Retranscription de Le temps qu’il fait le 23 février 2018. Merci à Pascale Duclaud, Catherine Cappuyns, Marianne Oppitz et Cyril Touboulic !
Bonjour, nous sommes le vendredi 23 février 2018 et je vais vous parler du temps qu’il fait aujourd’hui, mais ce sera la dernière fois. Ce sera la dernière fois que je ferai une vidéo que j’appellerai Le temps qu’il fait. C’est la quatre cent soixante dix-neuvième édition de cela. Je n’ai jamais manqué une seule semaine. Parfois, j’étais incapable de le faire le vendredi et dans ce cas-là, je l’ai fait le jeudi ou parfois le samedi, mais je l’ai fait pendant quatre cent soixante dix-neuf semaines d’affilée et je n’ai plus envie de le faire de cette manière-là.
Alors, il y a beaucoup de malentendus sur ce que j’ai dit. J’ai dit que je changeais pour le onzième anniversaire du blog, c’est-à-dire le 28 février (c’est dans cinq jours), je modifie la formule de ce blog. Cela redevient ma page personnelle et je ne ferai plus de vidéos intitulées Le temps qu’il fait de manière régulière le vendredi.
Alors, qu’est-ce que je vais faire ? Alors, je répète tout le temps que je ne sais pas exactement ce que je vais faire [P. J. : j’ai tout clarifié le 28 février] mais, en tout cas, je ne vais pas mettre la clé sous la porte. Si vous venez sur le blog de Paul Jorion le 29 février… non, ça n’existe pas cette année-ci, mais le 1er mars, eh bien, il y aura toujours le blog de Paul Jorion, il y aura toujours tous les billets qui ont été publiés, il y aura des vidéos que je ferai, aussi [P. J. : qui s’intituleront « Les temps qui sont les nôtres »]. Ce qui changera, c’est le fait que je n’aurai plus d’invités sur mon blog. Je cesse, j’interromps l’activité gazette, c’est-à-dire de demander à des gens et de publier des billets invités sur le blog. Il y aura essentiellement des billets de moi [P.J. : les billets de François Leclerc apparaîtront sur son nouveau site décodages ; les autres, sur le Forum du Blog de Paul Jorion]. Alors quand je dis « essentiellement », c’est parce que je veux me réserver quand même la possibilité de mettre autre chose que des choses que j’ai écrites moi-même ou des vidéos que j’ai faites moi-même. Voilà, je ne veux pas m’obliger à faire des choses que je n’ai pas envie de faire. Je ne sais pas ce que la formule sera exactement [P. J. : problème réglé]. Pour ce qui est des vidéos, j’en ferai aussi, mais je les ferai sur des sujets particuliers et à des périodicités selon l’inspiration [P. J. : idem]. Il n’y en aura peut-être pas pendant un mois, il y en aura peut-être à la suite sur des journées qui se suivent, peut-être même deux dans la journée, je n’en sais rien. Je ne me sentirai pas contraint, je ferai comme cela me vient et selon ce que l’actualité demande. Mais ce que je ne veux pas, et ça je l’interromps de toute manière, c’est de devoir consacrer comme je l’ai fait depuis pratiquement onze ans, cinq à six heures par jour à éditer, corriger, choisir les papiers qu’on m’envoie et de les publier comme si c’était effectivement une gazette, comme s’il y avait un journal en ligne.
Alors, pourquoi je change ? J’ai fait allusion déjà au fait qu’il y a d’autres activités que j’ai envie de faire et qui me demanderaient d’y consacrer plus de temps que je ne pourrais le faire maintenant en ayant cette contrainte de cinq à six heures par jour de maintenir le blog comme une sorte de publication. J’ai mentionné deux choses que j’ai envie de faire et que je ferai sûrement. D’ailleurs, je les fais, je suis en train de les faire : c’est d’exercer une activité de psychanalyste et de me consacrer, de retourner un peu à quelque chose que j’aimais bien et qui a été interrompue faute de financement, c’est quand j’étais chercheur en intelligence artificielle.
