A l’occasion de la sortie de Le capitalisme à l’agonie (Fayard 2011), La tribune publie un entretien que j’ai eu avec Eric Benhamou : « L’opinion a le sentiment de n’être plus représentée par les institutions ».
L’article se trouve en ligne ici.
Vous annonciez en 2007 la crise du capitalisme américain. Aujourd’hui, le capitalisme serait, selon vous, à l’agonie. A quand l’acte de décès ?
Sa chute est désormais certaine car il est entré dans une dynamique d’implosion que seules pourraient enrayer des mesures dont il est clair maintenant que nos dirigeants ne les prendront pas, et tout retard supplémentaire rend un redressement éventuel plus difficile. Le répit de la Bourse ou la bonne santé apparente des banques ne doivent pas faire illusion. Les déséquilibres sont toujours là. Mais la crise financière a ruiné les États. Ils n’ont plus les moyens d’entretenir une protection sociale qui permettait d’entretenir la croyance que tout le monde pouvait profiter du système. Or, le système est très dur pour ceux qui ne sont plus protégés. Regardez aux Etats-Unis : 100.000 personnes défilent dans les rues de l’Etat du Wisconsin, en majorité des Blancs de la classe moyenne, pour protester contre la suspension des droits syndicaux. Et il faut être naïf pour croire que l’on pourra faire disparaître en Grande-Bretagne tout le tissu de protection sociale sans provoquer de réaction. Les mouvements de contestation vont se multiplier et accompagner l’effondrement du capitalisme.
La crise actuelle n’est donc pas une crise cyclique dont le capitalisme se relèvera comme toujours ?
Je ne crois pas aux crises cycliques, une théorie très conservatrice qui fait croire qu’il y aura toujours un Paradis après l’Enfer et qui exclut par principe l’écroulement du système. Les crises ne sont finalement jamais les mêmes. Le monde change avec les crises. C’est un point de vue que je partage avec Marx, qui fût le seul économiste moderne à prévoir la fin du capitalisme. En revanche, nous divergeons sur les causes de sa disparition. Marx l’explique par la baisse tendancielle du taux de profit. Or, les profits n’ont jamais été aussi élevés. La définition extrémiste que nous avons donnée à la propriété privée génère par le mécanisme des intérêts une concentration inéluctable des patrimoines. Pour pallier celle-ci, le crédit croît, et le système s’en trouve toujours davantage fragilisé. L’argent appelle l’argent, les riches prêtent de plus en plus et se consacrent sur leurs excédents à la spéculation alors que les ménages tombent dans une spirale d’endettement. Le jeu prend fin lorsqu’il n’y a plus assez de joueurs.
Est-il encore temps de sauver le système ?
Il y a eu une fenêtre de tir entre 2008 et 2010 pour tenter de sauver le capitalisme, du moins dans un état de fonctionnement comparable à celui où il était auparavant. Mais il aurait fallu pour cela engager un certain nombre de réformes de fond, notamment dans la finance. Mais, après les injections massives de liquidités dans le système, les dirigeants ont finalement prétendu que l’on pouvait le rétablir exactement comme avant, mais sans bouclier social. C’est une erreur d’une grande naïveté, qui devrait accélérer sa chute. Car la situation est encore pire qu’elle ne l’était avant la crise en termes de concentration de richesses et de puissance de la finance. Contrairement aux années trente, où il y a eu une redistribution de l’argent, toutes les mesures prises depuis 2007 ont toujours protégé ceux qui avaient de l’argent, les banques et les investisseurs.
Or, la priorité doit être d’empêcher la concentration de la richesse. La fiscalité peut aider mais elle ne suffira pas. La question des salaires et du partage de la valeur ajoutée est également centrale. Ce qu’il faut, ce sont des réformes radicales pour changer de trajectoire, notamment dans la finance, qui est à l’origine de beaucoup de problèmes. Interdisons par exemple les paris sur les fluctuations de prix, qui sont à mes yeux, l’un des éléments qui a le plus corrompu le système. Les banques doivent revenir à leur fonction première, l’intermédiation et les activités assurantielles sur des actifs existants, pour soutenir l’économie.
Les gouvernements semblaient avoir pris conscience très tôt de la gravité de la crise. Comment expliquez-vous cet immobilisme ?
Il y a eu une réelle volonté de changer les choses. L’une des explications de cette volte-face est de dire qu’il existe une oligarchie surpuissante qui dirige nos pays et que cette oligarchie n’a pas voulu abandonner une once de pouvoir. Cette explication, la plus couramment avancée aujourd’hui, est insuffisante, voire erronée.
À mon sens, le véritable responsable de cette inertie est la faillite de la science économique. Elle s’est montrée incapable de fournir une grille d’analyse et une boîte à outils pertinentes. Les politiques se sont tournés de bonne foi vers les économistes mais n’ils n’ont trouvé que des personnes dont le discours confortait ceux qui avaient précipité le monde dans la crise. La science économique actuelle ne sert qu’à produire une idéologie, celle de l’omniscience des marchés, sur des postulats erronés, avec un vernis de complexité pour faire fuir les curieux. Finalement – à l’exception de Keynes ensuite – Marx, dans le prolongement d’Adam Smith et de Ricardo, a été le dernier des économistes, capable d’appréhender le système de l’intérieur. Mais en associant à ses analyses un projet révolutionnaire, il a suscité un rejet total de toute l’« économie politique » dont il était le représentant. Il est grand temps de reprendre les choses là où il les avait laissées et de reconstruire une science économique digne de son nom
La critique du système ne nourrit-elle pas le populisme ?
Le populisme se développe quand l’opinion a le sentiment de n’être plus représentée par les institutions. Comment manifester son opposition à ce qui se passe aujourd’hui? Seuls les sondages expriment le ras-le-bol de l’opinion et ils dégagent souvent de larges majorités sur des questions posées. Mais ces majorités s’éparpillent un peu au hasard dès qu’il faut les traduire en intentions de vote. Il ne reste que des votes protestataires. Sans compter tous ceux qui ne votent plus car ils estiment que cela n’a plus aucun sens. La responsabilité des politiques est énorme : ils proclament la réforme du capitalisme et deux ans plus tard les mêmes disent que ce n’est plus la peine. Et Quand Marine Le Pen grimpe dans les sondages, la seule réponse politique est de changer la loi sur les sondages ! En fait, la politique n’a plus de contenu, et encore moins d’alternative à proposer. C’est aussi une faillite de la démocratie.
Mais une alternative au capitalisme est-elle réellement envisageable ?
Oui, on peut toujours briser les tabous, essayer des choses nouvelles. L’exemple de la Révolution française est très intéressant. C’est une période d’expérimentations dans laquelle on n’a pas encore les outils conceptuels pour comprendre ce qui se passe et proposer une alternative. Les révolutionnaires n’ont aucun exemple sur quoi fonder leurs expériences. Mais ils avaient la volonté de tout remettre à plat et ils ont réussi à bâtir un projet politique et un Etat moderne dont Napoléon saura récolter les fruits.
