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Je suis enchanté à l’idée que la gratuité soit non seulement portée sur l’agora mais qu’en plus elle soulève l’enthousiasme. Depuis 2012 je bosse la question de l’aide alimentaire et de ce qu’elle signifie pour les producteurs et pour les consommateurs ; du ressentiment grandissant que provoque cette activité. Je suis depuis longtemps aux premières loges pour voir comment les « aides » versées aux agriculteurs pour contrebalancer la faiblesse des revenus est intégralement captée par les satellites : consommations intermédiaires, banques et autres complices du complexe agro-industriel. Ce sont des sommes faramineuses, dont la fonction essentielle semble être de maintenir le prix (et le revenu) au seuil de survie du vendeur.
Partant de l’analyse de la mise en place en 1944 de la gratuité des soins, j’ai proposé à plusieurs reprises la gratuité de l’alimentation comme objectif à mes camarades. J’ai vu beaucoup d’incompréhension dans leurs yeux. Et cela malgré un constat partagé. Il y a entre autre à franchir l’obstacle de ce qu’est réellement le travail : pour des « travailleurs indépendants » il faut un effort très grand pour comprendre que gratuité et don ne relèvent pas de la même logique.
Aussi je te soumets ces réflexions dans l’espoir d’affermir mon argumentation :
Le don (ici l’aide alimentaire) s’il ne prend pas place dans un cycle bien identifié (donner-recevoir-rendre) relève de la charité qui même modernisée aura les mêmes conséquences connues.
- La gratuité est une organisation sociale demandant l’adhésion (cotisations ou autres) des parties en présence à une même « vision » des rapports sociaux, tout du moins à un même « compromis » social.
- La gratuité (contrairement au don ?) a un prix ; prix qui serait donc la traduction d’un rapport de forces. Du coup, sans doute pas entre vendeur et acheteur, mais alors entre qui et qui ? En 44 ce rapport de forces entre classes a tellement basculé qu’il n’était plus question qu’au terme de la transaction l’ordre social se reconstitue identique à ce qu’il était précédemment.
- Aujourd’hui, peut-on attendre de la mise en place de la gratuité pour l’indispensable, telle que tu l’avances très clairement, un changement des rapports sociaux qui en feront autre chose qu’un don sans réciprocité ? Doit-on penser que c’est le basculement des rapports de force qui donnera à cette gratuité toute la puissance d’un Commun ?
Désolé si ceci te parait trop naïf mais ces questions sont au « cœur invisible » du travail que je coordonne en ce moment sur l’accès durablement, de tous à une alimentation de qualité. Et une opération à cœur ouvert demande de sérieux arguments pour convaincre le patient. L’approche de la mort ne suffit pas toujours à la convaincre !
Bien à toi
jean-claude
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