LA FORCE ET LA FRAGILITÉ DE L’INTELLIGENCE HUMAINE, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

La réflexion libre et rationnelle de Gouwy sur les événements de Fukushima illustre la force et la fragilité de l’intelligence humaine. Nous ne pouvons pas raisonner sur le réel sans le percevoir par la sensibilité ; et notre sensibilité a besoin de la raison pour produire le sens qui nous fasse agir dans le bon sens. Avant que nous agissions, le sens des choses est incertain : il n’est ni bon, ni mauvais, ni positif, ni négatif. Or l’incertitude n’est pas un moteur de l’action ; sans action, nous ne raisonnons pas et sans raison nous ne percevons rien. L’incertitude est un état létal. Il n’est ni action, ni intelligence, ni sensibilité dans l’incertitude. Pourtant par l’intelligence, nous imaginons l’incertitude qui ne nous parvient ni par la sensibilité, ni par l’action. A Fukushima, l’homme peut de moins en moins être présent pour sentir ce qui s’y passe et de moins en moins agir pour maîtriser ce qui s’y passe. Il ne reste que l’intelligence pour imaginer et pour craindre ; pour imaginer le négatif en désespérant ou imaginer le positif en priant.

La force et la faiblesse de l’intelligence humaine, c’est sa liberté ; sa capacité à réaliser dans l’incertitude le sens de la réalité qu’il choisit de considérer. Il nous est actuellement désagréable de constater que notre liberté intelligente nous a conduit à Fukushima. Soit nous subissons les conséquences d’un choix dans lequel nous nous estimons pour rien ; soit nous subissons les conséquences d’un choix humain que nous désapprouvons ; soit nous subissons les conséquences d’un choix que nous approuvons mais qui ne nous soustrait pas à la possibilité d’un désastre. Le pire est-il seul imaginable, ou certain par nécessité ?

Nous voyons bien que la réponse à la question du monde après Fukushima est un choix ; le choix de notre essence humaine, le choix de ce que nous voulons être, l’exercice-même de notre liberté dans les limites concrètes de la réalité. Ce choix est au-delà de notre imagination contextualisée par la réalité. Il structure l’exercice de notre faculté d’intelligence. Il définit l’homme au-dessus de sa liberté de choisir, de comprendre le réel. Si l’homme est un individu enfermé en lui-même ou sur le clan des individus qui apparaissent, pensent et agissent comme lui, il renonce à toute intelligence hors de lui-même. Fukushima nous suggère que cet homme-là est parti pour se détruire par la réalité qu’il ne peut pas percevoir. Si l’homme est personnel, à la fois individu, relation et société, il entre dans l’intelligence collective, en relation potentielle avec toute réalité.

Le développement de l’intelligence personnelle requiert la confiance, la responsabilité et la loyauté. La confiance dans la réalité qui arrive par l’autre ; le décompte rationnel de la réalité partagée ; la reconnaissance d’une réalité raisonnable positive supérieure à la simple somme des individus. Il n’existe aucune preuve scientifique de la supériorité de l’intelligence collective des personnes : c’est le choix logique de l’intelligence individuelle qui accepte de sortir de ses propres limites en admettant l’intelligence de l’autre. Si tel est le choix de l’intelligence, alors elle est universelle, sans frontière, sans nationalité et sans hiérarchie. Frontières, nationalités et hiérarchie ne sont applicables qu’aux objets de l’intelligence mais non à ses sujets que sont les personnes humaines. Il y a alors urgence à représenter la raison humaine libre et loyale dans son universalité au-dessus des frontières, nationalités et hiérarchies de savoir. Cette représentation est le marché mondial généralisé d’option qui engendre l’étalon monétaire universel de la valeur humaine.

La monnaie sous-jacente à ce marché n’est plus une chose à la main de quelques individus mais le calcul du savoir humain en relation avec la réalité par la société dépositaire des objets personnels de valeur. Cette monnaie-là circule à proportion de la réalité que l’homme construit pour son existence personnelle de relation et non pour la capitalisation de son individu abstrait du réel.