Croyez-vous en un 4 août des PDG du CAC 40 ?
Oui, car les élites commencent à douter.
72 réponses à “LA TRIBUNE, « L’opinion a le sentiment de n’être plus représentée par les institutions », LUNDI 21 MARS 2011”
Bonjour,
dis donc pourquoi les numeros de page sont si haut?
Je sais c’est un probleme non essentiel….
Merci
A propos d’agonie, quelqu’un vient d’injecter des Bq dans la perf; si le malade est allergique est l’iode ou au césium, ça va faire mal :
http://www.20minutes.fr/article/689912/economie-apres-castastrophe-nucleaire-catastrophe-economique-economie-mondiale
Les chinois vont bientôt devoir décontaminer les puces japonaises avant de les intégrer dans nos petits joujoux.
Vous avez dit « systémique » ?
Avant l’Occident donnait le la, maintenant on le voit courber le dos…
Pour peu qu’il y ait un bémol sur le « la », on risque de se retrouver avec une sixte mineure !
.. ou à ras du sol.
Comme dirait les japonais ,c’est la cacophonie.
L’air le plus connu de la Force du destin (Verdi) commence par une sixte mineure ascendante.
Manha de Carnaval s’ouvre également sur un pas de deux entre le mi et le do.
on va baisser d’un ton, descendre d’une octave, une coda sans fin …
Manha de carnaval… une des plus belles chansons du monde !
par joao gilberto et jobim
http://www.youtube.com/watch?v=JKX2VSMj-zs
une autre version de Luis Bonfa
http://www.youtube.com/watch?v=xJzpZxrQgko&feature=related
ou par Clara Nunes
http://www.youtube.com/watch?v=zMWtwcpYcV0&feature=related
Une alternative au capitalisme est-elle réellement envisageable ?
Oui, on peut toujours briser les tabous, essayer des choses nouvelles. L’exemple de la Révolution française est très intéressant. (…) Les révolutionnaires n’ont aucun exemple sur quoi fonder leurs expériences. Mais ils avaient la volonté de tout remettre à plat et ils ont réussi à bâtir un projet politique et un Etat moderne dont Napoléon saura récolter les fruits.
Dans votre interview à L’Expansion, vous dites :
Mais nous sommes dans une période d’intense réflexion pré-révolutionnaire, comme en 1788… Je ne considère pas pour autant qu’il soit nécessaire d’en passer par une révolution pour tout remettre à plat : à la veille de sa mort, Saint-Just pensait que la violence révolutionnaire aurait pu être évitée si l’on avait mis en place sans tarder de nouvelles institutions.
C’est curieux : d’un côté des révolutionnaires qui avaient la volonté de tout remettre à plat, de l’autre un certain Paul Jorion qui pense que l’on pourrait tout remettre à plat sans révolution. Ce n’est pas une critique, je penche d’ailleurs pour votre opinion, mais il serait temps de s’atteler à la question de savoir comment ce serait possible.
tout remettre à plat c’est quand même vite dit, la loi le chapelier c’est 1791.
à tout hasard …
http://www.lecanardduloir.com/index.html
Une réflexion sur ce que devient la Démocratie..
ma foi, si faut être fier alors…
l’anarchisme est un non-sens absolu. l’ordre est immanent, qu’il dise son nom ou pas.
@crapaud rouge, citant Paul jorion : « Mais nous sommes dans une période d’intense réflexion pré-révolutionnaire, comme en 1788… Je ne considère pas pour autant qu’il soit nécessaire d’en passer par une révolution pour tout remettre à plat : à la veille de sa mort, Saint-Just pensait que la violence révolutionnaire aurait pu être évitée si l’on avait mis en place sans tarder de nouvelles institutions. »
@crapaud rouge : « C’est curieux : d’un côté des révolutionnaires qui avaient la volonté de tout remettre à plat, de l’autre un certain Paul Jorion qui pense que l’on pourrait tout remettre à plat sans révolution. Ce n’est pas une critique, je penche d’ailleurs pour votre opinion, mais il serait temps de s’atteler à la question de savoir comment ce serait possible. »
La Révolution Française a été une révolution bourgeoise, et la bourgeoisie était la classe montante, partout en Europe. Le cas de figure est sensiblement différent aujourd’hui, c’est pourquoi penser la Révolution qui peut venir en termes de révolution 1789 est impropre.
La Grande-Bretagne, berceau du capitalisme et du parlementarisme bourgeois, s’est passé de révolution » à la française », en autres à cause d’une noblesse anglaise beaucoup plus active dans le commerce et l’industrie ( les Land Lords, etc..), une noblesse qui a su s’embourgeoiser, et non s’agglutiner, comme en France, autour de la Cour Royale. Je veux dire que la montée de la bourgeoisie, au cours des XVIII & XIX siècles ne s’est pas accompagnée partout de véritable révolution à la française, pourtant partout la bourgeoisie a évincé la noblesse de son rôle dominant dans les rouages des états, parce que la bourgeoisie dominait déjà la transformation sociale en cours.
La bourgeoisie dominante aujourd’hui, c’est spécifiquement la classe capitaliste et l’état comme instrument, c’est-à-dire les exploitants de la force de travail. Celle-ci, classe du prolétariat, n’a plus ni le programme, ni la possibilité de s’ériger en classe dominante du travail (= socialisme), la période socialiste-programmatique (d’érection en classe dominante) est à présent dépassée.
Mais si les révolutions antérieures, bourgeoise, autant que socialistes, avaient vocation, et étaient portées par la montée en puissance des diverses classes de la société considérée, aucune de ces révolutions ne pouvaient dépasser le stade de l’affirmation de la suprématie d’une classe sur le reste de la société. Venant de sociétés de classes, elles revenaient à une société de classes, leur portée s’épuise là.
C’est à partir de cette limite que la révolution, qui peut venir, pourrait s’affirmer comme abolition des classes, sur la bases des classes. Ce mouvement ne sera plus la concrétisation de la montée en puissance d’une classe et l’évincement de l’autre, mais la production d’un « écart » historique déterminant la fin de l’histoire de la lutte des classes, aboutissant simultanément à la destruction des rapports sociaux capitalistes ( ces rapports, sont en autres retravaillés par le capitalisme en tant que : rapports de genre, ou patriarcat ), abolition de la valeur d’échange et d’usage ( disparition du travail spécifié salarié), et construction de rapports non-médiées par les catégories propres à la société capitaliste.
Le saut est immense.
D’autre part, s’agissant de la baisse tendancielle du taux de profit, comme cause de la fin inéluctable du capitalisme, il y a aussi chez Marx la possibilité de « la paupérisation absolue », c’est ce qu’il semble se passer avec la création toujours élargie de sur-numéraires, c’est-à-dire d’une fraction grandissante de la classe du prolétariat, exclue, et comme hors de sa reproduction, c’est pourquoi la reue T.C. peut décrire cette crise comme « crise de la reproduction du rapport prolétariat/capital, c, nous ne sommes pas en 1788, mais il y a une « intense » réflexion, notament autour du renouvellement du concept de Communisme, avec la Communisation ( TC, Endnotes, B.Astarian et autres) et les Critiques Radicales de la Valeur ( Postone, Kurz, Jappe, et autres) .
