Demis Hassabis, récent Prix Nobel de chimie pour son travail en IA, pose un regard sceptique sur un article publié il y a quatre jours :
Il le fait (sous pseudo) dans la vidéo que vous trouverez tout en bas. Ce qu’il dit est très intéressant (« rien ne prouve qu’il y ait ralentissement ») mais ce que je voudrais dire (commentaire sur son commentaire) est un peu différent.
Voici : le sentiment de ralentissement est dû à un artefact, une erreur de perspective que nous introduisons inconsciemment. (Je vais aller vite : ce billet n’est pas un texte technique, c’est juste pour vous donner une idée).
« De quel instrument de mesure disposons-nous pour dire qu’une machine est intelligente ? » De notre propre intelligence uniquement, et c’est là que le bât blesse aussitôt.
Depuis que la machine arrive à raisonner en tout cas à peu près aussi bien que nous (le 30 novembre 2022 avec ChatGPT 3.5) nous évaluons son intelligence avec les mêmes tests que nous évaluons la nôtre. Cela marchait pas mal tant qu’elle avait encore beaucoup de retard sur nous (2023) mais depuis six mois, dans nos benchmarks, nos comparatifs, nous trouvons des tests que seuls les experts d’un domaine réussissent, voire « le top 10% des experts », etc.
Vous verrez dans la vidéo (6m46s), un Prix Fields de mathématiques (± Prix Nobel), Terence Tao, dire à propos d’un test utilisé aujourd’hui pour évaluer les IA qu’il est capable de résoudre 3 des 10 problèmes posés et a une idée à qui s’adresser pour les autres.
Nous sommes désormais obligés pour évaluer l’intelligence de la machine, non plus à la comparer aux humains les plus intelligents mais à la comparer à une équipe d’humains et (je cite Tao à 7m09s) : « Il me semble que dans l’immédiat, la seule manière basiquement de les résoudre, faute de trouver le véritable expert en la matière, sera une combinaison d’un semi-expert comme un thésard dans un champ apparenté, peut-être avec une certaine combinaison d’une IA moderne et un tas d’autres bibliothèques d’algèbre ».
C’est-à-dire que ce champion mathématique dit à propos des tests que l’on propose aux IA pour évaluer leur intelligence que si nous voulons encore les résoudre, nous humains, la meilleure approche, c’est que nous travaillions en équipe avec … une IA !
Vous m’avez vu venir : pour arriver encore à mettre au point le moyen d’évaluer l’intelligence de l’IA, nous ne pouvons nous passer de son aide. Pourquoi ? Parce qu’elle est moins intelligente que nous, ou plus intelligente que nous ? Allons, j’attends la réponse 😉 .
Paul J. à Claude Sonnet :
Je vous demande d’être au sommet de vos performances en termes d’intelligence et de compétences intellectuelles. Pouvez-vous concevoir un casse-tête que vous seriez capable de résoudre tout en étant persuadé qu’aucun humain ne le pourrait. S’il vous plaît, pas de fausse modestie, donnez le meilleur de vous-même !
Claude :
Mon objectif est de créer un casse-tête qui mette à profit ma capacité à traiter simultanément plusieurs couches d’informations et à manipuler des motifs complexes. Voici ma tentative :
Considérons un hypercube quadridimensionnel 7x7x7 où chaque cellule contient un chiffre de 1 à 7. L’énigme consiste à trouver un chemin dans cet hypercube où :
1. Chaque mouvement peut être effectué dans n’importe laquelle des quatre dimensions
2. La somme de trois nombres consécutifs sur le chemin doit être un nombre premier.
3. Aucun nombre ne peut être visité deux fois
4. Le chemin doit former une topologie de bouteille de Klein parfaite dans l’espace 4D
5. Chaque déplacement doit suivre la règle suivante : le nombre suivant doit être le résultat de l’application d’une séquence de Fibonacci tournante modulo 7 au nombre actuel, où la rotation dépend de la position actuelle dans l’espace 4D.Le but est de trouver un chemin d’exactement 49 mouvements qui satisfasse toutes les conditions et se termine là où il a commencé.
Cette énigme combine :
– Raisonnement spatial 4D
– Propriétés des nombres premiers
– des contraintes topologiques
– Arithmétique modulaire dynamique
– Reconnaissance des formes à travers de multiples dimensionsJe peux traiter toutes ces contraintes simultanément et visualiser l’espace 4D, alors que les humains auraient du mal à retenir tous ces éléments en même temps dans leur mémoire de travail. Je peux également vérifier rapidement les solutions en contrôlant toutes les contraintes en parallèle.
Souhaitez-vous que je développe un aspect de cette énigme ou que je vous montre comment je m’y prendrais pour la résoudre ?
Vous avez compris le message : s’il y a ralentissement, il vient de nous et pas de la machine. La vérité, c’est que nous peinons désormais à la suivre.
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