Retranscription de Européens, Européennes, je vous ai compris ! 😉 Merci à Marianne Oppitz et Pascale Duclaud ! Ouvert aux commentaires.
Européens, Européennes !
Il y a un peu plus d’un mois, le 22 février, dans une chronique dans le magazine Trends-Tendances, j’ai lancé un appel solennel à la consultation des citoyens et des citoyennes européens. Cela a donné lieu à un débat sur le blog. J’en ai parlé beaucoup avec vous, il y a eu pas mal d’échanges sur cette idée. L’idée c’était là-dessus : c’était que l’Europe lance, l’Union européenne lance une grande consultation de l’ensemble des citoyens et des citoyennes européens, en promettant de tenir compte de ce que ce grand cahier de doléances ferait apparaître pour qu’on essaye de redresser la barre, pour qu’on essaye de refaire une Europe dont les populations – vous et moi – se désintéressent parce que ce qu’ils font, finalement, n’a pas d’intérêt pour vous et moi. On est dans la situation – un petit peu comme celle que Page et Gilens avaient décrit pour les Américains – où les sujets qui sont discutés au niveau européen, en général intéressent énormément les grandes entreprises mais ne sont que d’un intérêt mineur pour les citoyens ordinaires. Et comme on le sait, les textes qui sont votés sont en général écrits d’ailleurs à l’intérieur des entreprises et n’émanent pas véritablement de la base.
Alors, qu’est-ce que ça donne ? Eh bien, ça donne cette séparation entre des élites qui se satisfont de cette situation puisque finalement ça les arrange et ça ajoute un peu de beurre sur leurs tartines (un peu ou beaucoup !), et puis des populations qui, lorsqu’on leur demande de voter, dès qu’il s’agit de l’Europe votent contre parce que c’est désavantageux pour eux. Ça ne représente plus rien, ce n’est plus… ça ne correspond pas du tout à un idéal européen. Alors, je voulais… l’idée c’était la suivante, c’était donc que ces gens disent, à nous : « On veut vous entendre » et puis : « On promet qu’on en fera quelque chose ». Voilà !
Et nous avons discuté entre autres, par exemple de la possibilité de lancer une pétition. Cela fait partie des choses que nous avions envisagées : faire une pétition. Comment faire pour encourager les dirigeants européens à se lancer dans cette aventure ?
Alors, est intervenu – c’était il y a une dizaine de jours – est intervenu un événement qu’on appelle « fortuit » et qui est tout à fait fortuit effectivement : c’est que me retrouvant dans mes grands voyages entre Lille, Bruxelles et Vannes en Bretagne où j’habite, je me suis retrouvé – comme très souvent – à la terrasse du café Terminus Nord devant la gare du Nord, rue de Dunkerque, coin du boulevard de Denain à Paris. Et un Monsieur qui était assis simplement, tout à fait à côté de moi à une de ces petites tables, m’a interpellé en disant très gentiment, en me disant : « Est-ce que vous n’êtes pas Monsieur Jorion ? ». J’ai confirmé que c’était bien moi et il a dit : « Je m’intéresse beaucoup à ce que vous écrivez. Je ne suis pas toujours d’accord parce qu’en fait, moi je représente en fait la droite au niveau européen, mais je suis haut fonctionnaire européen ». Et effectivement, ce Monsieur est un très haut fonctionnaire. Il a un pouvoir de décision très important sur des choses très importantes au niveau européen. Et je lui ai soumis tout de suite – bien que je n’avais que cinq minutes et lui aussi – je lui ai soumis mon idée : l’idée dont j’avais discuté avec vous – et que j’avais émise pour la première fois donc, dans ce billet de Trends-Tendances – d’une consultation des citoyens européens. Et là tout de suite, dans les cinq minutes où nous avons bavardé, il a dit : « Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible : il n’y a pas de structures pour ça, il n’y a pas d’institutions. Tout ce qui est possible, c’est éventuellement que vous fassiez une pétition et puis il y a de vagues promesses à l’intérieur de nos réglementations qui font qu’on devra faire attention à ça si ça dépasse un million de personnes représentant les différents pays, qui émettent une idée. Ça n’irait pas plus loin. Il n’y a pas de structure qui permette de faire ce que vous voulez faire : une grande consultation des Européens, associée à une promesse de tenir compte de ce qu’ils diront. Il n’y a qu’une condition… il y a moyen de le faire, mais c’est pour vous, d’aller à l’intérieur et de lancer ça de l’intérieur : de l’intérieur des institutions européennes. »
Alors, comme on n’avait que cinq minutes, eh bien, voilà, la conversation s’est arrêtée là. Mais on a échangé rapidement nos cartes de visite et je lui ai fait entendre que je me trouverais à Bruxelles deux jours plus tard, où il serait lui aussi. Et il m’a proposé très gentiment, il m’a invité à déjeuner. Et donc nous avons déjeuné deux jours plus tard, pas loin du square de Meeus, pas loin de la rue du Luxembourg, pas loin des institutions européennes. Et là, ce monsieur m’a encouragé vivement à me présenter au parlement européen : de devenir un député européen, de me faire élire par vous – si vous êtes Belge – parce que moi, j’ai un passeport belge et il n’y a que les Belges qui vont pouvoir voter pour moi [P.J. … sauf si je me présente en France, ce qui est une possibilité]. Les Belge.euse.s ? Non, il n’y a pas de féminin, on est tous égaux de ce côté-là. Et voilà !