La critique de la valeur est une piste intéressante, voire la piste qui explique l’origine de la crise dite financière.
Parlons-en.
@AMUTIO Denis : très intéressante, votre réponse, mais c’est une torpille pour le moral ! La fin de la lutte des classes, je n’y crois pas une seconde, et la fin de la valeur (d’usage et d’échange) me semble tout aussi inatteignable parce que cette notion est beaucoup trop incrustée dans les esprits, le langage, les concepts et les pratiques. On ne peut pas l’abolir comme une loi ou un régime politique.
Ce qui me désole, et justifiait ma question, c’est de constater que l’on ne dispose d’aucun principe fondamental autour duquel structurer une opposition. Les chrétiens avaient celui de résurrection, (salut personnel idéaliste), et les capitalistes celui de s’enrichir, (salut personnel matérialiste) : quel pourrait être celui du futur ?
Salut collectif naturel
« La faillite de la science économique » dites-vous?
Voilà qui va, à nouveau, faire grincer des dents l’éminent économiste qu’est Eric Le Boucher, comme chacun sait…
M.Jorion a ressorti son panama,personnellement je n’y vois pas de scandale.
Oui, belle photo, surtout l’auréole en arrière plan !!
Saint Paul ?……
Moi non plus je n’y vois pas de scandale, un panama c’est incontestablement plus digne qu’un pyjama.
c’est donc la nouvelle marotte, le nouveau film à rebondissement : ‘la fin du capitalisme’… après ‘la fin de l’histoire’.
article intéressant
http://www.leap2020.eu/GEAB-N-53-est-disponible-Crise-systemique-globale-Deuxieme-semestre-2011-Preparez-vous-a-l-implosion-du-marche-des-Bons_a6074.html
A propos d’agonie, le capitalisme risque fort d’entraîner la démocratie dans sa chute :
http://www.manicore.com/documentation/articles/Le_pen.html
Mr Jorion est parfaitement en phase avec l’avenir , l’économie se raidie , les rapports entre pouvoir et dominés se tendent , la loi de l’argent roi n’est plus une régle , les entreprises pme sont asphyxiées , le prétexte de la guerre libyenne est bienvenu et prévu depuis longtemps , peut être même les révoltes arabes sont fomentées par les pouvoirs occidentaux pour détourner les attentions de l’hyper faillite des banques euro et états euro.
On ne peut plus croire ou s’appuyer sur aucune stabilité .
Les banques euro ont 4 à 6 fois plus de dettes qu’il ne leur est permis.
Aucun changement ne peut intervenir , lorsque vous avez une avancée dans un sens , l’autre sens fait rebrousser chemin.
Le déficit du commerce extérieur est incommensurable et fuit à gros bouillons.
il faudrait une grosse faillite d’une banque française pour que le chateau de cartes s’écroule.
Organisons la.
L’expression est trompeuse : ce qui va tomber sera beaucoup plus lourd que des cartes.
Etes-vous sûr de ne pas être dessous quand ça va arriver ? Ou votre famille ? Ou vos amis ?
Je pense aussi que ça va probablement collapser, mais je ne suis pas si pressé. Nous manquons encore de positions de repli.
Bonjour,
=>
Si la séparation des pouvoirs a réellement tendance à disparaître c’est, en grande partie pour cause de corruption, de corruption légale, qui prend la forme du gouvernement des lobbies autrement appelé gouvernance. Cette mode est venue des USA par le biais de l’UE et a peu à peu gagné les institutions de droit interne françaises :
Ce qui s’est passé au Japon, dont on parle beaucoup en ce moment. Le lobby de l’industrie nucléaire, le gouvernement japonais et la presse forment un ensemble, il y a une forte interdépendance entre ces trois acteurs. La corruption y est monnaie courante. Cela explique en partie le désastre de la technologie nucléaire au Japon.
A côté de la corruption des élus, n’oublions pas la corruption des non élus (c’est-à-dire des cooptés).
1) En effet, un autre vrai problème démocratique réside dans le fonctionnement habituel de la commission européenne (dans son activité réglementaire) selon le principe du lobbying ; sachant surtout que la commission conserve l’initiative des directives (le parlement peut lui demander de légiférer) et sachant également le poids sans cesse croissant du droit dérivé dans notre propre droit interne (considérable aujourd’hui).
Une autre grave dérive pour la démocratie est, à mon sens, le fait que ladite commission européenne ne sait pas quoi faire pour plaire aux USA, citons par exemple l’accord Swift, qui est un vrai scandale démocratique, approuvé par le parlement européen notons bien (probablement grâce au lobbying).
2) Et puis, l’infiltration des lobbies dans les universités et les grandes écoles, instituts divers et variés (par exemple, les MBA, la criminologie, sans oublier le tout puissant droit des affaires) où certains professeurs, pour se faire bien voir, pour gagner plus (rémunération attrayantes à la clef), pour faire comme les autres copains en vue, pour faire parler d’eux (en bien, il va sans dire) se font les gardiens du temple des lobbies (en étant par exemple stipendiés par tel ou tel groupe d’intérêt). Il est même à craindre que la corruption ait démarré justement dans les milieux intellectuels ; empêchant les pensées dissidentes de se développer tout en affirmant le contraire.
Alors l’invasion du « non droit » américain sur le territoire européen et français devrait, d’une façon générale et systématique, être dénoncé comme une atteinte inacceptable au fonctionnement démocratique ; la source du développement actuel du populisme en raison du fait que le citoyen ordinaire n’est plus pris en compte par les institutions.
@VB
1) Noms : …
2) Chiffres : …
3) Faits : …
Renseignez tout ça et revenez nous voir. Pour l’instant tout ça sonne très creux.
@ tous,
Pour la criminologie, voilà : http://www.laurent-mucchielli.org/index.php?post/2011/03/15/Criminologie-en-France-%3A-presque-tout-le-monde-a-compris-désormais-de-quoi-il-s-agit
Pour le droit des affaires, certains universitaires ne voient aucun inconvénients à pratiquer le droit des sociétés (organisation, forme des différentes sociétés) et à représenter des organismes bancaires, dans le même temps ; lorsque ces gens là font partie de jury de thèses, ils n’adoubent, au sens d’une future carrière universitaire, que les thèses qui leur sied, s’opposant par là même à toute avancée et réforme significative en matière d’entreprise.
Il est très difficile, pour ne pas dire impossible de trouver un universitaire de renom en droit des sociétés qui ne soit pas le représentant direct ou indirect, par action ou par omission, des multinationales. En bref, la diversité fait cruellement défaut.
