Viser la grève générale reconductible bien évidemment mais à quelle fin ? par JeNeSauraisVoir

Chaque fois qu’il semble possible au salariat d’opérer un « arrêt-relance », il me vient quelques interrogations désagréables (je crois) comme là «  obtenir une augmentation générale… est-ce une réussite ? » ou comme celle que je m’apprête à vous livrer.

La paysannerie d’avant 1789 avait cet immense avantage sur le salariat de nos sociétés capitalistes qu’il lui fallait d’abord engranger la récolte avant de porter au propriétaire du terrain la part qui revenait à ce dernier, en nature ou en espèce. Ceux à qui échoyait le travail – tout le travail – avaient ainsi l’occasion de se rendre compte de l’étendue de la spoliation dont ils étaient les victimes ; une terrible expérience qui portait toutefois en elle des raisons d’espérer en ce sens qu’elle échauffait la bile et tenait les affects en ébullition. Et quand le moment fut propice à l’émancipation, la paysannerie commença par garder la récolte, ce qui était fort pratique pour continuer de subsister et pour camper une position défensive contraignant la féodalité à l’attaque (à faire donner la garde) pour entrer en possession de ce qu’elle considérait comme son bien.

Avec le capitalisme, les positions sont inverses : c’est le patronat qui s’occupe d’engranger la récolte et non plus ceux qui font le travail ! On pourrait dire que dans le fond, le patronat joue le même rôle que les gros paysans de l’ancien régime qui organisaient l’exploitation des terres mises à leur disposition par la noblesse et qui employaient à cette fin des journaliers, salariés de l’époque. Mais cette partie de la paysannerie représentait peu de monde. Et pour ce qui concerne nos sociétés, l’actionnariat s’étant assuré la pleine allégeance du patronat, le salariat n’a aucune visibilité sur le fruit de son labeur ! Pis que cela, il est réduit à devoir justifier toute prétention à la part le plus infime de la richesse qu’il crée et dont il est tenu éloigné.

Il fallut, par exemple, recourir aux arguments de l’économie politique pour soutenir l’idée que seul le travail crée de la valeur – en somme que le salariat est tout ! De son côté, le capital (entendre ici la classe bourgeoise) « travaillait » à trouver le moyen de rémunérer le salariat juste autant qu’il faut pour le faire subsister sans plus. Karl Marx soutint ensuite que le taux de profit ne pouvait que baisser tendanciellement. Ce fut sans doute une raison pour les plus optimistes de penser que le capital périrait tout seul, de sa belle mort. Mais le capital qui connait bien son affaire comprit promptement qu’il devait redoubler d’imagination et d’âpreté au gain pour conserver sa position de domination et consolider ses avoirs. C’est ce qu’il entreprit naturellement et avec beaucoup de succès en s’assurant, entre autres, les bons offices de la « science économique ». Et comme on l’enseigne dans les bonnes écoles de comptabilité et de management, la moindre possibilité doit être saisie avec empressement pour minorer la masse salariale et maximiser le profit. Tout y passe donc : la productivité du travail par le truchement d’une organisation standardisée au plus haut degré d’aliénation pour l’humain, l’introduction de la machine d’abord comme compagnon de l’ouvrier et finissant par remplacer ce dernier, l’internationalisation du marché du travail pour mettre le salarié d’ici en concurrence avec les moins disant d’ailleurs…

Ce qu’il ressort de ce survol historique, c’est que le capital a montré une parfaite cohérence et une indéniable continuité dans la poursuite de l’accaparement d’une part toujours croissante de la richesse créée par les entreprises. Il est alors difficile de comprendre la crédulité par trop entêtée du salariat qui s’engage dans les luttes sociales avec la ferme conviction qu’il existerait entre le capital et lui, en matière d’accès à la récolte, un équilibre intrinsèque qui est rompu seulement de temps en temps. Est-il réellement envisageable pour le salariat de se contenter de rétablir un hypothétique équilibre des forces en demeurant dans le même cadre du contrôle de la récolte et de sa répartition par l’actionnariat et son vassal le patronat ?

En l’occurrence, pour faire face au rouleau compresseur de l’actionnariat allié au patronat que devrait faire le salariat ? Il faut d’abord rappeler – et parce nous sommes au pied du mur et qu’il faut garder un œil sur le dénivelé à franchir – que le salariat est contraint de subir les visées et les pratiques d’un adversaire qui est parvenu à s’emparer des principales places fortes du champ de bataille et qui dispose de surcroit de l’arme économique ultime qu’est la possibilité de séquestrer la récolte. Le salariat n’a donc pas d’autre choix que celui de mener la guerre du faible, guerre asymétrique faite de guérilla, d’attaques fulgurantes ciblées d’intensités variables et de replis stratégiques tout aussi rapides pour limiter ses pertes.

Dans ce conflit asymétrique qui nous occupe depuis quelques siècles déjà, le salariat peut tout de même revendiquer quelques succès qui permettent de continuer d’espérer. Il parvint notamment à structurer les travailleurs en syndicats pour équilibrer le rapport de force, des syndicats qui sont encore indispensables au développement de tout mouvement social d’envergure. Plus tard ce fut la conquête des congés payés et plus généralement l’instauration de l’état-providence. Le salariat parvient encore aujourd’hui à se mobiliser pour sauvegarder ce qu’il reste de cet état providence systématiquement taillé en pièces par l’actionnariat et le patronat ! Cette histoire du salariat dessine toutefois un tableau de succès sporadiques très concrets mais ne paraissant s’inscrire dans aucune vision à long terme. Certes plusieurs batailles ont été remportées mais ces victoires ne permettent pas véritablement d’entrevoir la fin du conflit avec une paix sociale durable au bout. J’en arrive ainsi à la partie la plus délicate de mon raisonnement. Autant la guérilla est compréhensible au regard de la situation sur le terrain, autant il est difficile d’identifier l’objectif ultime du salariat. On ne peut s’empêcher de penser qu’il est installé dans une perspective de subsistance à perpétuité, c’est-à-dire qu’il serait voué à résister jusqu’à la fin des temps pour conserver autant que possibles les miettes que l‘actionnariat et le patronat, gardiens de la récolte, laissent de moins en moins échapper.

Ce que je veux dire, c’est que le salariat doit veiller à ne pas se tromper de destinée. Il ne saurait être question pour lui de continuer de céder à la séquestration du fruit de son labeur par autrui pour se damner aux revendications dont la finalité est encore et toujours un modeste ajustement à posteriori – la redistribution :

* revendications visant à faire voter et appliquer dans toute leur rigueur, l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu dont on a pourtant compris que les grandes compagnies et les grandes fortunes avaient tout loisir d’obtenir la dispense en toute légalité ?

* militantisme pour instaurer d’autres prélèvements, par exemple sous la forme d’une taxe Tobin ou d’une taxe Sismondi dont on imagine quelques difficultés de mise en œuvre mais surtout les possibilités de contournement en toute légalité également.

Tout cela, dans le cadre immuable de la conservation et de la répartition de la récolte par le patronat allié à l’actionnariat. Il se pourrait, je crois, que le salariat pèche par le côté d’où lui vient son succès c’est-à-dire par son sens de la guérilla, son pragmatisme, son attachement au résultat concret, immédiat. Contraint de réagir à la position hégémonique de l’adversaire, le salariat n’a pas le loisir de dessiner des perspectives et d’essayer de poursuivre la concrétisation d’objectifs à long terme. Alors que l’on vante à nouveau les vertus de la planification, quelle destination finale le salariat s’est-il choisie et quel est le chemin qu’il compte emprunter ? Cette destination et ce chemin ne devraient-ils pas transpirer des mots d’ordres de tout mouvement social ? Quels sont-ils donc ces mots d’ordre ? Autant qu’il soit possible d’en retrouver sur les pancartes de diverses manifestations populaires : contre les licenciements, pour une meilleure indemnisation du chômage, pour de meilleurs salaires indexés sur l’inflation, contre le recul de l’âge de la retraite à 64 ans… Ma mémoire des conflits sociaux est sans doute trop courte pour reproduire davantage d’instances de ces mots d’ordre mais ne tournent-ils pas le plus souvent autour travail, incontestablement l’affaire de chacune de nos vies ? Pourtant, le moyen de bien travailler ne serait-il pas justement de commencer par nous émanciper de l’injonction de tous ces poètes de l’amour du travail qui ne kiffent véritablement que le fruit du labeur des autres ? Les nouvelles générations dont on dit qu’elles construisent un nouveau rapport au travail ne représentent-elle pas un espoir d’émancipation du salariat ?

