Coursiers Deliveroo : « le sous-prolétariat du XXIe siècle » |
Dans le contexte de la crise sanitaire, les restaurants sont fermés mais certains travaillent encore grâce à une armée d’invisibles : les coursiers Deliveroo (ou Uber Eats, Stuart, Glovo,…) ont remplacé les serveurs pour nous apporter nos plats… jusqu’au pas de la porte. Apparus en France à partir de 2016, ces nouveaux travailleurs du numérique ont connu une croissance exponentielle. Réservé à l’origine à une certaine élite de jeunes sportifs attirés par l’auto-entreprenariat pour arrondir les fins de mois, le visage de ces travailleurs a aujourd’hui changé pour une main d’œuvre principalement immigrée et très précarisée. A qui la faute ? La baisse des tarifs d’abord, mais aussi la transformation progressive des conditions de travail passant du job étudiant « sympa » à l’esclavagisme moderne. Je suis allé à leur rencontre pour qu’ils nous livrent cette fois-ci, non un Big Mac ou des sushis, mais leur témoignage édifiant.
On estime à environ 200 000 le nombre de personnes en France auxquelles ont recours les plates-formes collaboratives. Et le coursier à vélo en est l’exemple emblématique. Alors qu’ils n’étaient qu’une poignée encore en 2016, il seraient plus de 25 000 en France aujourd’hui. Deliveroo, une des principales plateformes, présente dans plus de 300 communes françaises, compte 11 000 coursiers (Uber Eats, environ 10 000) et 15 000 restaurants partenaires. Ces chiffres fièrement mis en avant par les plateformes cachent une réalité sociale toute autre que j’ai voulu investiguer.
Le monde sous-terrain de l’exploitation
Les réseaux sociaux, notamment facebook, fourmillent de groupes de livreurs. Sur ceux-ci, les publications sont éloquentes pour dévoiler sans filtre le monde sous-terrain de l’exploitation. En voici quelques exemples : Walid, un sans-papier, sur un groupe d’entraide de livreurs, cherche un compte qu’il pourrait sous-louer : « Bonjour, je cherche un compte Uber Eats à louer sur Rouen ou banlieue proche. Je suis sérieux avec assez d’expérience, j’ai déjà un scooter. Merci de me contacter en privé. Cordialement ». Plusieurs offres lui sont disponibles comme celle de Desire : « Bonjour je loue mon compte uber eats, pour les personnes intéressée venez en MP. (personne de couleur noir afin d’éviter les bocages svp) ». Morad, lui, publie quotidiennement la même annonce « loue un scooter liberty 50cc 100 la semaine » et semble toujours trouver preneur à ce prix-là, une fortune comparée aux revenus moyens d’un livreur. Quant à Zaïd, il est en détresse : « Qui débloque les comptes ubereats ? ». Les plateformes bloquent fréquemment des comptes des livreurs, il leur suffit d’un client insatisfait, pour une raison valable, ou non.
Il existe ainsi une hiérarchie sociale entre les livreurs avec principalement deux dimensions : le mode de déplacement et la possession de papiers. Les « mieux lotis » ont leur propre scooter (alors que d’autres peuvent le louer), sinon ils sont à vélo. Les plus précaires, par exemple à Paris, utilisent les vélib. D’autres part, certains ont leurs papiers en règle et ont pu obtenir leur statut d’autoentrepreneur. Les autres sont sans-papiers et sont alors obligés de louer un compte à un tiers, pratique bien évidemment illégale : les loueurs de compte retiendraient entre 30 et 50% du chiffre d’affaires des livreurs.
Cette hiérarchie sociale recoupe avec une certaine hiérarchie ethnique : les livreurs d’Afrique du Nord ou d’Afrique de l’Ouest sont souvent dans le haut du panier. Cela s’explique par leur maîtrise de la langue mais aussi par une implantation nationale historiquement plus forte en France ce qui permet beaucoup plus l’entraide familiale et communautaire. On trouve en bas de cette hiérarchie des immigrés, souvent sans-papiers, d’origine subsaharienne.
