Trump perd pied, le 26 janvier 2019 – Retranscription

Retranscription de Trump perd pied, le 26 janvier 2019.

Bonjour, nous sommes le samedi 26 janvier 2019, et avant toute chose, vous avez dû le voir, mais Michel Legrand est mort, Michel Legrand qui nous a donné des mélodies et des chansons admirables, formidables. J’ai un fils à qui Les Parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort donnent de l’urticaire, mais non non non non, tout ça, c’est très très très beau ! J’ai mis ma chanson préférée de Michel Legrand, « Les moulins de mon coeur » (en anglais, « The Windmills of your mind », on est passé de mon coeur à ton esprit ! Je crois que saint Paul doit être content !), très très belle chanson de la bande sonore du film « The Thomas Crown affair » avec Steve McQueen et Faye Dunaway (voilà, j’étale ma science). [Michel Legrand] nous a donné des mélodies tout à fait extraordinaires, on se souviendra de… On chantonnera, moi je chantonnerai, en tout cas les chansons de Michel Legrand tant qu’il me sera donné de pouvoir le faire. 

L’un d’entre vous m’écrit en disant : « Vous ne faites plus assez de vidéos ! » Non ! Ce n’est pas comme ça que ça marche ! Vous avez compris : quand je fais une vidéo, c’est une scansion, c’est pour conclure quelque chose, pour dire : « Voilà, maintenant sur telle chose, on peut dire telle autre chose. » Et je parle beaucoup de Trump et des États-Unis, mais tant qu’il ne se passe que des choses qui ne sont que des épisodes dont on ne peut rien conclure, dont on ne sait pas ce que ça va donner, eh bien, je ne fais pas de vidéos, et je fais évidemment des vidéos sur d’autres choses quand ça me vient, et en particulier sur l’actualité en Europe, sur le Brexit etc. quand j’ai quelque chose à dire.

Aujourd’hui, eh bien là, je vais faire une petite scansion sur les États-Unis, parce qu’il y a une petite conclusion ou même une grande conclusion qui est en train de s’esquisser – une petite qui a eu lieu et une grande qui est en train de s’esquisser – et ma vidéo, je vais l’appeler : « Donald perd pied ». Voilà. Il ne s’agit pas de Donald Duck, le fameux personnage de Walt Disney, il s’agit de M. Donald Trump.

Pourquoi est-ce qu’il perd pied ? Eh bien, parce qu’il a subi une grande défaite : il vient de faire, hier, une chose qu’il a dit qu’il ne ferait jamais, c’est-à-dire de rouvrir, de lever la fermeture des services fédéraux américains faute de budget, et il l’a fait sans avoir rien gagné. Il a refait un discours où il disait qu’il allait insister ou même utiliser ses pouvoirs présidentiels pour bâtir ce mur complet le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, mais il n’y a aucune garantie de ça. La réouverture est pour [dans]quinze jours, mais on le voit mal remettre les choses sur la table à ce moment-là. Il perd dans les sondages de manière tout à fait remarquable. Il y a un dernier sondage qu’on peut voir sur RealClearPolitics, c’est celui de [ABC], et là, 38% en faveur de Trump, 58% [défavorables], un écart de 20% entre les deux. Alors, il y a d’autres sondages, bien entendu, en particulier il y a des sondages qui sont systématiquement favorables à Trump, ce sont ceux de Fox News et de Rasmussen Reports. Et c’est bien connu, si vous regardez, d’ailleurs sur Wikipedia et si vous regardez « Rasmussen Reports », vous verrez que c’est un <i>think tank</i> de la droite, dont il est dit sur Wikipedia que ses sondages sont souvent fort biaisés du côté de la droite. C’est chez Rasmussen Reports qu’on a trouvé, à une époque, les seuls sondages favorables à Trump. Pas de beaucoup, pas de beaucoup ! Du type 48% / 47%, des choses de cet ordre-là. Mais bon, là, même Rasmussen donne quoi ? Un écart de neuf points entre les gens qui aiment Trump et les gens qui ne l’aiment pas.