En attendant, nous continuons de penser travail là où la question demeure le contrôle du fruit du labeur. Nous voudrions bien travailler, nous voudrions que notre travail ait du sens, qu’il ne dure pas toute la vie, nous voudrions pouvoir décider de comment travailler, de travailler en étant libéré de la subordination à un employeur, bref toujours travailler. A quoi tendent l’actionnariat et le patronat pendant ce temps ? À rentabiliser du mieux possible le capital investi y compris s’il faut pour cela ôter tout sens au travail, contraindre le salarié, militariser l’organisation du travail, transformer le travail – le faire disparaître même ! D’un côté une stratégie pensée pour se saisir des places fortes (du pouvoir politique, de la production, de l’échange…) afin de se donner la possibilité de mettre tout en œuvre pour s’accaparer la richesse créée par les entreprises. De l’autre, une résistance contrainte à la guérilla et apparemment sans autres horizons que de parvenir à gagner (toujours ponctuellement) le rapport de force qui permettrait enfin de mieux… travailler !

Il y a là non seulement une difficulté d’enfanter des mots d’ordres déstabilisants pour l’adversaire mais surtout quelque chose comme un vide, un impensé ou du moins une courte vue en matière de finalité de la lutte du salariat. Certes, il est contraint à la guérilla mais sauf à se damner à une résistance à perpétuité, ses combats de rue, ses escarmouches planifiées devraient avoir pour finalité de déloger l’adversaire de sa position (de reprendre possession du terrain) puis d’élever des bastions qui puissent garantir au plus grand nombre une longue existence paisible. Et si l’on songe enfin à tirer le meilleur parti de l’expérience de nos ainés de 1789, ne devrions-nous pas entrer dans la carrière avec le projet d’un coup décisif sans lequel notre lutte restera une guérilla de résistance uniquement ? Ce coup fatal, ce mot d’ordre ultime que doit servir la grève générale reconductible peut-il être autre que l’abolition du privilège actionnarial ?

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62 réponses à “Viser la grève générale reconductible bien évidemment mais à quelle fin ? par JeNeSauraisVoir”

  1. Avatar de Pascal
    Pascal

    Merci pour ce billet qui cherche dans un mot d’ordre l’énergie pour bousculer le monde établi.
    Définition : mot d’ordre \mo d‿ɔʁdʁ\ masculin
    1. Synonyme de mot de passe.
    2. (Sens figuré) Consigne commune à un groupe

    Pris dans son sens figuré, il suppose donc un « groupe », une « communauté ». Ce groupe doit se reconnaître dans une identité commune que vous semblez dénommer « salariat » mais cette classification sociologique définit elle une identité ? Et est elle en mesure de rassembler derrière sa bannière une armée organisée et structurée ? Qu’est ce qu’un mot d’ordre, quelqu’il soit, sans une armée derrière ?
    Les syndicats de 1936 avaient des armées de cotisants à qui ils devaient rendre compte. Qui sont les syndicats d’aujourd’hui ? De quelle armée disposent ils ? Certes la journée d’aujourd’hui pourrait nous laisser croire par l’image aux « grandes grèves de 36 » mais en un siècle le monde a changé.
    Et si comme vous le soulignez, l’actionnariat a su s’adapter pour s’allier au patronat en ce début de 21eme siècle, qu’est devenu le syndicalisme du 20eme siècle ? A t il su lui aussi s’adapter et innover ? Ne sommes nous pas seulement dans la commémoration, a vouloir faire « comme en 36 », « comme en 68 », « comme en 95 » ?
    Le monde a changé et les salariés qui pour la très grande majorité ne sont plus en train de crever de faim, sont aussi devenus des consommateur accro aux séries Netflix, au dernier smartphone, au crédit à la consommation, au JO… On n’en est plus à réclamer « du pain », seulement « le maintien de son pouvoir d’achat », comme si c’était le dernier pouvoir qui nous restait.
    Les jours qui viennent nous diront si les grandes manifestations ont encore un quelconque effet sur les décideurs politiques ou si c’est seulement un temps de récréation à nos frais que nous laisse l’aristocratie économique au pouvoir.
    Pour mémoire 1936 c’était ça : https://m.youtube.com/watch?v=1XlcXlsLB6U
    On n’occupe plus les usines aujourd’hui, ou très peu, le Front Populaire n’est pas au Gouvernement, les partis politiques et les syndicats suscitent plus de défiance que d’adhésion…

    1. Avatar de JeNeSauraisVoir
      JeNeSauraisVoir

      Il me semble qu’un mot d’ordre pertinent peut favoriser le ralliement de personnes qui partagent les mêmes épreuves (ou qui jouent des rôles comparables dans notre système économique) et qu’il n’est pas indispensable d’avoir constitué un « groupe » ou une « communauté » qui s’identifie fortement en tant que tel avant de se demander ce que l’on pourrait faire ensemble.

      C’est la proposition que nous faisons, sa capacité à enrôler les existences individuelles, à faire converger des trajectoires singulières voire dissemblables qui produira, je pense, plus de cohésion et de mouvement.

      1. Avatar de Pascal
        Pascal

        Bonsoir JeNeSauraisVoir
        J’ai posé la question à ChatGPT et voici ça réponse :
        « En tant que modèle de langue, je ne suis pas capable de penser ou d’avoir des opinions. Cependant, je peux vous expliquer le concept d’abolition du privilège de l’actionnariat.

        L’abolition du privilège de l’actionnariat est un mouvement qui vise à réformer le système économique en remettant en question la façon dont les entreprises sont dirigées et en remettant en question le rôle que jouent les actionnaires dans la prise de décision. L’idée est de mettre l’accent sur la responsabilité sociale des entreprises et de faire passer les intérêts des parties prenantes (employés, clients, communautés locales, etc.) avant les intérêts des actionnaires.

        Les partisans de l’abolition du privilège de l’actionnariat soutiennent que le système actuel favorise les actionnaires au détriment des autres parties prenantes, ce qui peut entraîner des décisions à court terme qui nuisent à l’entreprise et à la société dans son ensemble. Ils proposent des réformes qui renforceraient la responsabilité des entreprises envers les parties prenantes et qui donneraient un plus grand pouvoir de décision aux employés et aux représentants de la communauté.

        Cependant, il y a également des critiques de ce mouvement, qui soutiennent que les actionnaires ont un rôle important à jouer dans la prise de décision des entreprises et que les réformes proposées pourraient nuire à l’efficacité et à la compétitivité des entreprises. Il y a aussi des préoccupations quant à la manière dont ces réformes seraient mises en œuvre et à leur efficacité réelle.

        Dans l’ensemble, l’abolition du privilège de l’actionnariat est un débat complexe et controversé qui suscite des opinions divergentes. »

        J’aime surtout le « Il y a aussi des préoccupations quant à la manière dont ces réformes seraient mises en œuvre ». Certains auraient ils peur ?

