« Dix-sept portraits de femmes » XXV. D’où viennent les enfants ?

La réponse à la question, « D’où les enfants viennent-ils ? » est, comme on le sait, en général laissée en suspens, si bien qu’elle se repose chaque fois dans les mêmes termes, sans que l’on progresse jamais vers une authentique élucidation. J’entends donc faire rapidement le point sur cette question. Au départ il y a du vide mais de qualité inférieure : grumeleux. Ses irrégularités font qu’à la moindre incitation il se sépare (du moins provisoirement) en contraires : en « matière » et « antimatière ». La présence de matière et le fait qu’elle ait tendance à devenir autre chose que ce qu’elle est, produit immédiatement le haut et le bas, la droite et la gauche, le devant et le derrière et l’avant et l’après (cf. Einstein, Albert, La relativité, 1916). 

Le plus souvent, rien de très positif ne résulte de tout cela. Néanmoins, de temps à autre et à certains endroits, il y a auto-organisation et une fois celle-ci est amorcée, une chose en entraînant une autre, la complexité engendre la complexité, automatiquement. 

Végétaux et animaux, nous constituons les solutions extrêmement variées à un problème élémentaire unique : comment faire pour que l’organisation se perpétue en dépit de la tendance générale au déglingage – appelée entropie ? La voie qui fut trouvée est un constat d’échec voilé : l’organisme choisit la fuite en avant qui consiste à se reproduire à l’identique avant que la décrépitude ne le rattrape et ne l’abatte finalement. Il s’effondre, mais ses petits clones sont déjà partout. Il suffit pour une espèce médiocrement équipée pour la survie qu’elle se reproduise très rapidement. C’est le cas de la nôtre en particulier, cette nécessité d’une reproduction rapide constituant pour les individus mâles et femelles une source constante de distraction, tout en étant aussi par ailleurs à l’origine de phénomènes singuliers et collectifs fascinants du fait de leurs implications diverses et de leurs interactions mutuelles, telles l’amour, le désir, la complexité de l’art des avances, la volupté, la variété infinie des préliminaires, le miracle de l’amour maternel, le sadomasochisme, etc.

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Une première version de ce chapitre a paru ici il y a quatorze ans.

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Une réponse à “« Dix-sept portraits de femmes » XXV. D’où viennent les enfants ?

  1. Avatar de Hervé
    Hervé

    @M. Jorion

    Superbe série que vos  » portraits de femmes « … je penserai ces prochains mois à régulariser ma situation pour en lire plus.
    Merci pour ces très beaux textes où vous apparaissez vous-même entre chien & loup au delà des portraits évoqués
    en pleine lumière.

    N’y aurait-il pas là une belle matière à livre ?

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