Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Cette phrase de Klaus Schwab, fondateur du Forum Économique Mondial de Davos, que François Leclerc rapportait hier : « Ces gens (qui ont mené le système financier au bord de l’effondrement) ne sont pas seulement une partie du problème, ils sont également une partie de la solution » est bien entendu absurde en soi et nous l’entendons spontanément tous de la même manière : comme une menace, comme une nouvelle version du « There Is No Alternative ! » de Margaret Thatcher autrefois.
Pourquoi ? parce que son absurdité condamne la phrase sans appel, et qu’elle ne peut du coup se soutenir que d’une seule autre façon : que si un rapport de forces incoercible la supporte, signifiant sans ambages : « Quelle que soit l’étendue de notre incompétence, rien ne pourra quand même se faire sans nous ! »
Pourtant, ce n’est pas de cette manière que les propos de Schwab furent présentés dans l’article du Times qui rapportait ses propos. Francis Elliott and Helen Nugent écrivaient en effet dans Treasury banks on City financiers to run Britain : « Le Ministère des Finances compte sur les financiers de la City pour diriger la Grande-Bretagne » :
Klaus Schwab, le fondateur du Forum Économique Mondial (de Davos), a été conduit à lancer un extraordinaire appel à la compréhension au nom de ceux qui ont conduit le système financier mondial au bord du gouffre. « Ces personnes ne relèvent pas seulement du problème, mais aussi de sa solution », a-t-il dit mardi dans une allocution.
Il ne s’agirait donc pas d’arrogance mais bien au contraire d’humilité. Pourquoi alors cette réaction viscérale de notre part, qui rejette a priori l’interprétation charitable pour supposer à sa place la morgue assortie de menaces ? Parce que nous avons appris que l’incompétence, du moment qu’elle se manifeste à un certain niveau, est rarement considérée comme un vice et qu’« On prend les mêmes et on recommence » est monté au fil des siècles au rang de loi naturelle
L’article d’Elliott et Nugent poursuit en expliquant comment une belle brochette de ci-devant vedettes de la City font aujourd’hui partie de l’équipe de pompiers mise en place par Gordon Brown au sein de son administration : les anciens traders appliquent désormais sagement les directives des fonctionnaires au sein d’équipes réunies dans les ministères et intitulées FSU (Financial Stability Unit) ou FSR (Financial Stability and Risk), et ceci pour des salaires qui leur apparaissent sans doute de misère. On n’a pas encore atteint l’étape proposée ici-même par Jacques dans un commentaire : « envoyer (les banquiers) aux guichets pour se rééduquer façon garde rouge », mais on s’en rapproche insensiblement… du moins en Angleterre.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
30 réponses à “Arrogance et humilité dans la City”
De même qu’en démocratie on présuppose que le « bon sens » appartient à la majorité…
En économie on présuppose que la « compétence » appartient à ceux qui ont le mieux profité du système.
Gageons que ces derniers feront à nouveau ce qu’ils voudront dans le prochain monde car ce sont eux qui tiennent le pouvoir politique entre leurs mains.
A moins qu’ils n’obtiennent ouvertement la mort de la démocratie, laquelle comme chacun sait est le plus mauvais système…monobstant….etc!
Arrogance ou humilité ? Posé comme cela, l’arrogance s’impose de la part de ces financiers qui nous y ont tellement habitué. Celle de leurs certitudes péremptoires comme celles de leurs bonnes fortunes ostentatoires.
Un autre angle, qui ne tient plus aux hommes et à leur personnalité, pourrait être adopté sur la même question. Celui des dividendes des actionnaires des banques (on connaît le débat esquivé par le gouvernement français, par exemple), ou des tentatives actuelles, internationales, d’éviter les nationalisations. Au nom de leur coût, alors qu’elles n’en supposent pas nécessairement. (Les indemnités ont déjà été perçues, d’une certaine façon).
Il est toutefois exact que l’Etat appelle à la rescousse des « techniciens » afin d’essayer de maitriser une situation. Et que ceux-ci, toute honte bue semblerait-il, s’exercent à un nouveau magistère. Qui donc influence qui dans cette histoire ? Trop tôt pour le savoir et le dire, non ? La consanguinité n’est pas affaire nouvelle, surtout en matière financière. Sa résultante va t’elle désormais faire surprise ?
