Taxe Sismondi : quelques propositions, par Timiota

Sur le fond, l’incapacité à penser l’évolution du travail est grave, docteur.

Je n’ai pas suivi le « revival » de la taxe Sismondi, mais à mon avis, pour qu’elle puisse voir le jour, il est bon de distinguer parmi les automates de tout poil :

– Ceux qui sont dans les services au public (ce qui comprend des automates d’accueil à une agence bancaire) qui doivent leur « taxe Sismondi », au prorata du nombre de clients-heures traités par exemple (le SMIC horaire ?).

– Ceux qui sont dans des chaines de fabrication non accessibles au public (au mieux en prise sur des grossistes): là, l’innovation industrielle va continuer son chemin, quand on atteint la limite des usines à télé Samsung (15 personnes pour une prod de milliards d’écran, valeur ajoutée et investissement ++), il vaut mieux se poser la question de la concurrence et si elle ne peut plus avoir lieu (difficile de faire deux usines jumelles pour le plaisir, elles ne se différencieront guère techniquement compte tenu des contraintes techno identiques, la concurrence n’aura pas lieu), penser à la nationalisation.

Il reste bien sûr tout une zone grise. Je fais un automate à toiletter les chiens et les lemmings, et je débauche un de mes 2 employés. Je fais un transpalette qui vise mieux le bas de la palette et fait gagner 10% de productivité, donc réduit l’effectif de l’entrepôt de 20 à 18. Sismondi ou pas Sismondi ? Car la réalité ne se présentera pas sous la forme pure, c’est à l’occasion de fluctuations importantes du flux d’affaires, à la hausse ou à la baisse, que je vais me décider pour le transpalette efficace. Donc on ne verra pas le 10% comme une marche sur le graphe de l’effectif de l’entrepôt. Et on aura du mal à compter la productivité sur le temps long pour en tirer argument : Les palettes vont évoluer, les camions et leurs plateaux de chargement aussi (pour répondre aux arrangements urbains nouveau par exemple, ou permettre des transferts à des « vélo-cargos »), de sorte qu’on ne pourra pas suivre un chiffre de productivité significatif sur 10 ans. Un palliatif serait de taxer l’intelligence embarquée ; de faire des normes de puissances de micro-contrôleur (Arduino =1, Raspberry=3, ST-Nucleo =2, …) et de taxer l’usage professionnel d’un produit en content : taxe sur l’intelligence exploitée (TIE) qui pourrait fonctionner comme une TVA (pour les producteurs de machines ayant ces chips, il auraient un crédit en quelque sorte).

Bref: comment les machines vont nous mettre à la retraite, sans nous user, sans pousser d’autres à nous demander de nous user, et tout ça sans nous voler. Peut-on définir une dynamique vertueuse et contagieuse ? En commençant par les actes les plus fréquents (l’achat au supermarché ?).

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29 réponses à “Taxe Sismondi : quelques propositions, par Timiota”

  1. Avatar de Garorock
    Garorock

    Pour entamer une dynamique vertueuse, cesser de consommer tout ce qui est fabriqué par des robots.
    C’est la proposition No 2 du sain(t) tryptique.
    Chiche?

    1. Avatar de Maxfriend
      Maxfriend

      « …cesser de consommer tout ce qui est fabriqué par des robots. »

      J’aimerai bien des exemples …

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

        Twitter, facebook, tiktok, etc…
        Plus difficile: SUV,Smartphones,Télés…
        Parade: acheter d’occasion; faire réparer par des êtres humains.
        😎

        1. Avatar de Maxfriend
          Maxfriend

          « Twitter, facebook, tiktok, etc… »

          Je suppose que vous voulez parler des réseaux sociaux… Ici même, c’est un réseau social, pas de serveur, pas de blog … Pas de PC ou de smartphone, pas de blog…

