Retranscription de Pourquoi nous sommes en train de gagner, le 24 août 2019.
Bonjour, nous sommes le samedi 24 août 2019. Vous connaissez mon goût pour la provocation et donc, vous ne serez pas autrement surpris par le titre que je vais donner à ma vidéo d’aujourd’hui, qui est « Pourquoi nous sommes en train de gagner ».
J’ai appelé récemment une de mes vidéos « Paul Jorion n’est pas fou » mais là, vous pourriez commencer à avoir des doutes sérieux. Pourquoi ? Parce que le monde autour de nous est en train de s’écrouler. Il y a en particulier 4 démagogues qui sont en train de précipiter l’effondrement généralisé du monde. Nous avons M. Trump aux États-Unis. Nous avons M. Boris Johnson au Royaume-Uni. Nous avons M. Bolsonaro au Brésil et nous avons M. Salvini en Italie. Tout ça, ce ne sont pas de petits pays. Ce sont de grands pays qui ont mis à leur tête, par des élections démocratiques, des autocrates, des démagogues, par un vote populaire, le vote du peuple. Ils ont obtenu des majorités pour se trouver là où ils sont.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Il faut réfléchir à cela.
Pourquoi cette montée de ce qu’on appelle parfois le populisme, qu’on peut appeler aussi une sorte de fascisme spontané qui peut conduire à la prise de pouvoir par de véritables fascistes ? M. Salvini en présente tous les caractères extérieurs : il est en train de réhabiliter le culte de Mussolini. M. Trump – je posais la question hier – est-ce qu’il se conduit davantage comme Caligula ou comme Néron ? La question se pose. Ils entraînent leur pays dans la chute. Je vous ai tenu au courant de cela. En quelques jours, M. Trump a fait 4 choses qui suffisent à détruire non seulement un pays mais tous les pays avoisinants, surtout quand il s’agit de la 1ère puissance économique au monde que sont encore les Etats-Unis. Il a commencé par dire qu’il voulait acheter le Groenland au Danemark, comme une sorte d’opération immobilière. Quand la Première ministre du Danemark est tombée de sa chaise, il a dit : « Puisque c’est comme ça, je ne viens pas en visite officielle ! », celle qui était prévue début septembre. Il a repris les propos d’un commentateur complotiste faisant de lui le « roi d’Israël », le « nouveau messie », et cet imbécile a repris ça en disant : « Oui, c’est probablement vrai, etc. » en ajoutant – et là, il est vraiment très très mal tombé – que les Juifs américains qui votent Démocrate « trahissent leur patrie ». Ce que la presse en général n’a pas aimé, c’est cette thèse que les Juifs américains sont davantage loyaux vis-à-vis d’Israël que de leur propre pays. Ça, c’est mal passé, aussi dans la presse républicaine.
Les n° 3 et 4, ça date d’hier. M. Trump a dit du dirigeant, du gouverneur, président de la Federal Reserve, la banque centrale américaine [Jerome Powell], qu’il était un pire ennemi de l’Amérique que M. Xi Jinping, un bonhomme qu’il a nommé. La question n’est pas qu’il l’ait nommé. Ce monsieur gère les taux d’intérêt à court terme comme on lui demande de le faire. Il fait son métier. M. Trump, non, il veut des taux d’intérêt plus bas, plus bas, plus bas, plus bas. Il ne faut pas que ça monte ! Il faut surtout que ça descende.