Concernant le droit fiscal : un bon prof (universitaire) de droit fiscal fait de la fiscalité internationale et doit, pour être crédible, un jour ou l’autre croiser le chemin de l’IFA (international fiscal association), laquelle association ne s’occupe pas du bien être du contribuable
Je passe sur le fait que de nombreux universitaires en droit des affaires arrondissent leur fin de mois en faisant de lucratifs arbitrages, ce qui ne peut se faire qu’une fois que l’on vous connaît pour vos opinions favorables aux dites affaires. En passant, ce phénomène n’est pas nécessairement nocif mais il peut aisément le devenir, le copinage et la cooptation opaque primant sur tout autre critère.
En conclusion, en droit dit des affaires, la diversité fait, comme en politique, cruellement défaut et s’oppose à un quelconque changement de paradigme, ou même, plus modestement, de point de vue : laquelle s’occuperait de l’opinion du citoyen-contribuable avant celle des multinationales.
Vous comprendrez que, par scrupule, je ne divulgue pas de noms.
Et encore ça sur la criminologie : http://www.cairn.info/revue-politix-2010-1-page-195.htm
Et encore ça : http://champpenal.revues.org/7728
Dans le même ordre d’idée, on a peu à peu en matière de droit économique assisté à un glissement sémantique qui en dit long et qui s’est fait dans la totale adhésion de tous : on parlait initialement de droit commercial, on a ensuite créé le droit des sociétés pour ne plus évoquer aujourd’hui, dans un magma informe que « le droit des affaires » qui mélange un peu tout le reste avec une pointe de fusion, droit fiscal, droit social, droit boursier etc. : le point commun est une optique focalisée sur la défense du grand capital et des multinationales au détriment à la fois du citoyen, du contribuable et des Etats au sens où ce mot récapitule les deux autres.
La baisse tendancielle des taux de croissance est pourtant une observation. Pour que cette baisse s’accompagne d’une hausse des profits, une seule solution, ainsi que vous le dites, une hausse de l’insolvabilité. D’une certaine façon, c’est donc bien, à la base cette diminution tendancielles des taux de croissance qui soustend la crise capitaliste, avec des acteurs devenus puissants qui ne veulent pas s’y résigner. Il est possible que si les théories économiques communément utilisées étaient plus élaborées, la situation serait différente, mais est-ce bien certain. Comme vous le dites, la formation des prix résulte de rapports de force sur le marché, pas des théories économiques.
@ Paul
On comprend bien que vous ne voulez pas porter le chapeau, même quand il est très « class ».
« À mon sens, le véritable responsable de cette inertie est la faillite de la science économique. Elle s’est montrée incapable de fournir une grille d’analyse et une boîte à outils pertinentes.»
Décidément, je ne peux pas être d’accord avec cette vue des choses
LES économistes, ça n’existe pas. Pas plus que LES Hommes, LES femmes, ou LES qui vous voulez.
IL y a DES économistes, DES etc. , de la différence, seulement voila, il ne faut pas se contenter des ‘’politiquement correct’’ mais gratter un peu chez les moins médiatiques. Il est souvent plus valorisant et payant « d’avoir tord avec la majorité, que raison avec une minorité ».
Combien, ici ou ailleurs, sur les forums ou autres, râlent ‘’paceque ça va mal’’, combien on soutenu les politiques de moins d’état, de dérégulation, de bradage des bijoux de famille, etc. ‘’On’’ se réveil, c’est bien, mais réviser aussi vos aprioris, il sera peut être possible d’avancer ?
Repartir a zéro, a partir de rien – Sornettes et billevesées, voir prétention mal placée.
On ne part jamais de ‘’rien’’. Il y a eu de nombreuses propositions pour modifier l’orientation « moderne, a la mode ces dernières années », mais qui a écouté ? Qui a soutenu ? Et qui a brocardé, ringardisé, etc. tout les suivistes bon teint « qui ne font pas de politique, moi madame ! », Qui est aujourd’hui capable de prendre, par son vote, une position responsable et ambitieuse ? Sans sombrer dans les profondeurs de la Haine et du bouc-émissaire ?
Répétition : Ce n’est pas l’économie (la technique) qui doit diriger la société, mais l’humain, le POLITIQUE. Avec quel choix de société ? L’économie s’organise en fonction de…
Et c’est tous les jours ‘’que ça se passe’’ RIEN n’est jamais acquis. Il faut pour cela combattre cette idée toujours véhiculée « La Politique c’est pas pour nous, et c’est.. caca » (aussi), ou par la/le offusqué de service ‘’Moi je ne fais pas de politique, Monsieur’’, t’as raison ‘bouffi’, d’autres s’en occupent a ta place et a leur avantage. Action et réaction c’est permanent, la vie, simplement ! Il serait temps que l’électeur soit un peu exigeant et stop les ‘’primes a la casserole’’ (Levallois, Aix, Corbeil-Essonnes, … et j’en passe) s’informe et s’éduque, être un peu citoyen, avant de faire peser toutes les responsabilités sur … l’autre quel qu’il soit. C’est pas gagné !
@Roland011 : plutôt d’accord avec votre dernier § mais pas les 2 premiers. Jorion parle de « la science économique » mais vous l’attaquez sur « LES économistes ». Quand bien même aurait-il visé « LES économistes », (à votre grand dam), il s’agirait de ceux qui tiennent le haut du pavé depuis 30 ans, on se comprend.
« Sornettes et billevesées » : l’on sait bien que personne ne part de rien ni de nulle part ni sans acquis ni sans contraintes diverses. Mais est-ce que cela interdit de réfléchir au fond des choses ? A esquiver la question du « remettre à plat », elle risque fort de s’imposer par elle-même sans crier gare, de façon violente et improvisée. C’est peut-être mieux, et c’est peut-être ce qui se produira, mais ce n’est pas une raison pour ignorer la question.
Roland011, votre réaction épidermique est celle de quelqu’un qui ne suit pas Jorion ou son blog depuis longtemps. La preuve, c’est qu’il n’arrête pas de dire qu’il faut revenir à l’économie politique, et que vous écrivez comme s’il l’ignorait : « C’est a l’économie politique qu’il convient de revenir et débattre » !
Quant à « « Repartir a zéro, a partir de rien »« , je m’étonne que vous insistiez. Vous ne voyez pas que ce ne peut-être que figure de style ? Ou bien avez trouvé, dans les écrits de Jorion, quelque chose qui pourrait le rapprocher des Khmers Rouges, eux dont le mot d’ordre était effectivement de repartir de zéro et qui sont réellement revenus à zéro ? Si oui, je serais curieux de voir ça de plus près.
Jorion parle de « la science économique » mais vous l’attaquez sur « LES économistes ». Quand bien même aurait-il visé « LES économistes », (à votre grand dam), il s’agirait de ceux qui tiennent le haut du pavé depuis 30 ans, on se comprend.