          Pour ce qui est de l’achat d’occasion et de faire réparer par des humains,… très bien sur le principe, mais non, le robot est quand même derrière votre achat d’occasion, chez Renault ça à commencé en 1976 à Flins, vous connaissez la suite…

          Je vous mets au défi ensuite, de faire réparer un quelconque appareil en votre possession sans que la robotique n’intervienne dans ce processus. Vous pouvez parler d’une télé ou d’un smarphone ou de tout autre appareil contenant un composant électronique, même d’une ampoule LED, la fabrication et l’assemblage de leurs composants électroniques sont hautement robotisées, parce que leur miniaturisation et leur vitesse de fabrication sont hors de portée des capacités humaines.

          Par ailleurs, même le fraisage d’une matrice ou d’un moule d’une pièce en plastique sera robotisé.

          Si vous avez la chance de trouver un réparateur qui ne vous remplacera que le composant défectueux, (c’est une activité qui se développe, bonne nouvelle), il le fera de manière assistée par un bras piloté, et le diagnostic de panne aura été fait avec un appareil lui-même bourré de composants électroniques…

          1. Avatar de Garorock
            Garorock

            Je veux surtout parler des GAFAMS (je sais tiktok est chinois) qu’il serait peut être souhaitable de boycotter dans la mesure du possible: je ne suis pas sur minitel!
            Pour le reste, vos précisions pertinentes sont à ranger dans la catégorie: on ne peut pas faire autrement!
            La taxe Sismondi me semble rentrer dans la catégorie: on est pas près de la voir venir!
            Donc si on additionne les deux, on obtient le résultat suivant: tout va continuer ainsi…
            😎

            1. Avatar de Ruiz
              Ruiz

              @Garorock Pour les GAFAM.T les bénéfices ne viennent que de l’activité publicitaire, qui elle est financée localement il suffirait de taxer plus fortement toute publicité en ligne, ce qui pourrait devenir possible maintenant que la société s’est adaptée et qu’il n’y a plus de raison de subventionner un tel secteur devenu mature.

  2. Avatar de Garorock
    Garorock

    Sinon vous pouvez aussi aller manifester pour la retraite à 63 ans.
    Pas vu de pancarte avec la tête de Sismondi à coté des drapeaux russes.
    J’en ai vu une avec écrit: ChatGPT: Ta gueule!
    Sans doute un chomeur jaloux et anti impérialiste égaré…

  3. Avatar de Maxfriend
    Maxfriend

    @ Timiota
    Je suis tout à fait d’accord avec le principe, mais dans la pratique qui va payer en dernier ressort : le client dans l’achat du produit ou service. Le pognon des entreprises ne vient que de là. Ce sera un prétexte supplémentaire à une hausse des prix.

    Je pose donc les questions suivantes :
    – corréler les bénefs à l’effectif humain pour la taxation robot, pour taxer plus une entreprise qui dégage le même bénef qu’une autre, mais avec un effectif moindre ?
    – Taxer donc sur le résultat et en particulier sur la part de ce résultat distribué en dividende ?
    – Taxation à un taux progressif ? plus le ratio résultat/effectif humain est élevé, moins il y a de probabilité qu’il soit effectué avec des bras et des cerveaux humains…

    1. Avatar de Timiota
      Timiota

      Ceux qui s’équipent en robots ont à mon avis fait le choix d’une rentabilité à moins de 5 ans, car les économies en main d’œuvre c’est « vertueux » (effet rebond à sa façon) : une personne de moins aux RH pour 8 emplois supprimés, etc.

      Donc je pense qu’on leur imposerait de fait de passer à une rentabilité à 15 ans, ce qui correspondrait peu ou prou à financer autant de retraites des employés virés : ce ne serait que justice et c’est le dividende qui diminuerait.

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

        Les employés virés n’iraient pas forcément à la retraite…
        IL faudrait que le robot cotise pour la retraite et le chômage.
        Si on doit passer directement du chômage à la retraite, a quoi bon faire deux caisses?

