Il arrive souvent dans les discussions entre gens d’affaires et intellectuels et autres idéalistes que les premiers fassent soudain une pause puis déclarent sur un ton quelque peu excédé qu’ils vont expliquer à des gens qui se croient intelligents, comme les seconds, mais qui sont en réalité totalement à côté de la plaque, « comment les choses se passent vraiment ». J’ai connu cela à plusieurs reprises, et au sein même de ma propre famille où se côtoyaient ces deux variétés du genre humain.
Il y a donc un petit côté de joie revancharde quand on assiste au spectacle de quelqu’un expliquant cette fois sur un ton d’autorité, et sortant à tout moment de nouveaux lapins de son chapeau, à des personnes imaginant tout savoir vraiment, « comment les choses marchent VRAIMENT vraiment ! »
J’appellerai cela pour faire court, un « moment Wikileaks », du nom d’un grand moment historique de vérité. Un second « moment Wikileaks » nous a été donné il y a quelques années par Edward Snowden. Le troisième nous est venu aujourd’hui, offert cette fois ni par un Australien comme dans le cas de Julian Assange, ni par un Américain, dans le cas de Snowden, mais par un Canadien appelé Christopher Wylie (dont j’ai déjà brièvement eu l’occasion de parler).
Le cadre était celui d’une audition de quatre heures devant le Digital, Culture, Media and Sport Committee du parlement britannique.
Des preuves détaillées ont été apportées de choses assez sidérantes, comme le fait que des officines privées pratiquement inconnues du public, jouent de facto le rôle de nouvelle puissance coloniale – et avec une efficacité tout à fait inédite – dans certains pays, ou ont manipulé en grand pour des commanditaires, le referendum du Brexit. La stupéfaction est telle au Royaume-Uni ce soir qu’il n’en est pas même question en une du Financial Times, c’est dire !
Je n’ai encore mentionné là qu’un échantillon bien entendu car il faut que je lise tout cela avec une très grande attention avant de vous revenir, cela va de soi !
@François M Ce qui montre qu’il ne s’agit pas d’une escalade militaire, mais au contraire d’une gesticulation retenue dans une…