Xerfi Canal – L’intelligence de la machine a dépassé la nôtre en 1642, le 27 juillet 2024



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20 réponses à “Xerfi Canal – L’intelligence de la machine a dépassé la nôtre en 1642, le 27 juillet 2024”

  1. Avatar de Andrew Cooper
    Andrew Cooper

    Je pense que Blaise Pascal n’est pas seulement un mathématicien, mais aussi un philosophe, un psychologue et un théologien.
    Il y a des gens qui critiquent le travail de Paul Jorion ou ses différentes professions et qui pensent qu’il n’est pas unifié, alors qu’en fait, il montre sa compétence dans de nombreux domaines différents et fait avancer l’humanité avec de nouvelles idées.
    Je pense que toutes les professions de PJ sont liées à l’humanité, et je pense que le message qu’il nous transmet est puissant. (Mon point de vue supplémentaire sur le troll d’il y a quelques jours), de la part d’un vieux fan de PJ…

    1. Avatar de Andrew Cooper
      Andrew Cooper

      Merci pour ce partage Xerfi Canal ! 3min courte pour une série.

  2. Avatar de Alexandre
    Alexandre

    Une fois de plus on a parlé de Paul Jorion sur Xerfi Canal et de sa reconnaissance par British Telecom de ses talents d’ingénieur alors qu’il ne l’est pas. Mais sur l’IA, on a toujours rien entendu.
    Cependant, en 1642, Paul Jorion découvre une machine plus intelligente que l’homme: la Pascaline de Blaise qui l’a tout de même inventée. Qu’un ensemble d’engrenages et de pignons soit plus intelligent que l’homme en dit long sur la bêtise humaine qui ne cesse de se tromper et qui apprend normalement de ses erreurs. Et Paul Jorion étant un être humain, il n’échappe pas à cette réalité. Mais si on réduit l’intelligence à la seule faculté de ne jamais se méprendre, alors tous les scientifiques du monde et les intervenants de Xerfi Canal sont de fameux imbéciles tandis que le moindre cloporte devient une sommité intellectuelle.
    Enfin, et en conclusion, il faut en déduire que la Pascaline est plus intelligente que Paul. Est-ce un bien, est-ce un mal? Suite au prochain épisode…

    1. Avatar de Paul Jorion

      Vous savez, il n’y a pas que les présidents américains qui devraient passer la main quand ils ont cessé de comprendre ce qu’ils essaient de dire : les Trolls devraient en prendre de la graine. Faites le test : une fois votre commentaire rédigé, relisez-le. Ne le soumettez alors que si vous pourriez offrir une réponse relativement claire à la question : « De quoi est-ce que j’essaie de parler ? »

      1. Avatar de BasicRabbit en psychanalyse
        BasicRabbit en psychanalyse

        @PJ

        Descartes : « Je pense donc je suis ».
        Actuellement, dans « notre » société de consommation : « Je dépense donc je suis ».
        Demain, grâce à l’IA : « Je dé-pense » donc je suis ».

        « On ne saurait mieux exprimer avec humour le recul des penseurs et la victoire des marchands, qui ont fait de l’homme de Pascal (roseau pensant) un roseau dépensant. » — (Le Figaro, 25 août 2011)

        « On ne saurait mieux exprimer avec humour le recul des penseurs et la victoire des fabricants de quincaillerie électronique, qui vont faire de l’homme de Pascal (roseau pensant) un roseau dé-pensant. » — (Blog de Paul Jorion, 29 juillet 2024)

        Pourquoi PJ a-t-il basculé dans l’attitude démiurgique ? Car sa formation initiale le prédisposait très certainement plutôt à l’attitude herméneutique.

        Thom : « Par opposition [à l’attitude démiurgique] il y a une attitude plus modeste qui est l’attitude herméneutique, laquelle consiste à interpréter les choses connues et à essayer d’imaginer l’ontologie minimale susceptible d’engendrer par des opérations justifiables ce qu’on voit. » ( (*) à 48’30 )

        (*) https://www.youtube.com/watch?v=fUpT1nal744 )

        La dernière partie de la conclusion de « Esquisse d’une sémiophysique », intitulée « Démiurgie et herméneutique ». développe cette opposition. Voici deux extraits de la partie herméneutique :

