Retranscription de « Il vaut mieux en rire qu’en pleurer ! ». Merci à Marianne Oppitz ! Ouvert aux commentaires.
Bonjour, nous sommes le mardi 19 juin 2018 et pas de thème précis à ma vidéo aujourd’hui mais un titre, quand même ! Le titre ce sera : « Il vaut mieux en rire qu’en pleurer ». Alors pourquoi il vaut mieux en rire qu’en pleurer ? Mais si vous ne l’avez pas constaté vous-même, je vous le rappelle quand même : le monde est en décomposition rapide. Monsieur Salvini, ministre de l’intérieur en Italie du gouvernement populiste dit qu’il va s’occuper sérieusement de la question des Roms. Alors, on s’attend au pire parce que quand on dit « s’en prendre sérieusement » à une population qui est arrivée dans nos pays, je crois – si j’ai bon souvenir – au XIIe siècle et qui s’est mêlée à notre population d’une manière – comment dire ? – un peu hétérogène, vu que c’est une population qui venait d’un pays où il y avait un système à castes et que cette population ne s’est jamais véritablement mêlée à la nôtre et est restée un peu dans sa manière de voir les choses. Quand on s’en prend sérieusement aux Roms, c’est dans une perspective, bien entendu – comme on l’a déjà vu – d’élimination. Alors, ça fait très, très peur.
Pendant ce temps là, Monsieur Trump qui est convaincu qu’il n’est pas encore assez proche de l’image de Néron, a mis en place une politique de tolérance zéro à l’immigration clandestine qui a conduit, déjà, à la séparation de 2.000 enfants de leurs parents, à la frontière avec le Mexique. Enfants dont on peut voir des photos dans des cages, politique qui a conduit l’épouse de Monsieur Trump – Madame Melania Knauss – à s’élever contre la politique de son mari. Voilà un couple qui ne durera plus très, très longtemps, d’autant que les enquêtes sur les frasques de son mari se poursuivent. On vient de saisir les données d’un certain hôtel où Monsieur Trump s’est retrouvé assez souvent.
Monsieur Trump donc a décidé – fort de son succès dans ses discussions avec le dictateur de Corée du Nord – qu’il allait dans le bon sens et, vous allez voir, j’ai un texte qui sort jeudi où je me suis réintéressé à la manière dont Monsieur Erich Fromm, le psychanalyste allemand – qui a longtemps vécu aux États-Unis – a introduit cette notion de pervers narcissique qui, s’il accède au pouvoir, a la possibilité de plier le monde à ses rêves de grandeur et qui voit là, la preuve que son schéma est bon. Jusqu’à, bien entendu, la chute finale. Je vous ai parlé, à propos de cela, de cet excellent film sur la chute d’Hitler et j’ai reproduit une petite vidéo.
Qu’est-ce encore qui va mal aujourd’hui dans le monde ? Le Royaume-Uni essaye de réparer les pots cassés après le désastre du vote du Brexit. Alors, ce sont les Lords qui essayent de remettre un peu d’ordre là-dedans et qui essayent d’empêcher que ce machin n’ait en réalité lieu, parce qu’alors là, c’est la décomposition du Royaume-Uni que nous observerions. Ce n’est pas simplement parce que la question irlandaise redeviendrait insoluble, c’est surtout la pauvreté, la catastrophe économique que cette décision représente pour le pays.
Alors, comme vous le savez, il y a quelques pays qui résistent encore pas mal. Qu’est-ce qu’ils font ces pays là ? Eh bien, ils essayent, de manière dérisoire, de terminer le programme ultralibéral sérieusement remis en question – par un fameux démenti par les faits – qu’on appelle la crise des subprimes en 2008. Il y a des gens qui sont encore sur la lancée et qui essayent de terminer ça. Qu’est-ce qu’il faut faire à la place ? Eh bien, vous le savez, voilà ! Il faut remettre en place quelque chose qui n’est ni le communisme soviétique, ni le capitalisme, qui est un autre type de solution : ce n’est pas non plus la « third way » – la troisième voie – de Monsieur Blair en Grande-Bretagne, concoctée par Monsieur Anthony Giddens. Non, non, non ! Il faut plus revenir à de choses… à l’esprit de la révolution sociale. Qu’est-ce que c’est que la révolution sociale ? Eh bien, c’est ce grand courant de la première moitié du 19è siècle, celle qui a donné ce que Marx a appelé de manière dérisoire – dans la dérision – qu’il a appelée les « socialistes petits bourgeois » et les « socialistes utopiques ». Voilà les gens dont il faut s’inspirer à nouveau et il faut relancer quelque chose là-dessus. C’est pour ça, vous le savez, que je suis en train de négocier, de réfléchir, de parler à des gens à propos de l’idée de devenir parlementaire européen. Non pas que ce serait le point culminant de ma vie, mais c’est que j’aime bien aller voir à des endroits. Je l’ai fait précédemment, quand j’étais dans le secteur « prime », aux États-Unis, je suis allé voir dans le secteur subprime parce que ça m’intéressait de savoir comment ça se passait là.