        1. Avatar de timiota
          timiota

          C’était un raccourci.
          Dans le contexte de cet hiver 2023, libérer des gens de 62 ans donne du carburant à la vie sociale.
          C’est aussi à cela que doit aboutir une taxe Sismondi:

          Gestion bénévole des individus en difficulté et de la « matière » (nourriture, bois, recyclage de toutes sortes) pour minimiser les impacts environnementaux (dans les deux cas : une personne âgée dépendante chez elle, cela évite de construire une chambre d’EHPAD de plus).

          1. Avatar de Ruiz
            Ruiz

            @timiota Faudrait-il alors taxer les robots qui s’occupent des personnes dépendantes ?

            1. Avatar de timiota
              timiota

              Oui, pour les « ré-humaniser » et « ré-environner » avec une dose humaine d’humanité…

        2. Avatar de Ruiz
          Ruiz

          @Garorock La retraite c’est quand la ressource humaine n’est plus utilisable/disponible au travail , le chômage c’est quand la ressource humaine disponible n’est pas utilisée. Les robots, où tout au moins leur introduction devrait cotiser pour financer le chomage transitionnel.
          Celà n’a rien à voir avec la retraite humaine.
          Les robots devraient cotiser aussi pour leur retraite : démantèlement traitement des déchets, recyclage.

          1. Avatar de Ruiz
            Ruiz

            .. pour les robots ménagers c’est déjà le cas à l’achat.
            pas pour le chômage, mais il n’est pas indemnisé !

          2. Avatar de timiota
            timiota

            Chômage/retraite devraient devenir un continuum non stigmatisé, tout comme réparation/recyclage pour les objets, si on me pardonne l’analogie.
            La notion de « recherche d’emploi » (caractérisant le chômeur) est, pour ce que j’en entends, un objet social très très mal défini, qu’on a laissé dans son état anomique faute de mieux.
            Il y a une bonne vingtaine d’années de vie en jeu (50-70 ans à la louche). Le congé parental donne une idée (mais dans la tranche 20-50 ans) parce que l’occupation sociétale a trouvé un sens explicite (les enfants… on n’est pas au kibboutz !).
            Il est clair que pour les enfants, on sait que c’est eux qui « savent » réclamer l’attention des parents, c’est pourquoi l’activité n’est guère questionable (le juge des enfants pouvant même incriminer le manque de soin quand les services sociaux l’alertent).
            Quantifier des activités sociales plus lâches et moins en contact avec l’intimité des gens, sans la tyrannie d’un « crédit social » à la chinoise, c’est délicat dès qu’on tangente des activités qui sont aussi monétisables (services de toutes sortes).

            Peut-être que les activités sociales qui seraient liées à une extension drastique de la gratuité seraient les mieux placées pour servir de socle à des changements importants ? Le contrôle (philiesque…) de flux gratuits serait lui-même « bonussé », donnant accès à de la gratuité quelque part (pour les gens des particules élémentaires, je suis en train de créer des « anti-particules » d’argent !)

            1. Avatar de Ruiz
              Ruiz

              @timiota Miser sur le bénévolat et le tout gratuit c’est démonétariser les échanges et l’activité, pas forcément diminuer l’interdépendance avec le groupe (bien au contraire ?) c’est se rapprocher d’un mode de vie en communauté (familiale pour les enfants), monacale, militaire pour le conscrit, etc.

              Pas forcément un sentiment de liberté (illusoire ?) que l’échange monétaire procure (y compris au mendiant SDF).

              L’apport de moyens d’existence aux personnes devenues inaptes est un rôle qu’apporte toujours la collectivité, famille ou ici l’État qui tends parfois à lui diminuer son rôle par des allocations minimum viellesse … ou des avances, à financer par l’impôt.