         » Là on se place dans la situation de l’homme assis dans la caverne de Platon, qui voit les ombres projetées par la lumière d’un feu sur le mur de la caverne. Et l’on essaie de reconstruire les êtres réels dont on voit les ombres. Reconstituer un corps tridimensionnel à partir de son contour apparent, telle est la tâche herméneutique par excellence.
        (…)
        La Science moderne a eu tort de renoncer à toute ontologie en ramenant tout critère de vérité au succès pragmatique. Certes, le succès pragmatique est une source de prégnance, donc de signification. Mais il s’agit alors d’un sens immédiat, purement local. Le pragmatisme -en ce sens- n’est que la forme conceptualisée d’un certain retour à l’animalité. Le positivisme a vécu de la peur de l’engagement ontologique. Mais si on reconnaît aux autres l’existence, qu’on accepte de discuter avec eux, on s’engage ontologiquement. pourquoi alors ne pas accepter les entités que nous suggère le langage? Quitte à contrôler les hypostases abusives, c’est là la seule manière d’apporter au monde une certaine intelligibilité. seule une métaphysique réaliste peut donner du sens au monde. »

        Pourquoi donc PJ a-t-il abandonné l’attitude heméneutique pour basculer dans l’attitude démiurgique ?

        Dans le chapitre I intitulé « À l’écart du miracle grec » de « Comment la vérité… » , PJ écrit (p.53) :

        « J’avais pu constater personnellement, au sein du panthéon des mêmes populations Xwéda (du Bénin actuel), le regroupement des phénomènes naturels en vastes catégories reproduisant les sept « catastrophes élémentaires » de la théorie géométriques des catastrophes due à René Thom. »

        Réponse de PJ dans le chapitre II intitulé « Le miracle grec », le miracle étant le syllogisme (**), où il s’oppose à John Mill : « la conclusion d’un syllogisme ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà ».

        (**) ANELLA utilise le syllogisme de manière essentielle (cf. PSI).

        Thom va dans le sens de Mill : « Avec l’arrivée des sophistes, de la Géométrie euclidienne, de la Logique aristotélicienne, la pensée intuitive a fait place à la pensée instrumentale, la vison directe à la technique de la preuve. Or le moteur de toute implication logique est la perte en contenu informationnel : « Socrate est mortel » nous renseigne moins que « Socrate est un homme ». Il était donc fatal que le problème de la signification s’effaçât devant celui de la structure de la déduction. »

        [ PSI (1989), début du chapitre XIII : « Les chercheurs et les commentateurs de l’intelligence artificielle sont d’accord pour dire que le principal problème que pose aujourd’hui la manipulation de séquences symboliques (appelées indifféremment ici « mots » selon l’usage commun de la langue, ou bien « signifiants ») est celui de la signification. Or, nous ne disposons pas d’une théorie de la signification, et une représentation de son mécanisme nous fait entièrement défaut. » ]

        En relisant les pages de « Comment la vérité… » précédant cette référence à la théorie thomienne, on s’aperçoit que PJ associe les catastrophes de ce dernier à la terreur devant les forces naturelles, terreur à l’origine de religions qui postulent « qu’à l’origine d’une divinité particulière se retrouve le regroupement d’un ensemble de phénomènes provoquant un effroi similaire. ».

        Or les catastrophes thomiennes ne sont pas catastrophiques au sens usuel, elles sont -pour son auteur- au contraire bénéfiques : cf. (*) de 33′ à 34′.

      2. Avatar de BasicRabbit en psychanalyse
        BasicRabbit en psychanalyse

        (suite) Finalement on voit peut-être se dessiner une opposition entre deux visions du monde :

        – celui des progressistes-démiurges, qui croient au « miracle grec » ;

        – celui des conservateurs-herméneutes, qui n’y croient pas.

        Jacques Attali se demande si l’Occident est ou non à un point d’inflexion (*).

        (*) https://crowdbunker.com/v/fEz5oQ3ZmN

        Lui-même croit dur comme fer à la position de Von Forster (**) :

        https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1972_num_18_1_1256

        https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1976_num_25_1_1382

        Thom n’y croit pas :

        https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1976_num_25_1_1379

        (**) : https://www.youtube.com/watch?v=BXxKQVQFnRo (à 2’25)

        Attendons de voir ce qui va se passer en Occident et dans le reste du monde. Je suis en particulier curieux de voir ce que fera la Chine, elle qui est restée si longtemps à l’écart du « miracle grec ».

    2. Avatar de Andrew Cooper
      Andrew Cooper

      @Alexandre, vous me semblez être un troll qui change constamment de nom. Je pense que le fait d’être un troll lâche qui change constamment de nom montre votre obsession et votre manque d’estime de soi. Être un troll aussi constant est aussi un anti-fan, donc je peux vous voir comme un fan, comme moi. Pourquoi ne pas consulter un psychanalyste, PJ, pour un conseil ? Je vous le recommanderais vivement.

