Le grand mensonge du néo-libéralisme, par Claude Roux

Illustration par DALL·E + (PJ)

Je crois fondamentalement que le grand mensonge du néo-libéralisme tourne autour de la dette des états. Or, il suffit de réfléchir 30s pour voir combien cette dette est un artefact créé de toute pièce.

Les dépenses de santé, d’éducation, de protection des citoyens ou d’entretien des infrastructures sont incompressibles.

Lorsque l’état cesse de financer la santé ou l’éducation, cette dépense retombe sur le dos des citoyens eux-mêmes qui sont obligés dès lors de dépenser plus ou de s’endetter pour combler le manque à gagner.

Lorsque l’état baisse les cotisations sociales, il finance directement l’emploi des entreprises. En effet, quand les salaires sont trop bas, les gens dépendent alors des prestations sociales pour survivre, autrement dit les entreprises se servent de nos impôts pour financer leurs employés. Comme aux Etats-Unis, lorsque ce sont les clients qui payent directement les revenus des serveurs dans les restaurants, alors que sans eux ces restaurants ne pourraient pas fonctionner.

Le néo-libéralisme est à l’origine d’un tour de force extraordinaire qui consiste à nous faire croire que des salaires trop élevés les mettraient en difficulté. Or un smic à 1600 euro diminuerait la dépendance des travailleurs aux prestations sociales et par conséquent la charge de l’état. Augmenter le SMIC c’est réduire la dette nationale… Or c’est la dernière chose qu’ils désirent, car une dette élevée permet de supprimer des aides avec cette excuse fascinante que l’état qu’ils ont mis en difficulté ne peut plus se permettre des dépenses sociales… Ils nous veulent le plus désarmés et le plus dépendants possible de leur bon vouloir

Leur cynisme est encore plus extraordinaire quand ils menacent de quitter le territoire si les impôts sont trop lourds, alors qu’ils bénéficient de la formation gratuite de leurs employés et de l’entretien des routes par l’état.

Je me souviens d’une conversation avec un Américain qui ne comprenait pas pourquoi les études étaient aussi peu chers en Europe. Il n’arrivait pas à comprendre qu’en plaçant le coût des études sur les étudiants, c’était les entreprises qui bénéficiaient de cette manne, non les étudiants eux-mêmes forcés de rembourser des dettes énormes tandis que les entreprises engrangeaient des profits records en bénéficiant sans le moindre effort de leur travail et de leur sacrifice.

Ce système inique a été inventé pour une seule raison, voler aux citoyens leur pouvoir politique au bénéfice des plus gros acteurs économiques, en inventant un beau récit, dégoulinant de sang sur les bords, pour expliquer pourquoi ils étaient les seuls légitimes à diriger nos vies.

Mais leur aveuglement, leur orgueil et leur avidité se heurte aujourd’hui à la réalité d’une planète malade, dont ils ne pourront pas s’échapper, quels que soient leurs fantasmes d’une seconde terre sur Mars.

Illustration par DALL·E + (PJ)

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4 réponses à “Le grand mensonge du néo-libéralisme, par Claude Roux”

  1. Avatar de timiota
    timiota

    Maynard alors !

  2. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Je salue la perfection intellectuelle de cet essai qui réussit à faire oublier la plus-value du travail humain et la lutte des classes dont l’enjeu est son partage. On dirait que la production matérielle est un phénomène naturel, comme la croissance des plantes sous le soleil, et que seule la finance existe.

  3. Avatar de Juillot Pierre
    Juillot Pierre

    Merci pour ce savoureux billet Claude Roux. Je me permet de l’agrémenter d’un petit grain de sel.

    «  »L’emploi va mieux » nous dit la voix off, « machinalement » !

    Voilà que la baisse de la courbe du taux de chômage des caissières (de supermarchés) des guichets (de services publics et autres banques) automatisés… des « IAs » de cabinets privés de conseils, et autres robots industriels, agricoles, des logiciels et applis… semble ralentir alors que l’inflation elle, même si elle revient à la moyenne annuelle de 2 %, n’est toujours pas redescendue au niveau d’avant son explosion de plus de 20 % dans les secteurs de l’alimentation, des services, de l’énergie…

    Ce serait être une bonne nouvelle, une preuve de plus, que la politique néolibérale et/ou ultralibérale sait faire récolter ses fruits, à qui des propriétaires d’actions, de salaires variables, de stock-options, de retraites chapeaux/dorées, issus de la numérisation, digitalisation, « ubérisation », « ordinisation » de « l’activité « et de « l’économie », ne se gênent pas de prendre plaisir à priver d’emplois les femmes et hommes n’ayant d’autre horizon que l’aliénation de leur force de travail et dignité de condition de vie… à cet esclavagisme moderne.

