Illustration Midjourney + Max Berthy
Il y a peu, j’assistais sur mon téléviseur à une confrontation entre Laurent Alexandre et Michel Onfray concernant les enjeux de l’I.A.
Le chantre du transhumanisme de l’eugénisme heureux et sans complexe, toujours aussi arrogant et un chouillat hystérique était visiblement submergé d’endorphines. Alexandre pérorait avec une exaltation inquiétante et augurait que l’immense plèbe au cerveau primitif pourrait dans un avenir proche se hausser vers les étages radieux du dessus en se faisant greffer une puce, une intervention bien sur prise en charge… par la Sécurité Sociale ! hop là !
Voir également cette sidérante vidéo devant les élèves de l’Ecole Polytechnique, désignés membres de la future Race de Seigneurs :
Onfray en restait sans voix, victime d’une sorte d’« erreur système », indice très fort et inhabituel chez lui de stupeur absolue. Il lui fallut d’ailleurs quelques seconde pour « rebooter ».
Retraité, je suis un autodidacte pur jus, un produit sans les options de la France d’En-bas, équipé standard d’un vieux BTS des années 1970, et ayant fait sa vie et sa carrière dans le domaine des arts graphiques (voir ce billet datant déjà de 9 ans : De la vie d’artiste au Turc mécanique.
Des années donc de pratique free-lance du chouette métier de graphiste et d’illustrateur, toujours synonyme d’activité « cool » … mais à la condition aujourd’hui de ne pas avoir vraiment besoin de gagner sa vie décemment.
Cette introduction pour soumettre à la réflexion des cerveaux performant (bien que non encore pucés) fréquentant ce blog, les deux publications ci-dessous de la SAIF (Société des Auteurs des arts visuels et de l’Image Fixe) traduisant les angoisse existentielles de ce secteur d’activité.
Un microcosme quand 60% des activités du tertiaires sont promises à disparaître à brève échéance.
Je pense pour ma part que les carottes sont cuites, et qu’aucune loi ne pourra enrayer ces processus et que cette idée même n’a aucun sens, et d’ailleurs sur ce blog on ne se prive pas de produire des images génératives sans se poser plus de questions… c’est simplement « naturel », n’est-ce pas ? et de toute façon, le « point » de la Singularité est franchi depuis un bon moment…
- Écoutez il y a une chose que l’histoire de l’évolution nous a apprise, c’est que la vie ne peut pas être contenue, la vie prend le large, la vie conquiert de nouveaux territoires, elle renverse toutes les barrières, c’est parfois pénible, c’est parfois dangereux … mais hmm … enfin c’est comme ça. - Vous insinuez qu’un groupe composé exclusivement d’animaux femelles peut se … reproduire ? - Non, non, non je dis simplement que la vie trouve… hmm… toujours un chemin.
Ian Malcolm (face à une Professeure Sattler et un Professeur Grant plus que dubitatifs…), dans Jurassic Park
De là à penser que l’I.A. sera désormais cette « vie » s’affranchissant de l’humain biologique après en avoir sucé jusqu’à sa moelle qu’elle recyclera sans fin… il n’y a qu’un pas.
La moelle humaine :
Bibliothèque de styles Midjourney
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La saif Société des Auteurs des arts visuels et de l’lmage Fixe
Intelligence artificielle générative et droit d’auteur :
la SAlF demande une intervention législative
L’Intelligence Artificielle suscite de nombreuses craintes pour les auteurs et autrices des arts visuels qui constatent l’utilisation massive, sans consentement et sans rémunération, de leurs œuvres pour alimenter les outils d’intelligence artificielle générative. Ils craignent également une paupérisation de leur profession ; les diffuseurs pouvant céder à la facilité de recourir à des images générées par l’intelligence artificielle. L’usage de ces dernières posent également des problèmes en termes de transparence, de déontologie et de démocratie.
Face au déferlement de ces outils, il est urgent que les législateurs français et européens interviennent sur plusieurs points.
