M. O. une lectrice belge du Blog m’écrit à l’heure du déjeuner :
Monsieur Jorion, pourriez-vous nous expliquer pourquoi Boris Jonhson est tellement engagé pour le Brexit ? Je subodore 😉 mais j’aimerais avoir confirmation.
Chère M.O., je ne peux malheureusement mieux faire que de vous citer un extrait de ma vidéo Le temps qu’il fait le 9 juin 2017 :
« Je reprends l’histoire un petit peu au début : il y a M. David Cameron qui est Premier ministre en Grande-Bretagne et appartient au Parti conservateur, et il y a des gens autour de lui, à l’intérieur de son parti, qui sont des emmerdeurs. Et comme cela a été très bien mis en évidence dans un article du Financial Times, tout ça c’est des querelles entre « old boys » : tout ça c’est des querelles entre étudiants à Eton et puis ensuite à Oxford. Mais bon, ils discutent de ça devant tout le monde et M. Cameron veut se débarrasser de certains de ses petits camarades [P.J. Boris Johnson, maire de Londres à l’époque]. Alors il lance cette histoire de – (rires) – cette histoire de Brexit : qu’il faut sortir de l’Union Européenne, mais en se disant : « Les petits camarades que j’aime pas, ils vont dire « Oui, oui ! C’est une bonne idée ! », ils sont obligés puisqu’ils ont déjà dit des choses comme ça. Ils vont se faire ridiculiser et puis voilà : moi j’aurai les coudées franches ». Ecoutez bien : « Les coudées franches » ! Et puis ça ne se passe pas comme ça (rires) : il y a une montée de l’opinion populiste. Les gens disent : « Ouais, ouais ! c’est sûrement l’Europe ! » – voilà – « parce que l’Europe, c’est les migrants qui arrivent ici ! », et ainsi de suite.
Alors, là, il y a une majorité qui vote pour le Brexit. Alors là… merde… ! Là on ne sait pas trop quoi faire parce que : on ne peut pas ! On ne peut pas sortir de l’Union Européenne ! Ça coûte trop cher ! C’est un truc… Voilà ! Si vous avez regardé ce que j’ai dit à l’époque, au moment où le vote a eu lieu, j’ai dit : « Ça ne se fera pas ». J’ai dit : « Ça ne se fera pas, le Brexit ».
Vous savez, moi je suis « connu du grand public » – comme on dit sur Wikipedia – « pour avoir dit qu’il y aurait une crise des subprimes ». Et vous avez dû voir au cours des dix années qui se sont écoulées, je ne fais pas beaucoup de prédictions parce que j’ai l’impression que je ne sais pas trop ce qui va se passer : je suis comme tout le monde ! Je fais des prédictions quand je suis vraiment sûr de mon fait. Alors, je l’ai fait pour les subprimes, et je l’ai fait pour le Brexit en disant : « Le Brexit n’aura pas lieu ». Je l’ai dit le jour même et puis – ça a été un peu lu parce que ça a été une chronique dans Le Monde en France et dans L’Écho en Belgique : « Le Brexit n’aura pas lieu ». Et alors ce matin, eh bien voilà : j’ai « le vent en poupe » si vous voulez : c’est vrai, on a l’impression que ça n’aura pas lieu. Ceux qui s’étaient lancés dans cette affaire sont obligés de faire machine arrière.
Madame Theresa May, elle avait fait le même raisonnement que M. Cameron : « Je veux avoir les coudées franches ! ». Voilà. Elle avait la majorité au Parlement en Angleterre pour faire son Brexit, mais… elle voulait encore plus ! Une plus grosse majorité ! Et alors là, manque de pot, hier soir – oooh ! – elle a perdu sa majorité ! Alors qu’est-ce qu’elle va faire ? Eh bien tout le monde lui dit qu’il n’y a qu’une chose à faire, hein, c’est de démissionner !
Ça aura été une belle carrière ça… hein ? C’est comme celle de Cameron (rires) : une belle carrière où on est très fier de soi et puis on doit laisser la place, sur une connerie monumentale. »
Bonjour Régis, il y a du vrai dans v/com. et à son sujet, j’avais écrit, il y a quelques temps,…