Bonne question, qui demande la bonne réponse : « Le CAC 40 a-t-il une nature ? Une nature qui ferait que sa culture serait de produire des dividendes plutôt que des emplois ? »
Le CAC 40 est un indice boursier, reflétant la bonne santé boursière de 40 entreprises françaises parmi les plus prospères. La bonne santé boursière, c’est le prix des actions, lequel reflète la perspective de gras dividendes (c’est là la manière dont les analystes financiers évaluent le « fondamental » = le prix objectif d’une action = la somme escomptée (« actualisée ») des dividendes à venir).
En 2014, le MEDEF avait dit au gouvernement : « 100 milliards de dégrèvements fiscaux et nous créons 1 million d’emplois ». J’avais répondu aussitôt par une chronique dans Le Monde : « Il n’y a pas de mécanisme connu qui transforme un dégrèvement fiscal pour une entreprise en création d’emplois par elle ».
Pourquoi ? Parce que la richesse est de plus en plus générée par du capital et de moins en moins par du travail. C’est quoi ce capital engendrant de la richesse ? Ce sont des robots, ce sont des logiciels, c’est du numérique, ce sont des algorithmes. Consentez un dégrèvement fiscal à une entreprise, elle l’investit en numérique et produit de la richesse. Et cette richesse, elle la redistribue en dividendes. Sans salaires à devoir payer, car la main d’œuvre est de plus en plus fantomatique.
Ce que Gattaz aurait dû dire, s’il avait été honnête, c’est : « 100 milliards de dégrèvements fiscaux et nous multiplions les dividendes par deux ! », parce que là, oui, le mécanisme est connu : c’est celui que je viens de décrire. Ma chronique dans Le Monde avait paru le 10 février. De manière révélatrice, quatre semaines plus tard, le 6 mars, Gattaz accordait un entretien à Challenges, que la rédaction intitulait candidement « Les allègements de charges pourront servir à verser des dividendes ».
La solution ? Ma « taxe Sismondi » (9 ans d’âge), encore appelée « taxe-robot » : imposer les robots, logiciels, algorithmes, qui travaillent à la place des travailleurs d’autrefois, et leur faire contribuer ce qui doit être leur quote-part de la richesse nationale au financement de l’État-Providence, plutôt que de générer des dividendes de plus en plus gras à l’intention de ceux qui, de l’argent, ne savent déjà pas quoi en faire.
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