« L’expérience nous a appris qu’il y a certains sujets relevant de l’Eurogroupe dont il vaut mieux ne pas discuter en public. » a déclaré hier lundi, lors d’une conférence de presse, Thomas Steg, porte-parole adjoint du gouvernement allemand. Voilà une de ces phrases qui alimente la suspicion. Il voulait ainsi justifier le refus d’allemand des propositions de réunion de Nicolas Sarkozy.
Au-delà de ces remarques en pointillés, une interrogation plus générale est posée. A quelles extrémités va-t-il falloir se rendre, tant le dérapage est violent, pour l’instant non contrôlé, et ses conséquences économiques et sociales immenses? Quelles mesures vont-elles encore devoir être prises, qui seront autant de crèves-coeurs ? Ou, au contraire, la résistance à laquelle je faisais référence est-elle si désespérée ? N’a-t-elle pas déjà remporté de premières victoires, après de premières semaines de débacle ?
Certains sujets comme « le droit de propriété » ou le droit de succession vont devoir être abordés.
Si ils ne le sont pas le monde finéconomique ne changera pas.
Sans dividendes comment fonctionne le capitalisme?
L’attrait de la plus valus est-il suffisant?
On va encore me taxer de pessimiste absolu, mais donc restons prudent 🙂
Les plus vénérables sages ont justement dit (et eux avec une réelle humilité) que l’humilité est souvent une forme déguisé de la vanité.
Je pourrais dire aussi que humilité rime presque avec humiliation, et qu’ici il se pourrait fort bien que sous la pression des événements les éléments les plus corrompus se rachètent une conduite à peu de frais en espérant que les choses se décantent et qu’on oublie vite tout cela.
Si ca ne tenait qu’à moi, il y aurait un paquet de responsables financiers qui seraient traqués, pourchassés, jugés, et sans doute condamnés à payer et rembourser toute leur vie (cela leur ferait tout drôle de voir ce que c’est que d’être endetté et survivre avec un salaire de misère). Cela meur apprendrait l’humilité plus que toute autre chose.
Comment vous voulez qu’on s’en sorte avec des gens qui ont provoqué une catastrophe et qui sont reconduit pour certains à des postes semblables, des postes clés. Honnêtement, si ils n’ont rien vu venir, ce ne sont pas eux qui vont réparer les dégats qu’ils ont causé, ils risquent au contraire d’en faire encore plus justement par manque de perspective, et par soucis de préserver l’intérêt de leurs amis et le leur.
Quant à ceux qui occupent plus modestement des job beaucoup moins payé en faisant profil bas, c’est sans doute parce que vu les vagues de licenciement ils ne trouvent pas autre chose, alors le jour où des banquiers et financiers retrousseront leur manches, prendront une pelle et iront participer au programme de grands travaux d’Obama pour construire des routes, des ponts, des barrages où je ne sais quoi, alors là je dirais oui ils font preuve d’humilité.
Mais bon ne nous leurrons pas, ce ne sont pas les banquiers qui vont ‘reconstruire » l’Amérique, dans tous les sens du terme j’imagine. Et franchement ce n’est pas moi qui pleurerait lorsque de riches banquiers et financiers ne trouvant plus de travail équivalent et très bien rémunéré perdront leur maisons achetée à crédit avec des crédit taille Jumbo au dessus de 750.000 $, là je dirais il y aura (in)justice pour tous.
Le côté positif de ces évènement est qu’il permet de faire tomber les masques. Tous les beaux discours légitimant des écarts salariaux abyssaux censés récompensés ceux qui prennent des riques et qui assurent la prospérité de tous se dégonflent. On la vérité toute nue et on mesure l’écart entre la propagande officielle et la réalité.
@A. : « On la vérité toute nue et on mesure l’écart entre la propagande officielle et la réalité. »
Et on constate aussi qui sont (ou étaient) les porte-paroles attitrés de la propagande officielle et se cachaient derrière leur « scientificité ».
It’s all about bucks, kid. The rest is conversation.
