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Dans cette lettre ouverte, signée par plus de 3000 scientifiques et universitaires belges, nous appelons nos décideurs politiques à réévaluer urgemment et de manière importante leurs ambitions climatiques. “Si vous reconnaissez l’objectivité scientifique, une seule conclusion est possible: le peuple dans les rues a entièrement raison.”
Aujourd’hui, la population se mobilise massivement dans les rues pour exiger plus d’ambitions climatiques de la part des autorités. Nous, scientifiques, ne pouvons que soutenir les raisons des activistes face aux évidences des changements climatiques ! Il est maintenant nécessaire qu’un débat et que des actions collectives soient entrepris pour accélérer la transition vers une société zéro-carbone. Certes, en tant qu’individu vous pouvez déjà vous investir en réduisant votre consommation de viande ou en évitant de voyager en avion. Mais il est surtout temps que des mesures concrètes et structurelles soient prises afin de réduire rapidement et drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, et ainsi, limiter le réchauffement de la terre au-dessous des 2 degrés, voire 1.5 °C. Pour éviter que le changement climatique n’affecte encore plus notre environnement, duquel dépendent nos vies et nos sociétés, il n’existe pas d’autres manières d’agir. L’idée même que le changement climatique puisse fortement altérer notre monde n’a rien à voir avec toute forme de catastrophisme, mais s’avère être tout bonnement basée sur des faits scientifiques, dont nous rappelons les plus importants :
1. La terre se réchauffe. La température moyenne de la surface de la Terre a déjà augmenté d’environ 1°C (par rapport à la température moyenne entre 1850 et 1900).
2. Près de 100% du réchauffement observé est dû aux activités humaines.
3. Rien que le réchauffement actuel de 1°C nous confronte déjà à une augmentation de l’occurrence et de l’intensité des extrêmes climatiques tels que les canicules, les sécheresses ou encore les inondations. Plus la terre se réchauffe, plus de tels phénomènes auront lieu. Un réchauffement au-delà des 2°C signifierait que la nature elle-même se mettrait à accentuer le changement climatique. Un effet boule de neige en somme, duquel découlent des températures encore plus élevées.
4. Il est essentiel de limiter le changement climatique et les mécanismes de rétroaction qui le renforcent. Pour limiter le réchauffement du climat à 2°C, les émissions de CO2 doivent avoir diminué d’environ 25% en 2030, et de 85% en 2050. Pour rester en-dessous d’un réchauffement de 1,5°C, les émissions nettes devraient être nulles en 2050. Afin d’y parvenir, il est impératif que des mesures politiques drastiques soient prises MAINTENANT. Plus on attend pour réduire les émissions, plus lourds seront les efforts à fournir pour maintenir le réchauffement (largement) en-dessous des 2°C.
5. Les mesures politiques actuelles sont largement insuffisantes pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. En effet, les émissions de CO2ne cessent d’augmenter d’année en année à l’échelle mondiale, alors qu’elles devraient décroître. En outre, les mesures proposées ne soutiennent en rien une diminution drastique des émissions, que ce soit au niveau local, belge, européen ou mondial. Les propositions actuellement discutées mèneraient à un réchauffement de plus de 3°C de notre planète d’ici la fin du siècle. Bien que cela paraisse peu, les conséquences d’un tel réchauffement seraient énormes.
6. Entreprendre des actions contre le changement climatique nous coûtera moins que l’absence d’actions. Les coûts de la non-action seront bien plus élevés à long-terme que les investissements nécessaires à court-terme pour diminuer nos émissions. Ne rien faire induirait d’énormes coûts, notamment à cause des dégâts causés par les inondations, les tempêtes et les incendies de forêt, entre autres. Les sécheresses extrêmes et les pénuries alimentaires qui s’en suivraient pourraient entraîner de nombreux conflits sociaux dans plusieurs pays, contribuant à leur tour à un renforcement des crises migratoires à l’échelle planétaire. La transition vers une société zéro-émission serait néanmoins plus avantageuse sur le plan économique, créant également de nombreux emplois. Ajoutons que les subventions pour les énergies fossiles coûtent annuellement plus de 500 milliards de dollars mondialement. Une telle somme, ou même une simple partie, permettrait par exemple de faciliter la transition vers une société plus durable.
7. Les savoirs et les technologies nécessaires pour réduire considérablement les émissions de CO2 existent déjà. Il suffit maintenant de courage politique pour prendre les mesures structurelles nécessaires et s’engager entièrement dans la transition vers une société zéro-émissions. Cette transition ne pourra se faire, entre autres, sans le développement rapide de l’approvisionnement en énergie renouvelable, la reconversion du bâti en producteur d’énergie plutôt qu’en consommateur d’énergie, la réforme de la mobilité, l’arrêt de la déforestation sur l’ensemble de la planète accompagné d’un reboisement écologiquement réfléchi, et enfin, la réduction des émissions induites par l’élevage du bétail. Ces investissements fourniraient de nouvelles opportunités de changements positifs dans une multiplicité de secteurs d’activité.Pensons, par exemple, à l’obtention d’un air pur, d’une alimentation et d’une eau saine et suffisante pour tous. Finalement, nous demandons de porter une attention particulière à la répartition équitable et transparente des coûts et revenus de la transition, ce qui est un élément nécessaire à toute stratégie climatique. En cas de conséquences pour les collectivités, des ambitions climatiques équitables nécessitent une adaptation des politiques sociales.
Il est grand temps qu’un changement s’opère. Et pour cela, nous avons besoin de tout le monde ! L’ensemble des actions nécessaires ne peuvent réussir que si des mesures politiques réfléchies et efficaces sont prises, accompagnées par un changement de nos comportements, aussi bien en tant qu’individus qu’en tant que communauté planétaire.
#Scientists4Climate
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