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35 réponses à “LA FORCE ET LA FRAGILITÉ DE L’INTELLIGENCE HUMAINE, par Pierre Sarton du Jonchay”

  1. Avatar de kercoz
    kercoz

    Je ne savais pas que j’avais tant de « CHOIX » ! Ca soulage , quand meme , « la souveraineté populaire « …
    /////Il n’existe aucune preuve scientifique de la supériorité de l’intelligence collective des personnes : c’est le choix logique de l’intelligence individuelle qui accepte de sortir de ses propres limites en admettant l’intelligence de l’autre.////
    Ca c’est achement beau ! je ne sais pas pour qui vous roulez , mais pour bloquer la globalisation , va y avoir du boulot !

    En plus vous avez raison , mais ce modèle ne fonctionne que ds un petit groupe (atelier , village archaique ), sinon , c’est un simple argument démagogique .

    1. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

      Kercoz,
      Votre pessimisme réaliste a le mérite de nous rendre prudent à la condition que vous nous laissiez des options dans le monde global tel qu’il est actuellement !

    2. Avatar de Nicolas G
      Nicolas G

      /////Il n’existe aucune preuve scientifique de la supériorité de l’intelligence collective des personnes : c’est le choix logique de l’intelligence individuelle qui accepte de sortir de ses propres limites en admettant l’intelligence de l’autre.////

      Concernant ce passage, je crois me souvenir que Gustave Le Bon dans sa « Psychologie des foules » montrait justement que la foule se montrait moins intelligente que l’individu isolé.

      1. Avatar de yvan
        yvan

        Nicolas.
        J’ai une étude détaillée exactement contraire sur l’intelligence collective possible par le net.

        Il me semble qu’il ne faille pas confondre projet collectif et mouvement de foule…

      2. Avatar de Dissonance
        Dissonance

        @Nicolas G

        A priori (c’est à dire sans avoir lu Le Bon) je serais tenté de dire que la foule est un cas particulier de collectivité, celle qui est irrationnelle par construction. Il s’agit en effet bien moins d’une collectivité intellectuelle que d’une collection d’individus isolés intellectuellement, qui, par opposition à la description qu’établit PSDJ, n’ont que peu ou même pas du tout conscience de l’intelligence de l’autre.

      3. Avatar de yvan
        yvan

        Marrant, Dissonance, que tu ais perçu comme moi le ying et le yang…

        Sinon, tu vas bien, tous les deux..??

      4. Avatar de kercoz
        kercoz

        Il y a un chapitre dans le livre de K. LORENZ ( L’agression , une breve histoire du mal) , qui s’intitule « les bandes anonymes » . Il montre que ces milliers de poissons ou d’oiseaux qui synchronisent leur réaction le font sans but précis (ils suivent le premier qui tourne). Ce modèle de groupe est un mode de défense contre les prédateurs qui est habitué a calculer trajectoire , vitesse etc .. …..Il semble que cette structuration peut avoir été une posture pré -socialisante ….en tout cas , il semble qu’en cas de stress sociétal , les animaux sociaux (nous compris) ont tendance a régresser vers ce modèle . L’individu abandonne toute prétention a une liberté pour une soumission absolue au groupe contre sa protection .
        Ce qui est curieux , c’est qu ‘effectivement , tout groupe déshinibe les rites précédents . Mais le sujet bien que logiquement moins responsable puisque plus aliéné , est considéré par notre justice comme plus responsable (« en groupe » est un circonstance aggravante)

      5. Avatar de Dissonance
        Dissonance

        @yvan

        Je sais bien que l’inflation n’est pas très bien vue par ici mais tout de même, pourquoi se limiter à 2? Entre le noir et le blanc il y a toute la palette des gris, et encore ça c’était avant l’invention de l’autochrome… 😀

      6. Avatar de Claude L
        Claude L

        Doit-on parler d’intelligence, ou d’intelligences ? Ou des manifestations de l’intelligence?
        De la forme verbale et culturelle, de la capacité de concentration et de mémorisation et donc de la capacité d’apprentissage, de la capacité d’analyse et de synthèse qui permet de discriminer et de hiérarchiser, de la forme percepto-motrice, de l’intelligence conceptuelle abstraite ?
        Dire que la foule est moins intelligente que l’individu isolé n’a aucun sens. Une foule ne rivalisera jamais avec un génie dans son domaine. En revanche, mettre en commun toutes les facettes de l’intelligence humaine permet d’espérer approcher de plus près la complexité des choses.
        Là où tout se complique, c’est que dans notre perception des choses et notre capacité à prendre des décisions, interviennent bien d’autres choses que l’intelligence. C’est l’histoire, déclinée à l’infini, du verre à moitié vide ou à moitié plein.