Bien sur ‘’On se comprend’’ mais si je fais jonction avec ‘’les économistes’’, c’est que tous n’approuvent pas « la science économique » ‘’classique’’ et que nombre d’économistes hétérodoxe proposent d’autres lectures et analyses (tout cela a débattre) et que Jorion a, a mon sens, le raccourci souvent facile pour tout mettre a la poubelle un peu rapidement (sur ce billet il se rattrape avec Keynes et Marx, se qui est une évolution avec les tout début du blog).
C’est a l’économie politique qu’il convient de revenir et débattre et OUI pour mettre a la poubelle (la garder tout de même en archive, ça peu re servir) la prétention de science dure et mathématique. L’économie science humaine, donc imparfaite, a relier avec les autres sciences humaines (ça fera du débat pour encore beaucoup de temps, et heureusement)
« Sornettes et billevesées » : l’on sait bien que personne ne part de rien ni de nulle part ni sans acquis ni sans contraintes diverses. Mais est-ce que cela interdit de réfléchir au fond des choses ? A esquiver la question du « remettre à plat », elle risque fort de s’imposer par elle-même sans crier gare, de façon violente et improvisée. C’est peut-être mieux, et c’est peut-être ce qui se produira, mais ce n’est pas une raison pour ignorer la question.
Oui, mais c’est « Repartir a zéro, a partir de rien » qui est en cause !
Je ne crois pas à l’effondrement du capitalisme – il a toujours existé, il est vieux comme le monde.
Mais ce que nous vivons – et subissons – en ce moment, ce sont des perversions liées à un capitalisme sauvage déchaîné qui a pu se développer grâce à la complicité de la classe politique et à celle des médias (avec quelques exceptions). Cet état pathologique de la société ne peut durer longtemps.
Cela veut dire aussi que la démocratie dans sa forme actuelle est en panne. Il ne peut y avoir une forme parfaite de la démocratie, mais ce que nous avons actuellement ressemble plutôt à une dictature oligarchique. Le peuple commence à prendre conscience de cela, il commence à douter, à s’interroger sur l’affirmation de la classe politique selon laquelle il n’y aurait pas d’alternative (« there are no alternative », tina) face à la révolution néolibérale.
Mais aura-t-il le courage et la force de se débarasser d’un capitalisme à la fois autoritaire et oppressant? Pour l’instant on est au stade des constats, des analyses, de la grisaille des théories.
Vous confondez économie de marché et capitalisme.
oui, la loi du marché existe depuis qu’il existe un marché, (soit il y a belle lurette)
mais l’interprétation de la loi du marché la Loi de l’échange la loi de La réalité (=> version TINA => il faut être réaliste = il n’y a pas d’autre alternative, ) est bien la seule à être réalisée (car => universelle, la forme de la loi étant celle de l’universalité) en régime capitaliste
alors, que, pour faire simple et en bref, « nous sommes les interprêtes de l’interprétation de la Loi » (….. )
@Cécile,
J’ai beau essayer, mais je comprends pas ce que vous voulez dire.
Paul Jorion
On verra – je vais prende le temps pour lire votre récent ouvrage. Je pensais – jusqu’à présent – que l’économie du marché et le capitalisme sont intimement liés, l’un ne va pas sans l’autre.
@ germanicus : « Je ne crois pas à l’effondrement du capitalisme – il a toujours existé, il est vieux comme le monde »
Ah? C’est dieu en fait, le capitalisme, plus vieux même que lui même, vous confondez avec, je ne sais pas quoi… C’est quasiment délirant, tellement que c’est nier l’histoire.
Le capitalisme sauvage déchaîné, c’est quoi ça ? au XIX, déchaîné ou pas, au XX, pas déchaîné et domestique, gentil toutou,mais où et pour qui ?
@ Paul Jorion : »Vous confondez économie de marché et capitalisme. »
je pense qu’il y con-fusion surtout avec « sociétés de classes », ici, en Europe et partout où ont existé des « civilisations », l’état, les classes…on ne dit pas la civilisation pygmée, par exemple, à la rigueur : la culture pygmée, ou algonquine. Ce qui ne signifie pas que ces cultures ont été exemptes de « classes », mais c’est sur le modèle du développement occidental que se sont bâties les sociétés de classes, des USA, à la Chine.
@ cécile : »oui, la loi du marché existe depuis qu’il existe un marché, (soit il y a belle lurette) »
Et alors, quelle est la valeur de ce type d’arguments ? Nulle, totalement, puisque tout ce qui existe disparaît, même le soleil existe depuis « belle lurette », et alors ? Les pharaons eux aussi ont existé pendant très, très longtemps, ou non ?, et puis, il n’y plus de Pharaon, c’est tout.
« Le capitalisme est vieux comme le monde ».
Le détective aimerait bien que vous fournissiez des preuves.
Sans ses preuves, ce genre de baratin s’écroule de lui-même.
@ Marlowe,
Peut-être Amutio Denis fait-il référence à l’existence des marchés qui se perd dans la nuit des temps ; les marchés comme lieux de rencontres et d’échanges de marchandises ont en effet toujours existé et continueront, il faut l’espérer, d’exister ; ce qui est normal dans la mesure où personne ne peut tout produire tout seul.
Mais aujourd’hui le marché virtuel de l’argent à largement supplanté le marché économique des marchandises. Ce qui est une dérive sérieuse de la notion de marché.
à VB,
Il me semble que dans le capitalisme il y a une légère notion d’accumulation de capital.
Comme dit Paul, il ne faut pas confondre économie de marché et capitalisme.
Le détective que je suis sait de source certaine que les confusions ne sont jamais innocentes.
La phrase que j’ai vertement critiqué suggère que le « capitalisme vieux comme le monde » serait de nature humaine, ce qui est faux.
@ Marlowe,
Mais il me semble que le terme « capitalisme » revêt plusieurs définitions en fonction des auteurs. Si le capitalisme est le fait que les moyens de production n’appartiennent pas à ceux qui les exploitent et que ce système admet l’accumulation du capital comme la récompense d’une prise de risque ; il est difficile d’admettre que nous vivons sous l’empire du capitalisme. En effet nous assistons à une concentration des richesses et des instruments de production, entre des mains privées (et non collectives) mais la prise de risque a quasiment disparu du circuit (en raison du lobbying justement). Nous assistons aujourd’hui à une sorte d’appropriation privative de l’organisation sociale que l’on peut qualifier d’ »oligarchie » encore que le terme ne rende qu’imparfaitement compte de la réalité.
Cdt.,
@VB :
Il me semble que vous confondez mon opinion,et celle de l’a-historique « Germanicus »
« Peut-être Amutio Denis fait-il référence à l’existence des marchés qui se perd dans la nuit des temps ; les marchés comme lieux de rencontres et d’échanges de marchandises ont en effet toujours existé et continueront, il faut l’espérer, d’exister ; ce qui est normal dans la mesure où personne ne peut tout produire tout seul. »
En aucun cas.
VB a faux sur toute la ligne, pour la même raison que Germanicus, à savoir : manier des catégories spécifiques au capitalisme comme des données intemporelles.