• Respect du consentement de l’auteur/autrice : pour un véritable « Opt-in »
L’article 4 de la directive DAMUN’ prévoit une possibilité d’opt-out au bénéfice des auteurs et autrices, leur permettant d’empêcher la collecte de leurs œuvres pour alimenter le fonctionnement de l’IA. Cette procédure d’opt-out leur impose la mise en place de procédés lisibles par machines (via les métadonnées, conditions d’utilisation, etc.). Elle s’avère en pratique totalement inefficiente. Trop d’œuvres des arts visuels sont déjà en circulation sur Internet, ce qui rend impossible leur marquage et complique leur identification. De plus, lesmétadonnées insérées dans les images sont trop souvent effacées par les utilisateurs. La SAIF demande la mise en œuvre d’une procédure de consentement préalable et efficace des auteurs et autrices, par la création d’un véritable opt-in par l’intermédiaire des organismes de gestion collective, qui en assurerait la gestion pour tout leur répertoire, dans le respect de la volonté des auteurs et autrices qui ne souhaiteraient pas alimenter les intelligences artificielles génératives.• Mise en place d’une rémunération des auteurs/autrices
Lors de l’adoption de l’article 4 de la directive DAMUN, qui prévoit une exception de fouilles de textes et de données dans le cadre commercial, l’utilisation des outils d’intelligence artificielle génératives n’a pas été envisagée. Face à des usages massifs d’œuvres pour alimenter ces outils, la SAIF estime que l’exception de l’article 4 appliquée aux grands opérateurs de l’IA ne remplit pas les conditions du triple test (prévu dans les conventions internationales et le code de la propriété intellectuelle), ce qui porte préjudice aux intérêts des auteurs et des autrices. Par conséquent, la SAIF appelle à instaurer un véritable partage de la valeur par la mise en place d’une compensation équitable pour rémunérer les usages massifs d’œuvres protégées par les opérateurs de l’intelligence artificielle générative.
• Information des auteurs/autrices
Il est nécessaire que soient imposées aux opérateurs de l’IA des obligations d’information des auteurs/autrices quant à l’utilisation de leurs œuvres afin que ceux-ci puissent vérifier sielles sont utilisées, par quels opérateurs, et qu’ils puissent choisir d’en demander le retrait.
• Information du public
Il apparait indispensable pour protéger tant les auteurs/autrices que le public, que toutes les images générées par lA soient clairement identifiées comme telles afin de garantir une information juste et réelle du public. La SAlF souhaite que soit imposée une obligation d’information à la charge de tous les utilisateurs d’images générées par l’IA.
1 Directive (UE) 2019/790 du Parlement et du Conseil du 17 avril 2019 sur le droit d’auteur et les droits voisins dans le marché unique numérique et modifiant les directives 96/9/CE et 2001/29/CE.
T : 01 44 61 07 82 – M : saif@saif.fr – www.saif.fr – 82, rue de la Victoire, 75009 Paris
Société civile à capital variable immatriculée au RCS de Paris sous le numéro 422280255
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L’intelligence artificielle générative peut être un outil de création intéressant pour les auteurs et autrices, qui se doit de respecter le droit des auteurs.
Or, les outils d’intelligence artificielle générative sont entrainés à partir d’un nombre considérable de données parmi lesquelles figurent de très nombreuses œuvres des arts visuels.
Cette utilisation est opérée sans l’autorisation préalable de la SAIF et/ou de ses auteurs et autrices.
L’article L.122-5-3 III du Code de la propriété intellectuelle, transposant l’exception de fouille de textes et de données prévues à l’article 4 de la directive 2019/790 du 17 avril 2019, permet aux auteurs ou leurs ayants droit de s’opposer (opt-out) à l’exploitation de leurs œuvres par les services d’intelligence artificielle.
Dans l’intérêt des auteurs et autrices qu’elle représente, la SAIF a décidé d’exercer son droit d’opposition générale à toute exploitation de l’ensemble des œuvres de son répertoire par les services d’intelligence artificielle.
Les opérateurs d’intelligence artificielle quels qu’ils soient devront désormais obtenir l’autorisation préalable de la SAlIF et négocier les conditions d’exploitation des œuvres de son répertoire.
Considérant qu’un tel droit d’opposition n’est pas suffisant pour faire respecter le droit de ses auteurs et autrices, tant d’un point de vue juridique que des difficultés techniques de son véritable exercice au regard du nombre d’images déjà en circulation, la SAIF continuera d’œuvrer en faveur d’une modification législative qui permettrait la mise en place d’un véritable système de rémunération équitable des auteurs et des
autrices.
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