        1. Avatar de JeNeSauraisVoir
          JeNeSauraisVoir

          Bonjour Pascal,

          Merci pour ce reportage chez «ChatGPT». J’avoue n’avoir pas eu connaissance auparavant de ce «mouvement» mais peut-être s’agit-il plutôt d’un courant d’idée. Je trouve par ailleurs que l’IA en fait, comme l’on pourrait s’attendre, une présentation (un assemblage) trop antalgique (endormante) :
          * remettre en question la façon dont les entreprises sont dirigées ;
          * remettre en question le rôle que jouent les actionnaires dans la prise de décision ;
          * mettre l’accent sur la responsabilité sociale des entreprises ;
          * faire passer les intérêts des parties prenantes (employés, clients, communautés locales, etc.) avant les intérêts des actionnaires…

          Bien-sûr il y a tout ça dans l’« abolition du privilège actionnarial » mais pour en faire un mot d’ordre du salariat mieux vaut revenir à la compréhension simple et antagoniste qu’en avaient les sans-culottes de la grande révolution. Il s’agit de faire cesser une iniquité et non de se laisser berner par des perspectives «d’efficacité et de compétitivité des entreprises», ce qui impliquerait que «les actionnaires ont un rôle important à jouer dans la prise de décision». Bref ne vous encombrez pas de contester la répartition du fruit du labeur, laissez faire l’actionnariat qui s’y connait, il fera un plus gros gâteau et ce sera mieux pour tous (et vive la croissance sans fin).

          1. Avatar de Pascal
            Pascal

            Thèse : vision du salarié
            Antithèse : vision du patron à stock-options
            Synthèse : un peu bâclée !😉

            1. Avatar de JeNeSauraisVoir
              JeNeSauraisVoir

              Avec certainement beaucoup moins d’octets de mémoire que « ChatGPT » mais doté d’un affect en plus (pour le moment), je m’étais essayé à une synthèse sous la forme d’une modeste critique du principe fondamental du capitalisme dans (pardon de me citer) : « la logique fondamentale du système capitaliste originel est-elle excellente » ?

  2. Avatar de Chabian
    Chabian

    Merci pour ce texte très dense. Je sens que je vais avoir plusieurs désaccords, mais dans le but de faire avancer le schilmbilick.
    Pour ne pas perdre mes idées, je réponds en plusieurs fois.
    1/ Sur la paysannerie du Moyen-Age. Ne pas oublier que la paysannerie paye à son propriétaire une part de la récolte (mi-fruit, par exemple, donc 50%), ensuite à l’Eglise une part de sa récolte, par exemple la dîme (10%) pour laquelle des « granges dîmières » étaient prévues, enfin est taxée pour les « taxes communes » par le consul péréquateur qui partage entre les foyers (« feux ») la somme exigée à la communauté, et que la charge a tendance à augmenter parce que les riches, nobles et prélats, exemptés de cette taxe, achètent les terres aux paysans qu’ils ont ruinés, et que la « base taxable » se réduit d’autant !
    Quelques paysans pouvaient détenir une terre en « franc alleu » (sans taxe de proprio), mais la taxe d’Eglise et la taxe commune restaient dues. Ensuite il avait besoin du moulin banal et du pressoir banal pour sa consommation propre, ce qui constituait une nouvelle taxe de monopole du seigneur…. N’idéalisons pas la situation du paysan ! Il y eut de nombreuses jacqueries paysannes. Dont la « Tuerie de Moirans » en Isère (1398 ? 1580 ?) où les aristos en armes liquidèrent une armée solide de paysans. Seules 10 villes embourgeoisées purent faire valoir les arguments de leurs commerçants artisans urbains… (Voyez « Le Carnaval de Romans » et l’étude d’un historien anglais sur cette période..)

    1. Avatar de JeNeSauraisVoir
      JeNeSauraisVoir

      La situation de la paysannerie n’a pas été idéalisée. Je relève au contraire que l’expérience d’être déposséder du fruit de son labeur échauffe la bile et maintient les affects en ébullition.

  3. Avatar de Chabian
    Chabian

    2/ Passons au salariat et son organisation. Longtemps le patronat fit fluctuer les salaires en fonction de sa prévision de marché. Il pouvait descendre les salaires de 10% en fonction de la baisse de marché suite à la concurrence. Et les travailleurs abandonnaient le travail sans revendication précise (c’est non !), partaient en cortège arrêter les usines voisines (faites remonter les mineurs ou on coupe les cables de la cabine !), incendier les châteaux, etc. Les gendarmes, les gardes bourgeoises et les tribunaux bourgeois étaient impitoyables et cherchaient à faire un exemple avec les militants peu connus… L’AIE procura rapidement des avocats, mais peu au fait des situations, même s’ils étaient favorables. Ces émeutes étaient très fréquentes ! mais bien oubliées aujourd’hui.
    J’interprète cette première description ainsi. Depuis l’apparition de hiérachies possédantes dans l’humanité, il y a un contrat non-dit de Don (massif) et de contre-don (mécénat) au sein des communautés. Et cette balance est objet d’une lutte de classe mais aussi d’un compromis. Paul Jorion a bien montré dans Le PRIX, que le patron de bateau n’a pas intérêt à ruiner ses marins et que le grossiste en poisson à ruiner les patrons de bateaux.
    Les mineurs quittaient un charbonnage dès que le voisin payait mieux. Hop la table et les quatre chaises et les deux paillasses dans la charrette d’un voisin et on partait. Les patrons ont inventé le « carnet ouvrier » pour tenir l’ouvrier en ternissant sa réputation…
    Cet équilibre du don et du contre-don, effet de la hiérarchie de classes introduite dans l’humanité est aujourd’hui perdu de vue…

    1. Avatar de JeNeSauraisVoir
      JeNeSauraisVoir

      Paul Jorion ne dit-il pas plutôt que la théorie d’inspiration marginaliste de confrontation nue entre l’offre et la demande est incapable de rendre compte du volontarisme dont les acteurs font preuve lorsqu’il s’agit de sauver le marché ? Et n’est-ce pas celle loi (normative) de la confrontation de l’offre et de la demande que l’actionnariat et le patronat appliquent sans aucun égard pour la survie du salariat ?

  4. Avatar de Chabian
    Chabian

    3/ Vient alors l’organisation du salariat. Elle est double. D’une part, des bourgeois soucieux d’aller au peuple (narodikni en Russie, les premiers) lancent des partis politiques dont l’ambition première est d’ouvrir le VOTE aux salariés, contre les 5% de nantis qui détiennent la démocratie. Voyez l’abbé Daens par exemple. Il faudra attendre la colère de 1918 pour une vraie concession sur ce plan. Ces partis vont très vite entrer dans le compromis nationaliste avec leur bourgeoisie, et cela dure encore…
    D’autre part, les travailleurs vont créer des coopératives de production (pain, cabaret…), des maisons du peuple et surtout des caisses d’assistance mutuelle, de grève, etc., pour remplacer la bienfaisance catégorielle des riches du XIXe, comparable à la charité chrétienne sélective de l’ancien régime. Très vite, le patron va voir son intérêt à participer à ces caisses qui disciplinent les troupes de salariés ! Voilà pourquoi les SECU sont gérées paritairement encore aujourd’hui !
    Ce qu’il faut comprendre, c’est que le « contrat de travail » salarié d’aujourd’hui comporte une série de garanties acquises par la lutte (loin du contre-don du passé !) et qui sécurisent la fluctuation du salaire du XIXe, le droit à licencier, le préavis, la protection du malade, de la femme accouchante, et de divers avantages comme les jours fériés, les congés payés, et la RTT (réduction du temps de travail). Le contrat de travail est un trésor précieux ! du moins, dans la précarité économique, il est sans toute plus favorable que la situation du paysan de l’ancien régime, mais avec une liberté apparente moindre.

    1. Avatar de JeNeSauraisVoir
      JeNeSauraisVoir

      « Le contrat de travail est un trésor précieux ». L’adversaire (actionnariat et patronat) a bien compris, je crois, la valeur de « marqueur » du contrat de travail et n’hésite pas à poser ‘puisque vous avez le contrat de travail nous aurons tout le reste’. Ensuite l’un travaille pour rogner le contrat de travail et jamais l’autre ne remet ‘le reste’ en cause.

