*Godot est mort !*
Si je vous bassine depuis des années (16) avec la chanson Country ‘n Western, c’est, soyons clairs, parce que la chanson réaliste a cessé d’exister chez nous. Cela fait un demi-siècle que le mélo a fui la chanson française ! Quand avez-vous pleuré pour la dernière fois en écoutant une chanson en français ? Je vous le demande !
Est-ce vraiment ma faute ?
Perso je préfère danser, en ce moment même (chut! je ne vous dis pas avec qui) sur d’autres chansons qui n’existent plus et qui venaient d’ Italie (ah! ), je n’aime pas pleurer , la châleur du dehors en serait trop lourde…
La dernière fois que j’ai pleuré en écoutant une chanson française c’était il y a une dizaine d’année lors d’un concert estival dans une petite commune de province. Je ne dirai pas de qui il s’agissait parce que vous allez rire de moi et surtout parce que je ne peux pas faire partager ce moment, les quelques vidéos accessibles étant à des années lumières de ce que l’on ressent lors d’un concert.
P.S. dans la catégorie mélo, n’oubliez pas « Les roses blanches » 😉
Jeune adolescent fin des années’50, j’étais toujours impressionné de voir mon jeune oncle maternel ne pas pouvoir réprimer ses larmes lorsque l’on diffusait cette chanson à la radio :
A la mort de sa maman, ma grand-mère maternelle que je n’ai donc pas connu, il avait été placé à l’orphelinat, ce qui explique son émotion.
Cette chanson-là (1959), elle m’avait bien ému, j’avais 14 ans. 15 ans plus tard, j’ai vu des bons copains qui se racontaient en boucle les bêtises de leur jeunesse faire soudain à la gazette de la ville le récit de leur souffrance à l’orphelinat, considéré alors comme un orphelinat « modèle ». On dirait aujourd’hui un « coming out ». C’était quelques années après qu’un autre orphelin, Jules Brunin, avait écrit un livre pour dénoncer les brimades d’un orphelinat « traditionnel » des années d’après-guerre. Et j’avais lu aussi vers 18 ans un roman hongrois sur l’orphelinat et ses brimades, dont j’ai perdu les références (j’avais copié un extrait, que j’ai gardé longtemps). Une émotion qui a duré, donc, pour moi qui vivait dans une « famille aimante »…
(J’ai retrouvé soudain le nom d’auteur et, en cherchant bien la référence, et ce n’est pas un orphelinat) : https://www.babelio.com/livres/Ottlik-Une-Ecole-a-la-frontiere/478385
Cela n’a sans doute rien à voir avec les qualités intrinsèques de la chanson… mais c’est inéluctable !
soyons réalistes , le monde de la variété n’est plus là pour transmettre un quelconque message , il est là pour se faire de l’argent avant tout . Les quelques rares interprètes qui ont quelque à dire ne sont pas médiatisés sur internet en particulier . c’est devenu confidentiel et ne s’adresse qu’à un public averti qui se déplacera en connaissance de cause .
quand je me déplaçais pour assister à un concert de Claude Marti ou bien de Laurent Cavaillé on effectuait plutôt un acte militant .
Pour ceux que ça intéresse https://www.sirventes.com/performer/laurent-cavalie/
J’ai le sentiment que le business a toujours été là, voir les galères de certains grands artistes dans leur début de carrière. Mais le business plan à complètement changé. Autrefois, la création était « rare » et il fallait aller dénicher la perle rare qui allait faire un « tube » avec une grosse prise de risque. Aujourd’hui, n’importe qui peut faire un truc même pour s’amuser sur YouTube et que ça devienne un succès planétaire. La création est devenue pléthorique et les sociétés de production n’ont plus qu’à attendre de voir émerger les phénomènes avec un risque très restreint.
Toute fois, il existe toujours des artistes engagés mais comme autrefois, ils demeurent dans des « niches ».