Et qui est-ce qui a gagné ? Eh bien, il n’y a pas de doute. C’est Mme Nancy Pelosi, à la tête du Congrès, de la majorité Démocrate en ce moment au Congrès, c’est à dire à l’Assemblée Nationale, et du coup, c’est elle qui dirige cette Assemblée. C’est une femme qui ne plaît pas à tout le monde, et il a été assez facile pour l’extrême-droite de la « sataniser » d’une certaine manière parce que, bon, elle est assez tranchante, mais elle dit des choses qui ont convaincu ces jours-ci, comme quand elle dit : « Lorsqu’il dit ça, c’est une question de masculinité pour lui », donc en le remettant à sa place. Elle a dit : « Ses trépignements quand il fait sa crise… Moi j’ai cinq enfants et neuf petits-enfants, et quand je vois un gosse qui fait sa crise, eh bien, je sais le reconnaître de loin ». Voilà, elle a dit des choses comme ça, qui ont amusé, et surtout, elle a un pouvoir !

Elle a un pouvoir. Il y a l’exécutif, bien entendu, avec M. Trump à sa tête, mais il y a le législatif, et Mme Pelosi est à la tête du législatif. 

On avait dit qu’elle était hors course, qu’elle était sur la touche, etc. Apparemment, ce n’est pas le cas. Les journaux américains, en tous cas les journaux que je lis moi, de manière très biaisée, disent qu’elle a remporté une victoire et que M. Trump, c’est sa première défaite en rase campagne parce qu’il n’a rien gagné, il a simplement perdu. Le Gouvernement va repartir. Les Démocrates ont promis que l’on discuterait de son histoire de sécurité aux frontières mais, avaient-ils dit, uniquement quand l’administration refonctionnera. Donc voilà, c’est dans les termes des Démocrates que les choses vont êtres discutées.

Sur le fait que M. Trump est en train de perdre pied, bien entendu, il n’y a pas que Mme Pelosi. Il y a le travail de sape qui est en train d’être fait par M. Robert Mueller, qui le fait pas à pas et qui a remis à sa place l’autre jour des gens qui essayaient de brûler les étapes avec des informations dont ils considéraient qu’elles étaient, sinon fausses, du moins inopportunes. Et là, hier, il a abattu [une carte] que l’on attendait depuis longtemps. Si vous avez regardé un peu ce que j’ai écrit moi, finalement, j’ai pu vous renvoyer quasiment entièrement sur ce qui s’est passé hier à un de mes billets du mois d’août de l’année dernière, 2018. C’est-à-dire que pratiquement tout ce que l’on a appris hier, en fait, on le savait déjà. Si, on a appris quelques petits détails supplémentaires comme le fait que M. Roger Stone a menacé M. Randy Credico de tuer son chien. Et, puis comme l’autre ne bougeait pas, « Tu peux le tuer lui-même »… Des petits trucs comme ça, sur, manifestement, des enregistrements de conversations. On a appris, les journaux américains, les télévisions, etc se sont beaucoup amusés à repasser en boucle une scène du Godfather 2, du Parrain n° 2, parce que, dans la discussion entre Stone et Credico, Credico étant la personne que Stone a envoyée rencontrer Julian Assange à l’Ambassade de l’Equateur à Londres, ils ont dû discuter de ça et Stone y fait une allusion. C’est une scène dans ce film où, ce n’est pas un « parrain », c’est un sous-fifre de la mafia mais un petit peu important qui revient de manière un peu spectaculaire sur les déclarations qu’il a faites devant une commission et, quand on lui dit : « Voulez-vous bien répéter ici pour les gens qui sont réunis ici ce que vous avez dit ? », il dit « J’ai dit n’importe quoi. J’étais menacé. Vous vouliez que je dise que M. Corleone avait fait ceci ? Mais bien entendu que je l’ai dit. Il suffisait que je vienne aujourd’hui et que je dise que tout cela était des menaces et que cela n’avait aucune signification. J’ai dit ce que l’on voulait entendre ». Il y a une discussion entre ces deux personnes. Finalement, Credico ne le fait pas au moment où il est interrogé. Il invoque le Fifth Amendment, le 5ème amendement [de la Constitution américaine] qui permet aux personnes de ne pas s’incriminer elles-mêmes, refuser de parler pour ne pas apporter d’éléments supplémentaires à l’accusation.

