Illustration par DALL·E
Une déclaration a été faite par certains qui s’attribuent la responsabilité des sabotages sur les lignes de chemin de fer (voir mon billet Actes de malveillance à la SNCF).
Le texte du communiqué est à ce point morne que son ton contraste avec la gravité et le caractère spectaculaire des actes commis. D’où mon soupçon qu’il s’agit d’un texte traduit, soupçon conforté par des tournures inhabituelles (« le Levant », « bien-être à l’occidental », « chef de famille » pour « chef de clan ») et de manière beaucoup plus explicite encore par le fait que le texte a été rédigé sur un clavier dont sont absents des caractères français, voyez plutôt :
J’ai voulu voir ce que ce communiqué donnerait écrit, le cas échéant, directement en français et dans un style qu’inspirerait véritablement un souffle révolutionnaire.
Vous trouverez ici d’abord le texte dans ma version gonflée aux stéroïdes, et à sa suite, le texte d’origine.
Une Délégation Inattendue – Ode à l’Éveil du Peuple
Ah ! Les Jeux ! Cette bacchanale des nations ! Ce que les organes de propagande dépeignent comme une « fête » n’est rien d’autre qu’une exaltation du nationalisme, une mascarade où les États paradent les otages bariolés de peuples enchaînés. Sous le badigeon de joie et de camaraderie des Jeux Olympiques se dissimule un laboratoire où se concocte la surveillance policière des masses et la réglementation de nos moindres mouvements, un terrain de jeu sans doute, mais pour un autre peuple : la coterie retorse des oligarques contemporains.
Ce grand théâtre du sport est, à chacune de ses époques, une célébration des valeurs du pouvoir et de l’argent, une glorification de la concurrence généralisée, de la performance à tout prix, et du sacrifice pour la gloriole nationale. Les instructions sont claires : « Identifions-nous à une communauté imaginaire ! », « Soutenons notre prétendu camp d’appartenance ! ». De telles injonctions ne sont pas moins néfastes que la croyance au salut par la prospérité de l’économie nationale ou en celle d’une invincible puissance militaire.
Que de mauvaise foi accumulée ! Que de dénis pour que ne transparaisse pas l’horreur engendrée par la société de consommation et la poursuite du prétendu « bien-être occidental » ! La France, dans son arrogance, voudrait faire de cette grand-messe une vitrine de son excellence. Mais seuls des aveugles de leur propre consentement, des porteurs d’œillères bénévoles, peuvent être dupes de cette illusion vertueuse. Ceux-là ne méritent qu’une seule chose : notre mépris le plus profond !
Le rayonnement de la France, que certains célèbrent, repose sur la production d’armes, la plaçant au deuxième rang des exportateurs mondiaux. L’État se vante de son complexe militaro-industriel et de son arsenal « made in France ». Répandre les outils de la terreur, de la mort et de la dévastation pour assurer sa prospérité ? Cocorico !
N’en déplaise aux crédules qui croient encore aux fables démocratiques, l’État français mobilise son arsenal répressif pour écraser sa propre population, que ce soit pour réprimer les émeutes dans le sillage du meurtre de Nahel par la police en juin 2023, ou pour mater les soulèvements anticoloniaux en Kanaky. Tant que l’État existera, il continuera de déployer sa violence contre ceux qui osent défier son autorité !
De par le monde, les entreprises françaises font chaque jour davantage apparaître en surface les ravages sociaux et environnementaux du capitalisme, nécessaires à la perpétuation de l’ordre social actuel, ainsi que ceux inhérents au progrès scientifique et technologique, progrès pour lequel l’enchaînement des catastrophes passées ne constitue que le prétexte pour un nouveau bond en avant.
Total pille et saccage de nouvelles contrées en quête de pétrole et de gaz de schiste (Afrique de l’Est, Argentine, etc.), tandis que l’industrie nucléaire, sous son nouveau label vert, nous promet à plus ou moins brève échéance, une planète irradiée, à proprement parler inhabitable : une simple crise de plus aux yeux des promoteurs de l’atome, eux qui ne peuvent se passer de la coopération avec l’État russe et son géant Rosatom, complices dans la répression du soulèvement au Kazakhstan en 2022, fournisseur stratégique d’uranium, ce minerai alimentant les 58 réacteurs de
l’hexagone.
