La Cour suprême des États-Unis constitue de temps immémoriaux une institution se situant sur l’échiquier politique bien plus à droite que l’opinion publique de la nation.
Sans entrer dans les détails, la raison en est que quand la désignation d’un nouveau juge se fait dans un contexte politique où les Démocrates dominent, le processus se déroule dans un contexte équilibré où le meilleur candidat au poste l’emporte, alors que quand ce sont les Républicains, la nomination se fait de manière autoritaire en faveur du candidat le plus conservateur en présence.
Trump compte sur ce biais pour qu’il lui sauve la peau un jour ou l’autre et n’a cessé de se féliciter d’être déjà parvenu à faire nommer à la Cour suprême deux juges de droite comme Gorsuch et Kavanaugh. Il n’a pas pensé au fait que l’institution puisse tenir à sa réputation de dernier recours fondé sur l’impartialité. Il a ainsi été pris à contrepied par trois décisions récentes allant à l’encontre de sa politique de division et d’exclusion.
Une quatrième est tombée hier, dont j’avais écrit ici initialement (sur la base d’une dépêche succincte – et simplificatrice – du Los Angeles Times) que, prise avant l’élection présidentielle de 2016, elle aurait assuré la victoire de Hillary Clinton, vainqueur au nombre des suffrages. Il n’en est rien.
Être parfaitement précis m’obligerait d’entrer dans les subtilités du système des « grands électeurs », dont j’ai déjà expliqué ici en quoi il favorise les grands états ruraux et donc le vote conservateur. Je me contenterai de dire qu’une décision hier en sens inverse de celle qu’a prise la Cour suprême aurait invalidé une fois pour toutes un effort en cours de la part de certains états de constituer un « compact » (pacte commun) visant à faire prévaloir le « popular vote », le nombre absolu de suffrages pour un candidat à la présidentielle.
Ces états se sont engagés à ce que leurs Grand électeurs se prononceront en faveur du candidat ou de la candidate ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages à l’échelle nationale (comme c’est le cas, par exemple, en France).
Le Compact a réuni actuellement de 196 Grands électeurs sur les 270 nécessaires pour faire basculer de fait le système électoral actuel à deux niveaux en l’équivalent d’un système de suffrage direct. Il peut poursuivre son effort de rallier d’autres états à son initiative, laquelle aurait tourné court si la Cour suprême avait pris hier une décision en sens inverse.
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