Illustration par DALL·E (+PJ)
J’ai mis investissements entre guillemets pour tenir compte du fait que rien ne distingue en général les crypto-monnaies de jetons de casino et que dans la langue courante, on n’appelle pas un acheteur de jetons de casino « investisseur » mais « joueur ». Le juge qui a récemment condamné l’ex-patron de FTX, Sam Bankman-Fried, à 25 ans de prison, a fait allusion à l’univers du casino dans sa réponse hier quand on lui a demandé si les remboursements pourraient le conduire à revoir la sentence, quand il a dit : « Un voleur qui emporte son butin à Las Vegas et mise avec succès l’argent volé n’a pas droit à une réduction de peine ».
Et si j’ai écrit que « rien ne distingue en général les crypto-monnaies de jetons de casino », c’est que diverses formules ont été mises au point pour attribuer à certaines de ces cryptos des caractéristiques qui les rapprochent, soit de monnaies, comme la parité avec le dollar dans le cas des « stablecoins », soit d’actions, grâce aux versements de dividendes, comme c’était le cas pour le FTT, la crypto émise par FTX, la défunte bourse de Bankman-Fried.
Qu’est-ce qui a permis au liquidateur, John J. Ray III, autrefois liquidateur de la firme Enron, de récupérer les sous ? Il a commencé par aller voir le cercle rapproché de FTX, dont les parents de Sam, et les a fortement encouragés à contribuer au fonds de soutien des « investisseurs » floués lors de l’effondrement de la firme dans les premiers jours de novembre 2022. Il a ensuite réalisé les investissements de la bourse crypto – de vrais investissements ceux-là – dans des start-ups, dont certains étaient très judicieux, et en particulier celui de FTX dans Anthropic, la compagnie d’IA qui a conçu le Grand Modèle de Langage (LLM) qu’est « Claude 3 ». Le liquidateur a enfin bénéficié du spectaculaire rebond du marché des cryptos depuis novembre 2022, la cote du bitcoin ayant depuis triplé, ce qui lui a permis de liquider le trésor subsistant de FTX en cryptos pour des sommes considérables.
Que faut-il penser de cette troisième source pour se refaire ? Elle souligne que la pyramide a repris des couleurs, que la machine de Ponzi tourne à nouveau à plein régime, et que les nouveaux « investisseurs » permettent aux anciens de sauver leur culotte. Du moins ceux qui avaient mis leur déculottée aux pertes et profits car ceux qui avaient préféré accepter l’offre de fonds-vautours de racheter leurs créances envers FTX pour quelques cents du dollar, ceux-là auront juste contribué à engraisser encore davantage des établissements qui ne le méritent peut-être pas tout à fait (« Dallas, ton univers impitoyable, Dallas, glorifie la loi du plus fort … » )
Rassurez-vous donc braves gens : le casino reste ouvert, les joueurs s’y pressent à nouveau en foule tous les soirs, et j’espère que vous aurez retenu la leçon : si vous êtes ratiboisé la semaine prochaine ou la semaine suivante, tenez-bon car les nouveaux « investisseurs » qui vous renfloueront un jour prochain se pressent déjà au portillon !
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