Retranscription de Trump lâché par ses troupes, le 11 octobre 2019. Ouvert aux commentaires.
Bonjour, nous sommes le 11 octobre 2019. J’avais l’intention de vous parler du Brexit. J’avais préparé quelque chose mais ça peut attendre, il y a des choses plus importantes. Il y a quelqu’un qui m’écrit ce matin pour me dire que je devrais parler du fait que Mme Sylvie Goulard n’a pas été nommée commissaire européen. Et là, je me gratte la tête quand je vois ça et je réponds à cette personne que « Vous avez vraiment l’impression que je parle de ce genre de choses d’habitude ? » [rires].
Non, il se passe des choses plus importantes. Il y a une guerre. M. Lindsey Graham, c’est un inconditionnel de M. Trump, il avait eu des mots très peu aimables pour lui pendant la campagne électorale mais après, c’était un loyal de chez loyaux, quelqu’un qui donnait raison systématiquement à M. Trump absolument sur tout et, sur cette décision de M. Trump de retirer des troupes américaines du nord de la Syrie permettant à la Turquie de lancer une offensive dont font essentiellement jusqu’ici les frais les Kurdes qui se trouvent dans la région, on a posé la question hier à M. Graham de ce qu’il en pensait et il a dit : « Jamais même M. Obama n’a fait des choses de cet ordre-là » et le reporter lui dit : « Est-ce que ce sera le Vietnam des États-Unis, durant la présidence Trump ? » et M. Lindsey Graham lui dit : « Non, non, c’est bien pire que le Vietnam ! ». C’est dire que des craquements se font entendre du côté des Républicains, d’autant plus qu’il s’agit, comme je vous le disais, de vraiment quelqu’un dont on pouvait supposer qu’il faisait partie du dernier carré quoi qu’il arrive.
Du côté de M. Giuliani, les choses ne se présentent pas bien. M. Giuliani, vous le savez, a joué le rôle – alors que son seul rôle véritable, c’est d’être l’avocat de M. Trump – il a joué un rôle de diplomate caché, occulte, dans les relations avec l’Ukraine, d’être une sorte d’envoyé spécial qui décide absolument de tout.
M. Giuliani est quelqu’un qui se défend très bien. Tout le monde sait qu’il a la capacité de se défendre comme le meilleur des avocats en disant une chose à un moment donné de la conversation et puis exactement le contraire plus tard. Quelques journalistes doués lui reproposent ça par la suite en disant : « Vous avez dit blanc et vous avez dit noir ». Il a le talent d’avocat de se défendre par tous les moyens possibles. Il l’a fait jusqu’ici avec M. Trump. Il fait partie de cette toute petite équipe autour de Trump avec également le ministre de la Justice, M. William Barr, et le ministre des Affaires étrangères, M. Mike Pompeo, mais M. Giuliani a pris un très très mauvais coup hier. C’est le fait que deux de ses adjoints ont été arrêtés pour des malversations qui sont formulées de manière tout à fait précise comme étant le fait que ces personnes ont servi de prête-nom à un financement des activités de M. Trump, de sa campagne, en cachant l’origine étrangère de ces fonds. Ces gens ont effectivement transmis des sommes importantes à l’équipe de campagne de M. Trump et ils sont probablement des prête-noms parce que ce ne sont pas des gens qui ont des fortunes qui permettent de faire des dons de ce type-là. Ce sont des fonds qui viennent d’ailleurs. Et donc, ces personnes, qui étaient en train de [quitter les Etats-Unis avec des billets d’avion aller-simple], ont été arrêtées à l’aéroport et, à ma connaissance, se trouvent en ce moment en prison.
On a présenté, en particulier les Républicains autour de M. Trump, ce qui s’est passé comme étant une querelle entre l’exécutif et le législatif, les parlementaires, en disant que la Constitution américaine ne laissait aucun doute que l’exécutif devait prévaloir. Il reste un 3ème pouvoir, bien entendu, qui est le judiciaire. Alors là, on avait le sentiment qu’avec M. Barr à la tête du ministère de la Justice, voilà que la justice se trouvait aussi du côté de M. Trump, ou en tout cas sous la coupe d’un de ses affidés, mais on oublie une chose : c’est qu’aux États-Unis, il y a aussi une justice au niveau des États : il n’y a pas que la justice au niveau fédéral. Et c’est la justice au niveau de l’État de New-York qui a arrêté ces deux personnes dans l’entourage de M. Giuliani et, comme vous le savez, si vous avez pu suivre un peu ce que je racontais, ce qui est écrit dans le rapport de la commission Mueller, il y a encore toute une série de procès qui sont en cours, et d’enquêtes qui sont en cours, au niveau des États et pas du Parlement fédéral.