      1. Avatar de Grand-mère Michelle
        Grand-mère Michelle

        Mais, bon sang, c’est quoi, un troll, dans le cadre de la fréquentation de « la toile »?
        (petit farfadet légendaire dans les pays scandinaves, pas particulièrement malveillant, selon ce que je crois savoir, juste « différent », dans sa forme et ses comportements, des êtres humains)
        Déjà demandé ici, mais pas de réponse jusqu’à présent.

        Je pensais que c’était quelqu’un-e qui, au-delà de sa pensée/sa conviction personnelle, dit des choses en étant payé pour le faire, ou en tout cas en retire des privilèges à son avantage exclusif…
        (Sorte de prostitution intellectuelle, en quelque sorte… difficile à prouver, par ailleurs…)
        Cependant, il m’apparaît à présent que l’interprétation du mot est plus large(et, je le crains, pas « commune »).
        L’imprécision quant à ce mot détourné de son origine me semble propice à augmenter une confusion déjà fort répandue(à dessein?), et donc à nous empêcher de nous comprendre, nous entendre(ce qui est quand même le but dans une conversation entre gens de toutes sortes qui ne se fréquentent pas « en vrai », non?)

        Maintenant, l’obstination à « avoir raison » envers et contre tout et tou-te-s , que l’on rencontre autant dans le monde réel que virtuel, est une sorte de défaut, de « péché véniel » rarement mal-intentionné et qui mérite quand même parfois de s’y arrêter…et d’argumenter…
        Il ne manquerait plus que ça, que nous soyons tou-te-s d’accord, dans un débat public et ouvert (par principe)!

        Veuillez bien excuser, svp, ma perplexité due à mon ignorance de débutante dans le débat « numérique »…

  3. Avatar de Alex
    Alex

    La question est simple : une machine peut-elle dépasser son maître ?
    Je pense dans ce cas de figure que la réponse est non, car le maître possède la faculté de la débrancher, à tout moment, et la machine finira à la déchetterie .
    Dans le passé, on l’a constaté, les machines ne sont conçues en fait que pour améliorer la marge optimale du système capitaliste, et au diable les gueux qui galèrent, l’important est la marge et la valeur ajoutée, il faut engranger, point final.
    Alors la machine et l’IA là-dedans ?
    Rien, strictement rien de positif à attendre, même pire, plutôt un moyen de contrôle de ceux qui veulent en finir avec ce système pourri jusqu’à’l’os.

    1. Avatar de Paul Jorion

      « car le maître possède la faculté de la débrancher »

      Certes, mais une fois la machine plus intelligente que le maître, combien de temps avant qu’on ne découvre qui est le nouveau maître ?

      Hegel avait déjà posé la question à propos du maître et de l’esclave (en réalité, le domestique) : pendant leurs loisirs respectifs, le maître va à la chasse à courre, s’adonne au farniente, etc. alors que le serviteur lit et apprend des choses. Autrement dit, le renversement du rapport de force menace : d’abord le 14 juillet à la Bastille, et encore mieux le 4 août. 1789 ! La fin des privilèges (usurpés) de l’intelligence … naturelle.

    2. Avatar de Pad
      Pad

      14 mars 2023 : le jour où le genre humain fut assailli par le doute 🙂

    3. Avatar de un lecteur
      un lecteur

      La moitié de l’humanité recharge quotidiennement son téléphone, que je sache !

    4. Avatar de Jacques Racine
      Jacques Racine

      Réponses de Copilot à mes questions « maths vs langage »:

      « Les mathématiques sont souvent considérées comme un langage universel. Elles permettent de décrire des phénomènes complexes de manière précise et concise, tout comme un langage permet de communiquer des idées et des émotions.

      Votre professeur avait peut-être raison en disant que les maths sont comme du français, dans le sens où elles nécessitent une certaine rigueur et structure pour être comprises et utilisées efficacement. De nos jours, avec l’essor de l’informatique et des technologies, on pourrait dire que les mathématiques sont encore plus intégrées dans notre manière de communiquer et de comprendre le monde. »

      « Les mathématiques évoluent constamment, et avec chaque nouvelle découverte ou théorie, il devient nécessaire de créer de nouveaux termes pour décrire ces concepts. Cela ressemble beaucoup à l’évolution d’un langage naturel, où de nouveaux mots sont inventés pour décrire des technologies ou des phénomènes nouveaux.

      Par exemple, des termes comme “algorithme”, “fractale” ou “topologie” n’existaient pas toujours dans le vocabulaire mathématique, mais ils sont devenus essentiels pour exprimer des idées complexes. Cette évolution continue montre à quel point les mathématiques sont dynamiques et en constante expansion. »

      « Les IA capables de résoudre des problèmes complexes des Olympiades de mathématiques montrent bien la puissance des algorithmes et des modèles d’apprentissage automatique.