Bien sûr qu’on garde les mêmes et que l’on recommence, mais vous croyez quoi. Et pas seulement les banquiers, mais tous ceux qui ont profité du système et qui ne veulent pas perdre leur part. Des politiques aux petits porteurs qui tant qu’on lui promettait 15% de ROE ne trouvait rien à redire au système.
Mais la fin est déjà connue, tout est déjà écrit. Le vrai changement serait une révolution. Larmes et sang. Personne ne le veut.
Une transition douce ça n’existe pas, le monde évolue par rupture. Extinction des dinosaures, développement des mammifères. Guerre ?
L’anonymat de la puissance financière reste une valeur sûr, je reste moi dubitatif sur les pantins type Madoff que l’on fait danser devant nos yeux outragés et les fusibles en vitrine que l’on fait s’agenouiller, style bourgeois de calais, pour la galerie.
Attendons que les dernières cartouches des grands impériaux financiers soient tirées, si cela doit arriver, l’inventaire des fortunes réelles est aujourd’hui plus important et urgent à réaliser que le tri des titres pourris.
@ Fracture
Guerre.
@ Grégory,
« Guerre. » M’enfin! à qui? à quoi?
Pour ma part c’est au processus qui laisse des gens immoraux parvenir à une forme quelconque de pouvoir qu’il faut la faire. Sinon? tu fais se répéter l’histoire qu’une planète limitée ne pourra pas supporter qd on sait les petites merveilles totalement humanicides stockées ds les arsenaux! Le projet d’une constitution de Paul me parait donc bien l’urgence, et pas seulement pour l’économie.
Ce pourrait être le principe de Vidocq (avoir la crème des fripouilles avec soi), si les dites fripouilles commençaient par faire un tour au bagne…..
« l’incompétence, du moment qu’elle se manifeste à un certain niveau, est rarement considérée comme un vice »
…ou l’art très prisé par les puissants de ce monde de se faire passer pour indispensables! et le pire c’est que ça fonctionne. On parle ici et là de révolution: commençons par la presse!!! Comme l’a très justement dit un étudiant de Science Po Grenoble il y a quelques mois: la majorité des journaux d’aujourd’hui peuvent à la rigueur servir (passez-moi la grossièreté de l’expression je ne fais que citer) pour « se torcher le cul » mais guère pour autre chose. Certes il existe encore quelques rares résistant à cette bêtise ambiante apprise (merci François Ruffin pour cette _cette fois-ci si_ information) dans trop de cours des « grandes » écoles de journalisme, mais ils sont trop peu nombreux.
D’ailleurs ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi nous en sommes réduits à passer par des circuits alternatifs, type le blog de ce cher Mr Jorion (merci à lui au passage pour nous inviter à penser) pour chercher l’information, celle qui fait réagir, chercher, imaginer, …et puis qui sait?
Ce serait peut-être bien de pouvoir envoyer des observateurs compétents et neutres, désignés par des collectifs nationaux et sociaux, pouvant faire des rapports aux nations sur ce qui se dit et se décide dans les cénacles, les réunions, y compris et surtout les plus fermées, enfin dans toutes les instances financières ayant autorité (?) pour réformer le système financier. Ces rapports permettant d’informer les usagers de la monnaie du bien fondé des décisions prises toujours dans le sens de la Justice économique et sociale… N’est-ce pas?…. Sinon??….
Est qu’un pyromane peut faire un bon pompier ?
S’scuzez cette humble question pour le moins arrogante.
Mais le doute est permis.
Marie-Claire Caloz-Tschopp. – Résister en politique, résister en philosophie : avec Arendt, Castoriadis et Ivekovic. – Paris; La Dispute: 2008
A moins que les financiers responsables de la crise ne soient pas à proprement parlé pyromanes mais les seuls à savoir jouer avec le feu …
Les traiter d’incompétents revient presque à les absoudre de leur cynisme et leur mégalomanie.