Mais, de manière plus générale, je vais prendre encore un peu d’altitude et mettre ça dans un cadre plus général. Voilà : si j’ai pu faire ce blog, si j’ai pu faire la gazette, si vous avez pu regarder, si vous avez eu envie de regarder ces Le temps qu’il fait – et ça se monte en millions de viewings, de vues, bien entendu sur une période aussi longue –, c’est dans le sillage de ce livre que j’avais écrit, qui s’appelait « La crise du capitalisme américain » que l’éditeur avait reformulé légèrement en l’appelant Vers la crise du capitalisme américain ? (2007), et qui est l’ouvrage où j’ai effectivement, sur deux-cent cinquante pages, annoncé une crise qui se situerait dans ce qu’on appelle le secteur des subprimes et qui allait secouer le capitalisme américain – il se fait que ça a secoué le capitalisme en général. Et pendant dix ans, je dirais, les activités que j’ai eues ont été dans le sillage de ça. Elles ont été permises essentiellement par le fait que j’avais fait cette prédiction et que ça me donnait une certaine aura (une aura de prophète), mais surtout qui montrait que la finance, eh bien, je comprends exactement comment ça marche au point de rétablir des erreurs qui sont faites ici et là, de dire : « Non, non, ça ne marche pas comme on l’imagine, ça marche comme ceci ou comme cela. » Et surtout je crois avoir donné accès au public en général à des choses qu’on ne trouve pas dans les livres ni dans des articles, c’est-à-dire la culture orale de ce qui se dit dans les banques, de ce que les banquiers n’ont pas envie qu’on écrive, parce que si on l’écrivait, eh bien, ça deviendrait du savoir que tout le monde a. J’ai montré comment ça marche de l’intérieur, ça se répand : il y a d’autres gens qui commencent à dire ça aussi. Mais bon, voilà, grâce à ce livre, j’ai pu avoir une activité pendant dix ans où on me demandait essentiellement de dire des choses dans le sillage d’avoir été quelqu’un qui avait prévu cette crise.
Alors, pourquoi ça change ? Ça change parce que, bon, d’abord le sujet s’épuise au bout d’un moment : vous avez été celui qui a prédit ça il y a dix ans, puis ce sera onze ans, puis ce sera douze ans, etc. Il faut passer à autre chose, il faut se renouveler. Et il se fait que pendant ces années, j’ai commencé à écrire sur d’autres choses que de la finance – je l’avais déjà fait avant, j’avais une carrière de chercheur, bien entendu. J’ai écrit des livres scientifiques à proprement parler comme Principes et systèmes intelligents (1989), les livres d’anthropologie, de sociologie de terrain que j’ai fait comme Les pêcheurs de Houat (1983) ou La transmission des savoirs (1984) avec Geneviève Delbos, un gros livre d’anthropologie et d’histoire des sciences qui s’appelle Comment la vérité et la réalité furent inventées (2009), et puis un gros livre de théorie financière, celui sur Keynes, bien entendu (Penser tout haut l’économie avec Keynes, 2015). Je crois avoir repris Keynes à nouveau frais, je veux dire : j’ai fait une nouvelle lecture de Keynes. C’est dommage que les Anglais n’ont pas encore fait attention au fait qu’il y a là une nouvelle lecture de Keynes. Peut-être que ça ne les intéresse plus (rires) : on les a tellement bassinés avec Keynes, mais j’ai essayé – je vous l’ai dit, pour ceux qui ne l’ont pas lu – de compléter un certain nombre de choses. Il y a des fils qui sont un peu « loose », qui sont un peu libres là, chez Keynes, et j’ai essayé de nouer les fils qui sont un petit peu à l’abandon : les choses qu’il a faites trop vite, comme sa réflexion sur les taux d’intérêt, etc. Bon, ça, voilà, ce sont des bouquins scientifiques… et le premier dans cette série, c’est peut-être celui sur la guerre civile numérique où là c’est quelqu’un de l’extérieur : les éditions Textuel, qui ont voulu que je parle de ce qui apparaissait là avec Julian Assange, avec effectivement, la guerre civile autour du numérique, la manière dont les États attaquent leurs citoyens et dont les citoyens se rebellent. C’était avant qu’il y ait l’affaire Snowden et ça se serait bien inscrit à l’intérieur des propos de la guerre civile numérique. Et puis le livre que j’ai voulu faire sur l’extinction : Le dernier qui s’en va éteint la lumière (2016). Et après, j’ai voulu faire une suite à Le dernier qui s’en va éteint la lumière, que j’ai appelée au moment où je commençais à l’écrire : « Qui étions-nous ? », c’était vraiment à la suite de la réflexion qui se trouvait dans ce livre-là. Ce livre-là, bon, a été très bien reçu