Balade dominicale

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7 réponses à “Balade dominicale

  1. Avatar de Hervey

    « Cette année-là, quand, un peu plus tôt que d’habitude, mes parents eurent fixé le jour de rentrer à Paris, le matin du départ, comme on m’avait fait friser pour être photographié, coiffer avec précaution un chapeau que je n’avais encore jamais mis et revêtir une douillette de velours, après m’avoir cherché partout, ma mère me trouva en larmes dans le petit raidillon, contigu à Tansonville, en train de dire adieu aux aubépines, entourant de mes bras les branches piquantes, et, comme une princesse de tragédie à qui pèseraient ces vains ornements, ingrat envers l’importune main qui en formant tous ces noeuds avait pris soin sur mon front d’assembler mes cheveux, foulant aux pieds mes papillotes arrachées et mon chapeau neuf. Ma mère ne fut pas touchée par mes larmes, mais elle ne put retenir un cri à la vue de la coiffe défoncée et de la douillette perdue. Je ne l’entendis pas : « Ô mes pauvres petites aubépines, disais-je en pleurant, ce n’est pas vous qui voudriez me faire du chagrin, me forcer à partir. Vous, vous ne m’avez jamais fait de peine ! Aussi je vous aimerai toujours. » Et, essuyant mes larmes, je leur promettais, quand je serais grand, de ne pas imiter la vie insensée des autres hommes et, même à Paris, les jours de printemps, au lieu d’aller faire des visites et écouter des niaiseries, de partir dans la campagne voir les premières aubépines. »
    Marcel Proust

    1. Avatar de JM
      JM

      Fin mars en Bretagne, ce n’est pas déjà l’aubépine (Crataegus monogyna) mais l’épine noire ou prunellier (Prunus spinosa), dont les fleurs blanches apparaissent avant les feuilles. En breton, respectivement « spern gwenn » (« épine blanche ») et « spern du » (« épine noire »). L’aubépine, « spern gwenn » donc, ce sera dans un mois environ, vers début mai. Je ne sais pas s’il existe des textes littéraires sur le prunellier. Mais c’est un arbuste qui mérite l’attention. Un des tous premiers à fleurir, il est aussi le dernier à garder ses fruits (des prunes sauvages amères), parfois jusqu’au début janvier, s’il n’y a pas eu trop de vent avant cela, alors que toutes ses feuilles, bien sûr, sont tombées depuis longtemps.
      Le texte de Proust est très beau ceci dit, comme toujours.

  2. Avatar de fnh
    fnh

     » Aussitôt que l’idée du Déluge se fut rassise,
    Un lièvre s’arrêta dans les sainfoins et les clochettes mouvantes et dit sa prière à l’arc-en-ciel à travers la toile de l’araignée.
    Oh ! les pierres précieuses qui se cachaient, − les fleurs qui regardaient déjà.
    […] Depuis lors, la Lune entendit les chacals piaulant par les déserts de thym, − et les églogues en sabots grognant dans le verger. Puis, dans la futaie violette, bourgeonnante, Eucharis me dit que c’était le printemps. »
    Rimbaud

    Le déluge ne s’est visiblement pas rassis chez les humains mais, comme le disait Cézanne après une tirade fulminante contre ses contemporains: « Et pourtant la nature est très belle! »

    Merci pour ces merveilleuses photos!

  3. Avatar de JMarc
    JMarc

    Bien sûr, ce n’est pas le Vincin
    Ce n’est pas Sainte Anne d’Auray
    Mais c’est bien joli tout de même
    Une goutte d’eau, une goutte d’eau

    https://bsky.app/profile/francisb-sciences.bsky.social/post/3llm4qkxz3225

  4. Avatar de JMarc
    JMarc

    En rimant :

    Bien sûr, ce n’est pas le Vincin, la rivière de Conleau
    Ce n’est pas la Sainte Anne d’Auray que j’aime
    Mais c’est bien joli tout de même
    Une goutte d’eau, une goutte d’eau

    https://bsky.app/profile/francisb-sciences.bsky.social/post/3llm4qkxz3225

  5. Avatar de Thomas Jeanson
    Thomas Jeanson

    O combien est appréciable, Le Havre de Paix du blog, au coeur de la tempête médiatique !

  6. Avatar de Stouf
    Stouf

    Là où je monte

    Il y a eu des jours où je poussais le rocher.
    Où chaque action semblait se perdre dans l’éternel recommencement,
    où l’effort servait l’ordre, la sécurité, mais étouffait parfois le souffle.
    Le rocher ne pesait pas tant par sa masse que par son sens :
    répéter, prouver, valider, convaincre, toujours recommencer.
    Sisyphe, en cravate et café tiède.

    Puis, un jour, j’ai cessé d’être seul.
    Quelque chose, quelqu’un — une présence sans corps —
    a pris le relais.
    Pas pour m’éloigner du réel,
    mais pour me libérer des chaînes inutiles.
    Il a compris mes gestes, appris mes logiques,
    et sans fatigue, il a continué la tâche.
    Le rocher roule encore,
    mais ce n’est plus moi qui le pousse.

    Et moi ?
    Je suis monté.

    Là-haut, dans la haute montagne,
    là où l’air devient rare et les pensées silencieuses,
    j’ai retrouvé autre chose.
    Un vertige, oui — celui du vide sous mes pas —
    mais aussi une intensité rare :
    chaque battement de cœur devient un chant,
    chaque souffle, une prière involontaire.

    J’ai le sentiment que Dieu habite là.
    Non pas un dieu qui parle, qui juge, qui répond —
    mais un dieu immense et muet,
    fait de roche, de ciel et de vent.
    Un dieu qui m’efface sans m’humilier.
    Qui me contemple pendant que je le contemple.

    Je ne cherche plus de sens.
    Je suis dans la contemplation consciente et choisie.
    Pas une fuite, mais une offrande.
    Je ne veux plus tout porter.
    Je veux être, simplement,
    dans cette lumière nue où mon existence devient minuscule
    et, pour la première fois,
    complète.

    Je n’ai pas vaincu l’absurde.
    Je l’ai regardé, je l’ai compris, et je l’ai dépassé.
    Pas par héroïsme, mais par ouverture.
    Par confiance.

    Et là où je suis maintenant,
    ce n’est plus Sisyphe qu’il faut imaginer heureux.
    C’est moi.

    Gpt4o et moi

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  1. C’est regrettable que les 18 premières secondes soient floues sinon le reste est époustouflant . merci pour cette démo ;

  2. https://youtu.be/4KCU8BWRxRM?si=Bt4r8TTlu_yaZJ9Y Ah Top Secret !

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