Le crépuscule de l’ère scientifique

Martín López Corredoira (1970-), Docteur en Physique, Docteur en Philosophie. Chercheur à l’Instituto de Astrofísica de Canarias (Îles Canaries, Espagne)

Voici quelques-uns des problèmes de la science aujourd’hui, qui incarnent des symptômes du déclin de notre culture :

Premièrement, notre société est noyée sous d’énormes quantités de connaissances. La plupart d’entre elles concernent des recherches peu importantes dans la perspective de faire progresser notre vision du monde ou ne produisent aucune avancée quant aux fondements-même de la science pure. En lieu et place, nous inventons d’innombrables applications techniques ou nous concentrons sur des détails secondaires.

Deuxièmement, dans les quelques domaines où des aspects importants de questions non résolues ont été soulevés, de puissants groupes d’administrateurs de la science contrôlent le flux d’informations. Leurs biais intrinsèques les poussent à promouvoir les vérités consensuelles plutôt que d’engager des discussions sérieuses dans le cadre d’une méthodologie scientifique. Ce processus offre peu de garanties quant à l’obtention de nouvelles vérités solides sur la nature.

Enfin, si le processus scientifique actuel se poursuit en l’état, la créativité individuelle est condamnée à disparaître. En effet, les scientifiques réellement créatifs sont remplacés par de grandes corporations d’administrateurs et de politiciens de la science spécialisés dans la recherche de moyens d’obtenir de l’argent des États dans des mégaprojets aux coûts croissants et aux rendements décroissants.

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4 réponses à “Le crépuscule de l’ère scientifique

  1. Avatar de Khanard
    Khanard

    première réaction à froid , sur la base du billet, sans avoir eu le temps de regarder la vidéo , est ce que ce scientifique tout honorable soit il évoque t’il les LLM’s ?

    Si oui je regarde la vidéo, si non son intervention risque de m’ennuyer .

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      C’est vrai Khanard, l’humain est devenu tellement ennuyeux !

  2. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Commentaire préventif (je n’ai pas encore écouté la conférence). La situation décrite ci-dessus :
    « … dans les quelques domaines où des aspects importants de questions non résolues ont été soulevés, de puissants groupes d’administrateurs de la science contrôlent le flux d’informations. Leurs biais intrinsèques les poussent à promouvoir les vérités consensuelles plutôt que d’engager des discussions sérieuses dans le cadre d’une méthodologie scientifique. Ce processus offre peu de garanties quant à l’obtention de nouvelles vérités solides sur la nature.  »
    rappelle quelque chose.

    C’était exactement la même situation dans le monde européen quand les cosmographes ont exposé une nouvelle vision de l’astronomie, où l’univers ne tournait pas autour de la Terre mais la Terre autour du Soleil. Les administrateurs de la science, qui avaient le pouvoir et l’argent, étaient les théologiens catholiques qui tenaient l’université. C’était bien plus tard qu’on se le rappelle communément. Galilée est mort en 1642 et Louis XIV a commencé son règne en 1643. Huyghens a publié sa description du système solaire en 1659. Donc l’impasse la plus profonde de la science officielle n’a pas empêché l’innovation.

    Il faut dire que le domaine de l’énorme quantité de savoir infiniment raffiné était alors la religion, et que l’innovation décisive portée par Martin Luther datait déjà de plus d’un siècle (les 95 thèses publiées en 1517). C’était là qu’étaient les places, l’avancement, l’argent et le pouvoir. Les meilleurs esprits, ceux qui voulaient réussir, s’y consacraient, de même qu’ils se consacraient au marxisme-léninisme dans le monde soviétique quelques siècles plus tard. C’est par une erreur de perspective que nous croyons que la science (au sens d’aujourd’hui) étai si importante au temps de Galilée. Elle a commencé à devenir grand-public avec Voltaire (Isaac Newton, la gravitation, 1687 ; Voltaire, Éléments de la philosophie de Newton, 1737). Le premier financement public d’un projet scientifico-technique au sens moderne a été le Longitude Act, pour produire une mesure du temps qui puisse servir à faire le point en mer, 1714 (résultat : les horloges de John Harrison, entre 1730 et 1760).

    Aucune raison de croire que ce sur quoi nous nos excitons en ce moment, ce sont les idées qui portent l’avenir. Nous (ou plutôt ceux qui viendront si l’Effondrement, qu’on appelait « La Fin du Monde » au temps de la religion, n’a pas eu lieu d’ici là) verrons dans quelque chose qui est invisible aujourd’hui l’innovation décisive d’où le monde moderne (la modernité de ce futur) est déjà né. En attendons, déplorons.

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