en France, il s’est très bien vendu. La traduction chinoise doit paraître dans les semaines qui viennent. Depuis, il y a eu un accord pour le publier en allemand. Donc, ça, c’était terminé, je dirais, fin 2015 (Le dernier qui s’en va éteint la lumière). Et puis en 2016-2017, j’ai écrit un autre livre que moi j’avais appelé : « Qui étions-nous ? » Je lui avais mis comme sous-titre : « Défense et illustration du genre humain ». Et ce qui s’est passé ces semaines récentes, c’est qu’il y a un certain nombre de gens qui ont lu le manuscrit, puisqu’il est terminé depuis, je ne sais pas, trois semaines, et qui ont dit : « Votre livre, ce n’est pas du tout ʺ Qui étions-nous ? ʺ, ce n’est pas de ça que ça parle. Ce que ça fait, c’est une défense et illustration du genre humain. Alors, là, oui, c’est ça que ça fait ! » Et donc j’ai accepté l’idée d’enlever ce « Qui étions-nous ? » puisqu’il n’est pas descriptif de ce qui se trouve dans le livre et de l’appeler : Défense et illustration du genre humain. Et ça, ça va être un gros livre. C’est aussi un livre auquel j’ai consacré toute mon activité – sauf celle du blog – pendant deux années, mais j’ai le sentiment – on se trompe toujours, hein, on peut toujours se tromper ! – qu’il y a là un autre livre, je dirais, du genre de « La crise du capitalisme américain ». Bon, je suis comme vous tous, comme nous tous, je ne sais pas combien de temps je vivrai encore. Je sais qu’à mon âge on se rapproche quand même assez rapidement de la fin, mais ce livre-là ouvre une autre perspective que celle de la fin du capitalisme lié à la question purement financière. Pourquoi ? Parce que ce qui s’est passé pendant ces deux ans, c’est quand même, de manière tout à fait étonnante, c’est la montée en puissance de la Chine, qui le faisait déjà, je dirais, à son rythme assez régulièrement, et la chute en vrille des États-Unis et d’une certaine manière de nous aussi en Occident. Ce n’est pas aussi grave en ce moment chez nous qu’aux États-Unis mais l’Europe, on le sait bien, c’est absolument calé. Il n’y a plus rien qui s’y passe.
J’ai fait une chose, ça a paru hier dans le magazine Trends-Tendances en Belgique, magazine où je fais une chronique tous les mois : je lance un appel à la consultation des citoyens européens. Pas un referendum ! Un appel à la consultation : demander aux gens ce qu’ils veulent vraiment. Je mets au défi les autorités européennes que l’on consulte les citoyens pour empêcher, essentiellement, bien entendu la montée de l’opposition massive contre l’Europe. Mais, évidemment, cette consultation devrait être associée au fait que les autorités européennes prendraient au sérieux ce qui serait dit dans ces cahiers de doléances vis-à-vis de l’Europe, qu’on tiendrait compte du fait que les citoyens ne sont pas contents et qu’ils veulent autre chose, et que s’ils expriment leur « populisme », comme on dit, pour disqualifier ce qu’ils disent – pourquoi ? parce qu’avec leur populisme, effectivement, en général ce sont des thèses conspirationnistes et complotistes qu’on utilise, qui sont des mythes –, mais il faut tenir compte du fait que les gens sont très, très mécontents de l’Europe et je mets au défi les autorités de consulter les Européens en s’engageant à tenir compte de ce qui serait dit. Pas genre ratification du traité de Maastricht si vous voyez ce que je veux dire : on demande aux gens ce qu’ils en pensent et quand ils donnent leur opinion, on l’ignore complètement et on passe à autre chose. Ou la Troïka ! La Troïka bien entendu : cette espèce de truc proto-fasciste qu’on envoie dans des pays pour leur faire avaler avec un entonnoir l’ultralibéralisme dont il n’ont pas envie, dont personne n’a envie. Ce truc est mort au niveau des concepts, au niveau de la vérification par rapport aux faits : l’ultralibéralisme est mort. Mais comme vous le savez, il n’a jamais été en aussi bonne santé. Pourquoi ? Parce qu’il est encore assis sur le gros tas d’or et c’est lui qui dirige la manière dont les choses se font là. Mais, vous l’avez vu au fil des années, moi j’ai attaqué systématiquement les idéologues proto-fascistes (von Mises, von Hayek, Friedman et compagnie) et il faut continuer. Il faut continuer à montrer que ces gens-là, ce ne sont pas des gens honorables, malgré tous leurs prix Nobel qu’ils se sont attribués entre eux, ce ne sont pas des gens dont on peut dire du bien et que ça n’ait pas de conséquences. Non ! Ce sont des gens qu’il faut dénoncer comme des ennemis de l’humanité.
