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Sans vouloir défendre M. Emmanuel Macron, son gouvernement a raison de défendre l’idée de « common decency » contre Trump. Il s’agit d’Humanisme en pratique.
Donc je vais répondre en anglais: ‘common decency’ aurait été de bon aloi », a déclaré M. Griveaux à l’issue d’un Conseil des ministres, en reprenant un concept de l’écrivain britannique George Orwell.
Une partie de moi pense intuitivement que le non respect de la décence élémentaire, non respect si courant, si facile, si tentant pour chacun de nous, est le début de la barbarie, de la chosification de la personne humaine, étape à franchir pour conduire une société au génocide. Dire « bonjour Madame/Monsieur » par exemple, même à un collègue qu’on n’apprécie pas, même à un membre de sa famille qui nous a fait du tort, même à un tueur en série jugé dans un tribunal pour un juge par exemple, oui je vais jusque là, c’est reconnaître à une entité le statut d’être humain, et fournir un respect absolu, non pas à l’auteur d’actes ignobles/détestables, mais à l’Humanité qui nous fonde tous et de laquelle nous faisons partie.
C’est aussi, un rappel permanent que nous ne sommes pas fondamentalement différents du collègue qu’on n’apprécie pas, du membre de la famille détestable et même, oui je vais jusque là, pas fondamentalement différents d’un tueur en série jugé dans un tribunal. Du moins, pas fondamentalement différent en potentiel. Nous sommes « du même genre », « de la même sorte », « de la même engeance » si je puis dire en poussant au bout le raisonnement.
Le poète latin Térence a écrit ce vers : « Je suis un homme ; je considère que rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
Les grands romanciers, s’ils parviennent à dépeindre avec tant de réalisme les âmes et les actes les plus noirs, c’est parce qu’ils savent qu’ils ne sont pas fondamentalement étrangers en potentiel des pires criminels, et qu’ils peuvent lire en eux-mêmes les embryons des pires atrocités.
Reconnaître cela, et la psychanalyse peut y aider par exemple, c’est se rendre soi-même bien plus libre d’être un Humain autonome et pas seulement un homo sapiens sauvage, en étant lucide sur ses propres plus basses pulsions.
Créer une dichotomie extrême entre soi et un autre, entre un groupe et une minorité, entre des personnes n’ayant pas commis de crime et des criminels, permet de les « chosifier » et donc de leur infliger les pires atrocités.
Ceux qui sont pour la peine de mort ne l’ont pas compris : tuer un Autre c’est se tuer Soi, à moyen ou long terme, car c’est tuer l’idée de l’inviolabilité de la personne humaine, au su et au vu de tous avec la circonstance aggravante de la sanction de la loi et donc de la légitimité.
Très modestement, j’apprends à mon fils à dire bonne nuit à sa soeur, peu importante les phases de rivalité ou de jalousie, car c’est là le début de l’intégration du lien qui nous unit tous.
Et donc que ceux qui s’opposent à Emmanuel Macron continuent à l’appeler Monsieur le Président, quoi qu’ils en pensent, car c’est la parole, la verbalisation, le respect de la personne humaine, qui nous sort du passage à l’acte et de la violence, pour nous rendre tous Humains dans la Cité. L’opposition démocratique n’en sera que plus forte car plus digne.
J’ai bien conscience de la difficulté de l’éthique ici proposée…
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