Qu’est-ce que ça révèle surtout ? C’est que M. Trump – et ça, c’est sympathique pour nous – il se place systématiquement du côté des gens endettés et qu’un taux d’intérêt haut, c’est l’ennemi du peuple et là, tout le monde peut s’identifier à lui sauf bien entendu tous les milieux d’affaires pour qui, quand l’économie va bien, « il est bien normal qu’on partage un peu de la richesse avec nous aussi ! », qu’un peu de ces aubaines, comme les appelle Proudhon, soient partagées aussi par ceux qui avancent le capital et qui pourraient recevoir peut-être des dividendes ou des intérêts. Les dividendes vont bien mais pourquoi est-ce que les dividendes vont bien ? C’est parce que les entreprises s’endettent pour payer des dividendes, parce qu’il y a une espèce de compétition/concurrence entre elles. Et alors, cerise sur le gâteau, c’est sa déclaration qui vient aussitôt après. Quand les Chinois disent qu’ils commencent à en avoir marre et qu’eux aussi vont mettre des droits d’accise, des tarifs douaniers, sur certains types de produits américains, alors là, qu’est-ce qu’il fait M. Trump ? Il envoie un tweet – ça, ça ne nous surprend pas – mais en disant « J’ordonne par la présente… ». Là on peut se demander si on n’est pas au niveau de Caligula qui nomme ministre son cheval. Tout le monde s’est mis à rigoler. Je l’ai mentionné. Il y a des gens qui montrent des photos de leur chien en disant « Mon chien m’a dit qu’il ‘m’ordonnait par la présente’ de lui donner des friandises ». Un type a dit « ‘J’ordonne par la présente’ que mon club de foot préféré gagne ses vingt prochains matchs ». Qu’est-ce que ça montre ces commentaires humoristiques ? Ça montre que les gens sont conscients que Trump a décollé de la réalité. Il est là à dire : « J’ordonne que les entreprises cessent de traiter avec les entreprises chinoises ». Il n’a pas la capacité de faire ça.
Que fait le peuple américain ? J’ai rigolé déjà : j’ai déjà appelé une fois un billet ou une vidéo, je ne sais plus : « Où est le Deep State quand on a besoin de lui ? ». La thèse de M. Trump qu’il y a un Deep State, c’est-à-dire une part cachée de l’Etat qui va l’abattre – on en a la preuve maintenant que ça n’existe pas, c’est pour ça que je peux ironiser en disant que c’est bien dommage parce que s’il y avait eu un Deep State, il se serait débarrassé de M. Trump déjà il y a très longtemps. La preuve est faite, non, ça n’existe pas. Ça fait partie de ses délires paranoïaques et de ses copains complotistes. Hélas, les institutions n’ont pas résisté jusqu’ici. Les contre-pouvoirs ne jouent pas véritablement. Le parlement doit être un contre-pouvoir à l’exécutif. Le législatif, en principe, est un contre-pouvoir à l’exécutif mais il essaye de mettre sur la touche entièrement le législatif. Il fait des procès aux instances parlementaires qui essayent d’obtenir de l’information sur ses malversations, etc. Il y a encore le judiciaire. Le judiciaire progresse petit à petit, a déjà obtenu certaines victoires mais voilà, on n’avance pas. Il n’y a pas de Deep State. M. Trump est toujours là.
Il reste une possibilité. Je l’ai mentionnée il y a très très longtemps. Ce sera d’ailleurs dans le premier volume des 4 volumes en préparation sur Trump. Dans le 1er volume, je parle déjà du twenty-fifth amendment, du 25ème amendement qui permet au cabinet, l’entourage immédiat d’un président, de le mettre sur la touche, de prendre le pouvoir à sa place et de mettre le vice-président à sa place. Ce serait en l’occurrence M. Mike Pence.
De quoi s’agissait-il, en 1776, quand la Constitution américaine a été [petit à petit] créée ? Il s’agissait d’imaginer, bien entendu, un Président des Etats-Unis à la tête des troupes résistant à un envahisseur ou encore avec le souvenir de se débarrasser de la puissance coloniale britannique et qui serait blessé à la tête de ses troupes et qu’il faudrait remplacer par le vice-président en raison de son invalidité, de son incapacité, à exercer son pouvoir. Je suis sûr – je ne m’avance pas beaucoup – que dans l’entourage immédiat de M. Trump, au niveau de ses conseillers, au niveau justement de la cellule qui est à la Maison Blanche, on doit réfléchir beaucoup ce week-end au 25ème amendement.