Pourquoi est-ce que M. Mueller a fait ça ? Pourquoi est-ce qu’il a sorti hier une carte qu’il aurait pu aussi bien sortir en août de l’année dernière ? Selon moi, c’est toujours mon hypothèse, selon moi, il l’a fait parce qu’il abat ses cartes systématiquement et qu’il menace de plus en plus M. Trump, et il le fait de manière posée, en laissant la possibilité à M. Trump de démissionner entre deux de ses cartes qu’il dépose, en disant : « J’ai celle-là, qu’est-ce que tu en penses ? ». L’autre ne bouge toujours pas et il dit : « Maintenant, j’ai celle-là ». Pourquoi est-ce que celle-ci est importante ? Même s’il n’y a pas d’information véritablement neuve. Parce qu’il est clair pour tout le monde que les prochains en ligne, par rapport à cela, c’est M. Jared Kushner, gendre de M. Trump, Mme Ivanka Trump, fille de M. Trump et M. Donald Trump Junior, fils de M. Trump, et peut-être encore même M. Eric Trump, fils de M. Trump également. C’est-à-dire que le cercle se resserre et, je l’ai déjà dit, vous le savez, il n’est pas très malin même si c’est un roublard. Même Trump a compris cela je suppose. Il sait que le prochain, c’est Jared ou Ivanka. Ça, il l’a dit depuis toujours. Il n’a pas dit : « Je ne le tolèrerai pas » mais il a dit : « Je ne le supporterai pas ». On le sait. Il est en mauvaise posture. Il a dû faire machine arrière sur un truc. Les sondages, maintenant, sont vraiment en train de décoller en sa défaveur. Je vous l’ai dit. Quand est-ce que j’ai dit ça ? Je ne sais pas, au tout début peut-être de la mise en place de la commission Mueller. J’ai dit : « Maintenant, ce que Muller doit faire, il doit faire qu’une majorité des Américains, une majorité décisive des Américains se convainquent que l’on ne peut pas garder Trump plus longtemps ». Je l’avais dit, je peux peut-être même le retrouver, cela va prendre du temps parce que l’on était à 45 % d’opinion positive. Maintenant, on est à 38 et je suis encore étonné que l’on ait ces 38 là mais enfin, bon…

Quand on demande aux Américains, c’était un sondage Politico l’autre jour : « Croyez-vous que les Russes ont des informations compromettantes sur M. Trump ? », 57 % des Américains maintenant disent oui. Ce n’est même pas aimer bien Trump ou pas, mais considérer qu’il est la marionnette, la victime d’un chantage, ce qui est l’hypothèse encore sympathique, qu’il soit victime d’un chantage, il est possible qu’il soit un enthousiaste de ce qu’il fait. Et là, vous le savez, il y a des éléments. J’en ai parlé aussi de ça : quand en 84, cela ne date pas d’hier, il revient de Tchécoslovaquie, il fait publier, dans les grands journaux américains Boston Globe, Washington Post, New York Times pour 100 000 dollars de l’époque, une grande déclaration qui est simplement un copier/coller de la politique de l’URSS à l’époque, en matière de défense internationale. Une hypothèse, c’est d’un certain M. Craig Unger, qui fait un très beau livre, très détaillé sur les rapports entre la mafia russe et la politique aux Etats-Unis de manière générale. Il est possible, dit M. Unger, il n’est pas interdit de penser qu’il ait déjà été compromis en 84 et que l’on n’ait même pas eu besoin de ses galipettes à Moscou en 2013.

Le Gouvernement américain est rouvert. C’est ça la scansion que je voulais vous signaler. Sinon, pour ce qui est des choses que l’on pouvait lire comme l’acte d’inculpation de M. Roger Stone et en citer des passages, je fais cela mieux quand je le fais par écrit parce que je peux recopier ce qui est écrit-là. Quand je fais des vidéos à des sujets comme ceux-là, vous l’avez vu, je dois parfois mettre quelques errata en-dessous, en disant « J’ai dit 10 000 mais je voulais dire 20 000 », etc. Il vaut mieux que, dans ces cas-là, je fasse des textes.