Alors, ce que je voudrais voir, c’est s’il n’y a vraiment pas moyen de faire des choses en étant parlementaire européen. Il me semble que c’est l’endroit où être et se faire entendre, justement, pour lutter contre l’entropie qui est en train de nous envahir, de produire un peu de néguentropie quelque part. Alors, bien entendu, le nombre d’années qui me restent, diminue régulièrement, mais ce n’est pas une raison pour rester les bras croisé en attendant.
Alors, qu’est-ce que je découvre jusqu’ici ? Eh bien, je découvre ce que les anthropologues appellent des survivances. Ce sont des choses d’un autre âge. Alors, si vous doutez, si vous vous demandez ce que c’est la politique autour du parlement européen, eh bien, pensez un peu à ce qu’on appelle en France les pratiques de Quatrième République. Alors, je ne vais pas entrer dans les détails parce que je ne veux pas être trop méchant, mais (rire) c’est-à-dire, les renvois d’ascenseur, les discours du genre : « le char de l’état navigue sur un volcan » , les tractations minables, les considérations d’un autre âge et des choses de ce ordre là. Ça ne veut pas dire, ça ne veut pas dire que cela n’aura pas lieu, parce que, voilà ! C’est ce dont je me suis aperçu. Dans d’autres occasions – quand je me suis retrouvé dans des comités en me disant : « qu’est-ce que tu viens faire là ? ». M’enfin, il faut voir ! On se retrouve en général en face de gens qui n’ont aucune idée et dont il n’est pas difficile, finalement, de les convaincre d’adopter les vôtres puisqu’ils n’ont rien d’autre à proposer en échange.
Alors, je termine par mon actualité immédiate. Pourquoi est-ce que je suis à Lille ? Eh bien, parce qu’il y a une réunion importante cet après-midi sur l’avenir de notre chaire éthique et transhumanisme. Mais surtout, pendant 3 jours, nous avons le grand colloque international sur le transhumanisme. Il y a de très, très bonnes communications qui vont être faites. Il y a Bernard Stiegler qui va intervenir. Il y a Joëlle Proust qui va intervenir et il y aura moi, en particulier mon débat avec Monsieur Sorgner sur la notion de dignité humaine dont il dit qu’il n’y a plus moyen de la fonder. Alors, moi je vais quand même lui dire que si on veut continuer à travailler dans des environnements « civilisés », entre guillemets. Je sais que le mot civilisé a été galvaudé, a été utilisé dans des cadres colonialistes. Je n’aime pas ça mais il faut quand même bien employer un mot : la « décence ordinaire » – disait notre ami Orwell (un autre monsieur qui s’appelait « Blair » [Eric Arthur Blair] – la philia d’Aristote. Si l’on veut continuer à vivre dans un univers organisé, dans un univers où – comme disait Confucius – il y a harmonie entre le ciel et la terre, eh bien, il faut réfléchir à des choses qui permettent de vivre ensemble. Voilà !
Ça me donne l’occasion, en particulier, de relire ces deux textes tout à fait extraordinaires de Nietzsche qui s’appellent : « Ecce homo » et l’Antéchrist. Et de se demander ce que Nietzsche essayait de faire à ce moment là. Ce n’est pas évident, ce n’est pas évident ! Une façon de voir les choses, c’est de dire : « Bon ! Il avait pété les plombs » quand il appelle son maître Schopenhauer dont il nous avait dit dans une de ses méditations « untimely » – comment dit-on ça en français ? Je ne sais plus comment on traduit ça en français – … « inactuelle » ! Les « Inactuelle »s, voilà ! La troisième inactuelle : « Schopenhauer, notre éducateur », notre maître à tous, notre idéal ». Et là, dans l’Antéchrist, il dit : « l’imbécile qui voulait mettre la compassion au premier plan ». Nietzsche qu’on ramènera à son hôtel plus ou moins hébété après qu’il se soit battu avec un cocher et qu’il ait embrassé – en pleurant – le cheval. C’est le même Nietzsche qui quelques années plus tard reprochera à la compassion d’être notre source de perte à tous et de cracher sur son maître, sur son « éducateur idéal » – Schopenhauer – au nom de la compassion excessive qu’il marque aux êtres humains et aux animaux.
C’est ça, le problème, que Sorgner soulève et que je veux attaquer – je dirais – bille en tête. Il dit : « Puisque Nietzsche explique dans la réflexion 115 [ou 155, je ne sais plus – P.J. faux !], du « Gai savoir » que notre notion de dignité humaine repose sur 4 valeurs philosophiques ». Mais, ça ne veut pas dire, chers amis, qu’on ne peut pas fonder la dignité humaine sur autre chose que ces 4 notions dont Nietzsche nous dit que ce sont des représentations erronées. Si on est – comment dire ? – si on est sensible, si on est allergique à la contradiction, ce n’est pas Nietzsche qu’il faut lire ! (rires) Il faut lire autre chose.