Le type qui imagine qu’il est le roi d’Israël, qu’il peut ordonner aux entreprises de son pays de couper tout lien avec la Chine du jour au lendemain, qui suggère au premier ministre d’un pays d’acheter une partie de son pays, représente un danger trop grand. Ce qui ne veut pas dire qu’il ait décollé entièrement de la catégorie d’autocrate et de démagogue puisque les points communs sont évidents avec Boris Johnson qui se prépare à provoquer une catastrophe non seulement dans son pays mais dans l’ensemble de l’Union Européenne, et probablement avec des répercussions sur les marchés de manière générale. Les marchés : ce qui, au niveau global, nous sert de baromètre.
La bourse réagit mal aux évènements qui créent de l’incertitude, de l’inquiétude. On l’a vu hier aux États-Unis. Les marchés européens ont eu la nouvelle du délire trumpien alors que la séance allait se clôturer mais aux États-Unis, tous les indices boursiers sont tombés de 3 %.
On a Bolsonaro, on a effectivement Johnson, Trump, Salvini en Italie. Pourquoi est-ce que ces gens sont élus démocratiquement ? En raison de l’incapacité de ceux qui se trouvent à la place, dans les partis de gouvernement, là où on dit gouvernement « civilisé », leur incapacité à résoudre les problèmes qui se posent. J’avais dit en 2008 : « Voilà, un démenti cinglant a été apporté à l’idéologie ultralibérale qui est le parti de la banque (la religion féroce comme je l’appelle aussi, le fascisme en col blanc), cette idéologie a été démentie par les faits en 2008. Il faut maintenant en tirer les conséquences ».
Depuis 10 ans – 11 ans, ces conséquences, apparemment, n’avaient pas été tirées. Elles avaient été tirées par la population qui votait ou qui s’exprimait dans des rébellions de type Gilets jaunes, spontanées, dans des jacqueries. Cet échec de l’ultralibéralisme s’est reflété dans la dérive oligarchique de nos démocraties occidentales et dans cette séparation de fait que l’on appelle aussi « disparition de la classe moyenne » entre une population défavorisée et une population favorisée : les élites qui se partagent le magot.
Ça ne pouvait pas ne pas apparaître en surface d’une certaine manière. Comme l’avaient souligné ces analystes, je crois que c’étaient des Britanniques, qui avaient démontré que si on était entrés dans une alternance de régimes populistes avec à leur tête des démagogues, les partis de gouvernement dits civilisés, en raison de l’incapacité de ces partis de gouvernement « civilisés » de résoudre les problèmes qui sont là. Chaque fois qu’eux reviennent au pouvoir, quand des gouvernements « populistes » avec des démagogues à leur tête s’effondrent, jusqu’ici, ils avaient remis en place la même sauce et on repart, à ce moment-là, vers une insatisfaction de la population qui va, de nouveau, remettre des populistes à la place.
Ce qu’il aurait fallu durant les 10 années écoulées, c’était entériner le démenti par les faits des thèses ultralibérales. C’est pour ça que j’ai fêté aussitôt par une vidéo une déclaration comme celle de la Business Roundtable aux États-Unis – un syndicat des patrons des plus grosses entreprises américaines – qui a remis en question un des principes fondamentaux et tout à fait au centre du fonctionnement de l’ultralibéralisme : la prévalence, la prédominance de l’actionnaire sur quiconque d’autre dans la gestion des entreprises.
