Avec la supposée « vague verte » du second tour des élections municipales et les annonces du Président Macron aujourd’hui sur la Convention citoyenne, sommes-nous en train de prendre enfin le bon chemin pour sauver le genre humain (du moins en France…) ?
Les faits sont là. Hier, le second tour des élections municipales a été marqué par la conquête de nombreuses grandes villes par les forces écologistes. A Lyon, malgré un accord entre LREM et LR, l’écologiste, Grégory Doucet, remporte l’élection haut la main avec plus de 52,4% des voix, alors que le candidat était encore inconnu au bataillon avant ces élections. A Bordeaux, bastion historique de la droite, c’est Pierre Hurmic de EELV qui remporte l’élection. Encore à Marseille, l’écologiste Michèle Rubirola arrive en tête avec 39,9% des voix. Il faut encore citer Strasbourg, Besançon, Poitiers, Annecy ou encore Tours… en tout, une trentaine de grandes villes ont maintenant à leur tête un maire écologiste.
Chacun aura son explication, mais cette poussée verte est certainement une conséquence de la crise sanitaire. Comme (j’en proposais l’hypothèse) le 24 mars 2020 sur ce blog, la crise sanitaire a agi comme révélateur de notre fragilité et de l’interconnexion entre biodiversité, climat, santé et économie. La crise sanitaire aurait agi comme dernier avertissement de la Planète et il aurait été enfin entendu. La crise sanitaire actuelle est un exercice grandeur nature du type de crises qui nous attend dans les décennies à venir et les électeurs se rendent bien compte que ce n’est pas le monde qu’ils souhaitent pour l’avenir.
Mais est-ce donc une vague verte qui déferle en France ? Pas tout à fait. Il faut noter d’abord que cela ne concerne qu’une trentaine de villes sur environ 300 villes de plus de 30 000 habitants en France (on ne considère pas ici les plus petites villes et villages où les enjeux des municipales sont très différents). Ces élections municipales restent avant tout marquées par le statu quo : les villes anciennement PS le demeurent, les villes anciennement LR le restent également (de même pour le RN qui conserve 8 des 10 villes remportées en 2014, et le PCF, malgré la défaite à Saint-Denis).
Ensuite, il ne faut pas se faire d’illusions : le grand vainqueur de ces élections est l’abstention. Près de deux électeurs sur trois ne se sont pas déplacés pour ces élections. La peur du coronavirus ? Peut-être. Mais pour près de deux électeurs sur trois qui vont quand même faire leurs courses pour pouvoir se nourrir, un bulletin de vote ne valait pas plus qu’une baguette de pain.
Enfin, la vague verte de ces élections est d’abord un phénomène citadin. Ce sont 30 villes qui ont été conquises par les écologistes ce qui ne reflète en rien les préoccupations de la population dans sa globalité. Les électeurs écolos en ville ont un profil particulier qui n’est aucunement représentatif de la population dans son ensemble.
Un signe encourageant néanmoins de ces victoires écologistes est de constater qu’elles ont été permises par de larges alliances entre les écologistes et les différents mouvements de gauche. A Bordeaux, le candidat EELV l’a remporté avec le soutien du PS et du PCF. A Marseille, Michèle Rubirola arrive en tête grâce à une large alliance des écologistes avec le PS, le PCF, LFI et plusieurs mouvements citoyens. Idem pour d’autres villes comme Tours. Ces alliances marchent aussi dans l’autre sens : à Paris, Anne Hidalgo arrive largement en tête avec le soutien notamment des écologistes et du PCF.
Contrairement au niveau national, au niveau local les mouvements de gauche et écologistes savent se parler et s’unir quand il le faut. Aujourd’hui, on le sait, l’économie de guerre climatique ne peut se faire sans un Etat-Providence fort et ces alliances sont de bon augure. C’est en s’unissant que la gauche et les écologistes ont gagné des victoires à ces municipales. C’est donc en s’unissant que la gauche et les écologistes peuvent espérer gagner en 2022 pour enfin se mettre sur le bon chemin pour sauver le genre humain !
Et si Emmanuel Macron a raté le coche des élections municipales, il semble vouloir se rattraper avec ses dernières déclarations au sujet de la Convention citoyenne. Alors que les mesures adoptées par la Convention étaient réputées très encourageantes par les ONG écologistes, il compte intégrer les 149 propositions (sauf trois) dans la législation française. Mais comme dit l’adage, le diable se cache dans les détails… il faudra rester vigilant sur le fait que ces textes ne soient pas vidés de leur sens au moment de la traduction juridique des propositions.
Il reste néanmoins intéressant de constater qu’Emmanuel Macron ne compte aucunement entériner les propositions de la Convention citoyenne et souhaite plutôt s’en servir pour relancer sa politique climatique. Le risque demeure que cela reste des annonces sans lendemain. Macron souhaite notamment réaliser un référendum pour intégrer la protection de l’environnement dans l’article 1er de la Constitution. Or tout bon juriste sait que la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement fait déjà partie du « bloc de constitutionnalité », selon la décision fondatrice du 16 juillet 1971 du Conseil Constitutionnel, par l’intermédiaire de la Charte de l’environnement de 2004. Donc affaire à suivre !
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