Quand vous lirez à l’automne le premier tome de ma saga en plusieurs volumes, La chute de la météorite Trump, intitulé « Un objet populiste mal identifié », vous aurez l’occasion de vous souvenir que j’appelais Trump en août 2017 : « Le dernier général de l’armée sudiste en déroute », et vous noterez que j’ai été le premier à l’appeler ainsi.
Depuis, et pas plus tard qu’il y a huit jours, je vous ai resitué, pour vous les expliquer, des événements récents aux États-Unis, dans le contexte toujours non-digéré d’une Guerre de Sécession inachevée, et d’un héritage du passé esclavagiste des États-Unis pesant encore toujours de tout son poids sur les événements récents.
Quand il s’est agi d’expliquer en janvier l’hystérie de Trump devant une prétendue « invasion imminente » des États-Unis à partir de la frontière mexicaine, je vous ai parlé de cela sous le titre : Les cowboys et les Indiens et dans un papier publié simultanément dans Le Monde en France et dans L’Écho en Belgique intitulé : Trump : la vraie raison de son intransigeance, j’ai expliqué que ce qui le terrifie, lui et les gens de son acabit, ce n’est pas qu’il y ait des candidats à l’immigration aux États-Unis – c’est après tout comme cela que la nation s’est faite – mais que les immigrants d’aujourd’hui soient des Amérindiens en provenance de l’Amérique centrale, et que ce qui se dessine en filigrane, c’est une revanche des « Pré-colombiens » sur les conquistadores, et non la confirmation du bien-fondé de la colonisation par les « Pélerins » protestants qui, après que les Indiens leur offrirent des présents en nourriture, alors qu’ils mouraient de faim, s’empressèrent d’aller piller les greniers de ceux-ci (un épisode qui constitue l’exemple marquant d’une histoire, mais dont on se s’étonne pas qu’elle s’évanouisse de la mémoire sélective d’une nation).
Et c’est ce qui a conduit l’un d’entre vous à me signaler la parution du livre d’un auteur américain qui – pour la première fois (à ma connaissance) – explique les événements récents sous le même éclairage que le mien : un passé colonial toujours présent, dictant les comportements du présent, et conduisant à la catastrophe.
Quelle est la thèse de Dying of Whiteness. How the Politics of Racial Resentment is Killing America’s Heartland (New York : Basic Books 2019) : « Mourir de sa blanchitude. Comment une politique de ressentiment est en train de tuer l’Amérique profonde », par Jonathan M. Metzl ? Que si la classe ouvrière et une partie des classes moyennes américaines soutiennent la politique de Trump « Make America Great Again » – ce qui constitue un suicide pour elles car elles en sont les premières victimes – c’est DE PEUR que des politiques d’intérêt général ne bénéficient AUSSI aux Noirs américains et à ceux que l’on appelle là-bas « Hispaniques » ou « Mexicains », qui sont en réalité à 95% des Amérindiens en provenance de plusieurs pays d’Amérique centrale.
Jonathan Metzl, qui est médecin de formation, aligne à l’infini les exemples de personnes qu’il a vues, interviewées, des Blancs à la dérive, et qui préfèrent leur misère et leur mort lente, au fait de voir des mesures qui pourraient les sauver bénéficier aussi à des gens qu’ils considèrent comme leurs inférieurs. Pourquoi cette hystérie anti-État, se demande Metzl, et la réponse que lui apportent les victimes en face de lui c’est « Parce que l’État traite DE LA MÊME MANIÈRE que moi des Noirs descendants d’esclaves et des Peaux-rouges », sous-entendu : « Il ne reconnaît pas que je vaux mieux qu’un quelconque bougnoule ! »
P.S. Je ne suis qu’au tout début de ma lecture, le livre m’est parvenu samedi. Je vous tiens au courant.
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