Ce qui doit les hanter et qu’ils tentent d’éviter, en menant les politiques (incompétents) par le bout du nez est me semble t-il très bien décrit dans l’article de Jean Claude Werrebrouck qui vient de sortir sur contreinfo
Le spectre d’une nationalisation généralisée des banques, avec reprise d’inflation est le gage (!!) de quelques insomnies pour les ex rois du monde
S’il y a une chose de certaine, c’est que la fin n’est pas connue. Si une conclusion devait être formulée, c’est qu’il n’y en a pas pour l’instant. Nous allons avoir l’occasion d’y revenir. Evoquer les lignes de défense des « financiers » (pour faire simple) ne signifie pas que leurs espoirs les plus fous – on va recommencer comme avant – vont être nécessairement exhaucés.
Mais de quoi sera donc faite la « sortie de crise », lorsque la dynamique de crise actuelle aura été finalement maîtrisée ? Si, comme le rappelle avec justesse Paul Jorion dans sa dernière chronique du Monde, elle a pour origine ultime une inégale répartition des richesses, comment alors y remédier ?
Barack Obama a, tout au long de sa campagne électorale et depuis son investiture, dit et répété qu’il avait l’intention de défendre les classes moyennes. Comment va-t-il faire, puisque la fin de l’endettement facile signifie la baisse de leur pouvoir d’achat, au delà de son plan de relance qui est un fusil à un coup, et qu’on ne le voit pas trop s’engager dans une politique de redistribution d’ampleur des revenus ? Il a d’ailleurs aussi déclaré qu’il allait falloir faire des sacrifices.
Wen Jiabao a déclaré hier à Londres que la contribution de la Chine à la crise mondiale sera le maintien de sa croissance, mais cela ne se fera pas d’un simple coup de pouce, car cela suppose que le marché intérieur prenne au moins partiellement le relais des exportations qui chutent. La substitution du modèle de développement des pays émergents, qui reposait principalement sur l’essor des exportations, et non pas sur la croissance du marché intérieur (si ce n’est celle des revenus de certaines couches sociales privilégiées) est en jeu, mais ce n’est pas une petite affaire. C’est en soi une révolution dans ces pays.
Ces deux exemples sont là pour nous faire réfléchir aux enjeux, à l’ampleur de ce qui est en cause. Rien n’est toutefois garantit.
« S’il y a une chose de certaine, c’est que la fin n’est pas connue »
Mais ce qui change, c’est que d’autres voix (dont celle de notre Hôte) seront peut-être entendues…..
@ Tous
Dans toutes les affaires criminelles, on s’indigne quand le suspect ne veut pas collaborer à l’enquête (Fourniret a mis 2 ans avant de faire avancer l’enquète et le cas le plus récent est à Termonde). On promet même un peu de clémence à ceux qui collaborent en disant la vérité.
Alors, pourquoi ne pas exiger de ceux qui ont tricoté un montage financier opaque, de le déconstruire ?
Avant de punir le capitaine d’un navire qui coule, il faut d’abord sauver les passagers en obligeant les officiers à dire où ils ont mis les outils pour colmater les voies d’eau… ou mettre les chaloupes à la mer.
A ce stade, il n’y a pas de sentiments à avoir. Il faut renflouer le navire. Le débriefing et les réglement de compte, ce sera pour après.
@Pierre Lang: »Alors, pourquoi ne pas exiger de ceux qui ont tricoté un montage financier opaque, de le déconstruire ? »
Il ne s’agit pas de cadavres ici mais de pactoles planqués dans les paradis fiscaux. Quel intérêt auraient-ils à faire cela? Et quand on sait que même Madoff n’a pas été en tôle…
« Parce que nous avons appris que l’incompétence, du moment qu’elle se manifeste à un certain niveau, est rarement considérée comme un vice et qu’« On prend les mêmes et on recommence » est monté au fil des siècles au rang de loi naturelle … »
Phrase 1) ironique ou 2) poujadiste ?
J’hésite à poster ma question …
Pourtant, elle est là, comme un constat des limites de notre pouvoir de réfléchir, d’agir, …
@ Yves
# Yves dit :
3 février 2009 à 17:09
“S’il y a une chose de certaine, c’est que la fin n’est pas connue”
Mais ce qui change, c’est que d’autres voix (dont celle de notre Hôte) seront peut-être entendues…..
