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C’est un euphémisme de dire que de plus en plus de gens constatent l’écart ahurissant entre la connaissance scientifique internationale sur l’état de l’environnement (déstabilisation de la biosphère, dérèglement du climat, destruction des écosystèmes) et la pensée, le discours et l’action politique. Nous pouvons tous constater cette inertie tendancielle de nos sociétés, qui s’exprime par une accélération de la destruction de notre environnement. Notre trajectoire humaine nous conduit mécaniquement à des effondrements locaux ou globaux. Face à ce désagréable constat, la plupart de nos représentants politiques ne nous représentent plus et ne font plus de politique. Ils n’ont pas pris la mesure du problème.
Dans un processus politique ou administratif, on est vite « perdu dans la tuyauterie » : les boulons, les tuyaux, les clefs à molette. Mais il ne faudrait pas que ce soit « la tuyauterie du Titanic proche du naufrage ». Bref, si les mécanos sont indispensables pour entretenir et réparer un navire, pour visser par exemple des boulons avec des clefs à molette dans la pénombre des cales et de la salle des machines, ils sont sans utilité si une « vigie » ne regarde pas au loin devant la proue du navire… lancé à pleine vitesse vers un iceberg. Ils sont sans utilité si la vigie n’alerte pas le capitaine, pour faire virer le navire à temps. Le politique, c’est le capitaine. La vigie, ce sont les scientifiques et les intellectuels. L’administration, ce sont les mécanos. Nous avons peut-être besoin de plus de vigies en politique !
La transition entre 2 législatures est le moment idéal pour que les politiques (et les citoyens) lèvent la tête du guidon et voient si on roule dans la bonne direction. Vu ce que nous disent les articles scientifiques internationaux, qui de sensé peut imaginer que ce soit le cas ?
Pour distraire les mécanos de leur vissage de boulons, il faut que la vigie alerte le capitaine. Au niveau européen, nous avons besoin d’un consensus des Etats membres sur le fait que la politique de l’Union ne répond pas à l’urgence environnementale. Que nous roulons encore et toujours dans la mauvaise direction. Nous devons oser déclarer démocratiquement un état d’urgence environnemental et social, pour réduire drastiquement et le plus vite possible notre empreinte environnementale globale, tout en augmentant notre résilience territoriale pour résister aux chocs environnementaux présents et à venir.
Est-ce le cas ? Y a-t-il un tel consensus au niveau européen aujourd’hui ? Entend-t-on le président de la Commission et le président du Conseil dire dans la presse « nous nous sommes trompés, nous faisons fausse route, il y a urgence à changer de direction », et s’excuser platement auprès de Greta Thunberg, l’égérie du mouvement climatique mondial ?
Existe-t-il un « état de l’environnement européen » qui indique factuellement que l’Union européenne continue de détruire l’environnement européen et mondial et que ses politiques ne changent rien, ou plutôt aggravent la situation ? (une déclaration d’état d’urgence environnemental et social)
Existe-t-il un document européen officiel qui exprime ce consensus sur la dangerosité de notre trajectoire environnementale européenne et cette volonté de la réorienter de toute urgence ? Et qui appelle la population à s’engager dans la transition ? (une déclaration d’état d’urgence sociétal et de mobilisation générale des citoyens)
Existe-t-il une stratégie européenne pour que les pouvoirs publics répondent à cette urgence ? (une déclaration d’Etat d’urgence environnementale et sociale, et une mobilisation générale des pouvoirs publics)
On peut exemplifier. On sait maintenant que l’extermination des insectes et des oiseaux est causée en bonne partie par l’agriculture intensive. C’est documenté scientifiquement. L’Union européenne en a-t-elle pris conscience et va-t-on observer un changement d’orientation pour la prochaine Commission ? Va-t-elle décréter la transition générale du système agricole vers l’agro-écologie ? Va-t-elle affecter des budgets et des moyens humains importants à cette transition ?
Il est très difficile pour une personne qui est montée à la vigie du navire de parler de clef sà molette, de boulons et de tuyaux à réparer à des mécanos du Titanic lancé à plein vitesse vers un iceberg. C’est… insensé et absurde.
Le plus urgent est donc que la vigie prenne son parlophone (son mégaphone), et crie au capitaine de quitter la passerelle, et aux mécanos de sortir de leur cale, pour monter au mat, voir de leurs propres yeux l’iceberg qui s’approche à toute vitesse…
Si Paul Jorion est candidat et élu lors des élections au Parlement européen, il pourra jouer ce rôle de vigie, au bénéfice de tous les passagers de notre navire !
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