La pensée totémique [voir mes billets ici à ce sujet], qui est l’autre grand modèle de représentation du monde – en concurrence avec le modèle occidental qui est le nôtre – présente bien des inconvénients (par exemple, elle ne pouvait pas déboucher sur la réflexion de type scientifique) mais elle présente aussi plusieurs avantages.
On peut ainsi lire dans un article paru aujourd’hui dans The Guardian à propos de la disparition de deux personnes au Brésil, et de la difficulté des recherches dans cette zone inondée à la frontière péruvienne : *
Un volontaire du groupe indigène Matis a déclaré qu’ils avaient décidé de pénétrer dans cet endroit isolé au bord de la rivière Itaquaí après avoir entendu ce qui leur semblait être le bruit de quelqu’un tapant sur un canoë en aluminium.
« Ils l’ont senti, ils l’ont imaginé et ils sont entrés en ramant [leurs canoës] », a déclaré Binin du groupe Matis. « Les indigènes peuvent ressentir ces choses, comme un esprit. [C’était comme un esprit de la forêt qui disait : « Il y a un objet là-dedans »]. C’est comme ça que les indigènes pensent. »
Faute de comprendre la manière dont la pensée totémique fonctionne, nous disons qu’« elle raisonne à partir d’affinités secrètes », ce qui ne veut, bien entendu, strictement rien dire. La pensée totémique regroupe par l’affect (« l’instinct »), ainsi les Kalam de Nouvelle-Guinée ont un nom pour les oiseaux qui vous interpellent de loin, un autre pour ceux qui vous laissent venir tout près d’eux avant de s’envoler bruyamment, un autre pour les oiseaux sous la forme desquelles les femmes apparaissent en rêve aux hommes, etc.
* The Guardian, Des objets appartenant à Dom Phillips et Bruno Pereira retrouvés en Amazonie, le 13 juin 2022
Des vêtements et un sac à dos appartenant au journaliste britannique et à l’expert indigène disparus ont été retrouvés par une équipe de recherche réduite mais déterminée.
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