Je suis bien d’accord avec toi mais il manque à ta phrase « notre voix » car pour moi il est important d’informer les gens sur la situation car beaucoup de personne ne sont pas vraiment au courant, et de leur faire partager ce blog et ainsi que celui de Loic Abadie pour prendre connaissance de la crise (d’ou elle vient et ce qui en sera) q, et que nous avons un pouvoir d’action quand même, même si il est minime.
Je n’aurais qu’un mots pour décrire les financiers : les « terroristes de la finance » combien de personne vont-il mettre dans la misère, combien de temps faudra-t’il au personne pour ouvrir les yeux sur les drames qui en seront la conséquence, mais le plus malheureux c’est qu’ils resteront impuni. Quelle honte !!!!
@ Grégory
« La violence est le dernier refuge de l’incompétence ». Hari Seldon dans Fondation, de Isaac Asimov.
Les politiques travaillent au maintien de l’Empire. Raison de plus pour préparer la Seconde Fondation : les solutions alternatives.
C’est un peu l’objet de ce blog !
On peut se poser des questions eu égard aux a priori économico-financiers qui guideraient en sous-main la science économique et financière, et qui, en plus de voiler l’objectivité scientifique, « arrangerait » le monde des humains dans un sens qui, loin d’être neutre, présente des « intérêts » pour certains.
Parmi ces a priori, il y a l’affirmation « loans make deposits ». Et si cette idée d’une création ex nihilo de monnaie n’avait rien de neutre, servait des intérêts très locaux, à savoir les intérêts des banques et de la finance. Notre regard serait voilé. Cette espèce de voile du « loans make deposits » induit, formate et développe un monde et un mode de vie qui assujettissent, comme des somnambules, les humains aux intérêts de la banque et de la finance.
Lié à cet a priori du « loans make deposits », il y a cet autre a priori qui soutient tout discours d’économistes institutionnels, à savoir l’a priori de la consommation. Ce qui sous-tend et mobilise en sous-main tout discours économiste, la visée qui le guide, serait que toujours plus de consommation pour tous est en quelque sorte le Saint-Graal de l’économie. La rationalité économique, la cohérence de ses concepts et de leurs relations, s’effondreraient, une fois dévoilé que tout l’édifice repose sur ce parti pris que la consommation est l’alpha et l’omega de l’économie, son sens ultime.
On voit bien que cet assujettissement à toujours plus de consommation est, au niveau de l’économie, le pendant, au niveau de la finance, de l’assujettissement au « loans make deposits ». L’un appelle l’autre, l’un se soutient de l’autre.
Cette pseudo-objectivité scientifique se garde bien de poser d’autres questions, notamment celle du gaspillage qui est l’autre face de l’enrichissement. Dans la « science » économico-financière, on ne parle que de quantités jamais de qualité. Cela pose alors la question de savoir si, nous autres simples quidams sans papiers officiels, ne devrions pas instituer un tribunal pour juger ces porte-parole institutionnels, que sont les économistes patentés, complices d’un monde arrangé au profit d’une minorité malsaine, sous le voile d’une pseudo-neutralité scientifique.
Car c’est bien cette idéologie promulguée urbi et orbi par le gratin officiel économico-financier qui est l’origine et le support de ce mode de vie basé sur un endettement croissant, sorte de fuite en avant soi-disant rationnelle et justifiée, vers le toujours plus de consommation – de gaspillage en fait. Ce sont ces idées a priori, cette « science » kanto-platonicienne, développée et imposée par les institutionnels accrédités, qui ont « arrangé » et continuent d’ »arranger », plutôt salement, notre monde sous couvert de professionnalisme de spécialistes.
@ Alotar,
Puissiez-vous être entendu !
Les économistes parlent d’économie : logique, c’est leur gagne-pain. Les médias parlent d’économie : logique…(chacun remplira comme bon lui semble, j’en ai marre). Les intellectuels parlent d’économie. Tout le monde parle d’économie. On entend plein de phrases du genre : « Ce n’est pas seulement une crise économique très cher, c’est plus profond que ça voyez-vous, mais je pense qu’il faudrait moraliser la finance si nous voulons nous en sortir !!! ».