      7. Avatar de yvan
        yvan

        Bien répondu, Dissonance.

        Dis-moi qui tu es, et Lui répondra à Schizophrénie. Les mélanges d’esprits sont les meilleurs. 😉

    3. Avatar de Fabien Salicis

      Alors pour le coup, après ce genre d’arguments, je dirais que dans ce cas, on arrive à délimiter la taille critique des entreprises. Ça serait à peu près cohérent car c’est vrai qu’après, l’intelligence collective versus la coordination des actions peut devenir problématique. Encore que…

      L’individu est en fait plus intelligent tout seul si jamais après son ébauche de développement personnel il arrive à le challenger.

      Et après tout, le village des Schtroumpfs ne tourne pas si mal que ça…;-). Et je ne dirais pas que c’est archaïque, c’est un référentiel, un contexte (comme un autre).

      Ensuite des projets de développement en intelligence collective de type LINUX (qui tout de même regroupent un peu plus de 15 000 contributeurs à travers le monde) tendent à prouver une évolution dans le sens de l’article de Pierre.

      Même si la pratique reste toujours dissonante de la réalité, il n’est pas toujours impossible de converger vers des valeurs qui rendent l’exécution des tâches tacites. Donc…l’intelligence collective dans l’exécution.

      Il n’est pas interdit au moins d’y croire…

  2. Avatar de sentier198
    sentier198

    @ Psdj

    allons , allons , ne vous esquivez pas ….
    hier , vous disiez : « ..J’entends par confrontation des subjectivités un rapport de force où un sujet cherche à imposer son appréciation sans rechercher la satisfaction de sa contrepartie. Où la finalité de l’échange n’est pas la valeur mais l’expropriation de toute plus-value à sa contrepartie ; ce qui revient à produire du risque pour diminuer la part certaine de valeur livrable à sa contrepartie… »

    merci de la réponse.

    elle permet de voir où se situe la faille dans vos raisonnements , à savoir ce concept de valeur que vous souhaitez réduire au point de lui enlever sa part de risque , à savoir l’espérance d’une « plus-value »à priori hypothétique.

    reste à savoir ensuite comment vous appréciez le fait qu’ un « sujet » cherche à imposer , plutôt que cherche à faire valoir un point de vue tout en essayant d’évaluer ce que le sujet partenaire (et non la contrepartie qui me parait quelque chose de très réducteur) propose en contre-partie.

    et , ce jour :

    « …Cette monnaie-là circule à proportion de la réalité que l’homme construit pour son existence personnelle de relation et non pour la capitalisation de son individu abstrait du réel…… »

    merci de détailler tout ca , car sa cohérence sémantique m’échappe..

    1. Avatar de sentier198
      sentier198

      personne versus individu

      je ne vois pas le rapport avec mes remarques….

  3. Avatar de kercoz
    kercoz

    Ma position est des plus pessimiste.Comme option , au mieux , un effondrement inéluctable …commun a toutes les civilisations ..ce qui ne laisse de choix qu’individuel et de choix commun que la somme de ces choix individuels . Pour avoir des chances de se faire moins mal , il faut tomber de moins haut , donc d’opter , a priori pour une situation proche de l’ «  »attracteur » » probable que le manque d’énergie impose : indépendance optimisée des besoins essentiels dans la mesure du possible et une certaine distance d’avec les endroits craignos : 200 villes = 2000 banlieues = 2000 émeutes apres 3 semaines de rupture alimentaire …
    Tous les modèles ne sont pas couverts , bien sur , (et je cours moins vite), mais il faut faire « au mieux » . De plus ce modèle a bien des agréments ignorés .
    La géographie peu homogène des resources , en particulier énergetique peut configurer un futur de type « SF » ou qqs foyers de modernisme perdurent et sévissent sur leur entourage . Mais la condition siné qua non pour l’obscénité actuelle c’est un « débit » minimum de consumérisme …et ça .. ce ne sera plus trop possible sans un prix « compatible » de l’énergie pour la « masse » .

