Billet invité.
La dérégulation financière ne perd rien pour attendre, mais Donald Trump a une autre urgence à faire passer avant au Congrès, sa réforme fiscale. Celle-ci va creuser le déficit de 1.600 milliards de dollars dans les dix prochaines années, si elle est adoptée par le Congrès telle qu’elle est présentée. Son pari peu convaincant étant qu’elle va susciter une relance de la croissance générant des rentrées fiscales équivalentes. La fuite en avant de l’endettement continue.
Le président américain a toutefois été conduit à faire une exception à propos du Bureau de protection financière des consommateurs (CFPB), pris de court par la démission de son directeur, Richard Cordray. Celui-ci avait été nommé par Barack Obama, après avoir été bloqué par le Congrès dans ses intentions de nommer à sa tête Elizabeth Warren, depuis devenue sénatrice, qui avait été la tête pensante de la création de cet organisme.
Épouvantail des banques américaines, Richard Cordray a notamment mis à son actif la dénonciation des ventes forcées à grande échelle de produits d’assurance de Wells Fargo à ses clients, mais il n’est pas parvenu à faciliter les actions de classe des consommateurs contre les banques, bloqué par le Congrès qui a abrogé les dispositions prises en ce sens précédemment. Ce qui l’a probablement conduit à mettre les pouces.
Qualifié de « désastre total », le CFPB était la cible de Donald Trump, accusé de « dévaster » les institutions financières et d’être incapable de « servir correctement le public ». Il a donc sauté sur l’occasion, dans une veine qui lui est familière, pour nommer illico à sa tête un nouveau directeur, élu républicain à la Chambre des représentants particulièrement marqué à droite, connu pour ses critiques dévastatrices du CFPB et ses appels à la révision du statut indépendant de cet organisme ainsi qu’à la réduction de son budget afin de le rendre inopérant. Avec sans nul doute comme mission d’enfumer ce nid de guêpes où beaucoup de partisans d’Elizabeth Warren se sont retrouvés. Aussitôt dit, aussitôt fait, Mick Mulvaney a été nommé, avec pour tout programme que « les Américains méritent un CFPB qui cherche à les protéger tout en assurant des marchés libres et équitables pour tous les consommateurs. »
Mais le directeur démissionnaire, Richard Cordray, avait auparavant nommé son adjointe, Leandra English, afin de lui succéder provisoirement, comme une disposition de la loi Dodd-Frank le permet explicitement. Donald Trump s’appuyait de son côté sur une autre loi, qui lui donne le pouvoir de nommer un directeur lorsque le poste est vacant. Avec comme conséquence inédite que deux directeurs sont nommés pour un seul poste.
Leandra English, forte de son bon droit, poursuit en justice Donald Trump et Mick Mulvaney devant un tribunal du district de Columbia afin d’annuler la nomination de ce dernier.
À suivre…
@Juillot Pierre Est il normal que des personnes qui bossent vraiment sans compter leurs heures aux cul des vaches ou…