mieux, disent les nucléophobes, faire des économies d’énergie et ne pas remplacer le nucléaire qu’on a arrêté.
On ne peut donc pas faire des raisonnement toutes choses égales par ailleurs. Un vrai raisonnement serait de comparer les impacts des différentes sources d’énergie et si on est capable de faire des économies de consommation d’arrêter celle qui est la plus néfaste et non pas, a priori, celle qu’on avait envie d’arrêter de toutes façon.
La seule analyse complète des couts du nucléaire et des alternatives est extrêmement en défaveur du nucléaire, je vous donne le lien:
http://www.nirs.org/alternatives/e0801ambionucillusion.pdf
D’autre part, il y a deux ereurs de raisonnement je crois
1) le périmètre
Selon son point de vue, on regardera l’énergie primaire, ou l’énergie consommée, ou l’énergie électrique…. et on négligera les usages alternatifs (par exemple le déplacement peut se faire à partir de combustible ou d’électricité, la chaleur aussi, etc.) Sans parler d’un focus sur les usages actuels, qui sont évidemment en faveur des solutions présentes, puisque l’infrastructure a été mise en place pour elles : le changement induit donc des travaux structurels, notamment du réseau électrique, que les opposants charehnt au cout de production des énergies nouvelles.
Il n’est pas nouveau, et je pense incontestable, que les couts des énergies sont difficiles à connaitre en raison du cout du capital (eh oui ! on y revient…). En terme de cout de production, la biomasse, l’éolien et l’hydraulique sont moins chers que le nucléaire, par exemple – et je ne parle même pas des externalités.
2) L’importance accordée au réchauffement climatique
Plus j’en lis, plus je me demande si ce phénomène, que personnellement je ne conteste pas, pas plus que son origine anthropique, n’est pas récupéré pour justifier l’injustifiable, à tout le moins biaiser la perception des risques.
Déplorons ce phénomène, agissons dessus, certes; mais l’urgence actuelle de notre société à « l’implosion rampante », c’est évidement la fin du pétrole pas cher. Ca c’est pour aujourd’hui, 2011. Or là, le périmètre à considérer est bien celui de toutes les énergies ou presque, de tous les usages ou presque, et de toute la planète sans exception. De ce point de vue, le nucléaire est non seulement marginal aujourd’hui, mais il ne peut que le rester.
Quelques autres travers du nucléaire:
Etant extrêmenent glouton en capital, (et il le sera de plus en plus : une technologie dont le prix s’incrémente avec la quantité, unique !) il ne peut être qu’entre les mains d’appareils d’état, à une époque de démocratie décroissante. Or le contrôle politique sur l’industriel est essentiel, comme nous le montre l’IRSN et la CRIIRAD en France (surtout depuis la libéralisation du secteur de l’énergie imposée par le modèle anglo-saxon).
Les lieux de production sont centralisés, ce qui est à contre-courant de la société de demain qui devra bien revenir, au moins en partie, à la terre et aux solutions locales. C’est le contraire exact de l’Internet, dont la structure totalement décentralisée a été pensée pour la résilience du système. Et oui, une centrale de forte puissance qui prend froid, c’est tout le pays qui s’enrhume. Surtout en hiver, ça tombe mal !
Le nucléaire a un coût politique exorbitant, pour ce qui concerne la maitrise des technologies, le maintien d’une industrie, et surtout l’approvisionnement. Une petite révolution au NIger ? c’est sûrement impensable….
Il y a objectivement moins de risques qu’un pays hostile nous prive de vent, de marées, de soleil, de biomasse, de géothermie….
Enfin, comme cela est dit à longueur de blog, le risque perçu est trop élevé pour beaucoup de gens, au regard du service rendu à la société. Il est temps que les choix soient des choix de société et pas – pas seulement – de techniciens. Que la démocratie s’exprime donc.