M. Trump, lui, perd un tout petit peu de ses moyens. En particulier, il a éclaté quand il a vu que même sur la chaîne Fox News qui, jusqu’ici l’a défendu absolument bec et ongles, a mis tout son pouvoir de chaîne la plus regardée pour ce qui est des nouvelles derrière M. Trump et voilà que, cela devait être hier ou avant-hier, elle a montré un sondage qui montre qu’une majorité des Américains sont en faveur maintenant de l’impeachment. Alors, M. Trump a bien entendu tonné à son habitude, en disant que la chaîne Fox News n’était plus ce qu’elle était. Effectivement, pour l’avoir trahi en produisant un sondage défavorable. [P.J. On apprendrait le même jour, 11 octobre, le « départ volontaire » de la chaîne de Shepard Smith, le journaliste ayant montré le sondage ; il travaillait pour Fox News depuis 1996].
M. Trump fait partie de ces gens qui considèrent que les sondages doivent dire ce que lui veut et qu’il est sans doute convaincu, avec sa grande connaissance du monde des affaires, que c’est comme ça que ça marche. Effectivement – et comme je vous l’ai signalé – l’agence de sondage Rasmussen, dont les résultats en général étaient très favorables à M. Trump et dans le contexte actuel où tout le monde lui donne d’être plombé par au moins 10 ou 15 points, même Rasmussen le montre plombé de 2 ou 4 points, c’est-à-dire que même Rasmussen n’arrive pas, même en « massaging« , en « massant » les faits, à montrer encore une opinion positive de M. Trump.
On a l’impression que les choses vont très vite. Il y a beaucoup d’enquêtes. Il y a beaucoup de subpoenas, de saisies de documents qui sont lancées par les comités du Congrès. Ce sont des salves qui sont lancées. On a à peine vu tel nom qu’un autre nom apparaît.
Doit témoigner aujourd’hui l’ambassadrice américaine en Ukraine qui avait été limogée par M. Trump à la suite d’une campagne dans la presse d’extrême-droite américaine, disant qu’elle ne faisait pas son boulot. On va entendre la conseillère de M. Trump sur les affaires russes, Mme Fiona Hill, probablement [P.J. Elle fit sa déposition le lundi 14 octobre]. Vous savez qu’il y a une tentative, du côté de M. Trump, d’empêcher tous ces gens de témoigner mais certains ne sont pas dans sa juridiction ni dans celle de ses deux affidés : Pompeo aux Affaires étrangères et Barr à la Justice, et peuvent venir quand même témoigner [P.J. Ce qui n’est le cas ni de Mme Marie L. Yovanovitch ex-ambassadrice des États-Unis en Ukraine d’août 2016 à mai 2019, ni de Mme Fiona Hill, conseillère de Trump pour les affaires russes d’avril 2017 à aoput 2019, qui ont dû braver l’interdiction qui leur était faite de déposer ; le Congrès les a aidées en les subpoena dans les heures précédant leur déposition, rendant leur présence obligatoire sous peine d’infraction à la loi].
Les comités qui s’occupent de l’impeachment ont aussi, maintenant, mis en place une procédure, une formule qui dit : « Si vous ne venez pas, ne vous inquiétez pas. Nous mettrons cela au dossier simplement de l’obstruction à notre enquête ». La formulation est très belle. Je ne l’ai pas sous les yeux, mais en disant : « Venez, on aimerait bien que vous soyez là mais si vous ne voulez pas, ne vous en faites, on ne va pas se faire des cheveux à ce propos-là : ça vient s’additionner aussi dans le dossier de l’obstruction à notre enquête ».
