Comment les autorités des marchés boursiers vont-elles réagir au fait qu’une bande de zozos intéressés seulement à « pomper » les cours de nanars ont pris le pouvoir depuis vendredi (pour coincer [squeeze] des fonds spéculatifs vendant ces nanars à découvert) ?
La SEC (Securities and Exchange Commission), le régulateur des marchés boursiers US a un nouveau patron : Gary Gensler, qui s’est fait une réputation d’interventionniste quand il était (2009-2014) à la tête de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), le sous-régulateur des produits dérivés.
Gensler va bouger, c’est sûr, mais l’exercice est délicat : le mythe ultralibéral toujours dominant est que tout prix est objectif puisqu’il résulte de l’action omnisciente d’une puissance plus formidable encore que Dieu-le-Père : « Le Marché ». Toute intervention un peu à poigne de la part de Gensler confirmerait que les fous ont pris le contrôle de l’asile – pas très bon pour l’image en ces temps de scepticisme avancé dans la population pour la manière dont les choses fonctionnent au sommet (les zélites !).
Explication plus complète du mécanisme en cours :
Un extrait de mon billet du 27 mars 2020 : Bourses : la nouvelle déprime. Expliquons pourquoi
Vous avez pu observer que la Bourse remontait ces jours derniers et on pouvait penser du coup que son moral était au beau fixe mais ceux qui sont un peu allés fouiller ont observé qui achetait : les acheteurs short, vendeurs à découvert, durant la plongée [* vous verrez maintenant l’expression « vendeurs courts » qui est une traduction littérale de l’anglais mais on n’en a absolument pas besoin, on dit en français « vendeurs à découvert »].
Pourquoi les vendeurs à découvert ont-ils dû faire le plein – avant la rechute prévisible ? En raison de la manière dont il faut faire quand on vend à découvert.
Je vous rappelle comment ça marche.
Principe général : on fait de l’argent en achetant pas cher et en revendant cher. Normalement on le fait dans cet ordre-là : on achète et puis on revend. Mais – et c’est là que le génie du premier vendeur à découvert s’est exercé – il n’y a pas de raison qu’on le fasse dans cet ordre-là : on peut d’abord vendre cher et acheter bon marché ensuite.
Mais comment vendre quelque chose qu’on n’a pas, me direz-vous ? En faisant semblant qu’on l’a : en vendant quelque chose qu’en réalité on a loué.
Alors voilà comment ça marche. Un vendeur à découvert est sûr que le prix de quelque chose va baisser. Il le loue. Aussitôt qu’il l’a loué, il le revend. Il attend que le prix baisse, et quand le prix est bien bas, il va acheter ce qu’il a loué et qu’il a revendu et il le rend à son légitime propriétaire. Il a vendu cher et il a acheté bon marché. Dans cet ordre là. cqfd
D’où les achats massifs des jours derniers : ceux des locataires d’actions indélicats, qui ont fait remonter un peu les prix.
Vous avez dû voir : on a interdit ici et là récemment la vente à découvert, parce que les autorités ont peur. Et dans quelque temps on dira, comme d’habitude : « Ah ! on avait sur-réagi ! Abrogeons cette interdiction stupide ! ».
Il y a une méthode plus simple mais là, elle serait permanente : qu’on fasse appliquer la loi (qui vaut dans tous autres domaines) qui dit qu'<em>on n’a pas le droit de vendre quelque chose qu’on a loué</em>, qu’il n’y a que le propriétaire légitime de quelque chose qui a le droit de la vendre, pas son locataire.
Mais ça – comme la plupart des évidences – ce serait, bien entendu, LA RÉVOLUTION ! »
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