Image de Nouvelle-Calédonie par Stable Diffusion
(à propos d’un article de ce matin sur les « émeutes » en Nouvelle-Calédonie) – Alors, on va stigmatiser encore plus les « émeutiers », « profils plutôt jeunes, instrumentalisés et radicalisés, avec une délinquance d’opportunité » (la Ministre)… Chapeau, nos politiques devenus de parfait petits technocrates… d’ailleurs ce sont les mêmes lors des « émeutes », cette fois-ci en « Métropole » qui ont causé d’énormes dégâts et fait « scandale »…
J’en ai croisé un hier dans le métro. Il s’était assis en face de moi, avec ces longues jambes, survêtement noir, encapuché, « blanc »… J’étais un peu « planant » après avoir récupéré les affaires de mon père à la maison de retraite (il est décédé lundi…). Le jeune, du genre « jeune délinquant violent en puissance », a porté son attention sur moi. Et il s’est mis à m’interpeller. Dans l’état où j’étais, je suis resté impassible. Alors il a insisté, en commençant à se montrer agressif envers moi, et me regardant fixement dans les yeux, menaçant, tenant un discours haineux sur la société, etc.
Les gens autour commençaient à prendre un peu peur… puis il a dû dire quelque chose comme « Tous les gens sont fous », etc., toujours me fixant dans les yeux. Dans l’état où j’étais moi-même j’ai soutenu son regard. À un moment je me suis légèrement penché vers lui, et je lui ai répondu : « Vous dites que tout le monde est fou, et vous alors ? », il a répondu : « Moi non », je lui ai dit « Alors, moi aussi je suis fou ? », il m’a dit « Oui ». Je lui ai répondu, « Pourquoi vous me parlez, puisque je suis fou ? »
Je ne me souviens plus ce qu’il m’a répondu. Puis je lui ai dit : « Est-ce que je peux vous raconter une petite histoire ? C’est une petite histoire africaine ». Il m’a dit oui. Et j’ai continué : « C’est l’histoire d’un homme qui se rend de village en village. À chaque fois qu’il arrive dans un village, il dit : « Mais il n’y a que des fous ici ! », puis il repart et arrive dans un autre village. Et de nouveau, il dit « Mais il n’y a que des fous ici ! », et ainsi de suite. Puis un jour, il arrive dans un village, les habitants se rassemblent sur la place, lui, il dit à nouveau : « Tous les gens sont fous ici ! ». Alors le chef du village s’approche et lui dit « Celui qui dit que tous les autres sont fous doit s’interroger car il se peut que lui seul le soit ».
En face, l’autre m’a écouté, il y a eu une pause, puis je lui ai dit : « Pourquoi m’avez-vous adressé la parole, alors que ni vous ni moi ne nous connaissons ? » Il a continué à me regarder fixement, mais avec une petite lueur dans les yeux. Il m’a dit : « Je ne sais pas ». Je lui ai répondu : « Parce que vous saviez que j’allais vous répondre ». Il a souri.
Entretemps, le métro était arrivé à la station où je devais descendre. Je lui ai dit que je devais descendre là et je me suis levé. Il a continué à sourire en me regardant et moi aussi je crois, et il m’a tendu le poing pour me saluer, et je suis parti, en lui disant : « Je ne suis pas fou et vous n’êtes pas fou. Bon courage ! »
… petite histoire (vraie) que je dédie à mon Père…
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