              La retraite est un plus pour les salariés, il serait normal que cet avantage soit la contrepartie d’un prélèvement sur la rémunération du travail salarié.
              Peut être pourrait-on commencer par là pour un revenu universel et considérer que tout le monde à droit au minimum vieillesse, ce qui boosterait les retraites et les impôts.
              Il serait possible dans un premier temps de commencer par la prise en charge de l’assurance maladie.

      2. Avatar de Ruiz
        Ruiz

        @Timiota Un robot ou une automatisation c’est aussi ce qui va permettre (il faut le vouloir) de supprimer des tâches exténuantes que les 55-70 ans rechignent à remplir (entrepôt Amazon, assistance à la conduite des poids lourds .caisses automatiques avec rendu de monnaie..) et assurer ainsi une poursuite acceptable dans l’activité pour équilibrer le régime par répartition.

  4. Avatar de Emmanuel
    Emmanuel

    Nouvelle application de ChatGPT dans mon environnement professionnel : mon supérieur hiérarchique a fêté hier soir son pot de départ, et devinez quoi ? Il a demandé à ChatGPT de lui écrire son discours. ça été parfait (avec une grosse pointe d’humour, of course !), et, en lui déroulant ses conseils, il lui a même fait celui auquel on n’aurait pas pensé en la circonstance : être authentique… A quand le remplacement des politiciens pas des robots [empathiques] (« je vous ai compris, etc… ») ?

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Quand j’ai commencé à ne plus me sentir en phase avec mon environnement (déjà au service militaire, puis après avec des mandarins divers et (a)variés), je voulais quand même « la ramener » en essayant de dire une vérité. Vous allez voir le rapport.

      Il me semble que la question soulevée par ces ChatGPT est l’adhésion à ce qu’on dit. Ce qui n’empêche pas à côté d’exercer de la réflexivité ( » ce à quoi j’adhère n’est-il pas aussi une expression de mon milieu bourgeois, de l’environnement sexiste général, etc. ») . C’est sur les décisions un tant soit peu concrètes qu’on teste l’adhésion, et c’est là qu’est le lien avec ce qui précède : Je me souviens d’avoir dit (ou eu envie de dire très fort) en fin de ma prise de parole « j’ai dit », comme disent les indiens dans Lucky Luke.
      Je crois que ce « j’ai dit » donne l’épaisseur de qui sépare un blabla chatGPT d’une expression individuelle.

      Ce qu’a fait ce patron est juste de demander à chatGPT de quoi confirmer son statut, et en particulier le flanc « discursif » de son statut. Pas d’adhésion à autre chose que la musique déjà écrite en somme.
      Mais je ne suis pas dupe non plus : à force d’utiliser chatGPT, des opinions vont s’agglomérer et se cristalliser et des décisions globales vont s’infléchir. L’adhésion collective est modulée par les outils collectifs, ça c’est plus dur (un peu Stieglerien aussi …)

      1. Avatar de CloClo
        CloClo

        Tu es un vénérable maître Timiota ! 🤣

        Tu l’as dit bouffi !

  5. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    Et si un bunch de milliardaire dépose demain un brevet sur la structure d’une machine vraiment pas conne, genres ChatGPT^10. Capable de maîtriser en 2 secondes tout le processus de l’invention en passant à la rédaction et de dépôt de brevet, on fait quoi !
    Le cadre de fonctionnement des sociétés occidentales vit ses dernières heures, capitalisme, propriété privée de tout et n’importe quoi, travail, marchandisation de tout et n’importe quoi, $$$$$, etc…
    Il y a la sortie vers le haut, celle qui commence par des propositions comme celles de Paul, celle vers le bas, soit le fascisme façon Poutine et consort pour garantir que la phase dure de l’effondrement dans un climat de catastrophes naturelles nous élimine à coup sûr dans un déluge de barbarie et ne rien faire, la providence pourvoira.

  6. Avatar de Tom
    Tom

    Des taxes Sismondi comme le dit Timiota, ça reste bien compliqué à mettre en place pour tout ce qui est intermédiaire mais aussi par rapport à la question du repère chronologique (quel référence choisit-on pour comparer différents domaines où les avancées technologiques ont eu lieu à des époques différentes).