Alors, qu’est-ce que j’ai fait ? Eh bien j’ai écouté ce monsieur avec… comment dire… avec attention (rires), avec réflexion. Avec attention et réflexion, et le lendemain – non, ce n’est même pas le lendemain, le soir même – le soir-même j’écrivais à la personne qui en Belgique me paraît la personne qui pouvait m’encourager, à qui j’ai demandé son avis et qui pouvait m’encourager ou me décourager de suivre le conseil de ce monsieur X que j’avais rencontré le matin même, à midi, à l’heure du déjeuner. Bon !
Et là, j’ai eu la très bonne surprise, l’excellente surprise : que cette personne qui me semblait en Belgique la personne clef pour me dire si c’est une bonne ou une mauvaise idée, a été très enthousiaste et elle m’a très chaleureusement encouragé à entreprendre la démarche. Alors, cette personne aussi, a attiré mon attention sur le fait que, eh bien, ça passe par des partis, qu’il y a des instances, qu’il y a des décisions à prendre et qu’il ne suffisait pas que lui me dise que c’est une excellente idée, qu’il m’encourageait et qu’il me soutiendrait de tous les moyens possibles. Donc, ça ne suffit pas mais pour moi, c’est – voilà – c’était ce « oui » ou ce « non » qui allait décider de poursuivre la suggestion qui m’avait été faite à midi.
J’avais … j’ai déjà évoqué ici, comme ça, cette idée. Ce n’est pas la première fois que je parle de l’idée de se présenter – peut-être – au parlement européen. Pourquoi ? Parce que j’avais eu des discussions avec mon ami Bruno Colmant. Comme vous le savez, nous avons un immense respect l’un pour l’autre, même si sur l’échiquier politique nous ne situons pas exactement au même endroit. Et nous avions discuté de la chose suivante en termes très généraux : c’était que nous étions très contents d’avoir l’influence que nous avions sur ce que les gens pensent. Influence qui se renforce, pour nous deux, dans la mesure où on écrit des livres ensemble, où on accepte de faire des débats ensemble, où dans les journaux on nous oppose mais où nous atteignons facilement un consensus – je dirais – sur la partie la plus raisonnable et la plus rationnelle et la plus techniquement correcte des choses et des solutions qu’il y a à apporter. Moi, ça me fait énormément plaisir que quelqu’un comme Colmant – que j’avais découvert comme quelqu’un véritablement à l’opposé de l’éventail politique par rapport à moi – que nous puissions arriver à nous mettre d’accord sur des choses qui peuvent faire avancer les choses.
Mais nous nous étions dits aussi : « Voilà, nous avons une influence à distance, mais quand il s’agit de pousser la manette, d’avoir accès aux leviers de décisions proprement dit, là nous sommes impuissants ». Lui, il a été chef de cabinet d’un ministre ! Lui, il a déjà été beaucoup plus près de la décision proprement dite, même au niveau de la décision proprement dite. Mais il ne l’est plus en ce moment : il est économiste en chef dans une grande banque. Mais, voilà, on discutait de ça ensemble, et pour moi d’essayer ça au moins une fois. Voilà. D’essayer ça au moins une fois… J’ai déjà fait pas mal de choses ! Quelqu’un… l’un d’entre vous (rires) me rappelle que j’ai écrit un jour un article qui s’appelle Pourquoi nous avons neuf vies comme les chats : « Eh oui ! Ça s’applique tout particulièrement bien à vous ! »
Alors… alors on va essayer ça ! Ce n’est pas donné d’avance s’il faut faire campagne ! Il faut convaincre les instances d’un parti de vous « endorse » – comment dit-on ? – de vous soutenir officiellement. Et il faut un programme. Sur l’Europe, j’en ai un embryon puisqu’il y a dans ce livre qui s’appelle Vers un nouveau monde et qui a été une initiative du mouvement Solidaris en Belgique, qui est donc ce qu’on appelle la Mutuelle socialiste. Ça ne correspond pas du tout à ce que sont les mutuelles en France. C’est beaucoup plus près de ce qu’on appelle la Sécurité sociale mais, voilà, c’est un mélange de ce qu’on appelle les mutuelles et la sécu en France. Et, c’est par … comment dire ? par… le terme m’échappe… « groupe politique ». Et il y a, en particulier dans la partie francophone en Belgique, il y a un mouvement très puissant encore, appelé Solidaris, et qui est lié au Parti socialiste qui représente les idées socialistes.