Là où vous avez raison, c’est pour la variété télévisuelle qui finit par disparaître avec ses téléspectateurs. La consommation de chansons passe aujourd’hui par des plates formes et réseaux sociaux. Et la loi du nombre qui sous tend le travail des algorithmes favorise inévitablement le conformisme et l’uniformité.
des larmes de joie :
Quelques belles personnes d’aujourd’hui, est ce de la chanson réaliste ? Je ne sais plus.
Ou
Ou bien
Ou encore
En fait la « chanson réaliste » (vous mettez bien l’italique) est la variété mélodramatique. Qui aidait à tenir notre société bloquée, ennuyeuse en pensant qu’il y avait pire que nous… Parmi bien d’autres variétés…
Puis est venu Mai ’68, cette révolution culturelle qui nous a libéré de bien des choses… et devenir plus réalistes et plus ouverts.
Le Rap fut le nouveau réalisme, mélodramatique dans son genre, mais pas pour pleurer, pour crier !
A défaut de mélodrame ou de réalisme, de la poésie et de la tendresse avec la chauve-souris de Thomas Fersen :
Ah tiens autre chose me revient, Yves Jamait « Dimanche », 2003.
Le vois-tu venir mon amour
Ce dimanche avec sa gueule moche
Ce cancrelat qui tourne autour
De ce jour triste comme un son d’cloche
Oh temps suspends mes heures de vol
Et couvre mon cœur de patine
Quand la déprime me racole
Que ses maux de passe me chagrinent
Entends-tu la marche funèbre
De cette semaine qui crève
À cette détresse une trêve
Poser ma bouche sur tes lèvres
Caresse-moi caresse-moi
J’ai le ventre gonflé de larmes
Ce soir la vie me rétame
Caresse-moi caresse-moi
(Pas trouvé de bonne version en concert)
Damien Saez (il y a longtemps que je n’avais pas vu telle détresse dans le regard, depuis Kurt Cobain):
« Jeune et con »:
Encore un jour se lève sur la planète France
Et je sors doucement de mes rêves
Je rentre dans la danse comme toujours
Il est huit heures du soir
J’ai dormi tout le jour
Je me suis encore couché trop tard
Je me suis rendu sourd
Encore
Encore une soirée où la jeunesse France
Encore, elle va bien s’amuser puisque ici rien n’a de sens
Alors on va danser, faire semblant d’être heureux
Pour aller gentiment se coucher mais demain rien n’ira mieux
Puisqu’on est jeune et con
Puisqu’ils sont vieux et fous
Puisque des hommes crèvent sous les ponts
Mais ce monde s’en fout
Puisqu’on n’est que des pions
Contents d’être à genoux
Puisque je sais qu’un jour nous gagnerons à devenir fous
« J’veux qu’on baise sur ma tombe »:
J’aurais aimé t’aimer
Comme on aime le soleil
Te dire que le monde est beau
Et que c’est beau d’aimer
J’aurais aimé t’écrire
Le plus beau des poèmes
Et construire un empire
Juste pour ton sourire
Devenir le soleil
Pour sécher tes sanglots
Et faire battre le ciel
Pour un futur plus beau
Mais c’est plus fort que moi
Tu vois je n’y peux rien
Ce monde n’est pas pour moi
Ce monde n’est pas le mien
Sur un instant d’éclaircie , je profite de cette bouffée réaliste pour faire mes adieux à toutes celles te tous ceux du blog , et mes remerciements à Paul Jorion d’avoir lancé et su faire vivre cet espace de vie et d’intelligence qui nous fait et nous garde humains .
Dans la veine réaliste , je préfère aussi la veine tendre et je confierai à Renaud mon propre écho à ce billet :
En écho à » ce que je crois » je vais me répéter :
Et puisque l’on se quitte , sans trop savoir qui quitte qui, et parce que » le plus beau reste à venir » , cette version d’une chanson si souvent mal comprise ( amour , décès , enfance devenant adulte ) qui n’est que le chant de communion et d’au revoir entre un individu et son espèce :
Longue vie à Clo Clo et Clo Clo junior !