Alors celui qui émet l’idée que la solution pourrait être ailleurs que dans le lobby économique passe forcément pour un doux rêveur, un anarchiste ou un fêlé !!!
Je rappelle la phrase d’un grand philosophe (Socrate ?) : Un gentleman est un homme qui sait jouer de la cornemuse, mais qui n’en joue pas.
Bon courage.
@ Fab,
soit l’art de la retenue des gentlemen.
@ Alotar,
La seule anthropologie scientifique correctement construite que je connaisse ne fait de la valeur, mieux de la fonction de valorisation en nous, qu’une fonction naturelle partagée avec les bêtes. Ce qui l’aculture, ce qui la rend humaine, est un processus éthique implicite – inconscient aurait pu dire Freud – qui par la contradiction des deux processus (valorisation/éthique implicite, ou formelle, abstraite ) en fait cette morale plus ou moins bien phénomènologiquement observable qui tombe en panne chez les névrosés – adhérence à l’instance formelle éthique qui ‘surfonctionne’; ou abolition partielle chez les psychopathes qui s’autorisent tout et n’importe quoi sans limite je simplifie un peu. Le jeu de cette contradiction est une dialectique incorporée. Par recoupement avec un modèle analogue, sociologique cette fois, il est bien évident que si vous ne faites alors que la sociologie des effets de cette fonction de valorisation, vous avez alors entre les mains cette économistique qui se moque des questions morales!
Prendre en compte des deux facultés éthico-morale et ethnico-politique devient un « sport » (pour ne pas dire une science car il faut encore valider les modèles avec suffisamment d’exemples; et le risque de falsification…) autrement plus compliqué puisqu’il ne s’agit alors que de parvenir à exemplifier un processus de légalisation-codification où le processus de légitimation éthico-moral devient alors presque transparent , montrant ainsi ceux qui ont un véritable pouvoir sur eux-mêmes donc susceptible de l’exercer sur autrui sans dommages. Je ne connais encore qu’un exemple de mise en situation possible répondant à cette « complexité théorique » donc à institutionnaliser, ce qui veut dire que ce n’est pas encore gagné pour le rendre opératoire; et il en faudra des centaines pour que les choses deviennent à peu près aussi évidentes que pour faire des diagnostics de rougeole.
Donc en attendant et pour que l’économie soit une science, il faudrait que la sociologie en soit une, càd capable de rendre compte des dérèglements de la socialité, je parle des psychoses et des perversions; et ce n’est certainement pas en singeant l’outil mathématique ds ses application aux sciences de la nature qu’elle y parviendra
@Eugène: si je comprends bien, un gentleman est constipé. Et effectivement, il en a souvent l’air. 🙂
@ Eugène,
La cornemuse n’était qu’un exemple…
« Ces gens ne sont pas seulement une partie du problème, ils sont également une partie de la solution »
Ceux qui formulent de tels aphorismes, manifestent tous les symptômes d’un enfermement psychologique certain.
Un effet miroir emprisonne la pensée de l’idéologue corrupteur.
Il lui interdit d’imaginer par-delà, il lui interdit d’imaginer autrement.
En mathématique, pour rassembler des éléments ayant une propriété commune, on parle de « clôture transitive ».
Je corromps, les corrompus corrompent, tout ce beau monde corrompt.
Mais un jour les corrompus doivent se résigner à ne plus trouver de nouvelles émules.
Un corrupteur ne peut tomber que sur un déjà corrompu. Le couple ne s’en aperçoit d’ailleurs pas.
C’est cela la « clôture transitive » : le rassemblement d’une consanguinité dont le prosélytisme arrive au terme de ses effets ; une communauté, dont l’enfermement l’empêche, par construction, de diagnostiquer l’origine de ses maux ; un enfermement qui va jusqu’à lui interdire de trouver les ressorts manœuvriers lui permettant de travestir ses faillites.
Ceux qui prônaient la fin de l’histoire, ne peuvent plus trouver de sortie effective à ce délire du contrefait, tant la radicalité de leurs hypothèses les cadenassent dans leurs certitudes.
Attendons nous à vivre de beaux jours en perspective!