    Ça semble plus faisable (techniquement parlant en tout cas) de s’appuyer sur les effets de la robotisation pour promulguer des lois de limitation sur la production/consommation autorisée (gratuité de l’essentiel, renchérissement du reste, avec une dose de démocratie pour l’établir), une révision de l’imposition sur le revenu et le capital, de la renationalisation/collectivisation des communs/infrastructures aux différentes échelles des territoires, éducation de la société vers des loisirs et des activités communautaires vertueuses socialement et écologiquement parlant (sans oublier l’économique, mais pour moi, ce qui est bon écologiquement parlant est nécessairement bon sur le long terme pour l’économie !).

  7. Avatar de Fredeick
    Fredeick

    Un député a proposé un amendement pour taxer les robots. Sa proposition a été qualifiée d’idiote par les macronistes. En retour il a précisé que cette proposition est, entre autres, défendue par Bill Gates.

    https://twitter.com/Benjam1Lucas/status/1620822821621436429

    1. Avatar de Paul Jorion

      Voir ma vidéo – « Les machines pourraient financer une allocation universelle », le 21 juillet 2014

      J’avais signalé en 2017 :

      P.J. : Bill Gates a en tout cas repris la proposition en des termes quasi identiques aux miens dans cette vidéo de 2014 ; on n’arrête ni les bonnes idées, ni le progrès !

      1. Avatar de Garorock
        Garorock

        Bill Gates qui a crée une fondation qui in fine lui rapporte plus d’argent qu’elle n’en distribue…
        Autrement dit, depuis 2014, de l’eau a coulé sous les ponts et des dividendes ont ruissellé dans le Delaware. Et Bill a eu le temps de changer d’avis pour être en phase avec ses amis de la silicoke valley…

  8. Avatar de Otromeros
    Otromeros

    Q pût bien faire l’ « État » avec ces 55 milliards-€ offerts au privé..par la privatisation des autoroutes?

    ((s’il m’est permis.. d’intérêt public en ces temps de disette.. via Médiapart du 1 février , signé Martine Orange.))

    Extraits significatifs :

     »  »  » Alors que les péages augmentent à nouveau, le rapport de l’Inspection générale des finances, révélé par « Le Canard enchaîné », remet en lumière la rente exorbitante des autoroutes concédées au privé.
    Une situation héritée des choix faits en 2015 notamment par Emmanuel Macron et Élisabeth Borne.