Qu’est-ce qu’il fait Nietzsche ? En fait, son style, c’est la provocation. Il nous oblige à réfléchir. Il nous oblige à dire : « Mais, non ! » C’est rigolo ce qu’il dit mais pourquoi est-ce que ce n’est pas vrai ? Pourquoi est-ce qu’il nous dit le contraire de ce qu’il faudrait dire ? C’est pour ça qu’il nous fait penser. Mais, il faut bien se souvenir de la manière dont il a été appelé, au côté de Hölderlin et de Kleist, par Stefan Zweig : « Les démoniques », les 3 démoniques. Voilà ! C’est la puissance du démon ! Ce qui a chez Nietzsche, à cette époque là, c’est la puissance du volcan qui fascinait aussi Donatien – j’oublie son autre prénom [Donatien Alphonse François] – de Sade : « Je voudrais être un volcan ! ». Il voulait être un volcan. Eh bien, Nietzsche a voulu être un volcan.
Parfois l’actualité – les résultats du foot qui envahissent nos écrans alors qu’il se passe des choses importantes (rires) – nous donne envie d’être plutôt un volcan. Je comprends ça très bien ! Mais ce n’est pas comme ça qu’on luttera contre l’extinction. N’est-ce pas mes chers amis ! Il vaut mieux prendre ces aphorismes de Nietzsche pour des défis et se dire : « Voilà ce qu’on va offrir à la place ! » Voilà ce qu’il faut offrir à la place de l’ultralibéralisme qui est une négation de l’homme, en disant que l’homme c’est quelque chose qui recherche le profit et qui impose la concurrence et la rivalité parfaite pour pouvoir amasser du profit maximum.
On ne veut pas de ça ! On ne veut pas non plus le prétendu contraire du populisme qui restreint le narcissisme du groupe, le narcissisme collectif, aux unités de plus en plus petites. On revient à la nation. Et puis quand on est à la nation on peut redescendre à la sous-nation. Comme l’avait déjà fait la « Ligue du Nord » : les Italiens du Nord contre les Italiens du Sud. Et puis, une fois qu’on sera là, on pourra descendre aux rivalités entre les villes. On peut se replier entièrement sur soi-même, bien entendu, mais pour sauver l’espèce, il nous faut un narcissisme collectif à l’échelle de la planète entière, maintenant. Parce que l’eau qui monte, des océans. La température qui va rendre la vie impossible aux mammifères, tout le phosphate, tout le phosphore qui se trouve au fond des océans, l’azote qui se combine de manière toxique pour nous dans l’atmosphère. Ce n’est pas le Duché du Luxembourg en négociant avec le Liechtenstein qui va faire ça. Oh ! Je n’ai pas d’hostilité particulière à propos de ces pays. Ce n’est pas l’Islande avec ses 330,000 habitants qui va nous expliquer comment il faut faire. Non, il faut travailler sur des unités entières et pas avec des protocoles de Paris, avec des accords de Kyoto qui font quand même que – quelques années plus tard ce qu’on avait voulu empêcher – comme l’utilisation des carburants d’origine fossile – ait encore augmenté de 60 %.
Alors, « il vaut mieux en rire qu’en pleurer ». Pourquoi ai-je appelé ma vidéo comme ça ? Je crois que vous l’avez compris. Si le sursaut n’a pas lieu dans les années qui viennent, mais alors, vraiment dans les 5 années qui viennent, eh bien, c’est fini pour notre espèce. On en arrivera même à se disputer sur les fusées qu’il faut envoyer ailleurs et on n’arrivera même pas à établir une colonie sur Mars avant que ça se termine. Alors, voilà !
Prenons conscience de l’état dans lequel se trouve le monde. Retroussons nos manches et disons-nous – même si c’est un simple baroud d’honneur – qu’il y a peut-être encore quelque chose à faire. Qu’il y a peut-être encore des endroits où on peut, en tout cas, aller gueuler et essayer de changer les choses. Une vie, comme la mienne, montre qu’on peut changer les choses. Qu’on peut alerter les gens. Qu’il y a des gens qui vous écoutent, qu’on peut modifier des choses. Ça n’a peut-être pas, de votre vivant, tous les effets escomptés, mais ce sont de petites graines qu’il est important, en tout cas, de semer. Et quitte à ce que ce soient d’autres, plus tard qui arrosent et qui voient grandir les plantes merveilleuses qui apparaissent là… (je vais appeler ça une petite prière secrète !).
Allez, je termine là-dessus. A bientôt !
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