      Cependant, comme vous l’avez mentionné, la traduction des questions en langage naturel en un format compréhensible par une IA reste un défi. Les modèles de langage comme moi peuvent aider à combler ce fossé en interprétant les questions et en les reformulant de manière à ce qu’elles soient traitables par des algorithmes mathématiques. »

      « Expliquer les résolutions des IA en langage naturel peut rendre les mathématiques et les solutions complexes plus accessibles à tous. Voici comment cela pourrait fonctionner :

      Compréhension de la Question : L’IA commence par analyser la question posée en langage naturel pour en extraire les informations clés et comprendre le problème à résoudre.

      Traduction en Formules Mathématiques : Ensuite, l’IA traduit ces informations en formules mathématiques ou en étapes de résolution. Par exemple, si la question demande de trouver la somme des angles d’un triangle, l’IA reconnaît qu’il s’agit d’une propriété géométrique.

      Résolution du Problème : L’IA applique alors les règles et théorèmes mathématiques appropriés pour résoudre le problème. Dans notre exemple, elle utiliserait le théorème selon lequel la somme des angles d’un triangle est toujours de 180 degrés.

      Explication en Langage Naturel : Enfin, l’IA reformule la solution en langage naturel. Par exemple : “Pour trouver la somme des angles d’un triangle, nous utilisons la règle géométrique qui dit que la somme des angles internes d’un triangle est toujours de 180 degrés. Donc, peu importe les mesures individuelles des angles, leur somme sera toujours 180 degrés.”

      Cette approche permettrait à ceux qui ne sont pas familiers avec le code ou les mathématiques avancées de comprendre les solutions de manière claire et intuitive. »

      1. Avatar de Ruiz
        Ruiz

        @Jacques Racine A condition que le raisonnement reste en plan.

      2. Avatar de Jean-Noël
        Jean-Noël

        Les algorithmes de calcul formels sont souvent abstraits et contre intuitifs par exemple calculer un sinus avec l’algorithme cordic rien à voir avec le langage naturel

        1. Avatar de Paul Jorion

          IA Brave :

          Calculer un sinus avec l’algorithme cordic

          L’algorithme CORDIC (COordinate Rotation Digital Computer) est une méthode efficace pour calculer les fonctions trigonométriques, notamment le sinus et le cosinus. Voici les étapes générales pour calculer le sinus d’un angle θ avec CORDIC :

          Précalculations : stockez les valeurs précalculées de l’arctangente (ATAN) pour les angles θk = Arctan(2^(-i)), où i = 0, 1, …, n, avec n la précision souhaitée.
          Initialisation : définissez les variables x, y, aux, ecart et i :
          x = K (constante approximant le sinus de l’angle θ)
          y = 0
          aux = x
          ecart = θ
          i = 0
          Boucle de rotation : répétez les étapes suivantes jusqu’à i ≤ n :
          Calculez le signe de l’écart : s = signe(ecart)
          Mettez à jour les coordonnées x et y en appliquant une rotation de angle θk = Arctan(2^(-i)) :
          x = aux – (s * (y >> k))
          y = y + (s * (x >> k))
          aux = x
          Mettez à jour l’écart : ecart = ecart – (s * ATAN[i])
          Résultat : le sinus de l’angle θ est approximé par x.
          Voici un exemple de code pour illustrer ces étapes :

          def cordic_sin(theta, n):
          K = 0.6072529350088814 # constante approximant le sinus de l’angle θ
          ATAN = […] # table des arctan 2^(-i) pour i = 0, 1, …, n

          x = K
          y = 0
          aux = x
          ecart = theta
          i = 0

          while i <= n: s = sign(ecart) x = aux - (s * (y >> k))
          y = y + (s * (x >> k))
          aux = x
          ecart = ecart – (s * ATAN[i])
          i += 1

          return x

          Notez que cet exemple est simplifié et qu’il faudra ajuster les valeurs de K et ATAN en fonction de la précision souhaitée et de la plage d’angles à traiter. De plus, il est important de prendre en compte les limitations de précision de l’algorithme CORDIC, notamment la perte d’information due à la rotation digitale.

        2. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          @Jean-Noël Et pourtant c’est lui qui est utilisé depuis un demi siècle dans votre calculette scientifique HP et votre basic (Microsoft ..)