Sans même parler des déchets, de la gestion des sociétés sous-traitantes et du possible risque (avéré) de préférer le profit à la sécurité, des risques associés aux centrales (que personnellement je ne trouve pas trop élevés, et plutôt bien gérés, contrairement à beacoup ici), je ne vois donc pas l’intérêt du nucléaire pour la production d’électricité. Il est à garder pour le médical, pour la recherche sur des solutions moins chères et plus sûres, ainsi que pour quelques usages spécifiques s’il y en a (je ne vois que les sous-marins à propulsion nucléaire pour des questions d’autonomie, et encore….)
Bonjour M. RUTILY,
Bien aimable de poursuivre une discussion abandonnée par un tiers. Je ne capte pas trop votre discours sur la peur.
Précisons les choses avant, pour voir si nous sommes bien accordés pour jouer un petit morceau ensemble. Je vous parle, vous me parlez. On échange vous et moi, Rutily et Vincent. Vincent, dont la seule qualification est d’être un tube digestif au dessus duquel s’emballent parfois quelques neurones, sans qualité particulière, ni autorité quelconque en quoi que ce soit. Vous excuserez d’avance mes fautes, ne pouvant pas éditer mes messages pour corriger les énormités que je laisse passer, et que je vois toujours…après avoir taper « envoyer votre commentaire ». Bref et rebref, un peu de blabla pour situer le cadre.
Donc, d’entrée, il faudrait éviter de parler en terme général. La peur irrationnelle du nucléaire. C’est quoi cette peur dont vous parlez ? Celle qu’ont vécu ou que vivent les enfants, les femmes et les hommes de Tchernobyl et Fukushima ? Pourquoi pensez-vous que moi, vincent, j’ai peur nucléaire ? Parce que je pense qu’il faut arrêter de construire des centrales et démonter toutes les existantes ? Je n’ai absolument pas peur du nucléaire monsieur Rutily, le devrais-je vous demanderais presque en retour ?
Et oui Monsieur, il vous faut vite étayer, sans vous perdre trop, soyez concis, rapide et clair, sinon, je vais très vite décrocher. Surtout sur ces points là :
– « Leur point de vue est : il n’y a pas d’énergie sans dangers, pour sortir de l’irrationnalité comparont les dangers du nucléaire avec ceux des autres sources. »
– « Ensuite les avantages du nucléaire »
Faite par exemple un petit travail en listant et en chiffrant. Par pitié, n’agissez pas en plaisantin retraité, ne me renvoyez pas à la documentation sur internet ou tel et tel livre, ça aucun intérêt sur un blog ou un forum, et je n’ai pas le temps matériel de le faire en détail.
Pour la fin de votre intervention :
Je ne sais pas si il y a un « vrai » raisonnement, un résultat peut-être, mais, c’est sans importance. Oui les impacts. En terme d’impact le nucléaire est immédiatement marqué au fer rouge sur tout les plans, surtout en cas de crise exceptionnelle et hors cadre. Pour les accidents/négligence, 2 en 25 ans déjà, pas mal pour une énergie débutante, qui n’a pas 100 ans. Il faut aussi prendre en compte la gestion des déchets hautement toxiques de ces énergies pour la flore et faune sur le très long terme , ce et y compris dans une perspective d’effondrement civilisationnelle des sociétés qui produisent ces déchets. Et là encore, c’est pas bon du tout pour le nucléaire, c’est même la pire de toute non ?
Vous avez raison, essayons d’être moins général et vaste dans cette approche, soyons plus terre à terre, pas besoin de doctorat en physique quantique.
Au plaisir de lire votre plaidoyer chiffré et étayé en faveur du Nuke.
Vincent
Bonjour Vincent,
Moi aussi je laisse passer des fautes énormes comme « adréssé » dans mon précédent post. On est bien d’accord on se parle vous et moi et ce qui m’a semblé intéressant dans votre approche initiale avec Didier c’est cette phrase :
« Je veux juste comprendre ce qui pousse un homme sain d’esprit et de corps, je suppose, à militer pour le nucléaire »
Moi je suis prêt à m’expliquer, je ne pense pas vous convaincre, mais seulement vous faire comprendre qu’on puisse de bonne foi avoir un point de vue différent du votre.