Bon, ça c’est pour l’Europe. Alors je vais essayer de traduire aujourd’hui cet appel à la consultation européenne. Je vais le traduire en anglais moi-même [P. J. : hum… demain, promis !].
Et, pendant ce temps-là, les États-Unis sont dans un processus, je ne sais pas comment le qualifier… on écarquille les yeux, hein ! Quand on voit ça, c’est quand même… c’est du jamais vu ! C’était, dans le Washington Post, hier ou avant-hier : la liste des plus mauvais présidents des États-Unis. Le thème est d’actualité ! Alors, il y a une différence, c’est que sur la liste des quarante-cinq, les gens qui sont d’inspiration démocrate parmi les analystes politiques qui font cette liste des quarante cinq présidents classés en terme de qualité de leurs services, les démocrates avec unanimité le mettent au quarante cinquième (rires), tandis que les spécialistes d’obédience républicaine ne mettent M. Trump qu’au quarantième rang de médiocrité. Ils ne le mettent pas tout à fait au bout mais ils sont tout de même d’accord, tous républicains qu’ils soient, qu’il est vraiment dans les derniers de la liste ! Oui, c’est une catastrophe ! Et il entraîne son pays par le fond. Chaque jour évidemment où il est encore là, il entraîne son pays par le fond. L’Europe ce n’est pas brillant. Les États-Unis… Je me retiens à chaque fois quand j’ai à en parler, en me disant : « Mais qu’est-ce qu’on a devant les yeux ? » Enfin bon ! On ne sait pas combien de temps ça va tenir mais ça peut encore tenir un peu. Il fallait le voir hier avec ses antisèches : il se trouve devant les survivants d’un massacre dans une école et il a là son petit papier où il a mis : « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » et « Ah ! Je comprends bien ce que vous dites ! », parce que le type est incapable (rires) même de dire spontanément une phrase comme : « J’entends bien ce que vous dites. » Enfin bon.
Je continue. Et pendant ce temps-là, eh bien, la Chine va pas mal. J’ai mis hier une vidéo, qui est peut-être inquiétante, mais qui nous montre aussi qu’on est largués. Nous sommes largués. L’Occident, là, pour le moment, on est absolument largués. Ce n’est pas simplement l’idée que la Chine travaille sur cette idée d’extinction et va empêcher que ça se passe (ce qui est déjà pas mal !) J’en parle parfois parce que, voilà, quand je suis rentré des États-Unis en 2009, la première fois que je suis véritablement interviewé par la presse (c’était à France Info), et là il y a autour de moi des journalistes et puis ils me posent des questions, et… Il faut regarder ça, hein ! Si vous ne l’avez pas vu, il faut le regarder parce que, voilà, il y a un martien qui descend de la planète Mars (c’est moi) et on lui pose des questions, et les autres se regardent avec des airs (rires) en se demandant « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? ». Mais ceci dit, ils ne prennent pas, voilà, c’est comme tout martien, on ne me prend pas vraiment au sérieux. Et à un moment donné, je dis : « Mais ne rigolez pas de la Chine, c’est elle qui va tous nous sauver ! » Et alors là, c’est : « Ha ! Ha ! Ha ! » C’est l’hilarité générale. Là, ils se tapent les cuisses : « Ah ! Monsieur Jorion ! [P. J. avec l’assent du Midi !] On dit que c’est nous les Marseillais qui sommes des exagérateurs et vous, vous nous dites que quoi ?! Que la Chine va nous sauver ?! » Alors, voilà, et, bon, ça fait dix ans qu’elle nous sauve et au train où ça va, ça va être de plus en plus comme ça.