  5. Avatar de Chabian
    Chabian

    4/ Je pense que l’autonomie du système financier par rapport au systèmes des classes et des castes d’antan, change toute la perspective. Le Capital était personnalisé, à peine partagé avec des épargnants « supléants ». Aujourd’hui le capital est anonyme, géré par des algorythmes aveugles et trompeurs. Ainsi le foncier urbain et le foncier agricole sont rendus fous par la nécessité de capitaux collectifs (dont les fonds de pensions par capitalisation) de se placer, et font monter la valeur des terres et des logements sans AUCUNE mise en valeur par rénovation énergétique ou agriculture respectueuse. Ainsi, alors que dans une caisse de Secu de retraite, les jeunes nourrissent les vieux, solidairement plutôt qu’individuellement comme dans le système antérieur de bienfaisance sélective, dans un fonds de pension, les jeunes nourrissent les caisses dont les rentes payent les vieux mais aussi tous les profiteurs et sans garantie pour les jeunes cotisants.
    Ce qu’on peut conclure ici, c’est que la lutte de classe ne peut plus être organisée contre une classe définie, déterminée, visible, de bourgeois.
    Deux branches d’alternative s’offrent à nous :
    A) S’en prendre à la propriété privée et surtout à l’héritage (sauf la protection de la maison du misérable…), collectiviser les profits et les moyens de production (tout en encourageant l’esprit d’entrepreneur). C’est ce qu’explique et prône Piketty.
    B) S’en prendre à l’Etat social-démocrate pour qu’il restaure un semblant de répartition entre riches et pauvres (Don et Contre-don) et, dans ce but, instaure une maîtrise totale du marché des capitaux, de la spéculation, etc.
    Evaluer ces options nous demanderait de tirer le bilan de l’expérience sociale dite « communiste », ce qui est rendu impossible par le clivage idéologique qui nous organise…

    1. Avatar de JeNeSauraisVoir
      JeNeSauraisVoir

      La classe sociale est une stylisation qui ne semble pas avoir mieux réussi que les catégories antérieures ou l’approche plus ancienne. La notion de classe a enfanté la dictature du prolétariat… Nos ainés de 1789 n’ont pas parlé de la lutte des ordres ni appelé à la dictature du tiers-état ? Ils se rendaient compte des privilèges féodaux et de leur conséquence sur la vie (celle de la majorité de la population de l’époque, la paysannerie). L’abolition de ces privilèges a été le début d’un grand changement. Malheureusement la montagne n’est pas parvenue à régler la question de subsistance ni à engager « l’égalisation des fortunes » pour la simple raisons que c’est la bourgeoisie thermidorienne qui triompha en 1794.

      Par ailleurs, j’ai déjà indiqué dans un billet précédent que de nos jours, l’on peut être salarié avec des réserves à conserver ou à la fois patron et actionnaire. La possession de réserves devient nuisible quand les avances pour entreprendre ne permettent pas uniquement de les conserver (contre les risque d’érosion et de disparition) mais d’activer la « machine à concentrer les richesses ».

  6. Avatar de Didier Combes
    Didier Combes

    Merci pour ce billet très clair dont je partage l’analyse de la situation actuelle.
    Il est aussi comme un écho à une réflexion fataliste entendue en réunion syndicale où un syndiqué faisait remarquer que de congrès en congrès le bilan syndical était immuable et son projet de même.

    1. Avatar de JeNeSauraisVoir
      JeNeSauraisVoir

      Mon billet est loin d’être fataliste puisque je crois à la possibilité d’un mot d’ordre qui permettrait d’entrevoir une (autre) finalité au projet.

      1. Avatar de Didier Combes
        Didier Combes

        Oui c’est vrai.

  7. Avatar de CloClo
    CloClo

    Actionnariat, patronat, salariat, la trilogie des AT.

    Le jeu perpétuel du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette, le premier qui rit aura une tapette ».

    Alors JeNeSauraisVoir se demande :

    « Ce coup fatal, ce mot d’ordre ultime que doit servir la grève générale reconductible peut-il être autre que l’abolition du privilège actionnarial ? »

    Se poser les mauvaises question ne permet pas de trouver les bonne réponses. Et plus le temps passe, moins je pense que ces éléments conceptuels et ces catégories sont pertinentes en elle même pour comprendre l’enchaînement du réel. Car qui sont donc ces actionnaires in fine sur cette Terre ? Si ce n’est principalement les plus grands fonds de pensions mondiaux, des salariés US, des salariés de toutes les sociétés développées (Chine comprise), des fonds souverains de toutes les pétro-monarchies et des pays autoritaires qui placent pour leurs sujets, leurs affidés et leurs protégés, tous les fonds d’investissements qui récoltent les économies de tous les salariés des pays occidentaux et des possédants à travers le Monde et enfin le pognon en propre d’une belle brochette de millionnaires/milliardaires. C’est cela l’actionnariat en 2023 et depuis des décennies. Ce sont des centaines de millions d’individus en fait. On est loin des paysans de 1789 et de leur seigneurs… Et ni une grève, ni une seule revendication ne portera la solution ou ne résoudra la quadrature du cercle des AT ! Enfin ce que j’en dis.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Mais quand le résultat net par employé > 4x le salaire de l’employé moyen, sur 60 000 personnes, pas sur 6 traders dans un coin, il y a un indice « grave et concordant » que quelque chose déconne. (chiffre d’Exxon Mobil : 900 000$ de résultat net par employé, 60 Mds de $ de r n).
      Voilà un carré qu’on peut mettre dans un cercle en voyant où il faut (g)rogner grave.

    2. Avatar de JeNeSauraisVoir
      JeNeSauraisVoir

      On pourrait même ajouter que cette réforme des retraite est le moyen de faire entrer massivement les salariés français en actionnariat en les orientant vers la retraite par capitalisation. Mais quelle que soit la composition de l’actionnariat il n’y a de création de valeur que par le travail donc par un recours au tiers (encore pour un temps). Dès lors qu’un avoir n’est pas ‘consommé’ mais positionné en vue d’un accaparement prochain du fruit du labeur d’autrui il n’y a aucune raison que la collectivité soit tenue à l’écart des règle de répartition du résultat. Le contrat de travail n’est pas laissé à la discrétion du patron. Il pourrait en être de même pour la répartition du surplus dès lors que les moyens de la collectivité sont utilisés (et ils le sont toujours).

      Au demeurant, je n’ai pas bien identifié les « bonnes questions »que vous voudrez bien avoir l’amabilité de poser. Et pour alimenter le débat, peut-être pourriez-vous dévoiler également quelques éléments de ces « bonnes réponses » auxquelles vous aboutissez ?

  8. Avatar de timiota
    timiota

    En voyant le slogan d’une pancarte aujourd’hui « La retraite au Club Med, pas au Cimetière », je me suis dit en effet que le salariat n’avait pas su définir un « Bien », un but, un paradigme social.
    Et qu’il allait reproduisant les désirs petits-bourgeois (mon pavillon et mes vacances à Djerba), laissant un vide, ce vide étant en gros ce qui a manqué aux communistes pour tenir le choc des affligeantes bureaucraties soviétiques autant que des appâts addictifs de la fade société de consommation façon Amérique (celle qui a presque récupéré le Jazz et même le blues).