    …(…)…
    Pour certains membres de l’exécutif, à commencer par Emmanuel Macron, Élisabeth Borne, Alexis Kohler, cela a même un effet boomerang.
    La situation actuelle découle directement des choix qu’ils ont faits en 2015. À l’époque, ce sont eux, contre la volonté des responsables parlementaires qui voulaient renationaliser les autoroutes, qui ont supervisé les contrats signés avec les sociétés concessionnaires , leur accordant des droits et des privilèges exorbitants, et organisant délibérément l’impuissance de l’État face aux intérêts privés.
    …(…)…
    C’est l’Inspection générale des finances qui le dit : l’accaparement de monopoles physiques essentiels par le privé, sans contrôle et sans régulation, a conduit à la constitution de rentes indues. L’instance de contrôle la plus élevée de Bercy les évalue à 55 milliards d’euros, au détriment des finances publiques. La somme est si énorme qu’elle recommande un raccourcissement des concessions accordées ou une taxation supplémentaire de ces surprofits.
    …(…)…
    En décembre 2022 , elle a publié un nouveau rapport sur l’activité et les comptes des sociétés autoroutières.
    Les chiffres y sont amalgamés, mélangeant ceux des sociétés historiques qui exploitent des autoroutes depuis longtemps amorties – en moins de cinq ans, celles-ci avaient entièrement récupéré leurs frais d’acquisition – et ceux de sociétés qui sont encore en train de construire ou ont à peine fini des tronçons d’autoroutes. Ce qui amène à minorer certaines positions de rente, détenues notamment par Vinci et Eiffage qui dominent ce marché.
     » …
    [[ Note personnelle : ce dernier paragraphe éclaire l’opportunité du commentaire local rapporté en fin de ce post..! ]]
    …(…)…
    Se défendant de tout laxisme, le ministre des finances a expliqué dans un entretien au Journal du dimanche, qu’il entendait bien mettre à contribution les sociétés concessionnaires. « Nous l’avons fait dans le projet de loi de finances 2020 : cela nous rapportera plus d’un milliard d’euros d’ici la fin des concessions », a justifié Bruno Le Maire. Un milliard d’euros sur dix ans, cela ressemble à une aumône, comparé aux 55 milliards d’euros de surprofits engrangés.
    Pourtant, c’est encore trop pour les sociétés concessionnaires.
    Depuis 2017, elles ont obtenu un plafonnement de certaines taxes d’occupation du territoire, une baisse de l’impôt sur les sociétés, des aides et des subventions de toute nature pour les accompagner, sans parler des déductions de tous les frais financiers qui les ont amenées à se décapitaliser pendant des années afin de minorer leurs impôts . Le total de leurs impôts et taxes en 2021 a représenté moins de 900 millions d’euros.
    Les concessionnaires estiment que cette contribution est largement suffisante, voire trop élevée.
    Ils ont donc engagé des recours devant les tribunaux administratifs pour contester la taxe exceptionnelle demandée par l’État.
    Ils ont le droit pour eux, expliquent-ils, grâce aux contrats négociés dans le secret en 2015 sous l’égide d’Élisabeth Borne, alors directrice de cabinet de Ségolène Royal et d’Alexis Kohler, alors directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, que l’État n’a jamais voulu rendre publics et révélés par la suite par Mediapart.
    À la suite du gel des tarifs des péages ordonnés par Ségolène Royal, les sociétés concessionnaires ont obtenu un allongement de leurs concessions de deux à cinq ans, en contrepartie de 3,2 milliards d’euros de travaux supplémentaires.
    Profitant de leur position de force, elles arrachent même dans les négociations une nouvelle indexation tarifaire, très avantageuse pour leurs intérêts, et des exemptions hors du droit commun….Ainsi, toute modification de la fiscalité en leur défaveur ne peut pas être appliquée…De même, toute disposition qui pourrait changer les termes des contrats doit donner lieu à compensation, selon les termes de l’accord, afin « d’assurer, dans le respect du service public, les conditions économiques et financières » des contrats.

    Comment les services juridiques de Bercy et plus encore les magistrats du Conseil d’État ont-ils pu accepter de telles clauses ? L’Autorité de régulation des transports n’a même pas été consultée dans le cadre de ces négociations. Et elle ignorait tout de la teneur de ces contrats avant que nous les rendions publics. Ce simple fait dit tout de la puissance de contrôle et de régulation de cette autorité : elle est proche du néant. Elle n’a aucune prise sur les sociétés concessionnaires.
    …(…)…
    À la suite de la révélation du rapport de l’Inspection générale des finances publiques, de nouvelles voix se sont élevées dans les rangs du Parlement pour demander la renationalisation des autoroutes, comme le permet la loi au nom de l’intérêt général. Une suggestion impossible à mettre en œuvre, a insisté Christophe Béchu le 31 janvier à l’Assemblée nationale. La mesure coûterait trop cher pour les finances publiques, selon lui. Résumant la position du gouvernement, il préfère attendre sagement l’extinction des concessions sans rien faire.
    Au vu de la longueur de la durée des concessions, cela revient à accorder une rente quasi perpétuelle aux concessionnaires privés. Selon le rapport de l’Autorité de régulation de transports, la première concession arrivant à échéance, celle de la Sanef accordée en 1963, se termine en 2031. D’autres s’échelonnent entre 2032 et 2036. Toutes les autres expirent après 2050. La plus longue, celle Cofiroute Duplex consentie en 1999, se terminera en 2086.