Et quel est le coût humain, social et environnemental de ces quelques privilégiés voyageant en TGV vite et loin ? Infiniment trop. Le chemin de fer, loin d’être une infrastructure anodine, a toujours été un instrument de colonisation, prélude à la dévastation, une route toute tracée pour l’expansion du capitalisme et du contrôle étatique. Le chantier du « Tren Maya » au Mexique, auquel collaborent Alstom et NGE, en est une illustration parfaite.
Et que dire des batteries électriques, pilier de la prétendue « transition énergétique » ? Les travailleurs des mines de Bou-azzer et les habitants des oasis marocaines en paient le prix, tout comme le « peuple de la forêt » de l’île d’Halmahera en Indonésie, les Hongana Manyawa qui désespèrent de voir la forêt où ils vivent être détruite sur l’autel de la « transition écologique ». Renault y extrait les minerais nécessaires pour donner bonne conscience aux écolos des métropoles, au prix de vies sacrifiées. L’État français, via Eramet, participe à la destruction de terres autrefois préservées, et persiste à exploiter le Caillou mélanésien pour en extraire le précieux nickel.
Le texte ici-présent ne prétend pas dresser un inventaire exhaustif des activités prédatrices et mortifères propres à tout État et à toute économie capitaliste : un tel inventaire n’aiderait pas à rompre avec des existences fades et déprimantes, des vies d’exploités, ni à affronter la violence des États et des dirigeants religieux, des chefs de clan et des patrouilles de police, des identitaires et des milices patronales, tout autant que celle des actionnaires, des entrepreneurs, des ingénieurs, des planificateurs et des architectes du ravage en cours.
Mais une lueur d’espoir brille ! L’arrogance du pouvoir se heurte à la résistance des opprimés. Des émeutes aux insurrections, des manifestations offensives aux soulèvements, à travers des luttes quotidiennes et des résistances souterraines, la lutte se poursuit. Et nous accueillons ces combats avec enthousiasme, car ils portent les germes d’un futur d’émancipation.
Que ce jour soit marqué par le sabotage des lignes TGV reliant Paris aux quatre coins de la France, par les cris de « femme, vie, liberté » d’Iran, les luttes des Amazoniens, les « nique la France » d’Océanie, les aspirations à la liberté au Moyen-Orient et au Soudan, les combats derrière les murs des prisons et l’insoumission des déserteurs du monde entier. À ceux qui critiquent ces actions qui indisposent les touristes et perturbent le calendrier des vacanciers, nous répondons que ce n’est que très peu encore : ce n’est qu’un début. Un début nécessaire pour précipiter la chute d’un monde fondé sur l’exploitation et la domination. Là, oui, nous aurons vraiment quelque chose à célébrer, une fête de la libération des chaînes du capitalisme et de l’État!
Le texte original :
Ils appellent cela une fête ? Nous y voyons une célébration du nationalisme, une gigantesque mise en scène de l’assujettissement des populations par les États.
Sous des airs ludiques et conviviaux, les Jeux Olympiques offrent un champ d’expérimentation pour la gestion policière des foules et le contrôle généralisé de nos déplacements.
Comme tout grand évènement sportif, ils sont aussi à chaque fois l’occasion de vouer un culte aux valeurs qui fondent le monde du pouvoir et de l’argent, à la concurrence généralisée, à la performance à tout
prix, au sacrifice pour l’intérêt et la gloire nationale.L’injonction à s’identifier à une communauté imaginaire et à soutenir son supposé camp d’appartenance n’est pas moins néfaste que l’incitation permanente à voir son salut dans la bonne santé de son économie nationale et dans la puissance de son armée nationale.