    My two pence : notre grande affaire à résoudre avant ou après une cata anthropocénique, appelons là l’affaire de la matière, avec un peu de Janco et de Stéphant (Aurore) s’il le faut, du Stiegler ou du Stagirite (l’hylémorphisme, je résiste pas). Moins de matière pour moins d’énergies fossile et une biodiversité maintenue.
    Notre addiction au travail fait qu’on va toujours « saloper » un coin ou un autre de notre environnement. Pour la juguler, il me semble qu’il faut associer le « non-travail » (= la retraite) au « non-salopage » : soit la maintenance, soit le « monitoring », bref , maintenir les savoirs et les pratiques qui convainquent qu’on ne salope pas. Ce qui implique de rentrer dans les cimenteries, les Lubrizoleries, et autres labos riches en chimie pour mettre son nez.
    Une humanité dont une partie admettrait qu’elle valorise son savoir-faire et son expérience en étant les yeux et oreilles de la biodiversité et du climat, quitte à ne tancer l’autre partie (celle « qui bossera encore un peu ») sans trop de vergogne, cela me parait une utopie pensable. On a moins d’enfant (en Corée du sud, c’est impressionnant) et le rôle des aînés n’est plus de s’en occuper au foyer. Le nouveau foyer est tout l’environnement, à l’échelle d’un quartier ou plus, et c’est là qu’il convient d’être « jardinier global » , au sein d’une mécanique urbaine et municipale à largement redéfinir, mais les expériences ne manquent pas à ce sujet (municipalisme …).
    Idée un peu « en l’air » mais qui pèse aussi lourd que les milliers de tonnes de ferrailles qu’on a produites et de déchets qu’on a rejeté pendant que je tapais ces quelques lignes.

  9. Avatar de Chabian
    Chabian

    Tiens, Paul Jorion a récupéré le 1) Merci, je m’en réjouis ! Tiens, j’ai oublié le 3) C’est la question dans le billet « Quel est l’objectif ultime du salariat et son chemin ? ». Autrement dit : « nous continuons de penser travail là où la question demeure le contrôle du fruit du labeur. » Et : Nous devons faire face à « quelque chose comme un vide, un impensé ou du moins une courte vue en matière de finalité de la lutte du salariat.
    J’aborde un peu cette question dans le 4/ mais je pense important de la situer dans l’histoire. Historiquement, les salariés se sont heurtés aux préoccupations marchandes du patronat, et ont obtenu des conditions avantageuses. C »est un autre débat, mais ils ont placé leurs questions de « sens de la vie » ailleurs que dans leur fonction (pleine de sens pour le paysan), dans le folklore, la fête, le congé payé, le loisir, la convivialité surtout. D’où la réduction du temps de travail (les 3×8; les 40 heures), et les jours fériés et congés payés. Mais ils ne sont pas sortis du salariat : ce n’est pas à eux de penser à un statut autre, sur lequel ils n’avaient pas la main (ce serait une révolution…). Ils l’ont amélioré.
    Ils restent donc toujours dans cette limite. Penser à « l’abolition du privilège actionnarial » ? Question intéressante, mais qui est dans les mains de qui ? Si on songe aux jeunes d’aujourd’hui (et à nous qui les regardons attentivement), la question est plutôt d’un autre sens à la vie. Donc peut être les conditions de la question et les conditions de la réponse sont modifiées : voyez mon post 4).
    (Il est temps de rejoindre mes livres de chevet…)

    1. Avatar de JeNeSauraisVoir
      JeNeSauraisVoir

      Il n’est pas question dans mon billet de sortir du salariat mais (et comme mentionné dans un billet précédent cité en entête) d’instituer et institutionnaliser la répartition du fruit du labeur. L’abolition du privilège actionnarial est un préalable plus propre à constituer un mot d’ordre.

  10. Avatar de Tout me hérisse
    Tout me hérisse

    Au début de la mise en place du système de retraite par répartition, 6 salariés cotisaient pour assurer la retraite de 1 retraité ; aujourd’hui, nos chères (trop chères 😉 ) élites politiques gémissent et nous expliquent que ce système est en danger car maintenant la proportion salariés / cotisant est passée à 1,7 pour 1 retraité, ces chères élites évitent de s’appesantir sur le fait que dans le même temps, l’ensemble des travailleurs salariés, – qu’outre, assurer les retraites de leurs aînés -, ont contribué à la formation de la richesse des entreprises, richesse qui s’est traduite par le versement de dividendes à des hauteurs jamais vues…
    Il serait donc temps de parler d’une répartition plus élargie que l’actuelle, basée uniquement sur les salaires…😏

    1. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @Tout me hérisse Une retraite par répartition c’est pour les salariés une répartition des ressources salariales entre salariés actuels et anciens salariés à la retraite.
      Changer les conditions de répartitions entre des deux catégories (carrière longue, age) c’est un moyen de conserver la part affectée aux retraites constante (on peut faire autrement).

      Vouloir trouver d’autres ressources supplémentaires c’est sortir du système, soit en augmentant les salaires pour l’employeur, soit par l’impôt, alors que la réforme vise justement à baisser la charge des retraites des fonctionnaires pour l’Etat.

  11. Avatar de Thomas Jeanson
    Thomas Jeanson

    Ce texte laisse à penser…et c’est bien.

    Il me semble peu prendre en compte la situation critique d’un système en bout de course, condamné à manger la société elle même pour tenir debout, faute de nouvelles terres à conquérir.

    Dans ce cadre, le salariat n’est pas en train de négocier ses vacances à Djerba, mais plutôt sa survie, ce qui est peu évoqué dans les banderoles.

    Le mot d’ordre pour moi, ce serait de réveiller un tout, plutôt que de désigner un responsable, de lutter contre la polarisation en cours, qui sera mortifère.

    Ce qui pourrait commencer par un grand ménage sur la corruption politique, financière, d’influence, et les responsables violents ou abuseurs. On ne peut rien batir sur ces bases.

    Et ça permet de remettre des valeurs basiques solides à la vue de tous.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Pas sûr de comprendre. Le salariat peut survivre mais dépourvu de nombre de ses droits (CHSCT, retraite, grève, … ) comme on le voit mieux au Royaume-Uni qu’ici, avec l’idée de transformer le travail en « auto-entreprenariat » généralisé. Je suis d’accord que c’est aussi une tendance qui ne déplairait pas au MEDEF, mais tant que dans le salariat tel qu’il va aujourd’hui, on peut presser des citrons humains et engranger des dividendes (des résultats nets précisément) zincroyables, je ne pense pas que l’attaque sur le salariat lui-même sera frontale. Que ce soit en France (tissu de grosses boites) ou en Allemagne (tissue de PME familiales, à gros traits), les RH savent faire les ajustement d’effectif de +/-20% au gré du vent économique, et filialiser/délocaliser/demander des aides pour relocaliser.

      Je comprends qu’il faille un principe de moralisation « intérieur » , mais les valeurs basiques qu’il sous-tend ne seraient pas grand chose si elles servaient juste à désigner les brebis galeuses et à tenir les autres brebis à carreaux, il me semble qu’une moralisation « extérieure » , et en gros « verte » (mais quelle nuance de vert… ?) d’attention à l’environnement, est nécessaire. Nous savons comme l’a dit Valéry que les civilisations sont mortelles, mais nous devrions savoir voir quelles inerties se mettent en place et rendent la vieillesse des civilisations plus ou moins vivable, et « valant la peine d’être vécu ». C’est, mis en terme plus moraux, le dilemme des métaphoriques « vacances à Djerba » comme seul horizon positif pour un salariat retraité. Je dois aussitôt nuancer avec la dimension internationale de cet « extérieur », on voit comment la lutte de l’Ukraine entraine des mouvements majeurs dans les pays baltes, la Pologne, questionne ce qu’il faut viser en Biélorussie (qui n’était pas loin de virer son Lukashenko), mais interroge aussi notre relation au monde africain notamment suivant des morales « deux poids deux mesures ».

      1. Avatar de Thomas Jeanson
        Thomas Jeanson

        Allez un petit test Timiota, donne 5 membres du gouvernement actuel !

        Ça y est tu les as ?

        Combien sont mis en examen, pris dans des conflits d’intérêts ou un historique d’abuseur ?

        Alexis Kohler / Dupont Moretti / Darmanin / Panier Runacher / ….

        C’est tout le troupeau qui est galeux.

        On fera rien avec ça en haut.

        Par ailleurs,

        La  » moralisation » n’a pas besoin d’être verte, pour moi.