  4. Avatar de gilbert
    gilbert

    je crois que je vais relire le principe d’incertitude de Heisenberg

  5. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @PSDJ

    J’ai toujours avec vous cette désagréable impression d’étapes intermédiaires du raisonnement qui tombent comme un cheveu sur la soupe. Lorsque je lis par exemple:

    sans action, nous ne raisonnons pas

    J’ai beau chercher, je ne trouve nulle part de justification à cela, et par ailleurs, peut-être l’effet de mon inintelligence, la causalité entre ces deux éléments ainsi largués au beau milieu du texte m’échappe totalement.

    D’autres affirmations encore dans ce texte (comme dans d’autres) me font cet effet d’une vérité révélée (c’est à dire littéralement « venue d’en haut » et qui n’appelle pas la moindre espèce d’explication).

    Le développement de l’intelligence personnelle requiert la confiance, la responsabilité et la loyauté. La confiance dans la réalité qui arrive par l’autre

    Là encore un énoncé très discutable. L’intelligence personnelle, à mon humble avis, se manifeste au contraire par un accueil critique de la réalité qui arrive par l’autre, une mise à l’essai en somme, ce qui est à peu près la négation de la confiance, avec une nuance tout de même, mise en exergue par Paul il y a quelque temps: La bonne foi, c’est à dire l’acceptation que l’intelligence d’autrui puisse éventuellement contaminer notre propre ignorance. Reste que votre énoncé me laisse l’impression d’un prêcheur qui demande de façon plus ou moins explicite à ses ouailles d’avaler tout ce qu’il raconte sans discernement.

    Par ailleurs une question sur un autre énoncé qui me chiffonne pour le moins:

    Il n’est ni action, ni intelligence, ni sensibilité dans l’incertitude.

    Quel distinction/rapprochement faites-vous ici entre incertitude et doute? (question purement cartésienne).

    Dernières remarques quant à la fin de votre texte: Encore une fois la transition qui vous permet de mettre en relation le texte présent avec la notion de marché international d’option m’est totalement hermétique, ce qui donne en outre à la fin de ce texte un arrière goût de militantisme à la Johannes Finckh, tout en redondance (pour ne pas dire en matraquage).

    1. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

      @Dissonance,
      Je comprends votre désagrément qui tient à cette notion d’option que vous ne comprenez pas, ou bien qui vous paraît suspecte quant à sa finalité ou à ses conséquences. Vous avez bien compris que j’agence les mots et les propositions pour déboucher systématiquement sur l’option. L’exercice est « naturel » dans un référentiel aristotélicien ou l’effet de sens des mots et du discours n’est pas totalement déterminé par la fin du locuteur, la forme qu’il emploie et la matière qu’il utilise. Dans un référentiel platonicien en trois dimensions de vérité, où l’effet se confond avec la fin du locuteur, le discours peut se révéler désagréable si celui qui écoute n’a pas la même tournure d’esprit ou le même vocabulaire que le locuteur.

      Vous avez l’impression que je vous emmène là où vous ne voulez pas aller. Or l’option est un concept aristotélicien qui reconnaît l’effet distinctement de la fin du locuteur et de la fin de celui qui écoute. Je pense que votre rationalité est platonicienne comme celle de Descartes. Si j’insiste sur l’option, c’est pour que nous puissions avoir raison tous les deux sans dire la même chose. Il me semble que c’est la condition pour que j’accède à votre réel que je crois intéressant et complémentaire du mien. Si nous acceptions et jouions le jeu de la démocratie, les Japonnais auraient peut être intégré ce qui est resté impensable jusqu’au 11 mars : que la centrale de Fukushima soit submergée par un tsunami qui mette en panne le refroidissement de secours.

      Je suis certain même si mes raisonnements laissent à désirer que la démocratie ne fonctionne pas sans l’explicitation des options humaines. Et je suis certain que vous avez l’option de ne pas le croire ou de le croire. Je serai heureux de comprendre ce que vous croyez.

      1. Avatar de Dissonance
        Dissonance

        @PSDJ

        Je serai heureux de comprendre ce que vous croyez.