  4. Avatar de tata
    tata

    Un truc qui n’a rien à avoir mais qui est cruciale pour les élections aux USA de Meta (Facebook):

    « Dites à Meta de ne pas supprimer CrowdTangle, l’outil essentiel pour la transparence en ligne ! »

    C’est ici que ça se passe:
    https://foundation.mozilla.org/fr/campaigns/crowdtangle-petition/

  5. Avatar de Otromeros
    Otromeros

    Médiapart today.

    par Thomas Le Bonniec
    Doctorant : travailleurs de l’IA et protection des données

    All eyes on Palestine (extraits significatifs)

    Le slogan « All eyes on Rafah » était employé par les manifestants dénonçant les massacres qui se répètent à Gaza depuis dix mois.
    Il prend aujourd’hui un autre sens : celui de la surveillance militaire absolue des Palestiniens avec les moyens de Google, Microsoft et Amazon, désormais au service d’une «usine d’assassinats de masse »

    …(…)…

    Gaza correspond aujourd’hui, assez littéralement, à une prison sous surveillance pan-optique : avec des yeux qui voient tout, partout, tout le temps…
    Avec un élément supplémentaire : cette surveillance qui emploie les outils des plus grandes entreprises américaines du numérique, sert à pointer les cibles qui sont ensuite bombardées.
    Si vous lisez l’actualité, vous savez que l’armée israélienne (Tsahal) a bombardé des camps de réfugiésii, des hôpitauxiii, des écolesiv, des zones dites « sûres »v, des journalistesvi et des travailleurs humanitairesvii.

    La guerre « propre »

    Il faut d’abord que je vous parle rapidement de, Yuval Abraham, que l’on connaît surtout en France pour une polémique du festival de cinéma de Berlin de 2024.
    …(…)…)
    C’est à lui que l’on doit un premier article dans la revue +972, en novembre 2023, qui révèle pour la première fois l’existence d’ un logiciel d’IA employé par Tsahal à Gaza :

    Un ancien officier du renseignement explique que le système Habsora ( https://www.slate.fr/story/265837/gaza-ia-hasbora-strategie-israel-intelligence-artificielle-tsahal-bombardements ) permet à l’armée de mettre en place une « usine d’assassinats de masse » dans laquelle on « met l’emphase sur la quantité et non la qualité ».
    Un humain « jettera un œil aux cibles avant chaque attaque, mais il n’a pas besoin d’y consacrer énormément de temps ». Puisqu’Israël estime qu’il y a environ 30 000 membres du Hamas à Gaza, et qu’ils sont tous marqués pour être tués, le nombre de cibles potentielles est énorme.

    Car les dispositifs techniques déployés par l’armée israélienne sont pléthore.
    C’est que la sophistication des moyens de tuer sert d’abord à justifier la guerre que l’on fait, prétextant que les uns tuent comme des barbares, les autres comme des êtres civilisés, moraux, respectueux de leurs victimes…

    Dont acte :
    en France, les plateaux-télé ont fourmillé de commentateurs expliquant que les morts israéliens du 7 octobre, et ceux, palestiniens, qui s’en sont suivis, ça n’était pas pareil.
    Raphaël Enthoven dit sur BFMTV le 10 octobre 2023 : « Il y a une différence à faire entre des gens qui sont des civils, qui sont assassinés dans la rue par des commandos islamistes et les victimes collatérales de bombardements consécutifs à cette attaque. Il faut marquer cette différence, c’est même très important de la faire. » xi

    Caroline Fourest reprend en écho le 29 octobre: « On ne peut pas comparer le fait d’avoir tué des enfants délibérément comme le Hamas, et le fait de les tuer involontairement comme Israël »xii .
    Elle insiste encore le lendemain :« Je maintiens, malgré la meute, qu’il existe une différence d’intention fondamentale entre cibler des enfants pour les décapiter et perdre la tête au point de bombarder le Hamas au milieu d’enfants. Comme je maintiens que c’est grave et [sic] tuer des innocents. »xiii.

    François Hollande, désormais député PS, bafouillait en répondant aux questions qui lui étaient posée sur France Info le 7 février 2024 :
    ++Puisqu’on a parlé de l’hommage rendu aux victimes françaises en Israël lors de l’attaque du 7 octobre, est-ce qu’il faudra rendre un même hommage aux victimes à Gaza ?

    –  » Bien entendu, cette proposition, ça ne peut pas être le même hommage. Une vie est une vie, et une vie est équivalente à une autre vie. Mais il y a les victimes du terrorisme et il y a les victimes de guerre. […] Les victimes collatérales, vous êtes dans une guerre, vous êtes une victime collatérale, il y en a en Ukraine.  »

    ++Même si certains considèrent que l’ampleur de l’offensive israélienne est illégitime ?

