Billet invité.
Où va la crise politique allemande ? Elle s’amplifie au sein du SPD et se creuse à la CDU. Les sondages d’opinion en rendent compte : le SPD continue à descendre à 16,5%, désormais à 1,5% de l’AfD, un écart à l’intérieur de la marge d’erreur. Le score de la CDU passe pour la première fois en dessous de la barre des 30%, à 29,5%.
Ce n’est en rien anecdotique, la physionomie du corps électoral a profondément changé, l’extrême-droite menace de devenir le second parti politique, et toute formule de coalition gouvernementale va nécessiter l’accord d’au moins trois partis, impliquant des négociations à n’en plus finir. C’en est par contre fini de la stabilité politique allemande.
Mais cela ne signifie aucunement, tout au contraire, une inflexion notable de la politique européenne de l’Allemagne, les forces montantes – le FDP et l’AfD – y étant les plus opposées, et ayant du répondant au sein de la CDU-CSU. Les commentateurs ont tendance à prendre leurs désirs pour des réalités.
Pour inverser ce cours, il faudrait que la grande coalition en question adopte clairement un nouveau cours que, dans l’état actuel des discussions, elle n’a fait qu’entériner a minima et du bout des doigts. Mais est-il possible d’attendre mieux du personnel politique aux commandes ?
A la différence de la CDU, où la question posée se résume au simple remplacement d’Angela Merkel, la contestation au sein du SPD est plus profonde et met en cause sa direction et ses méthodes non démocratiques. Cela a commencé par la volte-face de Martin Schulz, s’est poursuivi par la polémique enclenchée par Sigmar Gabriel pour ne pas avoir obtenu une affectation ministérielle, et se prolonge avec la tentative d’imposer à la présidence du parti Andrea Nahles. Une candidature alternative a émergé pour le principe, afin d’imposer un débat et d’enclencher une procédure de désignation. Mais déjà une nouvelle discussion est engagée pour savoir s’il faut ou non rendre publique la liste des dirigeants pressentis pour des postes ministériels, au risque pour les uns de susciter un débat sur leur nom et d’alimenter le refus de l’accord de coalition, ou pour les autres de faire acte positif de transparence. Voilà où ils en sont…
Parvenir à mettre sur pied une coalition majoritaire est un exercice qui parcourt toute l’Europe, depuis les Pays-Bas, jusqu’à l’Espagne et l’Italie. Cela ne la rend pas nécessairement viable lorsqu’elle peut être trouvée, car les prétendants sont loin d’avoir les idées claires et la main sûre devant les enjeux qui se présentent à eux, et surtout d’être d’accord entre eux. Comme pour la finance, la crise politique est devenue chronique.
1er mars, lancement de Décodages
Ma chronique va entamer une nouvelle vie. A partir du mois prochain, vous la trouverez à décodages.
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