        Je serais tenté de dire en première approximation que je ne crois en rien ni en personne, du moins a priori. Mais une telle formulation serait sans doute un peu trop définitive pour continuer la discussion. Alors disons que:

        1. Je crois que vous avez raison lorsque vous dites:

        Je comprends votre désagrément qui tient à cette notion d’option que vous ne comprenez pas

        Effectivement, et ce d’autant moins que la forme que vous avez donné au développement de cette idée m’a conduit à m’en désintéresser progressivement jusqu’à boycotter sciemment vos billets, n’ayant ni la capacité ni l’envie (TADH supposé) de passer plusieurs heures, voir plusieurs jours, sur chacun de vos paragraphes, par ailleurs pléthoriques, et ce d’autant moins que la réactivité du blog, de ses rédacteurs et de ses commentateurs s’y prête affreusement mal.

        2. Mais en outre, je crois que vous avez tort en disant ceci:

        Vous avez l’impression que je vous emmène là où vous ne voulez pas aller

        Car en définitive je crois à la causalité, et qu’à ce titre en effet si je ne parviens pas à comprendre la notion d’option, il n’est par conséquent pas juste de spéculer sur la direction vers laquelle je voudrais ou ne voudrais pas aller, puisque précisément je ne suis pas en mesure de juger de la direction que vous suggérez de suivre.

      2. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

        @Dissonance,
        Merci de votre réponse. Il est à noter que Fukushima nous amène à échanger alors que vous aviez renoncé à tirer parti de mes propos. Cela montre que la réalité nous conduit là où nous n’avions pas décidé d’aller. Et c’est encore en cela que l’option est utile pour nous distinguer volontairement à l’intérieur d’une même réalité qui s’impose à nous avec les mêmes conséquences.

        Car en définitive je crois à la causalité, et qu’à ce titre en effet si je ne parviens pas à comprendre la notion d’option, il n’est par conséquent pas juste de spéculer sur la direction vers laquelle je voudrais ou ne voudrais pas aller, puisque précisément je ne suis pas en mesure de juger de la direction que vous suggérez de suivre.

        Si vous croyez à la causalité, c’est qu’elle n’est pas suffisamment déterminante pour vous dispenser d’y croire. Ainsi utilisez-vous l’option pour loger dans un nominal la causalité en laquelle vous croyez et dans une prime personnelle ce qui de votre point de vue échappe à la causalité. L’option vous permet de définir vous-mêmes ce que vous considérer comme produit de la causalité sans être entièrement déterminé ni par la réalité ni par mes propres options qui expriment mes propres conceptions. Une fois que nous avons l’un et l’autre nommé nos options, le fait de les présenter comme telles offre à n’importe quel tiers sur ce Blog l’option de nos conceptions différentes de la causalité.

        S’il existe en plus un marché pour coter l’achat et la vente de nos primes respectives, alors nous devenons des repères pour évaluer le risque spécifique aux noms différents que nous donnons à la part de réalité que nous percevons. Concrètement, Fukushima nous montre combien il est difficile d’évaluer une réalité sans aucun repère sur la crédibilité de ceux qui la nomme.

  6. Avatar de Nicks
    Nicks

    Je persiste à supposer de ce que je comprends que votre projet est une responsabilisation individuelle dont j’ai bien du mal à réaliser ce qu’elle a de différent du libertarisme. Mais peut-être que je ne comprends rien de ce que vous écrivez, ce qui est une éventualité à ne pas rejeter…

    1. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

      Responsabilité personnelle, pas individuelle. La personne est dans la réalité alors que l’individu est dans l’abstraction. La liberté n’est pas le « libertarisme ».

      1. Avatar de Nicks
        Nicks

        Bien que je ne maîtrise pas totalement ces concepts, je rapproche votre discours à la fois donc du libertarisme et d’une forme de communisme, dont le point commun est précisément la responsabilisation, concomitante de l’émancipation. Mais ça ne fonctionne que dans une éprouvette. Les conditions de réalisation demande une homogénéité dans les psychismes qui ne peut pas exister. Ou alors , vraiment, je ne comprends rien…

        Je suppose que moi-même, pour reprendre votre réflexion à Dissonance juste au-dessus, je dois fonctionner dans un schéma platonicien (je suis jacobin, en principe c’est cohérent)…