En ce qui concerne la peur, je n’ai pas pensé que vous aviez spécialement peur du nucléaire, je ne vous connais pas ce qui limite beaucoup ce genre d’hypothèses. Il s’agissait uniquement d’une attitude généralequi me semble expliquer certaines attitudes de ceux qui sont contre le nucléaire. Par exemple lorsque vous dites :
« En terme d’impact le nucléaire est immédiatement marqué au fer rouge sur tout les plans, surtout en cas de crise exceptionnelle et hors cadre. »
L’aspect « immédiatement marqué au fer rouge » se rattache pour moi à cette peur sous jacente.
Par contre je ne suis pas contre l’idée que l’on prenne en compte ces catastrophes qu’on cherche à se mettre d’accord sur leur impact avéré et probable et que l’on cherche si c’est tout à fait hors des normes des autres énergies ou pas.
Mais vous semblez accorder une grande importance à un scénario chiffré, je vous donne mes chiffres concernant l’impact du nucléaire en France: la France produisant 500 TWh électrique nucléaire le remplacement par desentrales thermiques entraînerait des émissions de Carbone de 100 million de tonnes (200g/kwh) ce qui doublerait nos émission de CO2.
Ainsi l’électricité ne repésente en France que 17% de l’énergie finale consommée mais serait la cause de 50% de nos émissions de CO2 sans le nucléaire (je ne prend pas en considération à ce stade le fait de produire avec de l’éolien ou du solaire).
Bien cordialement
@ Rutily,
La discussion s’enfonce dans le menu déroulant. Mais ce n’est pas très grave.
Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir dit le proverbe. Sans parler des déchets, L’impact avéré d’une catastrophe nucléaire c’est des milliers ou des dizaines de milliers de morts, des centaines de milliers de malades ou de dégénérés, sur des dizaines d’années (cf Tchernobyl et tous les rapports dignes de sérieux à ce sujet depuis 2006). Des milliers de km2 de territoires contaminés pour des décennies ou des siècles, un coût économique énorme, bien au delà des bénéfices initialement escomptés. Bref que du bonheur. Mon bon monsieur, imaginez seulement quelques instants une attaque en règle sur vos belles centrales nucléaires française avec plusieurs coeurs mis totalement les tripes à l’air. Vous connaissez la guerre asymétrique ? Je vous laisser ergoter sur les impacts avérés !
Quelle autre source d’énergie présente un tel bilan en terme de « casualties » ?
Pour les GES, j’ai mis en évidence rapidement que le nucléaire, ne peut pas être la solution à l’explosion des GES suite à la consommation des énergies fossiles. Il faudrait construire des centaines de centrales pour baisser simplement de 2% les émissions de GES dû au brûlage d’énergie fossile. C’est tout bonnement une impossibilité technique et financière, et cela diminuerait grandement la pérennité de cette ressource . Et surtout on aboutirait à un accroissement encore plus grave de rencontrer un accident majeur.
Vous êtes dans la croyance, bien entretenu en France, du nucléaire « énergie propre », mais la réalité est que c’est une énergie mort-née. Le pire, il lui faut du pétrole pour qu’elle fonctionne à tous les niveaux, sinon elle disparaît. Elle contribue en outre à maintenir artificiellement, l’illusion d’une société de consommation de masse, par une production de masse, qui par boucle rétro active engendre encore plus de GES et ainsi de suite. Vous êtes le dindon de la farce et l’allié bien involontaire, en tout cas je vous le souhaite, de cette idéologie ultra libérale qui gangrène l’Humanité. L’énergie nucléaire n’est pas une solution, elle fait même entièrement partie du problème. Elle est opaque, polluante, influente, puissante, prédatrice, consommatrice de moyens, dangereuse, et … inutile ! Et je n’ai aucune confiance, mais alors aucune confiance, dans les petits bonhommes qui s’en occupent. 😀
Pour continuer son oeuvre de falsification, elle a tout une armée de gentils ingénieurs bien bêtes et disciplinés à qui l’on peut vendre une histoire à dormir debout où ils seront le fer de lance du sauvetage de la planète ! Ben voyons, et pourquoi aussi de l’Univers bientôt !