Voilà où on en est. On a l’impression maintenant que les choses vont aller extrêmement vite, en particulier du fait que M. Trump perd des alliés dans le camp Républicain. Ce n’est pas sur sa politique intérieure mais c’est sur sa politique étrangère. Il y a maintenant une sorte d’union sacrée entre Démocrates et Républicains sur le fait que la politique de M. Trump [au Proche-Orient] n’est pas la bonne et les tentatives de défaire les mesures qu’il prend, en particulier par des motions qui sont lancées, qui essayent d’interrompre la campagne militaire de la Turquie dans le nord de la Syrie.
On a l’impression maintenant que de minute en minute, il peut se passer des choses, des retournements, importants. L’arrestation de deux personnes dans l’entourage de Giuliani est un avertissement lancé aux personnes qui seraient tentées de faire encore partie du dernier carré. On leur fait comprendre : « Attention, on peut parler éventuellement de prison dans ce cas-ci, d’arrestation, et de prison, et de jugement. Faites attention à ce que vous faites. Faites attention à ce que vous allez dire ». C’est de l’intimidation bien entendu mais ça fait partie, je dirais, du retournement de l’opinion contre M. Trump : il est maintenant lâché non seulement par son entourage immédiat mais surtout par l’opinion.
Si les choses continuent à aller dans ce sens-ci, on dira un jour que Mme Nancy Pelosi a été un génie, qu’elle a manié les choses du mieux qu’elle pouvait le faire, c’est-à-dire qu’elle a attendu que l’opinion puisse la suivre. C’est l’analyse que j’ai faite, vous avez dû le voir, au fil des années : rien ne pourra se passer contre Trump tant qu’il restera de l’ordre de 45 % des Américains qui seront en sa faveur. Maintenant, on est tombé en-dessous des 40. On parle de 35 % de gens encore en faveur de Trump. Là, la marge de manœuvre pour son renversement est suffisante : il n’y a plus une quasi-majorité en sa faveur. Je dis « quasi-majorité » quand on a de l’ordre de 40 ou 45 % des gens favorables à sa politique et au maintien de sa présidence.
Voilà, je vous tiens au courant. Il va encore se passer pas mal de choses.
Ah oui, je vous avais dit que je vais vous montrer où je suis parce que c’est quand même assez beau. C’est un endroit assez spectaculaire. J’espère pouvoir vous le montrer. Ah la la, non, il y a tellement de lumière, vous n’allez pas voir. Si, vous allez deviner que c’est la Meuse. Oui, vous allez peut-être deviner que c’est la Meuse que l’on voit derrière moi, à Liège.
J’ai fait une rencontre – et je vais encore voir cette personne – j’ai fait une rencontre extraordinaire hier. Si on m’avait dit : « Qui est-ce que vous aimeriez vraiment rencontrer ? A qui aimeriez-vous serrer la main ? » J’aurais réfléchi longuement et je ne sais pas si j’aurais dit ce nom-là. Mais au moment de le faire, au moment de serrer la main à cette personne-là, je me suis dit que, voilà, j’avais certainement un désir secret d’un jour faire ça.
Je vous en dirai davantage. J’ai eu l’occasion d’ailleurs de raconter à cette personne une petite anecdote qui nous lie de manière tout à fait indirecte mais quand même qui lui a fait très plaisir aussi [P.J. Je la raconterai à tout le monde, ça s’est passé à Vitré en 2014]. J’espère pouvoir vous en dire davantage bientôt.
On a l’occasion comme ça, quand on est invité, parfois, de rencontrer d’autres personnes qui sont invitées de la même manière et d’avoir ce plaisir extraordinaire. Il me vient à l’esprit une autre occasion, c’est quand je me suis retrouvé dans une émission de M. Taddéï et qu’il y avait une personne qui me mettait la main sur l’épaule, par derrière, et qui me soufflait des choses à dire parce qu’elle considérait que j’allais dans le même sens qu’elle : qu’elle avait envie de dire des choses de ce type-là et que cette personne, c’était Marina Vlady. Ça fait partie, quand même, des grandes satisfactions dans la vie [rires]. Il ne s’agissait pas de Marina Vlady hier mais j’aurai l’occasion de vous dire de qui il s’agit.
Voilà. Allez, à bientôt !
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