Selon l’avocat Kevin Mention, si à l’arrivée de ces plateformes en France en 2016, ces emplois étaient réservés à une certaine élite de jeunes sportifs et diplômés (certains pouvaient monter à 60€/h), avec la baisse des revenus ils se sont fait de plus en plus rares. Il ne reste plus que quelques étudiants « captifs » et la main d’œuvre immigrée, la seule pouvant accepter une rémunération aussi faible (parfois pas plus de 5€/h) faute d’autres opportunités.
Témoignages de coursiers
Début octobre, j’ai pu rencontrer Alpha, 22 ans, d’origine ivoirienne, arrivé en France par la Méditerranée, et Karim, 28 ans, Algérien, en France depuis 2 ans. Tous deux sont livreurs à Paris et possèdent leur propre scooter et compte Deliveroo.
Alpha : « On souffre en silence mais les gens ne savent pas. »
– Raconte-moi comment tu es venu en France.
Alpha – « J’ai arrêté l’école à 16 ans en Côte d’Ivoire. […] A 18 ans, c’est moi qui ai pris la décision de venir. Parce que c’était difficile là-bas. Je pensais qu’ici ça allait être mieux, que j’allais pouvoir travailler et subvenir aux besoins de la famille. […] Je suis venu par la Méditerranée. Je connaissais le trajet grâce à des témoignages à la télé. Je suis parti au Niger. On m’a mis en contact avec quelqu’un et j’ai traversé en bateau. J’ai payé 250 euros pour traverser. Je suis arrivé d’abord en Italie, mais je voulais aller en France comme je parlais la langue. […] J’ai dormi trois jours dehors. Mais après j’ai rencontré la communauté ivoirienne qui m’a beaucoup aidé : pendant des mois j’étais accueilli chez des amis pour dormir. »
– Avant d’être livreur, tu faisais quoi ?
Alpha – « Ça fait quatre ans que je suis en France. Avant de commencer la livraison, je travaillais dans la restauration, je faisais la plonge deux ou trois heures par jour. […] Ça fait deux ans que je suis coursier, j’ai commencé à vélo mais maintenant je suis en scooter. Au début c’était un vélo Décathlon classique, mais à la fin de la journée j’étais très fatigué et puis on me l’a volé à Clignancourt. Et après j’ai acheté un nouveau vélo, un vélo de course. »
– Quels sont tes horaires de travail ?
Alpha – « Je fais du 11:00 à 22:00. Souvent je travaille de 11:00 à 17:00, puis de 18:00 à 22:00, parfois 23:00. Le temps libre que j’ai c’est juste pour manger. Le week-end je ne prends pas de pause, mais souvent je ne travaille pas le lundi midi mais après c’est reparti pour la semaine ! […] Je travaille 55h par semaine, je suis quasiment au SMIC et je n’ai pas de vie ! Je ne vois même pas mes amis, je n’ai pas le temps. »
– Tu habites où ?
Alpha – « Maintenant j’habite à Bagnolet. Je suis en colocation avec un frère [un ami] dans un HLM de 18m². Avant j’habitais plus loin, à 30 minutes d’ici [le 18ème Arrondissement où il a ses habitudes pour travailler] par le RER B. Je ne pouvais pas y aller à vélo, c’était trop loin. J’étais obligé de monter dans le RER avec mon vélo et comme ils étaient bondés, je devais en laisser passer plusieurs parfois. Souvent, à la fin du travail, j’arrivais plus tard que minuit chez moi ! »
– Tu as de la famille ici ?
Alpha – « Ma famille, ils sont tous au bled, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. J’ai la double nationalité. Je les aide comme je peux. Parfois j’envoie 100 euros quand je peux. Le SMIC là-bas c’est 100 euros. »
– Etre livreur Deliveroo, ça paye ?