C’est un tournant considérable, je l’ai dit. J’ai d’ailleurs répété le mot « considérable » (je m’en suis rendu compte quand je me suis réécouté) un nombre considérable de fois mais c’est vrai. J’ai rappelé à ce moment-là les propos de ce banquier à qui j’avais été confronté dans une émission de France Culture, qui était arbitrée par M. Attali, et qui m’avait donné raison sur absolument tout, au point que je lui demande : « Dans ce cas-là, si j’ai tellement raison et si vous me dites que la banque est de mon côté parce que mes arguments sont imparables, pourquoi alors les choses se passent-elles comme elles le font ? » et qu’il m’a répondu : « Les marchés ne sont pas prêts mais, quand ils seront prêts, ils le feront ». Là, je ne l’avais pas pris pour une boutade : ce monsieur disait ça sérieusement, j’avais pris ça pour une élucubration, pour une cornichonnerie et là, ce monsieur qui représentait la banque, il s’est vu confirmé dans ce qu’il a dit, par des choses que M. Macron – qui se trouvait dans le même camp, soyons clairs ! – par des choses que M. Macron a faites au cours des 3 derniers jours. Il a confronté M. Boris Johnson. Il a confronté M. Bolsonaro à propos de l’accord de Mercosur en disant « M. Bolsonaro trahit cela ! » et il a, dans cette déclaration un peu ambigüe, un peu ambivalente, dit qu’il était du côté du maire de Langouët qui avait interdit par un arrêté municipal qu’on asperge de pesticides dans un rayon – si j’ai bon souvenir – de 100 ou 150 mètres des habitations.
La question que je vais poser : est-ce que ce qu’il s’est passé ces 3 derniers jours dans les déclarations de M. Macron, est-ce qu’elles sont en train de nous dire que les marchés font comme ce banquier m’a dit, que quand les choses seraient prêtes, ils iraient du côté des arguments raisonnables, des propositions de ce qu’il faut faire, etc. ?
On ne va pas pavoiser tout de suite. Je peux dire qu’on est en train de gagner, pourquoi pas ? Entre là, j’en ai reparlé aussi, la déclaration de M. Sarkozy à Toulon en disant « Le capitalisme tel qu’il existait est mort. Il faut qu’on passe à autre chose ». C’était il y a 11 ans. Il ne s’est pas passé grand-chose. Il a fallu peut-être que les peuples se fâchent et élisent des démagogues pour que les partis dits de gouvernement commencent à comprendre qu’ils ne peuvent pas simplement faire comme avant, faire comme on l’a fait en 2009 – en 2010, reconstituer à l’identique ce système dont les faits avaient montré qu’il ne pouvait plus marcher. Ça a été ça aux ultralibéraux leur première réaction : reconstituer le système à l’identique. J’ai parlé de ça aussi, de ce rapport qui avait été très bien fait aussitôt, en 2009, de ce monsieur [Jean Maxence Granier] qui avait envisagé 4 attitudes possibles de la part des experts. Il m’avait mis dans une catégorie, pas la plus radicale mais pratiquement. Il avait eu la gentillesse de mettre mon nom. Je vous le rappelle surtout, dans la catégorie de « Faut-il reconstituer le système à l’identique ? », ce qui a été fait par les milieux de la banque, par la finance, au cours des 11 dernières années, il n’avait pas trouvé un seul expert digne de ce nom à l’échelle mondiale dont il pourrait mettre le nom à cet endroit-là. La classe politique finit par comprendre.
Il y a une chose qui me vient à l’esprit, je vais la dire. Ça ne s’inscrit pas tout à fait dans le plan de ce que je voulais dire. C’est une digression mais c’est parce que c’est une illustration. C’est une illustration. J’ai écrit un livre sur Keynes : Penser tout haut l’économie avec Keynes. Ce livre, je crois qu’il n’a pas été lu par les économistes. Il n’a pas donné lieu à de quelconques commentaires. J’ai été invité quelquefois par des gens extrêmement hostiles à ce que je disais dans ce livre, à la radio ou la télévision. Il n’a pas eu de conséquence sauf une. Il a convaincu un économiste de droite, qui était véritablement un des penseurs de l’ultralibéralisme, Bruno Colmant, qui est devenu mon ami Bruno Colmant. Ce livre sur Keynes, il a convaincu Bruno Colmant de revoir sa manière de faire au point que Colmant, qui vient d’être nommé à la tête d’une banque d’affaires, d’une grande banque d’affaires belge [Degroof-Petercam], considère, défend des positions qui sont quasiment identiques aux miennes et dont il dit gentiment que c’est dans les conversations que nous avons eues, dans les lectures qu’il a faite de choses que j’ai écrites, qu’il a été convaincu de le faire.
