Jacques Attali me demande « Ça s’aggrave, non? Ça aura des
conséquences? » et je lui réponds la chose suivante :
« Oui, il y a un effet boule de neige. C’est vrai qu’au départ le secteur le plus touché aux États–Unis est le « sous–prime » (60 % « Hispanique »)… mais certains prêts sous–prime ont été « glissés » dans les Collateralized Debt Obligations (CDO), des paquets d’instruments de dette, où ils servent de réserve, et qui ont été achetées par l’ensemble des investisseurs, aux États–Unis comme à l’étranger et qui comprennent, en particulier, comme le révèle aujourd’hui le Wall Street Journal, des ventes à répétition de taudis dont le titre de propriété n’est transmis à l’acheteur qu’au bout de six mois, vu que le taux de défaillance durant cette période initiale atteint les 30 % !… et les saisies remettent sur le marché des logements qui viennent encore grossir le stock déjà en expansion des invendus… ce qui accélère la chute déjà amorcée du prix de l’immobilier américain… ce qui touche l’ensemble des autres prêts au logement « Alt–A » (« prime » si ce n’est par rapport à un ou deux critères : le plus souvent l’absence de pièces justificatives pour les revenus) et ceux parmi les « prime » dont le bon fonctionnement suppose que le prix de l’immobilier grimpe inexorablement : les « Interest Only », sans amortissement, ou les « piggy–backs » où, en l’absence d’une participation personnelle, le prêt principal est complété d’un second « à califourchon » qui escompte la constitution de « fonds propres » censés s’accumuler automatiquement – du fait que la maison vaudra davantage demain qu’aujourd’hui – et qui remplaceront bientôt (sur le papier) la participation personnelle qui manquait au départ…
Non : on n’a encore rien vu ! »
Et même d’une tranche de citron.