      2. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

        @Nicks,

        Vous avez bien compris le message mais êtes gêné par les catégories platoniciennes qui structurent notre pensée. Quand vous réclamez une homogénéité dans les psychismes pour que la responsabilité soit possible, vous vous installez dans la cosmologie platonicienne de la caverne. La lumière dont nous ne pouvons pas connaître l’origine projetterait nos ombres sur les parois d’une caverne que nous ne pouvons pas explorer. Si nous migrons dans la démocratie aristotélicienne, nous nous mettons à échanger le contenu de nos psychismes. Nous nous apercevons alors que la lumière vient de la communication de nos différences, de notre unicité et de notre existence politique. Il y a bien une homogénéité de nos psychismes qui vient de la relation libre que nous construisons dans une réalité commune.

        Allons-nous rester les bras ballant à contempler nos ombres financières radio-actives sur les parois d’un monde qui nous est définitivement inaccessible à l’intérieur de nos psychismes irréductiblement individualistes ?

      3. Avatar de Nicks
        Nicks

        Certes non, mais je défends pour ma part le rôle des structures, qui certes s’érodent petit à petit et se corrompent, mais me paraissent moins lointaines (il suffit de les renouveler ou de changer les dirigeants) qu’une sorte de psychanalyse générale de l’humanité.

      4. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

        @Nicks,
        La déficience du platonisme est de ne pas révéler que les dirigeants incarnent les structures autant que les structures les conforment. La crise de la civilisation mondialisée et numérisée est dans la structure-même de notre intelligence platonisée. Si nous ne proposons pas de structures plus réalistes aux dirigeants que nous désignons, ils ne pourront pas faire autre chose que de s’inscrire dans les structures actuelles qui nous emportent tout droit dans le chaos.

      5. Avatar de Nicks
        Nicks

        Mais je suis bien conscient que les dirigeants incarnent les structures, quand ces dernières sont chargées de conformer le reste des citoyens. Il faut donc que les élites actuelles s’en aillent toutes. On pourra ensuite repartir pour un autre cycle…

  7. Avatar de gerard cassat
    gerard cassat

    Oui vous avez « raison » l’intelligence n’est au fond que la rencontre d’une conscience attentive donc en capacité d’agir et de la multiplicité des phénomènes qui viennent solliciter son attention.
    Une mauvaise raison appliquée à un phénomène et tout ce qui a été échafaudé peut s’écrouler.
    C’est pourquoi sans doute celui qui réussissait avant l’histoire antique était aussitôt déifié.
    Notre pente moderne est le principe de précaution et je sens mal triompher une utopie basée sur le risque nucléaire systématique par définition difficile à arrêter.
    La chlorophylle donne à la vie la possibilité de stocker l’énergie solaire. Suivons cette voie en la dégageant de du lent enfouissement géologique. Apprenons de la nature comment cultiver les algues microscopiques dans les chenaux de marée qui serpentent inutiles au long des côtes, pour satisfaire notre multitude faible et indécise en extrayant l’énergie qu’elles ont accumulée en verdissant au soleil.
    Ayons cette intelligence très humaine qui partout dans le passé nous a fait sélectionner le blé l’orge, le maïs, l’aurochs , le cheval, la poule et le cochon pour nourrir nos petits qui mettent tant de temps et de soucis à grandir.

  8. Avatar de Subotai
    Subotai

    Ben non Monsieur Pierre, sinon il faut admette que les autres animaux que nous appelons « bêtes » sont aussi parfaitement raisonnable. La preuve? Elles existent.
    Peut être parce que pour elles, il y a toujours quelque chose de certain: ici et maintenant

  9. Avatar de HP
    HP

    On peut aussi percevoir les choses par la rationalité, en suivant un raisonnement dicté par les lois de la physique (ou du bon sens). L’incertitude ou l’absence de « mouvement » n’empêche pas de prévoir, parfois avec beaucoup d’exactitude, et de faire le nécessaire préventivement.
    Je viens de passer ma voiture au contrôle : refusée pour une ampoule de stop grillée…
    Mais j’ai des ampoules de rechange. Mais l’écrou papillon est trop serré pour le débloquer à la main. Mais j’ai une pince. Mais même avec la pince pas moyen de le débloquer sans éclairage, et le gars attend. J’ai toujours une petite lampe dans ma veste. Mais je n’ai pas prit ma veste, faisait trop chaud…
    Bon, ok, j’aurais pu vérifier que tout s’allumait avant d’y aller, je l’ai fait, mais sans regarder les stops, à moins de demander de l’aide.