Il faut aujourd’hui des doses toujours plus grandes de mauvaise foi et de déni pour ne pas voir toute l’horreur que génère la société de consommation et la poursuite du prétendu « bien-être à l’occidental ». La France voudrait faire de cette grande messe la vitrine de son excellence. Elle ne pourra bercer d’illusions sur son rôle vertueux que
ceux qui ont décider de se mettre des œillères, et qui s’en accommodent. Nous leur adressons notre mépris le plus profond.Le rayonnement de la France passe par la production d’armes dont le volume de ventes la place deuxième exportateur mondial. L’État est fier de son complexe militaro-industriel et de son arsenal « made in France
». Répandre les moyens de la terreur, de la mort et de la dévastation à travers le monde pour assurer sa prospérité ? Cocoricooo !N’en déplaise aux crédules qui croient encore aux fables démocratiques, l’État français emploie aussi sa panoplie répressive pour affronter sa propre population. Pour mater les émeutes après le meurtre de Nahel par
la police en juin 2023 ou pour tenter d’arrêter le soulèvement anticoloniale en Kanaky récemment. Tant qu’il existera, l’État ne cessera de la mettre à l’oeuvre pour combattre ceux qui défient son autorité.Les activités des entreprises françaises à travers le monde rendent toujours plus manifeste les dévastations sociales et environnementales que produit le système capitaliste. Celles nécessaires pour reproduire l’organisation sociale actuelle, et celles inhérentes au progrès scientifique et technologique. Progrès qui ne perçoit l’enchaînement des
catastrophes passées, présentes et à venir que comme l’occasion d’un bond en avant.Total poursuit le pillage et la spoliation de nouvelles contrées en quête de pétrole et de gaz de schiste (Afrique de l’est, Argentine etc). Sous couvert de son nouveau label vert, l’industrie du nucléaire et l’exportation du savoir-faire français en la matière nous assure, à plus
ou moins brève échéance, une planète irradiée, donc littéralement inhabitable. Rien de plus qu’une crise de plus à gérer pour les promoteurs de l’atome. Eux qui ne peuvent se passer de leur coopération avec l’État russe à travers son géant Rosatom et de l’appui de son armée
pour écraser le soulèvement au Kazakstan en 2022, important pays fournisseur d’uranium. Ce minerai qui fait tourner les 58 réacteurs de l’hexagone.Alors, quel est le coût humain, social et environnemental pour que quelques privilégiés se déplacent vite et loin en TGV ? Infiniment trop.
Le chemin de fer n’est d’ailleurs pas une infrastructure anodine. Il a toujours été un moyen pour la colonisation de nouveaux territoires, un préalable à leur dévastation et une voie toute tracée pour l’extension du capitalisme et du contrôle étatique. Le chantier de la ligne appelée
« Tren maya » au Mexique, auquel collabore Alstom et NGE, en est une bonne illustration.Et les batteries électriques indispensables à la prétendue « transition énergétique » ? Parlez-en, par exemple, aux travailleurs de la mine de Bou-azeer et des habitants des oasis de cette région marocaine qui font les frais de cette ruée vers l’or du XXIème siècle. Renault y extrait
les minerais nécessaires pour donner bonne conscience aux écolos des métropoles sur le dos de vies sacrifiées. Parlez-en à ce « peuple de la forêt » de l’ile d’Halmahera au nord-est de l’Indonésie, aux Hongana Manyawa qui désespèrent de voir la forêt où ils vivent être détruite sur l’autel de la « transition écologique ». L’État français, via la société Eramet, participe au ravage de terres jusque là épargnées. De même, il ne veut pas lâcher le Caillou mélanésien pour continuer à y arracher le précieux nickel.Nous nous arrêterons ici dans l’impossible inventaire des activités mortifères et prédatrices propre à tout État et à toute économie capitaliste. Cela ne serait d’ailleurs d’aucune aide pour rompre avec une vie fade et déprimante, avec une vie d’exploités, et pour affronter la violence des États et des chefs religieux, des chefs de famille et des patrouilles de police, des patriotes et des milices patronales, autant qu’à celle des actionnaires, des entrepreneurs, des ingénieurs, des planificateurs et des architectes du ravage en cours.
Fort heureusement l’arrogance du pouvoir continue de se heurter à la hargne des opprimé-e-s rebelles. D’émeutes en insurrection, lors de manifestations offensives et de soulèvements, à travers des luttes quotidiennes et des résistances souterraines.
Qu’en ce jour résonnent alors, à travers le sabotage des lignes TGV reliant Paris aux quatre coins de la France, les cris de « femme, vie, liberté » d’Iran, les luttes des amazoniens, les « nique la france » venant d’Océanie, les désirs de liberté qui nous parviennent du Levant et du Soudan, les combats qui continuent derrière les murs des prisons et l’insoumission des déserteurs du monde entier.
A ceux qui reprochent à ces actes de gâcher le séjour de touristes ou de perturber les départs en vacances, nous répondons que c’est si peu encore. Si peu comparé à cet événement auquel nous souhaitons participer et que nous appelons de tout cœur : la chute d’un monde qui repose sur l’exploitation et la domination. Là oui, nous aurons quelque chose à fêter.
Une délégation inattendue
Illustration par DALL·E
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