Alpha – « Deliveroo avant ça allait, maintenant c’est la galère. Avant une course c’était minimum 5,75€ la course. Maintenant, ça peut descendre à 3€ pour une course d’un kilomètre. Quand tu vois ça t’as envie de pleurer parce que tu dois payer les cotisations [l’URSSAF comme autoentrepreneur], tu dois payer le loyer, tu dois payer le carburant, tu dois mettre un peu à côté,… Actuellement, je gagne 1350€ par mois environ, mais pour combien d’heures par semaine ? Parce que je travaille du lundi au lundi ! Avant c’était bien payé : par jour je pouvais avoir 80/85€ par jour. […] Ce matin, je travaillais dans le 8e, j’ai fait 5 courses et je suis à 17€ pour 4 heures de boulot. […] Maintenant pour une course, je peux faire parfois 7 km pour 6€ à la fin. Ils ont étendu les zones. Avant tu ne faisais pas plus de 2 ou 3 km. »
– Tu cherches un autre boulot ?
Alpha – « Parfois je dépose des CV dans de restaurants, mais même pour faire la plonge faut de l’expérience ! Là, au moins t’as pas besoin de formation, t’as juste besoin d’un numéro de SIRET, ils t’envoient une vidéo et c’est parti. »
– Quelle est ta relation avec tes supérieurs chez Deliveroo ?
Alpha – « Ton patron tu le vois même pas, on fait tout par mail. Je ne sais même pas qui me répond, peut-être même que c’est un robot ! […] Par exemple, j’ai eu un accident un jour, je roulais à vélo à côté d’un taxi et le client ouvre sa portière. Je me blesse à la main. J’avais tellement mal. J’ai pris une photo de mon bras et je l’ai envoyé au tchat avec Deliveroo. Ils me demandent ‘est-ce que vous pouvez livrer la commande ?’. Il ne me demande même pas si je vais bien ! J’étais choqué. Celui qui meurt pour Deliveroo il est mort cadeau. Eux ils s’en fiche, ils sont au chaud, l’argent rentre dans le compte, ils voyagent où ils veulent, ils sont juste devant leur ordi et voilà ! […] Après je n’ai pas pu travailler pendant une semaine. »
– Vous, les livreurs, vous arrivez à faire entendre votre voix chez Deliveroo ?
Alpha – « Quand tu fais la grève et que tu te montres un peu trop, on bloque ton compte. On t’envoie un e-mail avec un prétexte bidon et ton compte il est bloqué, il y a plus rien à faire. Une fois que ton compte est bloqué, c’est mort, t’as plus qu’à trouver un autre boulot ! C’est ce qui fait que d’autres ont peur. Surtout que c’est difficile de trouver un boulot ici sans expérience. Donc les autres préfèrent se taire et avaler. T’as pas le droit de grève, t’as pas le droit d’exprimer ton mécontentement. »
Karim : « Je travaille pour Deliveroo… enfin je suis ‘partenaire’ avec eux, comme ils disent ! »
– Que faisais-tu avant d’être livreur ?
Karim – « J’étais étudiant en Algérie. Je suis venu en Espagne en 2018, je suis resté en Espagne presque un an à Séville. Mais après j’ai décidé de m’installer en France comme je n’ai pas trouvé de boulots là-bas. […] En Algérie, j’étais ingénieur en génie civil, j’avais un Master 2. Mais pour travailler en France faut des diplômes français ou européens, mon diplôme ne vaut rien ici. J’ai voulu m’inscrire pour étudier ici, mais on a refusé mon inscription. Donc je devais chercher du travail. […] Quand j’ai trouvé la livraison, je n’ai plus cherché ailleurs, ça faisait déjà un an que je ne travaillais pas, j’avais besoin d’argent. En plus, on est libre, on travaille quand on veut, on se repose quand on veut, il n’y a pas de patron pour nous dire quoi faire. J’y suis depuis février 2019. »
– Pourquoi tu es venu en France ?