A la revoyure mon bon.
@Les pieds dans le plat
Ce n’est pas la seule. La preuve, un lien vers la commission Externe dont les conclusions sont radicalement différentes:
http://www.externe.info/
Pour la commodité je vous ai répondu sur « la situation à Fukushima XIV » ici
Merci pour le lien ExternE Reiichido.
Vous en avez fait partie de loin ou de près ? (pas obligé de répondre…)
A propos d’externe.info :
En fait c’est clair il y des modèles, des probabilités et tout ça est pris en compte , connu sans problème, le seul problème qui reste c’est la peur, l’aversion au risque de certains !
Qui ne semble pas vouloir se laisser mettre en équation !
Merci de mettre un nom sur les choses et de réaliser des ponts entre l’économie et le nucléaire.
Il arrivera le même destin au nucléaire civil que ce qui est arrivé au nucléaire militaire, c’est à dire impossible à employer.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Worldwide_nuclear_testing_fr.png
Annecdote: lors d’un barbeuk, une personne me dit qu’elle avait l’intention d’installer des PV sur son toit, j’ai pris mon verre de vin (qui était vide ) et j’ai dit: L’énergie, c’est comme remplir un verre de vin, il faut d’abord boucher les trous!!! (Je sais, des trous dans un verre c’est pas tous les jours que cela arrive, mais il faut se remettre dans le contexe du moment)
Une seule personne m’a répondu par un accord, toutes les autres m’ont regardé d’un air incrédule et on est passé à autre chose.
Nous en sommes là aujourd’hui!!!
Quand Sarko fait son audit maison sur le nucléaire…
http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/contre-courant-articles-section/contre-courant/1106-sarkozy-gravelines-audit-nucleaire
Beaucoup de choses intéressantes ici, même dans des points de vue antagonistes.
Notre appréciation du risque est en effet devenu une donnée sociale : le fait technique est maintenant démocratisé et partagé, ce qui en amène une conscience collective suffisante pour que les décisions sortent du cercle des ingénieurs, techniciens, et même politiques au sens de l’exécutif : une politique énergétique ( et d’aileurs un mode d’alimentation, une santé…) mériteraient de vrais débats publics, pourquoi pas à l’assemblée – aux assemblées mêmes.
Après, il y a une hypocrisie du risque zéro, une médiatisation des morts violentes qui alimentent une vision anxiogène de tout évènement tragique, et qui pousse aussi à un discours décalé de la réalité sur le risque. Il me semble que globalement, aucun d’entre nous n’est contre le fait de vivre avec certains risques, mais aucun non plus n’a envie de se le faire imposer, d’une part; et aussi, de subir des risques dont l’ampleur ne parait pas adaptée au service rendu à la société.
Ces derniers alimentent en retour une suspicion forte des motivations et les oriente vers le profit et la cupidité de peu, contre le bien de tous.
Pour compléter, s’il y a un domaine qui n’est pas encore démocratisé, c’est bien celui de l’analyse du risque notamment dans nos installations industrielles. Je me demande toutefois si ce n’est pas un bien, je veux dire par là que la consicenc d’un pays doit s’exprimer avec des mots et des connaissances de choses appréhendables. Le nucléaire, aussi compliqué soit-il, l’est grosso modo, pourvu évidemment qu’on ne chatouille pas les détails. Pas sûr que l’analyse de risque, discipline récente, très conceptuelle et pourtant extrêmement concrète, outillée de façon insatisfaisante (tous ceux qui la pratiquent le disent), ait la maturité par elle-même.
L’analyse du risque n’est-elle pas un de ces points de contact entre Technique(sciences) et Société, dont Bruno Latour montre qu’ils sont traités en « anti-attracteur », en « séparateur » au lieu d’être développé sans tirer vers l’un ou vers l’autre comme leur nature hybride le demanderait ?
(cf le récent « Cogitamus » de Bruno Latour)