Alors, l’ouvrage qui s’appellera donc Défense et illustration du genre humain, il sort en mai et pour moi, en tous cas, ça ouvre un autre espace : ce ne sont ni mes livres à proprement parler scientifiques, ce n’est pas tout ce que j’ai écrit sur la finance et l’économie pour essayer de remettre un peu les choses en place, en expliquant comment ça marche vraiment, c’est dans la lignée qui s’était ouverte avec Le dernier qui s’en va éteint la lumière. Mais c’est un ouvrage, je dirais, d’une autre qualité. L’autre, c’était un cri d’alarme où j’avais mis un petit peu tout ce que j’avais trouvé dans la presse. Et ici, là, c’est plutôt une réflexion générale. J’ai travaillé deux ans. Vous verrez, il y a beaucoup de matériaux – vous en avez vu un petit peu au passage parce que je mettais des choses sur le blog – : ça parle de saint Paul, ça parle de transhumanisme, ça parle de « Est-ce que nous sommes seuls dans l’univers ? » Voilà, c’est une réflexion générale sur ce que l’on a pu apprendre, sur ce que nous avons appris. Et là je mets des gens, aussi bien Machiavel que Shakespeare, que Victor Hugo, que Freud, que Jacob Taubes moins connu, sur les gens qui nous ont fait comprendre qui on est, et comment mettre tout ça ensemble. Et je parle des Chinois bien entendu aussi (je parle de Confucius, je parle de Mao Tsé Toung, je parle du président actuel), parce qu’on ne peut pas parler du monde tel qu’il est maintenant sans parler de la Chine.
Aujourd’hui dans l’actualité, il y a cette compagnie d’assurance, Anbang, qui a perdu un petit peu le nord et les autorités chinoises ont pris les rênes du pouvoir pendant un an (renouvable), disent-ils, de cette grande compagnie d’assurance. Si on avait fait les choses comme ça avant, ailleurs, ce serait pas mal. Si on avait ça avec Belfius auparavant… pardon, Dexia, ça s’appelait avant. Si on avait ça avec Dexia, si on avait fait ça avec les banques où j’ai travaillé : si on avait fait ça avec Countrywide, si on avait fait ça avec IndyMac : un beau jour mettre, voilà, une autre équipe. On l’a fait chez IndyMac. Mais, on l’a fait chez IndyMac après qu’il y ait eu une panique bancaire, quand il y avait déjà des gens dans la rue… il fallait le faire avant. Les Chinois l’ont fait hier ou dans la nuit pour Anbang. Ils ont raison, il faut parfois… Cette idée que tout marche mieux quand c’est une initiative privée plutôt que quand c’est le public qui s’en occupe, ça c’est un vieux mythe ultralibéral, hein ! On nous ressert ça tous les jours et parfois ce n’est vraiment pas vrai. Ça peut marcher dans le secteur privé, mais dans la mesure où il y a beaucoup d’auto-police dans le secteur privé, qui est un conflit d’intérêts en soi, qui est un aléa moral en soi : le danger est toujours là. Il faut qu’il y ait un régulateur, et il faut que ce régulateur ne soit pas endormi aux manettes et il faut qu’il intervienne. Et c’est ce que les Chinois ont fait hier, et c’est ce qu’ils font, voilà, depuis dix ans, depuis vingt ans : c’est quand les choses ne marchent pas, c’est de changer de cap. C’est le propre de l’être humain. Il n’y a que chez nous maintenant, en Occident, où ne fait pas ça, où on regarde avec des yeux ronds jusqu’à ce que ça s’effondre complètement ou que ça s’écrase tout à fait au fond de l’abîme comme ça se fera avec M. Trump. On le regarde tomber mais on ne fait rien. On ne fait rien de plus : on regarde. Et c’est ce qu’on fait avec l’Europe là maintenant. On sait que ce truc est complètement naze tel qu’il est, mais on le regarde. On le regarde continuer sur sa lancée. C’est pour ça que, eh bien, j’espère qu’on va quand même réagir à mon idée, à mon appel à une consultation de l’ensemble des citoyens européens – c’est pour ça que je vais le traduire en anglais, pour commencer –, qu’on prenne ça au sérieux. Si on ne le fait pas, alors là c’est cuit. En fait, voilà, je fais un test là : s’il n’y a pas de réponse à ça, c’est que cette affaire d’Europe est terminée et on n’a qu’à faire du Brexit, du Frexit, du Belgixit, etc., de jour en jour, et voir apparaître de plus en plus dans les pays des régimes comme on en voit en Hongrie, en Pologne, aux États-Unis… enfin, voilà : la fin de la démocratie de type occidental.
Bon ! Donc du pain sur la planche ! Plein de choses qui vont encore se passer : des vidéos, bien entendu, mais pas dans le même style nécessairement que ces petites rencontres hebdomadaires dont celle-ci est la dernière. Une activité sur mon blog qui va continuer, mais pas du même genre que ce qu’on a vu au cours des dix dernières années. Tout cela va se renouveler d’une manière qui s’inventera à partir du 1er mars.
Voilà ! Allez, à bientôt ! Au revoir.
@Hervey « Le principe est un concept philosophique polysémique qui désigne ou bien une source, un fondement, une vérité première d’idées…