        Une personne intègre qui respecte l’intérêt général, et qui se comporte respectueusement avec son prochain aura de facto une attention particulière pour l’environnement, parce que tout cela est lié, c’est la même chose !

        1. Avatar de Thomas Jeanson
          Thomas Jeanson

          Ps ( tout est lié)

          Aux Etats Unis, la maltraitance animale quand elle est détectée par l’administration entraîne une enquête pour maltraitance sur les personnes de la famille concernée ou tout au moins une attention particulière des services sociaux.

        2. Avatar de timiota
          timiota

          Je crains que ce combat, même si j’adhère au principe, souffre d’une faiblesse stratégique simple :
          Au fur et à mesure de la montée en puissance d’actions coercitives (les « Hautes Autorités » et autres CADA, puis les juges façon Eva Joly p ex), la classe dirigeante va faire un soi-disant cordon sanitaire, qu’elle déplacera au gré de l’opinion, comme on l’a vu pour les sorties des ministres mis en examen ou pas. Jouer d’un gradualisme qui l’arrange, en trouvant quelques boucs émissaires, sans plus (ou façon le Guépard, « tout changer.. » comme à l’IRSN=> ASN p ex ces jours ci).

          1. Avatar de Ruiz
            Ruiz

            @timiota La fusion ? transfusion ? IRSN=> ASN est le gage de turbulences indispensables à la préparation de notre propre et prochaine catastrophe nucléaire civile nationale.
            Est-ce dans les 98,17 % ou les 1,83 % ?

            1. Avatar de timiota
              timiota

              Quoi de plus intriqué qu’un EPR ? (Einstein Podolski Rosen).
              La réponse est donc « les deux mon général » !

  12. Avatar de Nikolaz
    Nikolaz

    En résumé, le salariat, c’est confortable. C’est bien ce qu’il faut lire ?

  13. Avatar de Yannick
    Yannick

    Merci pour ce texte et les commentaires.
    Il y a peu d’endroit comme ici où les sujets de réflexion ont une vraie profondeur. En tout cas, ce texte va alimenter la mienne un moment.
    Il y a qq mois, Paul avait posé la question: comment se structurer pour une vraie réflexion et – pourquoi pas – de potentielles actions ? Comment passer à l’action ?
    Y-a-t-il eu naissance d’un groupe ? Comment le rejoindre ?

    1. Avatar de Chabian
      Chabian

      Lequel d’entre nous lui répond que nous n’avons rien foutu ? 🙂

  14. Avatar de octobre
    octobre

    Le salaire des retraités non soumis à un employeur, n’est pas une affaire de guérilla mais le signal massif de l’émancipation des travailleurs. Et on comprend mieux pourquoi la classe dirigeante s’acharne à vouloir mettre fin à cette liberté, de fait cette conquête fut arrachée par des luttes acharnées, avec des hommes et des femmes déterminés à sortir de la misère. Il faut augmenter ce salaire, notamment pour les femmes, et le faire advenir beaucoup plus tôt dans la vie, dès la sortie des études très probablement, je veux bien entendu parler d’un salaire à vie, d’un salaire lié à la personne et non à un poste de travail.

  15. Avatar de Jean-Baptiste Auxiètre
    Jean-Baptiste Auxiètre

    Une entreprise appartient par abus seulement aux actionnaires qui ont 100% des parts alors qu’en soit comme un métayage « l’entreprise » est partagée entre le capital et le travail. L’erreur est que sous prétexte de salariat on a exclu les travailleurs de la propriété de l’entreprise et là on est en quelque sorte dans une erreur de comptabilité ! C’est bien le modèle de comptabilité utilisé qui pose problème. Normalement si on vendait une entreprise une partie de la valeur devrait aller aux salariés. Mais avec l’utilisation des machines même cela irait en diminuant et là il faudrait que comptablement en plus de la part des salarié il faudrait ajouter une part de la valeur de l’entreprise à la collectivité au titre que celle ci utilise les ressources, les routes etc… qui là aussi devrait comptablement appartenir à tous. C’est l’utilisation d’une certaine comptabilité plutôt qu’une autre souhaitable qui créé le déséquilibre sans fin.

    1. Avatar de Tout me hérisse
      Tout me hérisse

      Une solution ne résiderait-elle pas dans l’extinction de toutes les formes de sociétés par actions actuelles et leur transformation en SCOP où, les salariés de l’entreprise sont obligatoirement associés, avec droit de vote prépondérant au conseil d’administration.
      Cela protégerait également l’entreprise d’une prise de contrôle extérieure puisque statutairement, l’un quelconque des associés ne peut posséder plus de 50 % du capital social.
      L’on comprendra que cela serait la blessure fatale portée au casino de la Bourse, d’où, d’une manière certaine : punition des milieux financiers à l’égard d’un quelconque gouvernement qui se risquerait à une telle opération… 🤑

      1. Avatar de Ruiz
        Ruiz

        @Tout me hérisse il suffirait d’exiger que tout nouveau « travailleur » paye (avec un emprunt bancaire ?) la part d’action (de capital) correspondant à son futur emploi .. comme un agriculteur ..?

        1. Avatar de Jean-Baptiste Auxiètre
          Jean-Baptiste Auxiètre

          Non au prorata de son poste et des années passées dans l’entreprise plutôt ! Après tout pour un salarié c’est déjà le cas le P.D.G. avec ses stocks options

          1. Avatar de Ruiz
            Ruiz

            @Jean-Baptiste Auxiètre « au prorata de son poste et des années passées dans l’entreprise  » celà revient à exiger une augmentation de salaire ! ou à imposer une cotisation avec investissement dans l’entreprise (autre que la participation).
            Pourquoi ne pas envisager un salariat partiel avec une part variable partiellement réinvestie, mais ce ne serait pas au même niveau de salaire de base, comme pour les dirigeants.
            Mais sans être dirigeant c’est plutôt risqué, comme d’investir à la privatisation dans des actions EdF !
            D’autre part le risque économique n’est sans doute pas proportionnel au temps passé dans l’entreprise.
            Mais bon une coopérative (déjà en régime établi) peut jouer le rôle de banque et avancer le montant pour ses recrutements à la marge.

            Cela ne permets pas la constitution de nouvelles entreprises ni la conversion d’entreprises existantes, sauf spoliation des actionnaires, ou indemnisation massive et financement par l’impôt (inutile de réver aux investissements étrangers ..)

    2. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @Jean-Baptiste Auxiètre L’entreprise fait face à un risque économique lié à son activité, ce risque est porté par les actionnaires, le salariat élimine ce risque pour le salarié d’autant plus qu’il y a mensualisation et code du travail élaboré. Le jour ou le « travailleur » acceptera d’être rémunéré à la part (cf marin pêcheur) on verra et d’ailleurs dans ce cas y a t il une entreprise ? mais pas plutôt un bateau et des campagnes ?

      1. Avatar de Jean-Baptiste Auxiètre
        Jean-Baptiste Auxiètre

        Vous avez déjà vu un salarié d’une entreprise qui a fait faillite et qui n’existe plus. Évidemment que le salarié a un risque lui aussi !

        1. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          @Jean-Baptiste Auxiètre Sa situation économique future peut être moins bonne s’il ne retrouve pas un emploi équivalent ou meilleur, mais sa force de travail est intacte, il n’a rien perdu de son capital, s’il n’arrive pas à vendre sa force de travail à des conditions équivalentes, c’est sans doute qu’il était trop payé, de plus il bénéficie temporairement d’allocation d’adaptation. Comparé à un sous traitant indépendant, un journalier, un micro-entrepreneur il ne courre aucun risque au contraire. Sinon c’est valoriser dans son capital l’espérance qu’il a d’une carrière future.
          Le risque de disparition de l’entreprise, comme celui de licenciement économique (généralement indemnisé) est le seul argument qui pourrait justifier une participation aux décisions, (en cas de mauvaises décisions), mais cela ne fait pas des salariés des apporteurs de capitaux (sonnant et trébuchants) de nature à absorber les risques économiques de l’entreprise, à moins de transformer une estimation virtuelle d’une telle perte en un fonds prélevé au fur et à mesure sur la valeur ajoutée en plus du salaire, c’est d’ailleurs un peu le cas des cotisations d’assurance chomage-que l’on cherche à diminuer- de retraite qui sont détachées de l’entreprise- sauf régime spéciaux- de fonds de garantie des salaires, et les prélèvements/pertes sur le capital des actionnaires en cas d’abondement deplan social.