Avant de terminer, Chers Amis, on parle d’un livre sur l’Intelligence Artificielle. Je ne sais plus comment ça s’appelle, j’aurai dû y penser avant de commencer ma vidéo, mais je vous indiquerai le nom. C’est un livre d’un monsieur dont le nom est à consonance italienne, et qui nous explique en gros que l’Intelligence Artificielle, c’est une supercherie. En fait, il y a des tas de gens que l’on paie pour faire des trucs et l’on dira après que c’est de l’intelligence artificielle qui l’a fait. Il y a quelqu’un qui m’envoie un compte-rendu de ce livre et là, je lui ai répondu la chose suivante, j’ai dit : « Oui, c’est une supercherie. C’est d’ailleurs, comme vous le savez bien, comme la machine à vapeur. La machine à vapeur, je vous rappelle ce que c’était : on mettait une énorme chaudière, une énorme marmite sur une charrette et on faisait semblant que c’était la marmite qui faisait avancer la charrette. En fait, il y avait caché en-dessous, sous des rideaux, il y avait un poney qui tirait le truc ».

Je suis un peu méchant quand je dis ça mais, Chers Amis, regardez la vidéo. Je l’ai mise en ligne hier. Je ne sais plus comment cela s’appelait. C’est sur ce jeu qui s’appelle StarCraft et c’est une version de DeepMind. C’est un grand tournoi entre des êtres humains, des grands champions de ce jeu extrêmement compliqué. Il faut aller très très vite, et DeepMind, une autre version de Alpha Go et AlphaZero, qui jouent à ce jeu, qui écrasent les champions comme ça si bien que, et là, c’est la fin de la vidéo, il faut voir ça aussi, on handicape la machine jusqu’à ce qu’un champion puisse de nouveau gagner. Ce n’est pas pour diminuer le mérite de ce champion mais on voit bien que c’est une astuce pour remonter un peu le moral des êtres humains qui auront vu ça. Les êtres humains qui regardent ça, ils sont nombreux. Il y a bibi en particulier. J’ai passé 3 heures hier soir au lieu de regarder autre chose à regarder ça. C’est formidable. C’est la réponse à des gens qui vous disent : « Non, l’intelligence artificielle, c’est une supercherie et ça n’aura jamais lieu ». Il faut voir cette machine gagner à ce jeu avec 5 morceaux de son armée. Elle coordonne 5 morceaux de son armée qui entoure l’autre et, après, l’annihile. On ne sait pas faire ça ! Regardez déjà Napoléon à Waterloo, c’était Blücher et pas Grouchy… On ne sait pas faire ça !

Qu’est-ce qu’elle a fait cette machine ? Elle a appris l’équivalent de 200 années passées entièrement à jouer à ce jeu. Nous, on ne peut pas faire ça. On n’a pas les 200 ans ! Et même si on les avait, on ne passerait pas tout son temps à jouer à StarCraft, même les plus mordus. Regardez cette vidéo, vous ne serez pas seuls parce que je crois que l’on va arriver aux 500 000 personnes en 2 jours assez rapidement. Si vous êtes convaincu que l’Intelligence Artificielle, ça n’aura jamais lieu, regardez quand même ça. L’IA est en train de nous laisser sur place. Si vous voulez mon avis : d’abord, c’est dangereux parce que si on la laisse faire n’importe quoi, ça dérape mais elle résoudra les problèmes que nous sommes incapables de résoudre si on la met là-dessus. Je vois, ils mettent déjà, les gens de DeepMind, ile mettent déjà leurs machines sur les problèmes importants à résoudre.

Est-ce que l’on aura droit à un rétablissement en dernière seconde sur notre voie vers l’extinction de l’humanité ? Si ça a lieu, je suis certain que l’Intelligence Artificielle aura un rôle majeur à jouer là-dedans. Ça existe, croyez-le. J’ai travaillé dans ce domaine à la fin des années 80, au moment où il y avait encore des choses où on ne savait pas du tout comment on allait faire. Tout ça n’existe plus, tout ça a été balayé pas rapidement puisqu’il a fallu pratiquement 30 ans mais, en 30 ans, c’est là. Si vous voyez à la vitrine d’un libraire un livre qui dit « L’intelligence artificielle n’a pas eu lieu ou c’est une supercherie », Chers Amis, achetez autre chose. Cela vaut mieux.

A bientôt, au revoir.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Les curés qui pour nous apprendre à penser par nous même nous expliquent doctement qu’il faut penser comme eux ne…

  2. Je connais le site mais je n’ai pas les compétences pour avoir un avis sur le contenu. Je suis toujours…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta