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Des études récentes se sont intéressées à l’impact réel des travaux entrepris pour améliorer l’isolation des bâtiments d’habitation. « L’impact réel » a été mesuré par l’économie constatée après travaux sur la facture énergétique des ménages concernés. Une étude américaine en 2018 et une étude française en 2019 (exposée par un des auteurs sur le site slate.fr) font le constat étonnant d’une performance calamiteuse des travaux entrepris pour améliorer la performance thermique des logements anciens.
Les calculs thermiques traditionnels évaluent à 65€/an les économies de consommation pour 1000€ investis, en moyenne, sur un bouquet de diverses interventions (changement des fenêtres, isolation des murs et des plafonds, remplacement de chaudière etc.). Ces chiffres sont donnés en référence par les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), par le ministère de la transition écologique et solidaire. L’étude française constate un retour sur investissement inférieur de 8 fois au gain théorique, à 8,40€/an pour 1000€ investis. L’étude américaine fait état d’un retour 2,5 fois inférieur au calcul de référence utilisé par les autorités dans le cadre de subventions aux travaux.
Que se passe-t-il ? Les auteurs des deux études sont surpris eux-mêmes par leurs résultats et évoquent quelques conjectures d’explication dans leurs conclusions, comme « l’effet rebond » et la sous-évaluation des performances des logements anciens par les calculs thermiques traditionnels.
L’effet rebond est la velléité des occupants à chauffer plus leur logement une fois qu’il est rénové, qui peut s’expliquer par un nouveau goût du confort après les travaux. En effet, un logement mal isolé est sujet à des variations de chaleur à l’intérieur du volume chauffé : effet de parois froides, courants d’air, stratification de l’air chaud en haut des pièces, différences de températures selon les pièces, inertie du système à répondre aux variations de températures extérieures. Au contraire, un logement bien isolé et régulé, a une température homogène et un bon équilibre entre température de l’air et rayonnement des parois, et une meilleure faculté à assurer la continuité de la température d’usage le long de la journée. « L’effet rebond », constaté par les chercheurs de longue date, peut être expliqué par le fait que la réaction naturelle du corps à une température homogène et enveloppante est de se laisser aller à une jouissance apaisée du confort thermique… en enlevant le pull et en augmentant le chauffage. La sous-évaluation des performances des logements anciens par les logiciels de calcul thermique, quant à elle, a été constatée par plusieurs études aux Etats-Unis, et serait selon Fowlie/Greenstone/Wolfram la cause principale du relatif faible impact des rénovations. L’hétérogénéité des bâtiments anciens et la difficulté de calculer ex ante certaines déperditions, comme les fuites d’air, mériteraient une approche plus fine des études thermiques.
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