Retranscription de La plus extraordinaire de mes vidéos, le 21 février 2022
Bonjour, nous sommes le lundi 21 février 2022 et j’appellerai cette vidéo : « La plus extraordinaire des vidéos que j’ai faites » ou quelque chose comme ça. Bon, vous allez voir pourquoi, vous n’allez pas être déçus et si vous vous êtes un jour posé la question : « Est-ce que Paul Jorion est complètement fou ? », je vais vous offrir aujourd’hui les éléments pour vous faire une opinion. Et pourtant, je vais vous parler de la même chose que d’habitude, je vais vous parler de l’actualité tragique : je vais vous parler de l’Ukraine, je vais vous parler de la Bourse, je vais vous parler de finance. Donc les choses dont je parle habituellement, mais je vais le faire d’une manière un peu particulière, vous allez voir.
De quoi s’agit-il ? Il s’agit de la chose suivante : c’est que… Je vais faire ça de manière systématique. Voilà, ça c’est un billet, je vais vous montrer, c’est un billet du 21 janvier 2022. C’est donc il y a un mois. Il faut regarder le dessin. Ça vous montre l’évolution de la Bourse.
Et ce que j’ai surligné en jaune, c’est la chose suivante. Si vous êtes adepte de l’analyse technique en matière de cours boursier, vous aurez compris ce qui est en train de se passer. Et ce qui est extraordinaire, c’est qu’il y a des adeptes de l’analyse technique qui ont regardé ça et disent : « On ne comprend pas, c’est pas très clairement ‘Head and Shoulders’, etc. ».
Ce qu’il faut savoir, c’est que c’est un mouvement de la Bourse qui s’amortit et qui amorce une baisse.
Vous voyez comment c’est ? Et je vous montre maintenant, comment c’est maintenant, un mois plus tard, et j’ai représenté, enfin j’ai surligné en jaune la partie supplémentaire, c’est-à-dire que la baisse que je laissais entendre, elle est là.
Alors, si vous regardez les chiffres qui sont indiqués, vous verrez qu’on n’est pas retombé aussi bas mais ce qu’il est important de voir, c’est qu’il y a une remontée qui a tenté de se faire mais qui n’a pas été suffisante pour remonter au plus haut que l’on voit là, et les gens qui font de l’analyse technique diraient : « C’est un mouvement de baisse qui est en train de s’amorcer et qui va se poursuivre ».
[P.J. Aujourd’hui 8 mars, quinze jours plus tard, l’évolution que je constatais entre le 21 janvier et le 21 février, s’est poursuivie :
]
Qu’est-ce que ça donnerait ? Dans quelques mois, ça donnerait quelque chose de cet ordre-là, voilà. Ç’aurait monté, ç’aurait monté, ç’aurait monté et ce qui s’amorçait, c’est ce qu’on voyait-là, ça baissait et ça retomberait à peu près à l’endroit où ça avait commencé à monter. Ça ne retombe pas toujours aussi bas, et ça remonte d’ailleurs souvent avant que ça ne soit retombé entièrement aussi bas que cela.
Vous voyez, il y a des dates : 1990 et 1994, et vous voyez aussi une partie que j’ai mise en rouge pour montrer la date dont je vais parler.
Pourquoi ces dates de 1990 à 1994 ? C’est parce que je commence à travailler dans la finance en février 1990 et je commence à m’intéresser aux courbes qu’on voit dans les prix de marché. Et c’est le moment où on commence à parler des fractales et il y a une chose qu’on appelle la « dimension de Hausdorff » qui vous permet de caractériser le mouvement d’une fractale.
Et donc, ce que j’ai dans mes données, c’est la partie en rouge, et l’autre partie, c’est celle que je peux extrapoler à partir du mouvement qui se dessine dans la partie en rouge. Qu’est-ce que ça montre ? Donc j’en parle à mes supérieurs. M. Casanova s’en souvient peut-être et M. Touzet. C’est peut-être… Je fais peut-être ça au moment où M. Casanova n’est plus dans la banque et je le montre peut-être uniquement à M. Touzet, c’est bien possible.
Et qu’est-ce que ça montre ? Ça montre que les marchés vont se crasher. C’est une courbe qui a à voir avec le prix des obligations donc, en fait, c’est déterminé par les taux d’intérêt. Ça montre que les marchés vont se crasher en 1994. Et si vous avez un vague souvenir de ce qui s’est passé en 1994, il y a effectivement ce qu’on appelle le crash obligataire, c’est-à-dire que ça a bien eu lieu.
Au moment où je le montre, personne n’y croit. Personne n’y croit en disant : « Ce n’est pas possible de prévoir aussi loin que ça et pourquoi est-ce que ça dégringolerait ? etc. » et moi, je commence à formuler des choses dans ma tête en me disant : il y a quelque chose qui est dans le monde et qui fait que ça va se crasher. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ce que nous croyons, c’est que tous les intervenants à la Bourse peuvent décider du jour au lendemain [en toute liberté] de faire ceci plutôt que cela. Je peux prendre [en toute liberté] la décision dans 5 minutes d’acheter ou de vendre, etc. Donc ça n’a pas de sens de dire que l’histoire est déjà entièrement écrite. Et pourtant, je m’en convaincs parce que je vois ça [la première partie de la courbe suggérant la partie de la courbe encore à venir.