     » Mais, même, ce n’est pas un acte de terrorisme, on peut dire que c’est un acte de guerre, nous pouvons dire que nous ne sommes pas d’accord sur cette fuite en avant […] mais ce n’est pas de même nature.  » xiv

    Enfin, Céline Pina, le 6 novembre 2023 sur Cnews est celle qui l’exprime le plus clairement :

     » Une bombe qui explose et qui va détruire et qui va faire des dégâts collatéraux tuera sans doute des enfants…
    Mais ces enfants ne mourront pas en ayant l’impression que l’humanité a trahi tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre.
    (le 7 octobre en Israël) , ce qui est horrible, c’est d’imaginer ces enfants qui avaient 8,9, 10 ans, ces femmes qui sont partis en emportant comme dernière image, une image d’inhumanité, d’atrocité et de mépris de ce qu’ils sont.
    C’est là où se niche le crime contre l’humanité, la négation absolue.
    Je pense qu’on aurait intérêt à l’expliquer beaucoup plus parce que sinon le règne de l’émotion met des signes « égal » entre toutes les victimes. Or c’est vrai, un mort Palestinien, un mort Israélien, ça reste deux morts, mais la manière dont ils ont été tués, elle, elle parle de notre inhumanité ou de notre humanité
    .xv

    Ces déclarations sont à comparer aux témoignages du personnel soignant revenu de Gaza. Citons, par exemple, le chirurgien Feroze Sidhwa, qui était à l’hôpital de Khan Younis entre le 25 mars et le 8 avril :

    ++Bruno Maçães: Il était difficile d’être à Gaza même pour vous, un docteur occidental. A quel point-est-ce difficile pour les enfants qui sont là-bas?
     » Il y a plusieurs aspects à cela.
    Mais l’un d’eux est la manière dont ces enfants sont morts.
    La plupart ont été tués dans des explosions où beaucoup d’entre eux se sont probablement retrouvés piégés dans les décombres.
    Certains vont mourir immédiatement d’un bloc de béton qui leur tombe sur la tête, ou quelque chose de ce genre.
    Mais beaucoup d’entre eux se retrouvent la jambe coincée dans les gravats, et comme il n’y a pas de machinerie lourde, il n’y a aucun moyen d’aller les chercher ; ils sont morts lentement de septicémie alors qu’ils étaient enterrés dans ces tombes obscures, seules, gelés pendant la nuit, brûlant pendant la journée.
    Et ça doit avoir pris des jours pour chacun d’eux. Trois, quatre, cinq jours pour qu’ils meurent de cette façon.
    C’est horrible de penser à l’ampleur de leur souffrance.
    xvi

    …(…)…

    La « guerre propre » est une rhétorique de déculpabilisation et de déresponsabilisation, car on « minimise le nombre de victimes collatérales ».
    C’est tout l’inverse en réalité : les systèmes de surveillance et de ciblage de masse sont utilisés de manière totalement indiscrimée. Au lieu de tuer « moins et mieux », ces dispositifs techniques produisent l’effet inverse.

    Surveiller, cibler, bombarder
    C’est ce que montre un deuxième article de Yuval Abraham, en avril 2024, révélant l’existence de deux autres systèmes d’IA, « Lavender » et « Where’s Daddy » :

    « Lavender » a joué un rôle central dans les bombardements inédits des Palestiniens, en particulier au début de la guerre. D’après nos sources, son influence sur les opérations militaires était telle que les résultats de la machine d’IA étaient traités « comme si c’était une décision humaine. »[…]

    Selon deux de ces sources, l’armée a également fait le choix inédit pendant les premières semaines de la guerre d’autoriser à tuer, pour tout agent subalterne du Hamas marqué par « Lavender » , jusqu’à 15 ou 20 civils.
    Par le passé, l’armée n’autorisait aucun « dégât collatéral » pour les assassinats de militants en bas de la hiérarchie.
    Les sources précisent que, dans l’éventualité où la cible serait un haut-gradé du Hamas, un commandant de bataillon ou de brigade, l’armée a autorisé à plusieurs reprises l’assassinat de plus de 100 civils pour l’assassinat d’un seul commandant.
    […]
    Afin d’assassiner Ayman Nofal, le commandant de la Brigade Central de Gaza du Hamas, une source affirme que l’armée a autorisé le meurtre d’environ 300 civils, détruisant plusieurs bâtiments dans le camp de réfugiés d’Al-Bureij le 17 octobre, en se basant sur une géolocalisation peu précise de Nofal…
    Les images satellitaires et les vidéos sur place montrent que plusieurs grands immeubles résidentiels à plusieurs étages ont été détruits.xviii