Ce signe-là, et c’est pour ça sans doute qu’il vient interrompre mon petit exposé, il me convainc moi. Il vient justifier le fait que Le blog de Paul Jorion : « Le seul blog optimiste du monde occidental », me permet moi, sans que ce ne soit une plaisanterie trop grossière, de dire : « Nous sommes en train de gagner ».
Nous convaincrons aussi des gens qui se sont rangés du côté des démagogues de rejoindre les rangs des gens raisonnables. Ce parti, le parti de ce qu’il faut faire maintenant, il n’existe pas encore véritablement. Vous avez vu mes efforts désespérés et… affligeants [rires], d’essayer de me présenter aux élections européennes. Vous avez vu : il n’y a eu absolument aucun écho ! Ça n’a été que des coups de téléphone auxquels on ne répond pas, des messages qui sont ignorés, etc., etc. Là, la campagne des européennes – appelons les choses par leur nom – s’est faite encore dans l’ancien style : dans le cadre ultralibéral.
Mais les choses sont en train d’évoluer. Je vais vous montrer quelque chose. Je le mettrai en-dessous de la vidéo parce que ce n’est pas très clair. Moi, je n’ai pu l’imprimer qu’en noir et blanc. Regardez un instant les chiffres et je vais vous les commenter. Voilà les chiffres qu’on peut voir. C’est l’approbation ou la désapprobation des électeurs américains vis-à-vis de M. Trump. Vous voyez, il y a les hommes en haut et les femmes en-dessous. Ensuite, il y a les personnes « blanches » sans éducation, sans diplôme de type universitaire, et il y a ensuite [les Blancs avec diplôme universitaire] et ensuite ce qu’on appelle aux Etats-Unis les « Non-blancs ».
Les Non-blancs, c’est une catégorie qui est à mourir de rire, vous vous en doutez. C’est aussi bien les descendants de gens qui sont venus aux États-Unis en tant qu’esclaves amenés pour venir travailler sur les plantations. Ce sont les Amérindiens, qu’ils soient les descendants des Amérindiens qui habitaient sur le territoire des États-Unis ou bien ceux qui habitaient en Amérique Centrale et qui sont venus comme migrants, mais ils appliquent ça aussi bien à Mme Ocasio-Cortez dont la seule qualité [de Non-blanche] est que ses parents soient de Porto Rico. Si vos parents parlent espagnol, ça veut dire que vous êtes Non-blanc aussi ! Et vous vous souvenez de la querelle qu’il y a eu récemment d’une députée d’origine palestinienne, considérée également… qui tombe aussi très facilement dans cette catégorie de Non-blanc pour une raison qui nous échappent à nous, Européens. [Tout cela renvoie bien entendu implicitement à ce mythe de « Dieu offrant aux Élus Pèlerins un continent [supposé] vide [d’Élus] » – « Non-Blanc » remplace pour la facilité « on-Élu »].