C’est-à-dire qu’on est en 1990, je ne sais pas si ça va se passer comme je le dis en 1994 mais j’en suis convaincu, au point qu’en février 1992, c’est donc deux ans exactement après que je sois entré dans la finance, je fais ce rapport qui… à l’époque, je travaille pour un hedge fund (un fonds spéculatif), en fait, on appelle ça à l’époque un commodities and trading advisor. On fait ce rapport. Je l’ai publié en français il y a une grosse semaine, un rapport daté de février 1992. J’ai deux co-auteurs : l’un, c’est le patron de la boîte et l’autre, vous le verrez si vous lisez ce rapport, vous comprendrez pourquoi l’autre est mentionné comme co-auteur, c’est parce qu’il doit y avoir, il y a une question de droits qui vont être payés, de partage des bénéfices de ce qui est dit là.
Et dans ce texte, je dis la chose suivante. Voilà, je le présente sur mon blog de cette manière-là :
Et il y a une partie, vous voyez, en jaune, qui s’appelle : « La nature déterministe de l’activité humaine », c’est-à-dire qu’au moment où j’écris ça en 1992, je reste convaincu que la courbe que j’avais et qui allait se crasher en 1994 – ce que je ne peux pas savoir – va bien se crasher.
Qu’est-ce que j’écris dans ce texte ? Là, c’est la traduction bien entendu en français que j’ai publiée il y a quelques jours :
« Le comportement des opérateurs étant de manière plausible déterministe… [c’est-à-dire que les gens qui agissent sur les marchés sont agis par des forces déterministes, autrement dit que c’est écrit une fois pour toutes, non pas qu’on puisse le connaître facilement mais c’est un déroulement quasiment automatique] – le comportement des opérateurs étant de manière plausible déterministe, le caractère aléatoire des variations de prix ne peut donc provenir que de la nature non-déterministe des nouvelles qui les incitent prétendument à acheter ou à vendre [c’est-à-dire qu’en fait, il y aurait quand même des forces extérieures qui feraient qu’il y aurait quelque chose d’imprévisible dans ce qui se passe] – c’est-à-dire qui induisent les fluctuations de prix. Mais d’où viennent ces nouvelles ? D’où viennent ces nouvelles politiques qui expliquent le comportement des gens ? À l’exception des nouvelles provenant de l’espace – par exemple une météorite frappant le Chicago Board of Trade – toutes les autres nouvelles sont induites dans le système semi-fermé de la planète Terre, qu’elles soient naturelles, c’est-à-dire politiques, climatiques, géologiques, etc., toutes sont de manière plausible de nature déterministe linéaire ou non-linéaire, soit comme des phénomènes humains politiques, économiques, etc., tous de manière plausible de nature déterministe linéaire ou non-linéaire ».
Et bien entendu, il y a un lecteur de ce texte qui m’écrit aussitôt. Je n’ai pas retrouvé ça dans les commentaires, c’est donc sans doute un mail qui m’est envoyé, disant : « Vous faites une erreur quand vous dites ‘naturel, c’est-à-dire politique, climatique et géologique’ ». Eh bien précisément non : je pense déjà à l’époque, en 1992, c’est-à-dire il y a 30 ans, je pense déjà exactement la même chose que deux ans auparavant, et que je pense toujours, à savoir que ce qui est de l’ordre de l’humain, c’est du naturel, pas de l’artificiel. C’est du naturel comme le reste, c’est-à-dire que c’est déterminé par les mêmes forces géologiques, climatiques, etc.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que quand on dit que c’est le comportement des opérateurs, des agents intervenant sur un marché qui va créer les prix, eh bien, qu’en réalité, il n’y a qu’un seul truc [le monde autour de nous, les décisions politiques, les marchés, les acheteurs et les vendeurs, etc.].
C’est pour ça que c’est là que vous allez décider si je suis complètement fou ou non : c’est une seule chose. Il est écrit de la même manière dans ce qui va se passer que [la situation politique est X ou Y], que les marchés vont se crasher, que les gens vont décider de vendre ou d’acheter, etc.
À quoi ça nous renvoie ? On se trouve aujourd’hui avec une crise d’ordre politique, historique, etc. peut-être même une guerre [ce qui s’est vérifié depuis] dont on ne sait pas exactement comment elle sera et quand les marchés vont continuer de s’écrouler, on vous dira : « Les opérateurs, les agents ont réagi aux mauvaises nouvelles qui nous viennent du côté de la guerre ». Or, ce que je dis en 1992 et qui est en fait le message, bien entendu, qu’on trouve chez M. Stephen Wolfram – qui part d’une réflexion sur les automates cellulaires – c’est-à-dire que le monde, l’univers c’est tic-tic-tic-tic et tout est remis à jour de moment en moment de manière discrète [décomposée en instants, par opposition à « continue »] dans l’histoire, mais tout ça va ensemble. Si vous dites : « Ce truc qui est là, c’est la cause de l’autre », non, tout ça va ensemble [avance d’un seul bloc se remettant à jour d’instant en instant]. Le marché qui s’écroule, la guerre en Ukraine, tout ça c’est le même truc : tic-tic-tic, c’est [un mouvement] inexorable, c’est inéluctable.
La conclusion de tout ça, c’est quoi ? La conclusion, c’est la suivante, c’est qu’il n’est pas difficile de prédire comme je l’ai fait pour la crise des subprimes, il n’est pas difficile de prédire en 1990 que les marchés des obligations vont se crasher en 1994. C’est écrit, c’est écrit dans la courbe. La courbe est en train de se faire et cette courbe, c’est quoi ? C’est le reflet de l’univers, c’est le reflet de tout ce qui est en train de se passer ET ce que je vous dis là ET ce que machin X que je ne connais pas va acheter ou vendre sur les marchés, ce qui va faire baisser les prix, etc. tout ça, c’est la même chose, c’est le même mouvement, voilà.
Alors, décidez si je suis complètement dingue ou non, ou si c’est comme ça que ça marche. Vous avez en tout cas là mon opinion.
Allez, à bientôt j’espère.
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