Illustration par DALL·E
Dans ma vidéo, il y a quinze jours, qui s’appelait Front populaire : ce qu’il ne faut pas perdre de vue, je vous disais en particulier ceci :
« … quand je viens dire : « Écoutez, il faut vraiment réfléchir au fonds de vieilles guerres de religion qui est là, purulent, en-dessous de la surface », on me dit : « Mais de quoi vous parlez ? etc. Ne faites pas le jeu de l’extrême-droite ! »
C’est au sein des discussions, en ce moment au sein du Front populaire, la Palestine, l’antisémitisme éventuellement latent, à l’intérieur des discussions qui ont lieu ! »
On m’a si bien entendu que depuis, on ne parle plus QUE de ça au sein du NFP ! Et comme je le dénonçais à l’avance aussi :
Ce sont des plaies qui continuent à être infectées. Il faut mettre ça sur la table, surtout si on en parle mais en faisant semblant qu’on n’en parle pas !
Voici la retranscription complète de cette partie de ma vidéo :
Deuxième chose sur laquelle j’attire l’attention et toujours source de malentendus parce qu’on me dit, dès que je soulève la question dans ces termes là, on me dit : « Mais vous faites le jeu de l’extrême-droite ! », parce que l’extrême-droite pose la question dans ces termes-là.
Tout petit détour. En 2015, au moment où Monsieur Trump se présente aux primaires du Parti républicain et il aura le parcours que vous connaissez d’être en particulier président des États-Unis, et d’être candidat – il le sera déclaré officiellement dans quelques jours – candidat du Parti républicain. Je l’ai appelé le général de l’armée en déroute … de la guerre de Sécession, du côté des Confédérés.
Alors pourquoi est-ce que je dis ça ?
Parce que sous-jacent aux populations, aux électeurs qui votent pour Trump, il y a ces relents de la guerre de Sécession perdue par les esclavagistes, gagnée par les abolitionnistes. Avec, pour rétablir la paix dans les ménages et dans la politique locale, qu’on fait des cadeaux. On fait des cadeaux aux perdants et les problèmes ne sont jamais réglés.
À la fin de la guerre de Sécession, on avait promis aux esclaves libérés 40 acres et une mule. Il n’en a jamais été question. On a remis en place un système qu’on a appelé « sharecropping », l’ancien nom, l’équivalent en anglais du métayage, et on a simplement rétabli quelque chose qui ressemblait vaguement à l’ancien esclavage. Et on a permis aux gens de se proclamer « libres » alors qu’ils travaillaient pratiquement dans les mêmes conditions qu’avant.
En Occident, il y a une grande guerre de religion : celle entre protestants et catholiques au sein du christianisme qui a été réglée, elle est réglé dans nos sociétés. Mais il y a des choses beaucoup plus anciennes, des guerres de religion qui sont toujours sous-jacentes, des plaies infectées, purulentes qui sont toujours là : la guerre entre les chrétiens et les « Sarrasins » ou les « Maures » est toujours là, sous-jacente.
Ça vous dit quelque chose, « Évangile de Thomas (l’Israélite) » ou « Évangile de l’enfance » ? C’est un évangile qui n’a pas été retenu. On appelle ça un évangile « apocryphe ». Mais il a continué à circuler.
Et en particulier il y a des éléments de cet évangile de Thomas qui ont été repris dans le message du Coran ; il [cet évangile de Thomas] contient un message antisémite extrêmement virulent.
Si vous regardez les discussions qui ont lieu en ce moment, les tractations qui ont lieu au sein de ce Front populaire, vous verrez mentionner l’antisémitisme, l’attitude vis-à-vis de la Palestine, etc.
En même temps, quand je viens dire : « Écoutez, il faut vraiment réfléchir au fonds de vieilles guerres de religion qui est là, purulent, en-dessous de la surface », on me dit : « Mais de quoi vous parlez ? etc. Ne faites pas le jeu de l’extrême droite ! ». C’est au sein des discussions, en ce moment au sein du Front populaire, la Palestine, l’antisémitisme éventuellement latent, à l’intérieur des discussions qui ont lieu !
C’est sous-jacent aux discussions qui ont lieu en ce moment autour justement du Front populaire, ces vieilles querelles liées à des guerres de religion qui datent … je le mentionne, parce que l’extrême-droite mentionne la bataille de Poitiers, autrefois appelée « bataille de Tours », en 732.
Ce n’est pas indifférent. Ce n’est pas indifférent !
Les Sarrasins, les Maures, sont vaincus sur un champ de bataille à Tours, ou entre Tours et Poitiers.
Regardez sur la carte où ça se situe !
Et ne me dites pas : « Ça n’a aucune importance ! » ou alors « C’est un truc revanchard ! ».
« Il ne faut pas mentionner les croisades parce que c’est une manière de dire qu’on avait gagné ! »
« Il ne faut pas mentionner la bataille de Poitiers parce que c’est une manière de dire qu’on avait gagné ! ».
Ce n’est pas ça, ce n’est pas ça ! C’est une vieille guerre qui est là ! C’est une vieille guerre qui est encore purulente !
Et quand des communautés appartenant à ces deux camps, le camp vainqueur et le camp vaincu, sont là, et qu’on met entièrement entre parenthèses les vieux contentieux, ce n’est pas une bonne manière de voir les choses.
Il y a cette notion chez Hegel : « la ruse de la Raison ». Il appelle ça aussi « l’Esprit du monde » : la « Raison » ou « Esprit du monde ». Il dit que c’est ça qui est à l’œuvre, c’est ça qui est à l’œuvre dans l’histoire.
Et pourquoi est-ce qu’il y a une ruse ? La ruse, dit-il, c’est parce que les contemporains ne comprennent jamais de quoi il est question.
Si, il y a parfois des personnages ici et là. Et il en cite trois dans son ouvrage La Raison dans l’histoire qui est une partie de ses leçons sur la philosophie de l’Histoire, il cite Alexandre, Jules César et Napoléon.
Il dit : « Il y a des personnes qui ont compris l’époque dans laquelle ils se trouvaient. Mais tout le reste en général… ».
Et donc trois personnages dans l’Histoire, ce n’est pas beaucoup.
Ce qu’il faut faire, nous, c’est de voir quelles sont encore les grandes forces – la raison et la déraison surtout – qui sont à l’œuvre dans l’histoire, il faut les repérer et en parler, parce que sinon, voilà, justement, ce sont des plaies qui ne cicatrisent jamais.
Ce sont des plaies qui continuent à être infectées. Il faut mettre ça sur la table, surtout si on en parle mais en faisant semblant qu’on n’en parle pas !
Voilà quelques petits conseils.
Illustration par DALL·E
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