Marché, Marchandises, échange marchand. Tout cela n’a pas du tout « toujours existé » ( se méfier des conceptions qui se réfèrent ou s’appuient sur « ce qui a toujours existé »).
Ces catégories (marchandise, échange, marché) atteignent leur maturité dans la société capitaliste, avant ce n’est pas ça, car non généralisés, non systématisées. Pour avoir( produire) ces catégories, il faut la relation de classe qu’est l’exploitation spécifiquement capitaliste.
Sur ce point, je suis en désaccord avec l’idée (ou idéologie ?) qui fait du capitalisme actuel le dévoiement du « marché » classique (pré-capitaliste) .
VB dit :
22 mars 2011 à 08:44
@ Marlowe,
Mais il me semble que le terme « capitalisme » revêt plusieurs définitions en fonction des auteurs.
Le capitalisme c’est l’exploitation par, -et au profit de-, la classe bourgeoise de la classe prolétarienne. C’est l’implacabilité de la reproduction élargie de l’exploitation, c’est » un rapport entre humains médié par des objets » (K.Marx)
C’est – à -dire la dictature de l’économique, de la valeur devenues l’alpha et l’oméga : Argent- Marchandises- Argent’.
C’est le ravalement de l’activité au rang (et dans le rang, voir solde, soldats) de travail salarié, c’est la marchandisation de tout et l’exclusion des prolétaires, sur-numéraires, basé sur l’inéssentialisation du travail sur la base de la centralité du travail, antagonisme de classes, contradiction qui est le moteur même de l’accumulation capitaliste;
C’est sur cette base la possibilité de dépassement de cette base. Mouvement du communisme.
Prévoir aussi le drapeau américain sur le corbillard, à remettre bien plié à la famille à la fin des obsèques.
Toute la question est là.
Est-ce M. Le Boucher qui remettra à la famille blogueuse de M. Jorion le cher panama du disparu ou la cohorte des Le Boucher qui essuiera ses larmes avec des dollars papier-toilette.
4 ans de bricolage économique rendent M. Le Boucher suffisamment optimiste en son avenir pour décerner des prix littéraires citron, en attendant QE 3, 4, 5,…
Ceci dit, rendons-lui justice, il n’a jamais dit (même s’il le pense sûrement) que le livre de Paul était le plus nul de la création.
L’intelligence et l’amour sont des ressources dont aucune humanité n’abuse (visitons l’histoire) , pourtant elles diminuent dangereusement pour l’idée même du monde.
Tout converge vers quelque chose qui ne rime à rien dans une désolation immense qu’il faudra vivre.
hélas pour ces ressources la rareté ne semble pas vraiment organisée 🙂
Merci, Paul pour tout ce que vous faites. J’attends de recevoir votre livre « Le capitalisme à l’agonie » que j’ai commandé et que je vais dévoré. Salut chez vous ! Bonne continuation.
Croyez-vous en un 4 août des PDG du CAC 40 ? Oui, car les élites commencent à douter.
Quand vous en aurez le temps, pourriez-vous svp nous éclairer sur cette intrigue ?
Merci par avance
Devant l’agitation populaire, la Constituante sur des idées de certains nobles, vote l’abolition des privilèges…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_du_4_ao%C3%BBt
Je suppose que l’idée est que les pontes du CAC40, devant la révolte qui gronde, décideront de réduire leurs privilèges dans l’espoir de calmer le populaire et conserver leurs têtes.
Merci Subotai, mais ma question portait sur ces élites qui commencent à douter…
J’aurais souhaité savoir comment M. Jorion avait fondé cette perception, puis qui était désigné.
Désolée, j’aurais dû être un peu plus précise
Je relève la phrase « C’est aussi une faillite de la démocratie. » Et je la sors
du contexte pour la prendre au pied de la lettre.
La démocratie est un outil. C’est ce que « nous » en faisons qui est
en question. Ce n’est pas la faute à la démocratie si
« l’éligible ne peut être choisi qu’au sein d’une petite oligarchie
qui représente les seuls intérêts d’une petite fraction puissante financièrement. »
La cause de la faillite des pratiques démocratiques est attribuable aux hommes.
La faillite réside dans un personnel médiocre. C’est leur faillite. Ceux
qui se désintéressent de la chose publique ont aussi leur part, bien que minime.
L’outil est indemne de toute suspicion.
Il est ce que nous en faisons: il peut être amendé, amélioré, affiné.
Un exemple, des statistiques russes montrent que les votes nuls sont comptabilisés
sous le vocable « contre tous ». Il reste à savoir la procédure suivie si
ce « contre tous » devenait majoritaire. En tout cas, c’est une ouverture.
Elle est plus crédible que les propositions tendant à donner au hasard
un rôle dans le choix ou la désignation.
Je ne convaincrais pas ceux estimant que l’abstention piscicole est révolutionnaire…
Je dirais simplement que c’est le seul outil à notre disposition.
De grace , utilisons-le. Et ne nous trompons pas: Il n’existe aucun texte,
aucune disposition si habile soit elle, qui rendrait attractif les activités formelles
et ennuyeuses de la démocratie.
Dans l’article de La Tribune, je lis:
Est-ce que cela inclut l’école dite « comportementaliste » telle que la présente Samuel Bendahan ?
Voir par exemple son exposé sur le revenu universel:
Samuel Bendahan – EPFL / IMD : Revenu Universel, avenir ou utopie ? from Rezonance on Vimeo.
Bravo Mr Jorion pour les réponses que vous avez faites à cette interview. Je partage votre point de vue depuis fort longtemps et ce que je lis ici ou là ne fait que me conforter dans mes analyses. Tant que cette absurde concentration des richesses continuera, nous courrons vers le désastre. Si le capitalisme tel que nous l’avons toujours connu est indiscutablement à l’agonie, il reste quand même une petite porte de sortie mais si étroite que nous aurons du mal à l’emprunter : je veux parler de la voie d’un capitalisme vert ou durable basée sur des énergies propres et des technologies innovantes, un capitalisme qui ménagerait les intérêts des actionnaires mais veillerait aussi à assurer un bon niveau de salaire (indispensable pour assurer la survie du système sur le long terme et pour éviter tout accaparement des richesses, d’où l’adjectif durable accolé au mot capitalisme). Tout cela n’est qu’utopie car c’est la cupidité et les intérêts à courte vue qui gouvernent le monde…
@Planchon
Bonsoir,
Il me semble que l’utopie du capitalisme, nous la vivons….
« L’utopie trahie mais nécessaire » c’est le lot de l’utopie….
Est-ce le temps des trahisons?
Ou bien celui des révolutions, réductions, transformations…à peu près tout qui ne soit pas reconduction…
voire solutions?
Un lien:
http://www.franceculture.com/emission-questions-d-ethique-catastrophes-naturelles-catastrophes-morales-2011-03-21.html
@Paul
Je suis particulièrement étonné qu’aucun contributeur n’ait encore relevé certaines affirmations et thèses qui me semble être sous-entendues dans cette interview.