Les chiffres les moins intéressants, ce sont ceux qui n’ont pas bougé depuis l’élection de M. Trump. Il y a toujours plus d’hommes qui approuvent M. Trump que ne le désapprouvent. 49 % approuvent sa politique et 43 % la désapprouvent. Les femmes, là, il y a eu un glissement. Les femmes étaient plus favorables à Trump au départ, au moment de son élection et il y a eu un glissement. Elles sont de moins en moins favorables pour les raisons que vous imaginez aisément, en raison du fait que ce misogyne, comment dire ? … Je ne vais pas continuer. 31 % des femmes américains approuvent M. Trump contre 62 %, une majorité écrasante. C’est très simple : le chiffre 62, c’est le double de 31, donc c’est un tier,s contre deux tiers de femmes qui désapprouvent M. Trump. Le gros des troupes trumpiennes, c’est toujours pareil. Ça n’a pas bougé. Ce sont les hommes blancs qui ne sont pas allés à l’école. C’est là qu’il y a eu une évolution qui a eu lieu. Pour l’ensemble des Blancs qui ne sont pas allés à l’école, 55 % approuvent encore Trump, 37 % le désapprouvent. Ce qui a bougé, et ce sur quoi les « pollsters », les gens qui s’occupent de sondages, attirent notre attention maintenant, c’est le glissement qui a eu lieu parmi les femmes qui n’ont pas de diplôme, qui n’ont pas fait d’études universitaires. […] C’est là la catégorie dans laquelle il y a eu du changement en ce moment. Si les chiffres baissent pour Trump, c’est à ce niveau-là. Alors, la dernière catégorie, la catégorie des Non-blancs, là, évidemment, Trump n’a absolument aucun soutien, qu’il s’agisse des « Hispaniques » comme on dit là-bas, ou de la population afro-américaine : 21 % approuvent Trump et 72 le rejettent.
Une alouette ne fait pas le printemps. Les 3 déclarations ces jours derniers de M. Macron, ça ne change pas encore la face du monde ! On va voir comment M. Macron va parler, la manière dont il va tenir tête – parce qu’on peut quand même imaginer qu’il lui tienne tête – à M. Trump aujourd’hui et demain à l’occasion du G7. Et c’est là qu’on va pouvoir tester l’affirmation de mon banquier, que quand les marchés seront prêts, ils iront dans le sens de la raison, de la survie de l’humanité, qu’ils mettront la logique du profit entre parenthèses, comme il l’affirme, comme ils l’ont affirmé dans cette déclaration de la Business Roundtable.
Ce n’est rien mais c’est symptomatique. C’est, comme je l’ai dit le jour où c’est apparu : une défaite en rase campagne pour l’ultralibéralisme. C’est très important. C’est l’un des dogmes, central, de leur philosophie, si on peut appliquer le mot « philosophie » à ça, de leur « logique » en tous cas. Ce qu’on entend dire là, c’est qu’on va peut-être ne plus mettre à l’avan-plan la seule question du profit en réfléchissant à ce qu’on va faire maintenant. Et, vous le savez, c’était la thèse centrale de mon bouquin Le dernier qui s’en va éteint la lumière : tant que la logique du profit est là, au centre des préoccupations, elle signe simplement l’arrêt de mort du genre humain.
On va voir. Est-ce que mon optimisme probablement dû, comme l’a expliqué la science [sourire], au fait que j’ai deux récepteurs pour la dopamine et que rien ne me convainc que les choses vont vraiment très très mal, d’où ma querelle récemment avec Yves Cochet sur le fait que j’avais le sentiment qu’un certain nombre de survivalistes ont vraiment déjà baissé les bras. Ce n’est pas bien parce que, s’il faut les remettre dans le combat en disant : « On est dans un tournant : les choses sont en train de s’améliorer au point de vue de la compréhension des gens qui dirigent les gouvernements de ce qu’il faudrait faire », il va falloir maintenant qu’ils abandonnent leurs igloos et leurs bunkers pour se re-joindre au combat. Enfin bon, ce sera peut-être plus facile de les convaincre qu’il n’a été difficile de convaincre le camp d’en face : il a fallu 11 ans pour voir les premiers frémissements dans le bon sens !
Voilà, une réflexion générale sur les démagogues, le populisme, et l’incapacité des partis dits de gouvernement de nous proposer une véritable alternative au discours absolument délirant d’un certain nombre de démagogues.
Voilà, allez, à bientôt !
» Il va maintenant jouer sur la terreur, la perte de repères, l’identification à lui seulement, la mise en scène…