    C’est autant de moins pour la transition écologique. Car tous ces milliards dégagés par les péages autoroutiers auraient pu servir, comme cela avait été conçu à l’origine, à financer l’entretien et le renouvellement des réseaux ferroviaires, le développement du fret et des transports en commun, indispensables pour lutter contre les dérèglements climatiques. Cela aurait pu… Mais le gouvernement préfère défendre la rente privée.  »  »  »

    Fin de l’article MDP.

    Auquel je trouve éclairant de joindre 2 commentaires locaux(non vérifiés..mais..) ultra-révélateurs :
    De/pseudos sur MDP : 1) »SAGF » 01/2 à 22h40 et 2) »NINPORTEQUOI » 01/2 à 22h35
    1)  » En 2008, Borne était responsable des concessions chez Eiffage.
    En 2015, dircab au ministère des transports , elle signe, avec Macron, ministre de l’économie et Koehler son dircab, l’accord secret de prolongations des contrats de concession … En connaissance de cause, puisqu’en 2012 un rapport de la cour comptes démontrait que ces contrats étaient une catastrophe pour l’état et les usagers, un jackpot pour Vinci, Eiffage et sanef.
     »
    2)  » Cette histoire d’autoroute c’est l’arnaque à jet continu….Une de mes préférées, c’est l’allongement des concessions obtenue en contrepartie de travaux.
    Le détail qui tue c’est que les plus larges portions d’autoroutes sont attribuées à des filiales de groupes du BTP (Vinci, Eiffage, Albertis).
    Donc dans la négociation, ces sociétés du BTP obtiennent un premier avantage par un allongement des concessions. Et à 350 000 € de bénéfice annuel par kilomètre, leurs filiales se remplissent les poches le plus longtemps possible.
    Et ces filiales commandent des travaux très couteux à la maison mère qui se remplit les poches à son tour.
     »
    .

    1. Avatar de timiota
      timiota

      un compte de fée pour les riches.
      Bénéfices des grands stés pétrolières par an et par employé : de 500 000 à quasi 1 000 000 de $
      (oui, du bénef par employé, « net results », pas du CA ! et pour TOUS les employés).
      Ca veut dire que chaque employé s’est en gros approprié la plus-value de 1000 ou 2000 tonnes de pétrole
      (0,3 à 0,6 € par kg, 300 à 600 € par tonne). De 60 camions citernes plein. Un tous les 3 jours travaillé.
      J’ai du mal à voir ce qu’il y a pu avoir de comparable dans l’humanité.
      Quand on faisait du bénef sur des bateaux improbables venant de l’orient ou de l’Amérique, le risque était 50%, donc on pouvait rafler 3 fois la mise par chance, ça répond un peu à une loi du marché.
      A part taxer direct au passage des sous dans la banque (en admettant qu’on puisse tracer l’argent du pétrole dans les banques) je ne vois pas comment faire avec les lois ordinaires. L’énergie incarne notre folie capitalise de façon chimiquement pure.
      Sismondi et peut-être un peu de Drake (le premier foreur de puits @USA)

    2. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @Otromeros Très édifiant, de plus certaines actions de sociétés d »autoroute la SANEF peut-être avaient été disséminée dans le public à l’occasion d’une opération de privatisation pour être ensuite réattribuées à un groupe privé, trop rentable sans doute contrairement à EdF !
      Visiblement certains responsables politiques arrivés aux affaires (pas par hasard indépendant peut-être) n’ont pas trop le sens des réalités, le traitement des Halles parisiennes (transformation de concession en vente ..) ne semble pas bien différente (E.Borne y a été responsable de l’urbanisme ?).

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