Karim – « Moi j’aurais bien aimé rester en Algérie. Quitter son pays, tout recommencer à zéro c’est dur. J’aurais voulu trouver un boulot digne là-bas. Mais au niveau des salaires ça ne valait pas le coup. Et en plus la situation en Algérie en ce moment ce n’est pas facile. […] Toute ma famille est restée en Algérie. J’ai deux frères en France et ma fiancée. Elle est venue en France une fois que j’étais arrivé. Elle a pu continuer ses études ici, contrairement à moi. Elle cherche du travail dans l’informatique. […] On ne vit pas encore ensemble, moi je vis en colocation et je ne peux pas la faire venir. J’ai un studio dans le 19ème. »
– Tu gagnes ta vie avec Deliveroo ?
Karim – « J’ai commencé en vélo. Au début c’était rentable, même avec le vélo : des commandes à 5€ minimum c’était bien. Après tu pouvais monter à 9/10€ sur des grosses courses. Mais depuis juillet 2019, ils ont changé les tarifs… pour gagner plus d’argent. […] Maintenant les tarifs, le minimum c’est 2,70€… Heureusement on peut refuser les courses, pas comme Uber, mais à force de refuser les course on perd notre temps. […] Aujourd’hui, par exemple, j’ai commencé à 10:30 jusqu’à 14:30 et j’ai fait 53€ sur 4 heures. Et le soir je recommence à 18 ou 19 heures jusqu’à 22:00 ou 23:00 en fonction du travail. Donc je fais environ 8 heures de travail par jour, 6 jours sur 7. Je mange à 15 heures, parfois 16:00… les autres mangent en premier ! Et dans tout ça faut que je trouve le temps de faire mes courses et parfois je dois aller faire réparer le scooter… »
– Ça te fait combien en termes de chiffre d’affaires ?
Karim – « Ça varie entre 400€ la semaine (au mois d’août quand c’était mort) et 800€ les meilleures semaines, mais c’est plutôt 500/600€ d’habitude. Mais si j’arrive à ça c’est parce que je travaille beaucoup et parce que j’ai un scooter. […] Mais je ne travaille pas toutes les semaines. Donc sur un mois je monte à 2000/2500€, mais après faut retirer l’URSSAF (23%), l’essence, l’entretien du scooter, le téléphone parce que je travaille toute la journée avec ! »
– Tu comptes rester livreur encore ?
Karim – « Avec cette situation-là, je pense pas continuer. Je veux faire autre chose. J’aimerais bien continuer dans ce que je faisais en Algérie, soit faire une formation en France, soit travailler dans le bâtiment. »
La lutte pour leurs conditions de travail aujourd’hui
Loin d’être isolés, les livreurs s’organisent contre ces géants du numérique. Si sur le plan syndical, leurs revendications restent lettre morte, le combat juridique avance lentement, mais surement.
Le domaine des plateformes numériques est un secteur où les travailleurs restent peu syndiqués. D’abord cela est dû à une absence de culture syndicale dans un milieu avec un fort turnover. Puis, il y a la peur de perdre son emploi : les plateformes bloquent aisément les comptes des livreurs ayant participé à des actions de revendication.
Néanmoins, il existe principalement deux syndicats présents dans le secteur : le Collectif des Livreurs Autonomes de Paris (CLAP), principalement présent en Ile-de-France et la CGT-livreurs surtout présente dans plusieurs grandes villes de province. La CGT a dernièrement organisé plusieurs jours de grève (fin octobre, début novembre et encore début décembre) dans plusieurs de ces villes (une centaine de participants par ville que ce soit à Bordeaux, Toulouse ou Lyon…très peu par rapport au nombre de livreurs dans ces villes).