    Alors que… conséquemment à la segmentation à la tâche du travail de services publics qui abandonnés… se privatisent, digitalisent, lorsqu’il est possible de les fournir en prétendant les redistribuer à la source (prélèvement de l’IR, fusion des aides et prestations sociales et redistribution des minimas sociaux à la source sous condition de « travail gratuit » « bénévolat contraint » 20 heures/semaines) conséquemment à l’emploi DÉFISCALISE et DÉSOCIALISE des « machines »… ruissellent toujours plus de dividendes indécents, croissent toujours les fraudes légales de l’immorale optimisation fiscale (flat taxe, suppression partielle de l’ISF baisse des cotisations sociales patronales, suppression partielle de l’impôt sur société, de production) durant la gestion néolibérale – la même gestion qui « sauva » des crises sanitaires, énergétiques, inflationnistes… les dits propriétaires privés… – des « affaires courantes »… les doutes, incertitudes du « ras le bol fiscal » « poujadisme » du « temps de cervelle disponible » de « l’opinion publique » ne cesse de rebouter, tel un bug informatique, sur des réalités alternatives, virtuelles même.

    D’une « promesse de clarté » n’ayant engagé que celles et ceux des doutes, incertitudes, indécisions… y ayant cru… déclenchant la dissolution de l’AN… à la soi-disant imprévisibilité d’une crise de régime/politique/démocratique n’ayant pas dit son nom… parce qu’il paraît qu’il y avait une « trêve olympique »… s’alternent l’abondance sans fin…. des réalités plus incroyables, improbables, les unes que les autres… à la conscience et insouciance estivalière, de « l’opinion » de plus en plus virtuelle… altérée… du « peuple » .

    Comme si celui ci « peuple », avait et/ou devait changer, à défaut de changer de politique néolibérale et de « représentativités » dans cette république monarchique si confortable pour les « élites », la « méritocratie », l’excellence » et l’exception du culte de la luxure à la française… pour les pantoufleurs et ex-pantoufleurs (de verrou de Bercy…)… la constance du régime d’un « roi te touche dieu te guérit » régnant en « maître des horloges », se confond avec l’irresponsabilité de ses 49 alinéas 3, décrets, et autres tours de force démocratique.

    Les chiffres de l’emploi vont mieux donc… De moins en moins de « machines » chôment en toute impunité et sentiment de fainéantise. Sont fainéants désormais les humains au chômage, ne voulant pas faire de « travail gratuit » de « bénévolat contraint » pour recevoir ce qui jadis, dans le « monde d’avant », était qualifié de salaire différé issu de cotisations sociales salariales et patronales, par la solidarité nationale.

    Dans le « monde d’après », de moins en moins de « caissières automatisées » de supermarchés, etc, fraudent des prestations sociales qu’elles ne cotisent pas, même pas par solidarité avec les caissières humaines qu’elles ont remplacé, qui doivent se payer toujours d’assurances privées (vieillesse, santé).

    De moins en moins « d’agents virtuels » numérisés, digitalisés, dématérialisés, de services publics partiellement privatisés, font grève en solidarité avec celles et ceux fonctionnaires, humains, « assimilés(es) » ou pas, devant travailler jusqu’à plus de 64 ans, pour avoir le droit de partir à l’âge légal de la retraite, sans la garantie non plus, d’y arriver en vie, du moins en bonne santé, pour les métiers pénibles.

    De moins en moins de robots industriels, agricoles, de logiciels, applis… d’« IAs »… se syndiquent pour faire valoir leur droits aux congés payés, à une augmentation de salaire, à de meilleurs conditions de travail et à des baisses d’impôts, qu’ils payent encore moins que les employés(es) qu’ils ont remplacé.

    Pourquoi voudriez vous que les « machines » DÉFISCALISÉES et DESOCIALISEES, propriétés privées d’actionnaires, « grands patrons »…. se syndiquent, fassent gréve, voir la « révolution »… pour faire valoir ce qu’elles ont désormais acquis bien plus abondamment en toute insouciance, que n’ont les emplois et le travail restant pour les humains, devant se contenter d’un consumérisme épuisant chaque année, toujours plus tôt, des ressources non renouvelables et la capacité de charge d’une planète dont le dérèglement climatique, la perte de sa biodiversité mettent en péril de plus en plus d’espèces vivantes … ? »

  4. Avatar de Alex
    Alex

    Et ce grand mensonge du néolibéralisme est répété à longueur d’antennes dans tous les médias, il suffit d’écouter la matinale de France-Inter où tout discours allant contre cette pensée unique est vilipendée par les journalistes aux ordres de ce système, les Dominique Seux, Léa Salamé ou Patrick Cohen arrivé récemment pour venir descendre le programme du NFP.
    La propagande est bien huilée.

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