1) Vous affirmez qu’il y aurait eu de la part des politiques une réelle volonté de changer les choses. J’aimerais que vous étoffiez ces propos qui, malheureusement, me semblent plus relever de la croyance que des faits… je ferais même une analogie avec la « croyance » de certains dans LA science Economique…. D’autant plus que vous persistez en semblant dire tout en ne le disant pas explicitement qu’il n’existe pas d’oligarchie surpuissante qui dirige nos pays….
2) « Il est grand temps de reconstruire une science économique digne de son nom ». De la même façon que certains s’obstinent désespérément à chercher chez Marx le vrai Marx sous le Marx des autres, lecteurs, commentateurs, pratiqueurs, continuateurs et autres postmodernisateurs de Marx, tels des moines philologues penchés sur leurs palimpsestes, vous semblez croire non seulement à cette possibilité mais aussi au fait que, bien sur, une fois cette science refondée le monde pourrait être remis à l’endroit comme ils se doit grâce à la « vraie volonté des politiques »…. étant apparemment (à vos yeux) les légitimes représentants de l’ensemble du corps social…
3) « La Chine est rétive. Les Chinois ne sont pas convaincus des vertus du capitalisme, ni même d’ailleurs de la démocratie. Ils sont dans l’expérimentation permanente sans avoir de théorie »
Là j’ai carrément froid dans le dos de vous voir écrire de tels propos. Qui sont ces Chinois dont vous parlez ? L’oligarchie post-communiste ou libérale-communiste (pour faire un joli néologisme et qui bien sur n’existe pas…) qui détient actuellement le pouvoir ou le peuple chinois dans son ensemble qui, fort d’au moins un millénaire de confucianisme et un peu plus de soixante ans de « communisme » , aurait consensuellement approuvé l’état des choses ou entériné le fait qu’il ne saurait, au plus, y avoir de démocratie que locale… (alors avec plus d’un milliard d’individus c’est SCIENTIFIQUEMENT impossible…mon bon monsieur…tout le monde sait ça…)
Je caricature un peu mais ….
Quelle déception…. Je sais qu’il faut parfois simplifier son propos quand on s’exprime pour, ce que l’on assimile à tort, le » grand public » mais là … vraiment …Où est passée votre lucidité ?
Finalement peut-être est-ce la mienne qui m’a fait défaut que d’avoir cru à une autre Weltanschauung chez Paul Jorion…
Avez-vous vraiment la naïveté insondable de croire à la réelle bonne volonté des « politiques » ? Rien que cela me fait déjà mal.
Mais parler de « l’expérimentation permanente mais sans théorie » des Chinois comme vous le faites sans y apporter une once de commentaire, c’est juste considérer que la Révolution Culturelle et son cortège de morts est un « détail de l’histoire » et qu’il faudrait qu’elle ait été au préalable théorisée par ses instigateurs pour que nous puissions nous autoriser à lui en donner un sens…
Accepter de croire,en en reprenant la dénomination, à l’existence de cette entité conceptuelle globale que représenteraient les « politiques » voilà de quoi faire pouffer de rire les mannes de Max Weber…
Substituer ou même subsumer la nécessaire activité politique consciente des citoyens à la redécouverte ou même à l’approfondissement d’une science économique pour que changer le monde soit envisageable et qu’ainsi on en finisse avec le capitalisme là c’est vraiment l’expression la plus rase, la plus léninisto- stalinienne de la philosophie marxiste… et du positivisme scientiste…. matiné de ce que les précédents auraient qualifié d’idéalisme petit-bourgeois…
En bref, c’est dans ce type d’entretiens qu’apparaissent malheureusement, à mon sens, les terribles apories de votre pensée.
Vous qui en appelez par ailleurs à une redécouverte d’Aristote vous semblez complètement enfermé tel un scolastique du moyen-age dans vos sphères armillaires vous empêchant de penser l’héliocentrisme…
Comment ne pas accepter l’idée que toutes les sociétés dites « développées » sont structurées en dominants et dominés (même si on accepte de prendre en compte une part de servitude volontaire) et qu’un rapport de forces régit l’état du monde à l’instant t (comme la formation des prix et la formation du salaire l’exprime et le quantifie) et que de ce rapport de forces ou de cet « équilibre tendant vers l’optimum » nait précisément « l’état du monde » .
Comment ne pas admettre que ces mêmes dominants n’ont pas de rapports consanguins avec ceux que vous nommez les « politiques » puisqu’ils ne sont que les représentants d’une autre branche de la même famille dont Pinçot et Charlot (entre autres ) ont fourni une abondante sociologie et généalogie… et qu’ils ont ,de fait, de puissants intérêts communs et non pas des conflits d’intérêts…
Comment pouvez-vous nourrir l’illusion qu’une fois la « vérité » dévoilée (par les vertus d’une science économique enfin refondée…) la « réalité » apparaisse et s’impose d’elle-même (ou par les vertus d’un miraculeux politique platonicien ou de membres de l’élite commençant à douter…)
Voilà Paul, quelques unes des raisons de mon profond désaccord.
En un mot, jamais je n’accepterais de remettre les clefs de la cité dans les mains du philosophe-roi…
En 852 mots vous avez fait une bonne critique d’un article de 1222 mots d’abord écrit pour le public de La Tribune. Il existe une contrainte d’écriture en fonction du public supposé auquel on s’adresse, sauf à courir le risque d’être illisible, mal lu, pas lu. J’ai le souvenir d’un PJ s’interrogeant lors d’un débat public en Bretagne sur la difficulté à dire quelque chose d’entendable à un public indéterminé. La Tribune, c’est déterminé !
Isocèle, j’apprécie tes efforts : je ne suis plus communiste simplement parce que je porte la barbe, mais parce que j’adopte « l’expression la plus rase, la plus léninisto-stalinienne de la philosophie marxiste… ». C’est bien, cela fait déjà plus sérieux.
Mais tu continues malheureusement d’être déçu : « Quelle déception… », dis-tu, et j’en suis bien triste, mais encore une fois, tu vois, tu me déçois toi aussi : je te préfère plus combatif, interdisant par exemple aux gens la lecture des livres qui ne te plaisent pas : ça a un peu plus de panache que ta morose déception devant « les terribles apories de (ma) pensée ».
Mais c’est bien : tu as au moins lu mon livre, il te faut maintenant regarder mes vidéos, tu pourras ainsi tester ton hypothèse de ma « naïveté insondable » en matière de politique. Bon spectacle !
P.S. : « … voilà de quoi faire pouffer de rire les mannes de Max Weber ». Cette image de corbeilles qui pouffent de rire est en effet inénarrable. Tu aurais pu écrire évidemment « les mânes de Max Weber » et ç’aurait été moins drôle. Isocèle, quel sacré farceur tu fais !