          1. Avatar de Jean-Baptiste Auxiètre
            Jean-Baptiste Auxiètre

            Oui, il et tout à fait évident qu’un déménageur de 65 ans a la même force de travail qu’il en avait à 25 et donc que sa force de travail est intacte ! Et qu’en effet les parts qu’il n’a pas reçues il n’a pas pu du coup les perdre…De plus son « capital » est le nombre d’années qu’il peut encore travailler, muliplié par sa force de travail donc là aussi son capital n’est pas du tout intact ! CQFD.

            1. Avatar de Ruiz
              Ruiz

              @Jean-Baptiste Auxiètre Cela veut dire que le salaire qu’il perçoit de son employeur, contraint par le code du travail ne corresponds plus à sa valeur, il vaudrait mieux que sa rémunération si l’on souhaite la conserver à ce niveau soit le résultat d’une allocation (répartition) prélevée par des cotisations sur les revenus de l’activité de travailleurs plus jeunes
              en complément d’un salaire plus réduit (retraite progressive) et non pas assurée de manière invisible par l’application des règles du code du travail salarié dans la comptabilité de l’employeur, avec les tentation que celà implique (licenciement, économique au mieux).

      2. Avatar de Chabian
        Chabian

        En Belgique, la multinationale Alhod-Delhaize annonce un résultat exceptionnel au 3e trimestre, augmente de 33% son PDG, puis décide au 1er mars 2023 de franchiser les 125 magasins qui ne l’étaient pas encore. Une manière de licencier et de changer les conditions de salariat tout en évitant de devoir financer un « plan social ».
        L’actionnaire risque une partie de son épargne, le salarié la totalité de son revenu…

  16. Avatar de Garorock
    Garorock

    M Montebourg (de gauche?) lorqu’il est parti du ministère du redressement productif avec son carnet d’adresses et son intégrité pour se lancer dans l’entreprenariat a t-il monté des SCOPS?
    Non.
    Alors attendre que B arnault transforme LVMH en kibboutz…

  17. Avatar de Guy Leboutte

    Bonjour,

    Quelques réactions en vrac.

    Tout d’abord, une caractéristique quasi universelle dans le commentaire politique ou historique, qui aujourd’hui, les années passant, me fait sourire, après m’avoir désespéré : une assignation de sujet abusive, souvent plus ou moins monolithique.
    Dans ce billet, c’est LE salariat. Ça me donne envie de demander son adresse et son numéro de téléphone, du salariat.
    Non seulement LE salariat a tendance à être UN, mais on lui impute une conscience (hem, voir ailleurs…), des volontés, des erreurs et des manquements, etc.
    Les commentateurs politiques font pareil par rapport aux élections: L‘électorat X fait ceci cela, L‘électorat Y a voulu (avertir, préférer, …) etc.
    Ailleurs, LE peuple, une assignation de sujet / généralisation qui me donne des boutons.
    Donc je souris, c’est moins éprouvant que bouillir de colère, ce que j’ai fait pendant quelques années.

    Ensuite. « Les salariés combattent à court terme, les classes possédantes font des plans à long terme » .
    Ben oui, la grande bourgeoisie est, toujours aujourd’hui, constituée en classe d’une manière tout à fait active (voir les Pinçon-Charlot), et qui a le loisir de réfléchir?, qui s’inquiète de sa succession qui chiffre?, qui fonde une « dynastie » ou la transmet? Rien de tout ça chez les prolétaires, dont l’étymologie très justement dit « qui n’ont que leurs enfants [pour richesse] ».
    Je ne vois pas l’intérêt de juger « LE » salariat sur cette caractéristique: elle est structurelle.
    En revanche, je ne modérerais pas ma critique des organisations syndicales. Elles étaient héroïques à leurs débuts, et au départ même, illégales. Mais les temps ont bien changé. Les syndicats sont pourvoyeurs de places confortables où se reposer, parfois pour le restant de ses jours, de la condition salariale dure. Le pire, c’est que le court-termisme attribué ici aux salariés, que je ne peux juger, trouve sa forme concentrée et formalisée dans des organisations qui disposent de bureaux d’étude et de temps de cerveau disponible pour la bonne cause, ce que je ne peux excuser.
    C’est un grand réconfort pour un salarié de se voir défendu inconditionnellement par son syndicat contre son employeur, mais en règle générale je ne vois aucun syndicat d’enseignants développer une réflexion sur l’école, ne parlant que de « moyens », de « moyens », de « moyens ». Je ne vois aucun syndicat ouvrier/employé tempérer sa défense bornée de la création d’emplois précaires, par une réflexion sur l’urgence climatique qui ne va pas tarder à faire payer bien plus cher aux modestes. Ne parlons pas des syndicats d’entreprises de l’armement. Et ceux de l’automobile ?…
    Je ne regrette pas que les syndicats n’aient pas la solution à des questions difficiles, je déplore qu’ils n’ouvrent même pas la réflexion.
    Ceci n’exclut pas la présence de personnalités admirables au sein des organisations syndicales – comme partout en fait. Dans ma ville de Liège un syndicaliste incorruptible, Jacques Yerna, qui a toujours décliné les offres de strapontin ministériel que lui faisait le PS, a un jour (années 1970 ?) posé la question aux ouvriers de la Fabrique Nationale, autrefois appelée « d’armes de guerre », qui a valu à la Belgique d’être pendant longtemps le premier exportateur mondial d’armes de poing. Lors d’une assemblée de grève où il venait en soutien, Jacques Yerna donc leur a dit « Mais tout de même, n’oubliez pas que votre production sert à tuer des gens. Il faudra bien un jour en discuter.  » Il a été hué. Les choses ont suivi leur cours, Jacques Yerna a continué de les défendre, mais qu’est-ce que son syndicat fait de ce genre de questions? Rien, rien de rien.
    Voilà le genre de manquements inexcusables, typiques des « représentants » des classes salariées.
    Aujourd’hui, les syndicats échangent des emplois à Herstal contre des morts au Yemen et ailleurs.
    Et par rapport au climat, ça va continuer, globalement soit dit. Ils vont échanger des miettes immédiates contre un désastre prochain, et à une sacrée autre échelle.

    Bon. J’avais me semble-t-il d’autres choses à dire, mais j’ai oublié. Ça me reviendra. 

    1. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @Guy Leboutte Actuellement ça sert à tuer des russes (souvent pauvres) et quelques tchéchènes, y compris des repris de justice et à permettre d’espérer intégrer l’Ukraine plus encore dans le mode de vie européen, voire nous rassurer de pouvoir continuer.
      C’est plutôt bien vu pour certains par les temps qui courrent ?

      1. Avatar de Guy Leboutte

        Ruiz
        ???
        Il y a un critère qui doit primer sur toute chose: le droit à l’autodétermination des peuples, et le droit de résister à une invasion.
        Faites un effort d’imagination: Vous êtes ukrainien. Que faites-vous?

        Le rapport avec le salariat est un peu lointain, ici.

        1. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          @Guy Leboutte C’est en rapport direct avec « sert à tuer des gens. Il faudra bien un jour en discuter. « , si cela peut rassurer l’absence d’éventuels états d’âme des syndicalistes de Herstal ou analogue, ou la réflexion de ceux qui ont fait qu’en France il n’y a sans doute plus de capacité industrielle équivalente alors que les évènements d’ukraine sembent montrer que des capacités nucléaires qui ont le même usage, ne rendent pas obsolète tout usage de capacité plus classique.
          Nulle critique des droits invoqués par les différents nationalismes.