Et donc, dans ce petit livre qui s’appelle Vers un nouveau monde, il y a déjà une description par moi, de l’Europe telle qu’elle est maintenant et telle qu’on pourrait la faire. Mais ce n’est qu’un point de départ : il faut maintenant construire véritablement une plate-forme de ce qui serait ma candidature au niveau européen. Et là, je compte vraiment sur vous.
Je sais ce que vous allez me dire : « L’Europe, c’est un truc perdu d’avance, etc. etc. » OUI ! OUI ! OUI ! : l’Europe telle qu’elle est maintenant ! Et je vais vous dire une chose et je l’ai déjà dite : c’est un petit peu – c’est un petit peu beaucoup même – par attachement – moi personnel, mais ça je l’ai déjà dit – au fait que quand j’avais dix-huit ans j’ai été choisi par des représentants de mon université pour être l’un des quinze qu’on invita à Strasbourg pour créer l’Europe de demain, et que nous avons pu discuter, nous les quinze, avec les gens qui représentaient le projet européen à l’époque. Et ce qu’on a entendu : c’était bien ! C’était bien, ce qu’on a entendu ! Ce n’était pas ce qui a été fait !
C’est un peu par engagement personnel par rapport à ce que j’étais là. C’était quoi ? en 62 ou je ne sais quoi ? Attendez… enfin… oui… ou plutôt 64 : 1964. C’est envers le Paul Jorion de 64 que je pense avoir un – voilà – il y a un devoir… quelque chose de l’ordre d’un devoir. Il faut que cela ait lieu. Il faut que cela ait lieu : c’était bien !
Ce n’est pas ce que c’est devenu… mais cela peut encore être fait ! Ça peut encore être fait. Mais ! il faut aller secouer le cocotier et – j’ai déjà essayé pas mal de choses – je vais essayer de l’intérieur.
Ça ne promet pas que ça… ça ne veut pas dire que ça aura lieu. Mais ne me dites pas « Vous allez être broyé ! », etc. Si j’étais broyable aussi facilement par les idées des autres, par les structures en place, par les machins, par les inerties de ceci ou cela, j’aurais été broyé depuis longtemps ! J’ai résisté à deux tentatives d’assassinat, j’ai eu un jour devant moi un soldat qui m’avait mis en joue et… que je n’aurais pas dû continuer (rires) à lui dire « Tire ! » parce qu’il y avait autour de nous une foule qui disait… qui me disait de fermer ma gueule et qui avait raison par rapport à moi ! Euh, je me suis trouvé dans des situations d’affrontements sérieux, etc. : je n’ai jamais reculé d’un pas ; je ne le ferai pas cette fois-ci non plus, si… si… si je finis… si j’arrive à entrer, bien entendu. Si j’arrive à entrer, ce sera plutôt les autres qui devront faire machine arrière que moi. J’en parlais il y a quelques instants, d’une situation où je m’étais trouvé face à une opposition qui était de l’ordre de… ça faisait quoi… (calcul mental) : une opposition de 87,5 % contre moi et je l’ai emporté quand même sur des points importants. Voilà !
Donc… Ça ne veut pas dire, ça ne veut pas dire que tout ça sera une partie de plaisir. Ça ne veut pas dire même que j’arriverai au stade de pouvoir même me présenter comme candidat malgré les encouragements extraordinaires – et je remercie la personne de les avoir faits – parce que, voilà, sans cela… j’aurais fait machine arrière.
On n’y est pas encore ! On n’est pas encore au stade d’avoir réussi quoi que ce soit, mais je lance le débat avec vous. Si vous me dites : « Ça ne sert à rien »… ne participez pas au débat… ! Vous ne me convaincrez pas ! À ce stade-ci, vous ne me convaincrez pas.
Donc voilà ! Mais si on veut tous ensemble voir comment on pourrait remettre ce machin sur les rails – j’avais appelé ça il y a quelques années, si on arrivait à faire quelque chose au niveau européen, c’était une discussion avec le regretté Michel Leis : « le Grand Å’uvre ». Le Grand Å’uvre, c’est une allusion à l’alchimie. Le Grand Å’uvre de remettre l’Europe en état.
Voilà ! Je lance ça ! Il y aura, j’espère, une retranscription de ce que je dis. Donc la discussion va commencer sur la vidéo-même et puis elle continuera sur la retranscription. On peut faire un dossier aussi dans le forum qui est associé maintenant au blog, et ainsi de suite. Il y a aussi le Cercle des Amis du Blog de Paul Jorion où on peut discuter de ces choses-là. Voilà : il y a plein d’endroits où on peut le faire mais il faut constituer maintenant sur cette idée d’Europe – d’une véritable Europe : une Europe telle que je la voulais en 1964, à l’âge de dix huit ans – on va lancer un grand débat et on va essayer de faire des choses.
Avant l’élection proprement dite, il y a quatorze mois donc ça nous laisse le temps de mettre les choses en place et de produire, de produire des textes et des actions peut-être, et ainsi de suite – voilà – de faire quelque chose.
Allez ! (grand bruit de l’ordinateur) Ouh là ! Je ne vais pas casser mon matériel ?! A bientôt ! On discute de tout cela !
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