@ Paul Jorion,
En voilà une Tribune ! En cliquant sur le lien, j’arrive sur une page ou j’ai à peine le temps de vous reconnaitre sur une photo qu’un pop-up s’ouvre par-dessus sur votre photo avec une blonde cavalière puis s’ouvre un message publicitaire qui dit : « Ne vous fiez pas aux apparences, il n’y a que l’argent qui m’intéresse ». Ça, c’est déjà très malvenu.
Mais il y a pire, à peine le Pop up refermé qu’on aperçoit en bas à droite un livre d’Engels, et votre visage entouré d’une faucille. Heureusement que le marteau reste invisible, sinon qu’aurait dit Monsieur Le Boucher ?
Tout de même intrigué que vous puissiez lire Engels en Néerlandais, je tiens , après agrandissement de la photo à rassurer vos lecteurs, ce livre bleu n’est qu’un banal dictionnaire de vocabulaire et la faucille une saine oréole, qui montre bien l’alternative au nucléaire. Il ne faut donc pas se fier aux apparences comme disait la cavalière.
« Engels », c’est le mot hollandais pour « anglais », ce livre bleu qui me trahit est un dictionnaire « anglais-hollandais ».
Si je ne m’abuse il y a aussi un Larousse « qui sème à tout vent… »
Le capitalisme est à l’agonie, et pour le sauver il aurait fallu prendre des mesures qui l’auraient tué à coup sûr… ??? Cherche pas c’est de la science… La hausse des salaires relance la consommation, la production augmente, le travail avec, la nature tousse, les prix n’ont plus besoin d’être augmentés – la finance étant morte il n’est plus nécessaire de la nourrir. Le moteur est relancé : la richesse est supérieure aux besoins vitaux, le salaire précède donc la demande d’échange monétisé – c’est pas cool-, il faut dépenser le surplus, donc consommer et produire, etc., etc. etc. : le moteur de la société de consommation est relancé. Ya Ouh !
Une meilleure répartition est anticapitaliste, par définition. Si l’on parle d’économie, c’est la richesse qui est « mal » répartie. Pour la politique c’est le pouvoir. Etc. Les Égyptiens et les Mayas étaient capitalistes, avec leur pyramide. Les royautés et autres hiérarchies de droit divin étaient capitalistes avec leur organisation pyramidale, capitaliste. Ce sont des croyances habillées en églises : capitalistes.
Le manque d’humanisme des critiques du capitalisme montre à quel point elles sont prisonnières du cadre…capitaliste : une idée forte avec sa structure hiérarchique pyramidale de mise en pratique. Une meilleure répartition – non pyramidale- est anticapitaliste, par définition. Si l’on parle d’économie, c’est la richesse qui est « mal » répartie. Pour la politique c’est le pouvoir…ou les idées, les cosmogonies personnelles ! Etc.
On peut raisonner autrement. La structure sociale est faite de sommets – les individus- et de liens. Actuellement le lien le plus fort qui unit les individus est l’échange monétisé : il s’est à ce point imposé que nous tentons d’agir sur lui pour nous réorganiser, nous, homos sapiens ! Sommes-nous en droit de choisir le lien que nous souhaitons créer avec l’autre ? Pouvons-nous oui ou non par nos liens exprimer une autre structure, une autre organisation, un autre vivre-ensemble ? Qu’est-ce qui nous en empêche ? La peur ? L’égoïsme si semblable au capitalisme dans la manière qu’il nécessite la soumission ? Qu’on n’en parle pas ? Les trois mon commandant !
Toujours avec l’oeil humaniste, continuons : pourquoi « des mesures qui l’auraient tué à coup sûr ». Le moteur de la consommation et de bien d’autres choses (différence de potentiels, gradient, forces…) est le manque, le déséquilibre : il y a, je n’ai pas, je veux. S’il y a et que j’ai, pas sûr que je veuille…, il serait temps d’y penser et surtout d’en parler, ne serait-ce que pour en avoir con-science, pour partager la vision de l’autre !, juste pour le fun, parce que ça fait un peu plus démocratique, humain, de considérer la vision de l’autre. Une idée ne peut vivre que si on en parle. Si on ne parle pas des idées on n’est pas en démocratie, on ne fait que débattre des idées imposées. Si l’on ne dit pas que l’homme est le sommet de la structure il y a peu de chances – statistiquement s’entend- qu’il en prenne conscience (par définition !) et qu’il puisse participer à la construction du vivre-ensemble et non plus le subir.
Pourquoi chacun n’exprimerait-il pas son désir de vivre ? S’il y en a qui se sentent à l’aise dans la hiérarchie : qu’ils y aillent. Et si d’autres ne souhaitent par exemple pas consommer ni donc produire, qu’ils le puissent. Pour cela la monnaie d’échange doit être le salaire : elle est créée pour répondre à la demande d’un échange monétisé (Pierre : ça vient ou bien ce bancor spécial ? Y’a un problème, quelque chose qui vous gêne, que vous ne comprenez pas ?). Alors que aujourd’hui c’est le salaire qui précède et donc impose l’échange monétisé, l’offre précède et impose la demande : ce n’est pas cool.
La seule offre qui mérite de précéder la demande est humaniste : que les droits élémentaires de l’humanité soient respectés, soit une création de richesse pour les assurer : deux jours de travail devraient suffire. Le reste du temps : démocratie. Tu veux faire de la politique : vas-y ! Tu veux consommer : vas-y, avec ton travail tu paieras ta consommation et les perturbations qu’elle induit pour l’environnement commun. Tu veux buller : bulle, et si t’en as marre tu pourras toujours aller te faire un brin de consommation.
L’offre qui précède la demande c’est un délire comme un autre, un délire digestif, du gavage, où l’estomac est nourri sans que la tête ne se demande si il a faim, où l’estomac consomme ce qu’on lui impose ! Et les critiques actuelles de la société se bornent à étudier la fonction digestive ! Ça va ? Parler de civilisation marchande, c’est donc parler de civilisation capitaliste ou plus précisément et vu de la tête – du caput– de civilisation digestive.
Mais on pourrait dire aux dieux, bien des choses en somme. Par exemple tenez :
Psychanalyse : je n’ai pas conscience de moi et suis donc dans l’obligation lors d’un échange avec l’autre de me soumettre à la valeur forte vectrice d’échanges qui est en place : la valeur m’est fournie par le groupe (ça marche d’ailleurs également dans le cas du blog !).
Mathématique : la mathématique ne fait pas autre chose que de formuler des cosmogonies personnelles. Les plus belles sont humanistes, étonnant non !? Seul le dominé peut considérer une vision comme un modèle imposé et chercher à s’en libérer.
Etc.
Fait chier.
Le capitalisme collectif pendant ce temps conquiert de nouveaux territoires qui peuvent lui permettre de reprendre un second souffle : les pays arabes font de parfaites conquêtes.
Si même les britanniques disent qu’il est nécessaire de sauvegarder le système social pour sauvegarder le système tout court …
http://www.jbs.cam.ac.uk/interactive/expert_comment/2011/articles/article_deakin_fired.html