    L’intelligence (au sens français : compréhension) individuelle n’est pas limitée par des frontières mais par une culture et les limites des connaissances de cette culture, et est généralement limitée à un domaine précis.
    L’intelligence commune existe sans doute aussi mais je dirais qu’elle est limitée par son maillon le + faible. Pas la moindre trace dans un stade de foot par exemple…

    1. Avatar de Kercoz
      Kercoz

      @HP:
      ////L’intelligence (au sens français : compréhension) individuelle n’est pas limitée par des frontières mais par une culture et les limites des connaissances de cette culture, ////
      Pourtant un enfant asiatique du néolithique ramené a notre epoque pourrait comme un autre aboutir a bac + 4 …..Ce qui fait qu ‘il faut soit donner deux signifiants au terme intelligence : contenu ou contenant (ou plutot aptitude a contenir) .
      Ce qui est stupéfiant (et desespérant ) c’est que cette reflexion démontre que l’homme n’évolue pas ,c’est la culture (ou système) qui évolue ….et encore plus désolant , que les intérets de ce système peuvent diverger des interets des individus .

  10. Avatar de francisco
    francisco

    Bonsoir
    Histoire de sortir des discussions bon teint .. et bon ton, tranquille devant son ordinateur!!! Sur l’intelligence (des singes nos cousins… pourquoi n’abordez vous point le problème épineux du sexe des anges???) qui n’a jamais était capable d’arrêter les « soudards » en action (cf. Orwell et ses propos justifiés, à mes yeux, sur ce qui ce serait passé en Inde face à une troupe de SS !!!)… Pas convaincu??? Allez donc voir ce qui est disponible pour « essayer de connaitre » ce qui se passe en Côte d’Ivoire ou en Libye.

    Manière de…. l’intellect ne sert que de peu face à la force !!!
    http://www.youtube.com/watch?v=QNCT-rge8k4
    Chris

  11. Avatar de Crapaud Rouge

    Il semble en effet que l’intelligence humaine soit capable de démontrer n’importe quoi et son contraire. A titre d’exemple, ce Disproof of Bell’s Theorem signalé par Jean Zin dans sa dernière revue des sciences. (Pour matheux only. Je n’ai compris que la dernière phrase : « This contradicts Bell’s theorem.« )

  12. Avatar de Benoit
    Benoit

    Merci à PSDJ de me faire comprendre que l’intelligence collective ne peut apparaître que dans un référentiel aristotélicien. Cela dit le concept d’option reste encore hermétique pour moi. J’ai certainement des restes platoniciens qui m’empêchent d’en saisir pleinement la lumière. J’ai le choix cependant de prendre une option pratique en reformulant ci dessous les commentaires offerts par PSDJ et sur lesquels j’essaye de réfléchir:

    « Nous sommes gênés par les catégories platoniciennes qui structurent notre pensée. Dans la cosmologie platonicienne de la caverne la lumière dont nous ne pouvons pas connaître l’origine projette nos ombres sur les parois d’une caverne que nous ne pouvons pas explorer. Si nous migrons dans la démocratie aristotélicienne nous nous apercevons que la lumière vient de la communication de nos différences c’est à dire de la relation libre que nous construisons dans une réalité commune. La réalité nous conduit là où nous n’avions pas forcément décidé d’aller (cf fukushima, le forage BP du golfe du Mexique ou la crise financière). La pratique de l’option est utile pour nous distinguer volontairement à l’intérieur de cette réalité qui s’impose à nous avec les mêmes conséquences. L’option permet de loger dans un nominal la causalité à laquelle j’adhère et dans une prime ce que je comprends du point de vue de l’autre. Une fois que nous avons l’un et l’autre nommé nos options, le fait de les présenter comme telles offre à n’importe quel tiers l’option de nos conceptions différentes. Nous devenons alors des repères pour évaluer le risque spécifique aux morceaux de réalité que chacun nous percevons. Grâce à l’option, nous pouvons faire sens ensemble sans dire la même chose. C’est la condition pour que j’accède au réel des autres qui est intéressant et complémentaire du mien. »

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