Ils demandent, entre autres : une négociation des prix des courses, avec la mise en place d’un tarif minimal et fixe ; une réduction du temps d’attente au restaurant qui diminue significativement leur potentiel productif ; et l’application systématique d’une prime en cas d’intempéries. Ils ne tranchent en revanche pas clairement la question du salariat, même s’ils soutiennent les livreurs qui font la démarche, car certains préfèrent rester indépendants. Il s’agit avant tout de revendications pour une juste rémunération de leur travail et des droits sociaux (droit de grève, droit à des indemnisations en cas d’accidents du travail,…). Mais en absence d’obligation légale, les plateformes ne prévoient aucun lieu d’écoute ni de négociation avec les livreurs.
C’est sur le plan juridique, que les droits des livreurs avancent. La bataille principale est celle de la requalification en contrat de travail pour cause de travail dissimulé. Elle est notamment menée par des avocats comme Maître Kevin Mention qui représente plus de 300 travailleurs de ces plateformes. Plusieurs décisions juridiques ont été importantes ces derniers temps.
D’abord, l’arrêt « Take it Easy » de la Cour de Cassation du 28 novembre 2018 affirme que dès lors que l’application est dotée d’un système de géo-localisation permettant le suivi en temps réel par la société de la position du coursier et la comptabilisation du nombre total de kilomètres parcourus, et que la société dispose d’un pouvoir de sanction à l’égard du coursier, cela caractérise un lien de subordination et les juges de fond doivent requalifier en contrat de travail. Puis l’arrêt « Petrovic » de la Cour de Cassation du 3 mars 2020 concernant un chauffeur Uber va encore plus loin : les conditions pour constater une situation de salariat sont beaucoup plus générales. La requalification en contrat de travail devient alors possible pour un grand nombre de types de plateformes.
L’ubérisation du monde du travail comme « esclavagisation » de celui-ci prend ainsi un coup d’arrêt avec ces décisions qui permettent à un grand nombre de coursiers, de chauffeurs,… de ces plateformes de demander la requalification. Ces plateformes ont ainsi le choix entre accepter progressivement la salarisation de son personnel ou de respecter véritablement le statut des indépendants. Mais ces démarches juridiques restent longues et coûteuses. Surtout que le résultat n’est pas garanti et que cela doit être une démarche active du travailleur qui doit demander sa propre requalification (aucune démarche collective n’est envisageable à ce stade).
Si l’ubérisation du monde du travail est bien connue, la situation sociale de ces travailleurs, et en particulier celle des plus précaires tels que les coursiers, est un sujet peu abordé dans le champ politique aujourd’hui. La crise sanitaire a permis de mettre en lumière certaines catégories de métiers, mais les travailleurs des plateformes, et a fortiori les coursiers Deliveroo, restent certainement les oubliés parmi les oubliés malgré leur combat pour leurs droits aujourd’hui.
Selon Karime Amellal dans La Révolution de la Servitude (2018), « le capitalisme technologique fait voler en éclats tous les acquis sociaux obtenus depuis la fin du XIXe siècle. Avec les travailleurs ubérisés, on se retrouve avec des conditions de travail dignes des canuts du XIXe siècle ou des ouvriers de Germinal. » Il ne s’agit pas de nier que le marché du travail évolue, que l’auto-entreprenariat représente une opportunité pour un grand nombre de jeunes aujourd’hui. Il faudra peut-être reconnaître que le salariat n’est plus le « Saint Graal » comme il a pu l’être dans la deuxième moitié du XXe siècle. Mais, il s’agit de réinventer le cadre légal de ces travailleurs du numérique. Au minimum, les plateformes se doivent de respecter le statut d’indépendant. Mais avant tout, il s’agit de lui ouvrir de nouveaux droits, assurer à ces travailleurs du numérique des droits sociaux qui leur permettent de sortir de la précarité et de faire que le travail soit enfin synonyme d’émancipation.
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