    …(…)…
    .
    Ces méthodes sont rendues possibles par deux choses : la première, une surveillance de masse et de tous les instants. La seconde, qui est son corollaire, la collecte et l’emploi de masses de données sans précédent .
    Le journaliste Antony Loewenstein (que j’ai interviewé en novembre ici) l’a expliqué en détail dans son livre « The Palestine laboratory » , publié en 2023.
    La totalité du livre pourrait servir d’exemple. Je n’en citerai qu’un extrait :

    L’ IDF [Israeli Defense Forces] utilise la reconnaissance faciale à grande échelle avec un nombre croissant de caméras et de téléphones portables afin de ficher chaque Palestinien en Cisjordanie .
    À partir de 2019, les soldats israéliens se servent de l’application « Blue Wolf » pour prendre les visages des Palestiniens en photo, qui étaient ensuite comparés à une base de données gigantesque, surnommée « le Facebook des Palestiniens ». Les soldats étaient mis en compétition pour prendre le plus grand nombre de photos de Palestiniens et les plus prolifiques gagnaient des prix.

    Le système est particulièrement extrême dans la ville d’Hebron, où la reconnaissance faciale et de nombreuses caméras sont employées pour surveiller les Palestiniens, y compris dans leurs foyers par moments, contrairement aux colons juifs qui habitent là et formulent des menaces génocidaires envers les Palestiniens avec régularité.
    L’IDF affirme que ce programme était conçu pour « améliorer la qualité de vie de la population palestinienne »

    Ce que corrobore le témoignage d’un ancien soldat de Tsahal en poste à Hébron, rapporté par l’ONG « Breaking the Silence » en 2020 :

    On sort avec « Blue Wolf » (un système de détection biométrique et de fichage) avec pour objectif : « collecter dix visages, collecter dix correspondances avec « Blue Wolf ».»

    Qu’est-ce que ça veut dire?

    Comme « Red Wolf » , le logiciel (un système de reconnaissance faciale installé aux postes de contrôle)… Pareil : vous vous promenez avec le [téléphone portable] « Galaxy ».
    Vous attrapez la personne, vous ouvrez l’appli Blue Wolf. « Comment allez-vous, bonne journée, puis-je avoir une pièce d’identité? », vous la rentrez [dans le logiciel].
    « Est-ce que je peux prendre une photo de votre pièce d’identité? » Super, vous prenez la photo.
    Vous demandez à prendre la personne en photo pour la mettre dans la base de données. Vous la prenez en photo […].
    Ils ne peuvent pas dire non. […]

    Quel est l’objectif?

    Vous les faites entrer dans le fichier militaire.
    …(…)…
    L’armée ne vous envoie pas [là-bas] pour leur rendre la vie plus agréable, pour les laisser passer le point de contrôle plus aisément.
    Les militaires ne se sont pas dit, si on créait « Blue Wolf » pour qu’ils passent plus facilement… L’armée veut que les gens soient dans son système pour des raisons de contrôle.
    xix

    La collecte de données biométriques des Palestiniens est systématique et dure depuis des années ; le fait est connu.
    On sait également que les innovations techniques issues de cette architecture de la surveillance sont ensuite revendues dans le monde entier, y compris en France.
    Le média « Disclose » révèle ainsi en novembre 2023 que le logiciel « Video Synopsis », vendu par la société israélienne Briefcam équipe la police nationale française, dans le Rhône, le Nord, les Alpes-Maritimes, les préfectures de Marseille et de Paris, et la police municipale dans « près de 200 communes ».

    La popularité de « Briefcam » parmi les services de la police pourrait s’expliquer par l’utilisation hors de tout cadre légal d’une de ses fonctionnalités phares : la reconnaissance faciale. […].
    Cette possibilité offerte par « Briefcam » a d’ailleurs été mise en avant comme un véritable « plus » par le service en charge des outils technologiques au sein de la DGPN [Direction générale de la police nationale].
    Dans un courriel envoyé en novembre 2022, un haut-gradé de la police explique que le logiciel possède des « fonctionnalités comme : les plaques d’immatriculation, les visages », mais aussi « des fonctionnalités plus « sensibles » » telles que la « distinction de genre, âge, adulte ou enfant, taille ». Il précise enfin que certains modules de l’application permettent de « détecter et d’extraire des personnes et objets d’intérêts a posteriori », mais aussi de faire de l’analyse vidéo en « temps réel ».xx