Merci pour ces mots très justes. (J’ai apprécié surtout le Chaplin). Et tous les mots de vous qui ont précédé.
Et je vous souhaite encore « de belles éclaircies » !
(Ce qui réfère à notre rengaine de la météo belge) :
https://www.youtube.com/watch?v=skU08b_tn1s
Merci René. On pensera à vous.
Merci . Disons trois jours .
C’est en fait plutôt à la suite qu’il faut penser , avec les vivants , car , même là où je ne serais rien , « si vous vous trahissiez , je vous aurais tout à fait perdus » , pour cause d’humanité perdue au delà de l’espèce .
On ne demandera pas son avis à Aristote .
Kali nickta !
Salut Juan,
Merci pour vos nombreux commentaires ici, votre patience et votre capacité d’écoute, votre aptitude à sortir de chacune des réponses qui vous était faite – si peu amène soit-elle – le meilleur de votre interlocuteur. Qualité rare, même sur le blog.
Vous nous manquiez déjà…
So long Juan ! Que la Force soit avec vous.
(Merci aussi pour le sourire 😉 )
Salut Juannessy ! Avec ce beau temps tu devrais avoir une belle éclaircie ! Merci d’être là et d’avoir aussi bien contribué ici et ailleurs. Une pensée pour toi et tes proches. À la revoyure !
Ah si pour toi, qui d’autre que le Roi, le Pape de la musique, Steve Wonder afin de te saluer et te remercier :
Et j’ai pensé à ce morceau
@juannessy 25/7 à 22h39
» Καλο ταξιδι.. « , ami inconnu mais respecté.
Allons Juannessy, bien plus de trois jours.
En vous voyant partir si tôt, j’ai l’impression d’être arrivé hier sur ce blog. Ce fût si court.
Je vous retrouverai en continuant de parcourir les billets plus anciens.
Merci pour vos adieux si « classieux ».
Nous vous souhaitons bien d’autres éclaircies,
d’ailleurs nous avons toutes et tous coché « Prévenez-moi par e-mail en cas de réponse à mon commentaire. »
Non mais !
@Juannesy
« Longue vie à Clo Clo et Clo Clo junior ». Ben et nous autres alors ?
Allez on s’accroche encore un petit peu Juannessy, on s’amuse tellement en ce moment.
Sur Renaud (et sur Damien Saez au passage), l’alcool c’est à consommer avec modération, sinon c’est trop triste pour nous les fans.
Adios juannessy, vos commentaires et éclaircies vont me manquer…
@juannessy
https://www.facebook.com/noel.hervey/videos/155063433393528
Que les es eaux vives de Druyes vous accompagnent et mon modeste signe amical.
La Tête Haute,
https://www.youtube.com/watch?v=jZa7FKWyVrE
et un dernier sirop!
Avec toute ma considération!
MG
Mort à la bagnole!
Encore un sourire au moment des adieux.
Je suis en train de lire Voyage avec un âne de Stevenson. Il y a donc toute sorte de voyages et chacun fait le sien. Merci pour ce bout de chemin fait ensemble mais n’allez pas vous imaginer que je vous compare à Honestine !
Encore un sourire au moment des adieux.
Bon voyage 🙏😊
Je vous souhaite également de « belles éclaircies » dans votre ciel qui s’est tant assombri je vous dis adieu avec une grande tristesse
Avec toujours dans les yeux face à l’inéluctable dernière balade de chacun d’entre nous.. , la version « optimiste » des choses :
le message émis de la ligne d’arrivée par Nikos KAZANTZAKIS :
https://vivreathenes.com/ecrivains-grecs-incontournables-kazantzakis.html
» » » Je n’espère (plus) rien
Je n’ai (plus) peur de rien
Je suis libre. » » «
Arkao,
Qu’on me permette de digresser du sujet mais concernant Damien Saez, il m’a fallu du temps pour tolérer sa voie; autant une fois cet obstacle passé j’ai apprécié sa colère et son verbe, autant ses dernières moutures me laissent une vilaine astringence sur les chicots.