  18. Avatar de Endora78 et Dimitri78
    Endora78 et Dimitri78

    Et pendant ce temps, les raffineurs et les raffineuses de la CGT et pétro-chimie vont tranquillement rentré.es chez eux en voiture après le blocage pendant que des millions de travailleurs et de travailleuses n’ont pas accès à l’essence pour travailler et maintenir leur pouvoir d’achat en pleine période de hausse des prix ou voir leurs proches dans des moments parfois difficiles.

    1. Avatar de Chabian
      Chabian

      Prêchez la zizanie, il en restera quelque chose… Heu, vous vouliez qu’ils rentrent en jet privé ? à l’aune de la violence des capitaux, la violence des prolos est toujours mesurée.

    2. Avatar de Pascal
      Pascal

      Vous avez raison Endora et Dimitri, ce qu’il faudrait c’est une grève qui ne dérange personne, une grève 2.0 qui defilerait dans le Métavers. D’ailleurs Nicolas Sarkozy s’y était attelé. Par exemple, les enseignants peuvent faire grève, désormais ça ne dérange plus personne. Les parents ne sont plus « pris en otages » par ces fonctionnaires aux vacances à rallonge.
      Il me semble que la plus grande des frustrations vient du fait qu’effectivement, si la grève dérange encore, elle ne dérange plus que la classe moyenne et laborieuse. Les forças du dividende, eux, n’ont plus peur de voir leur pourcentage baisser par un blocage d’usine. D’ailleurs, les usines sont maintenant dans d’autres pays. C’est sans doute ce que n’ont pas compris (ou chercher à comprendre) les syndicats. On se la joue à l’ancienne, l’imagination n’est plus au pouvoir. On attendra sagement le décompte de la police pour le comparer à celui des syndicats toujours gonflé. On comparera avec les précédentes mobilisations pour tenter de pronostiquer la suivante. Mais ça ne dérange pas le pouvoir exécutif. A Paris, on est habitué à la « grogne » à la française.
      Il y a quelques temps, on avait appelé le Préfet Lallemand, parce que les gens c’étaient mis à défiler sans même attendre le mot d’ordre des syndicats. Macron disait : qu’ils viennent me chercher ! Aujourd’hui, on ne l’entend même pas, ça ne bouscule en rien son agenda. On n’a même plus besoin du nassage des manifestants. Ils sont bien encadrés par les syndicats. A quoi bon faire grève ?

  19. Avatar de Endora78 et Dimitri78
    Endora78 et Dimitri78

    La perte de pouvoir d’achat massive que la France est en train de vivre, les travailleurs et les travailleuses qui dépendent de leurs travail n’ont même pas eu droit au mot, elles et ils doivent subir seulement alors qu’ils ont des familles à nourrir et des proches aussi à aider, c’est terrible pour certain.es en ce moment, et les représentant.es syndicaux lors des discussions mêmes pour des raisons médicales interdisent de poursuivre leurs chemins, le choix de blocage reconductible et de pertes reconductibles est une décision indépendantes des 9 syndicats dont étudiant.

  20. Avatar de Ruiz
    Ruiz

    Combien faut-il de jour de grève par an pour égaler le déficit des retraites ?
    17 milliards qu’y disent soit environ 500 € par actif (? 30 millions) à peu près 5 jours si on s’y mets tous !

    Comme le but de la grève est que la réforme ne passe pas il y aura une réforme ensuite tous les ans et ces 5 jours de grève reconductible totale annuelle …

    1. Avatar de Guy Leboutte

      Le principe de la grève est de coûter au patronat, aux actionnaires, en argent, et pour certains en image. Dans les secteurs publics, ça se complique.
      La grève coûte toujours aux grévistes, et aussi à d’autres qui n’ont rien demandé.

      Réfléchissons sur les 14 mois de grève des femmes de chambre de l’hôtel Ibis. 14 mois sans revenu, vous vous rendez compte ?

      Je suis d’accord que les syndicats ne brillent pas toujours par l’inventivité. Par exemple, je ne comprends pas que les mouvements dans les transports en commun ne s’essaient pas à rouler gratis pour les usagers. La première réponse ici, dans ma région et dans la bouche des éventuels grévistes, c’est: « Mais c’est illégal ! » Ça me paraît bas de plafond, pour reprendre une formule qu’aime Emmanuel Todd.

      1. Avatar de Ruiz
        Ruiz

        @Guy Leboutte Avec les nombreux abonnements mensuels subventionnés par les entreprises, le coût marginal pour l’usager travailleur est nul, donc la gratuité sans incidence, alors que la grève qui supprimme le service peut couter à l’employeur (l’Etat c-à-d nous / au moins Melenchon) par les remboursements maintenant habituellement effectués en pareil cas.

        1. Avatar de Guy Leboutte

          Il y a de moins en moins d’ »usagers travailleurs » à transports gratuits, ne rêvons pas. Le transport en commun payant, c’est ringard:

          Il n’y a aucun système gratuit qui ne coûte à personne évidemment. Il « suffit » de renoncer à un kilomètre ou l’autre de béton, et c’est financé! Fait à Roubaix. C’est le problème des décideurs de trouver le morceau de programme auquel renoncer, ça les occupera, si un mouvement massif exige la gratuité, et surtout pour les précaires, intermittents, intérimaires et exclus de toutes sortes.

          Les transports en commun, c’est ringard, même à Kansas City ! Aussi le Luxembourg, Aubagne depuis 20 ans, Tallinn, etc.
          https://condrozbelge.com/2019/12/15/grand-duche-de-luxembourg-kansas-city-les-transports-publics-payants-cest-ringard/

  21. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    Le capitalisme est un système concentrationnaire. Il agit comme la gravité sur la matière en le faisant sur la « richesse ». L’injonction primordiale tend à rassurer l’individu devant l’inéluctable, toutes les potentialités qui l’enverra dans la tombe, en attribuant au pognon sa vertu « capitale », qui le rend si précieux, le pouvoir de contrôler son destin à lui, les autres qu’ils se démerdent.
    « Toi accumuler pognon, toi mourir moins facilement ». On remercie au passage Calvin.
    Cette perspective éclaire comme le soleil au zénith sur une plage des Caraïbes le parallèle avec le message chrétien et l’indispensable alliance entre le capital et la propriété.
    Le capitalisme cristallise la peur d’avoir peur de mourir. Il a pris la place du paradis immatériel avec toutes ses contraintes morales pour y accéder.

    Morale – Paradis (après la mort)
    Pognon – Pouvoir (tout de suite, c’est quand même mieux)

    Nous sommes «la civilisation de chiards» qui affrontons la peur de notre fin individuelle en accumulant des richesses illusoires dans la croyance que nous sommes plus dommage que tous les autres. (Merci ChatGPT qui nous oblige à se regarder en face)

    Paris (la France) c’est le CAC40. Les Français se lèvent tous les matins pour faire rayonner les trois plus grosses capitalisations boursières. Paris, par effet de concentration capitalistique, s’est spécialisé dans le commerce des parures dont se travestissent les riches (un genre en soi, classe c’est poussièreux). Toutes ces petites économies individuelles pour que les riches puissent se la péter dans leurs petits salons feutrés, elle n’est pas belle la vie…

    Alors, par où commencer pour bien faire.., peut-être arrêter d’avoir peur..

  22. Avatar de Tout me hérisse
    Tout me hérisse

    Le gouvernement demande aujourd’hui l’application de l’article 44-3 de la constitution, c’est à dire un vote unique du sénat sur l’ensemble de la loi, avec le cas échéant, les amendements proposés ou acceptés par l’Exécutif : le doigt d’honneur est très tendance en ce moment… 🤥

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