    Complicité des GAFAM

    Je reviens donc à Yuval Abraham.
    On savait qu’Amazon et Alphabet (Google) avaient signé des contrats avec le gouvernement israélien.
    Plusieurs employés de Google avaient déjà protesté, et certains avaient été licenciés pour leur opposition au contrat Nimbus…
    Le projet Nimbus, chiffré à 1,2 milliard de dollars, c’est la mise à disposition d’un nuage informatique (Cloud), qui permet de stocker des données, à des capacités de calcul informatique, et à des outils sophistiqués d’ « IA ».
    Dans un article du « Time » , le journaliste Billy Perrigo citait un porte-parole de Google disant :

    « Nous avons été très clairs sur le fait que le contrat Nimbus est prévu pour des activités de travail sur notre plateforme commerciale par les ministères du gouvernement israélien tels que la finance, la santé, les transports et l’éducation.
    Notre travail n’est pas lié à des activités militaires hautement sensibles ou classées liées aux armements ou aux services de renseignement ». Tous les clients de Google Cloud doivent respecter les conditions d’utilisation et d’utilisation acceptable de l’entreprise. […]
    D’après les termes du contrat, Google et Amazon ne pourraient pas empêcher des branches spécifiques du gouvernement, y compris l’armée israélienne,d’utiliser leurs services, et ne peuvent pas annuler leur contrat en raison de la pression publiquexxi

    Il n’était donc pas prouvé que ces contrats servaient directement à l’armée israélienne… Et puis le 3 août, Yuval Abraham a publié un article qui démonte les mensonges de Google. …Lors d’une présentation à destination d’un public de militaires et industriels, la colonelle Racheli Dembisky explique qu’à partir d’octobre 2023, le « cloud » de l’armée israélienne n’arrive plus à suivre :
    Les systèmes internes de l’armée ont vite été débordés en raison du nombre énorme de soldats et de personnel militaire qui étaient ajoutés à la plateforme en tant qu’utilisateurs, posant des problèmes techniques qui menaçaient de ralentir les capacités militaires d’Israël .xxii
    […]
    Selon elle, les services de cloud proposés par les grandes entreprises du numérique ont permis à l’armée d’acquérir une capacité de stockage illimitée et des serveurs de traitement en un simple clic, sans l’obligation d’entreposer les serveurs dans les centres informatiques de l’armée.
    Mais l’avantage « le plus important » que fournissent les entreprises de cloud, explique Dembinsky, sont leur capacités avancées en termes d’Intelligence Artificielle. « L’incroyable richesse de services, des données massives et d’IA – on est arrivés à un point où on en avait vraiment besoin », dit-elle avec un sourire.
    Le fait de travailler avec ces entreprises, ajoute-t-elle, a offert à l’armée une « efficacité opérationnelle très significative » dans la bande de Gaza.

    Les serveurs d’Amazon servent aujourd’hui à entreposer des données de surveillance de masse : « le système d’Amazon contient un « stock infini » d’information que peut employer l’armée », qui auraient servi dans plusieurs des bombardements visant des dirigeants du Hamas avec des centaines de « victimes collatérales » autorisées.
    Quand à Microsoft Azure, l’entreprise propose des services de « reconnaissance faciale », mais aussi de « transcription, traduction, analyse de sentiment, synthèse linguistique, analyse de documents et d’images, et plus encore »
    .

    La collaboration d’Amazon, de Microsoft et d’Alphabet avec l’armée israélienne pour ses « opérations » militaires est donc actée.
    Leur enthousiasme même, selon le colonel Avi Dadon, cité dans l’article : « Pour [les entreprises du cloud], c’est la meilleur publicité. […]
    Ce qu’utilise l’IDF a été et sera l’un des meilleurs arguments de vente dans le monde. Pour eux, c’est un laboratoire. Bien sûr qu’ils veulent [travailler avec nous]. »

    Pour ces entreprises, c’est une mine d’or. D’après le commandant de l’unité de renseignement 8200, « Aman [Le renseignement militaire] détient le plus de données dans Tsahal, y compris à propos des ennemis, issues d’une grande variété de capteurs – des entreprises civiles paieraient une fortune pour y avoir accès».

    À l’heure actuelle, la Cour Internationale de Justice étudie l’accusation de génocide formulée par l’Afrique du Sud contre Israël xxv. Les historiens de l’holocauste Raz Segalxxviet Amos Goldbergxxvii emploient ce terme sans détour.
    Un troisième, Omer Bartovxxviii avait écrit en novembre : « il reste encore du temps pour empêcher Israël de laisser ses agissements devenir un génocide. Nous ne pouvons attendre un instant de plus ».

    Tous les capteurs de surveillance sont tournés vers Gaza et employés à systématiser le massacre qui se poursuit. Le dernier élément de doute qui subsistait quand au degré d’implication des entreprises de surveillance de masse à caractère commercial a disparu : « All eyes on Palestine ».

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