Ses prestations aux victoires de la musique (ne me demandez pas comment je me suis trouvé devant) m’avez convaincu de faire l’effort, notamment celle-ci:
Mais là les bras m’en tombent (et pas seulement pour les rimes en é):
Quelque part dans les paradis artificiels la raison s’est perdu. Il y avait moyen, il y avait matière, quel gâchis!
Sa voie sans comté sa voix 😓!
@MG
Oui, quel gâchis.
Je verse ma petite larme assez souvent à vrai dire. Non pas en découvrant de nouvelles oeuvres, en effet. Mais plutôt en entendant les plus jeunes reprendre magnifiquement et avec passion certains classiques. Tout n’est pas perdu.
J’ai en mémoire une jeune femme qui avait repris Barbara au piano, lors d’une emission. Super souvenir. (je suis pas vraiment un fan de Barbara qui plus est)
Dans les « Deux minutes fugitives » de Gilbert Laffaille, ce qui coule ce sont des larmes de sang.
En streaming, une mine d’anciennes chansons cubaines réalistes, mais pas seulement :
https://soundcloud.com/ddc-radio-cubakustica-fm
tiens je vais apporter ma petite pierre à l’édifice avec Gauvain Sers et peut être aussi en mémoire de Claude Marti.( Bon je sais que tout le monde se moque de ce Claude Marti mais c’est sentimental. ) c’est ici:
bises à toutes et tous.
Décidément.. drôle de journée.. à marquer d’une pierre « couleur au choix ».. :
» Vole vole petite aile
Ma douce, mon hirondelle
Va-t’en loin, va t’en sereine
Qu’ici rien ne te retienne
Rejoins le ciel et l’éther
Laisse-nous, laisse la terre
Quitte, manteau de misère
Change d’univers.
Vole, vole, petite sœur
Vole mon ange, ma douleur
Quitte ton corps et nous laisse
Qu’enfin ta souffrance cesse
Va rejoindre l’autre rive
Celle des fleurs et des rires
Celle que tu voulais tant
Ta vie d’enfant.
Vole, vole, mon amour
Puisque le nôtre est trop lourd
Puisque rien ne te soulage
Vole à ton dernier voyage
Lâche tes heures épuisées
Vole, tu l’as pas volé
Deviens souffle, sois colombe
Pour t’envoler.
Vole, vole petite flamme
Vole mon ange, mon âme
Quitte ta peau de misère
Va retrouver la lumière… »
(Paroliers : Jean-Jacques Goldman / Roland Romanelli)
https://www.youtube.com/watch?v=2h7NQWf5ITg
La dernière chanson qui m’a fait pleurer en français, et qui me donne toujours des frissons d’abattement, c’est « L’Amérique pleure » par Les Cowboys Fringuants en 2019. Tellement actuelle, hélas:
Salut Chabian, Bon ça y est, j’ai terminé le bouquin de Graeber/Wengrow, celui de Scott, et celui de Harari. Faut…
@CORLAY Ah ! Cette publication sur les arbres vient donc redoubler votre intérêt dans cette activité du moment. Heureuses concordances.…
J’entendais récemment que d’après certains experts il y auraient à peu près 700.000 soldats russes hors d’état de nuire. Soit…
J’ai trouvé le point où Jorion et Thom divergent concernant PSI. C’est tout à la fin du chapitre XI :…
@Régis Pasquet Merci de ce plan on ne peut plus sensé… Mais, pour que les citoyen-ne-s assurent « une partie de…
Je propose que l’on offre aux Ukrainiens un missile balistique intercontinental vide et qu’on le balance en plein centre de…
Ah, parce qu’un coup de semonce, ce n’est pas une escalade militaire ? Régulièrement, Poutine rajoute un degré de plus…
@François M Ce qui montre qu’il ne s’agit pas d’une escalade militaire, mais au contraire d’une gesticulation retenue dans une…
Bonjour Régis, il y a du vrai dans v/com. et à son sujet, j’avais écrit, il y a quelques temps,…
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