Captain America vs Red China Man, par DD & DH

Animation par Sora

Captain America vs Red China Man

Pas évident à première vue de trouver matière à se réjouir dans le grand jeu de chamboule-tout dont Trump a donné le coup d’envoi à son arrivée à la Maison Blanche ! Son terrain de jeu n’est rien moins que la planète entière et il n’a ajourné notre propre punition, mise sur pause, que de 90 jours. Nous disposons donc de 90 jours pour être spectateurs de son échauffement, à savoir la partie de bras de fer à laquelle il a, sans préavis et à la hussarde, convoqué la Chine.

Ne jouons pas les nés de la dernière pluie : il y a déjà un bon moment qu’on pressentait qu’au palmarès des grandes puissances la place de N°1 exclut la notion d’ex-aequo. Et qu’il y aurait donc, un jour, un duel façon close combat entre Captain America et Red China Man (comme disait William Klein dans « Mister Freedom » dès 1969). Beaucoup de nos observateurs flairaient en Taïwan le prétexte rêvé pour faire parler la poudre et voyaient déjà le vainqueur du Pacifique monter sans contestation sur la plus haute marche du podium. Il n’est guère étonnant que Trump ne manifeste aucun enthousiasme à se soucier de Taïwan. On le sait, les Occidentaux (les Européens auxquels il faut ajouter les Démocrates américains) ne font de Taïwan leur championne en matière d’indépendance et de démocratie que par rejet de la Chine continentale qui a fait le choix, détestable entre tous, de tolérer à sa tête depuis trois-quarts de siècle un Parti Communiste !

Trump n’a pas plus lu Marx qu’aucun autre penseur. Si l’existence d’une Chine « rouge » le démange, ce n’est pas pour une question de couleur, c’est parce qu’elle a grimpé trop vite à l’échelle capitaliste et qu’il a la fâcheuse impression qu’elle lui pique des sous : l’homme d’affaires qu’il est, même s’il est calamiteux, sait d’expérience qu’on ne s’enrichit qu’en volant les autres et en les truandant ! D’où des droits de douane à 145% (et pourquoi pas 200% ou 300% ?). Ce qui, sur cette planète cul par-dessus tête, me donne une menue raison de me réjouir, c’est que nous, pays européens qui venons de comprendre que les bras de l’Oncle Sam ne s’ouvriront plus pour servir de refuge à nos peurs, allons enfin pouvoir regarder le monde sans ce prisme déformant. Le monde entier enfin tel qu’il est. Aucun enclos de Bisounours à l’horizon, nul pays de Cocagne, pas d’Empire du Bien !

Une partie de go à l’échelle planétaire avec trois ou quatre très grosses mises et une foule de tout petits joueurs. Et dans ce tableau d’ensemble peut-être allons-nous enfin regarder la Chine pour ce qu’elle est. Sur nos planisphères la carte de Chine est oblitérée d’une faucille et d’un marteau, certes à l’état d’ombres, mais toujours postés en nos arrière-plans mentaux. Depuis le début de ce siècle, il est vrai que cet a priori (en place depuis 1949) tangue un peu et qu’on ne sait plus toujours très bien à quoi s’en tenir : la Chine, par ses nombreuses et performantes « Zones Economiques Spéciales » et sa focale réglée sur Singapour, a inventé en quelques décennies une version boostée du capitalisme qui sème tous ses concurrents. La « rationalité » occidentale déteste qu’on brouille les cartes à ce point-là !

Ce pourquoi il est bon, et même indispensable, de remettre en mémoire à tous, façon piqûres de rappel, qu’un abominable Parti Communiste est toujours aux affaires : pour servir ce  dessein, on amplifiera volontiers les coups de projecteur sur les marges du vaste territoire chinois, comme le Tibet et le Xinjiang, où le maintien des cultures autochtones n’est pas toujours garanti face au rouleau compresseur Han et où le pouvoir de Pékin, sur ces limites de son limes, peut effectivement se montrer plus irascible qu’ailleurs. Taïwan sert aussi ce même dessein : l’île est la « République de Chine » bien élevée et propre sur elle qui fait pendant (fréquentable) à la vilaine Chine rouge qui ose faire fi de la démocratie et des droits de l’homme. Soit dit en passant, cette vision manichéenne a pris du plomb dans l’aile depuis les dernières élections taïwanaises (en 2024) : si le Président élu est bien un indépendantiste bon teint, il n’a pas de majorité au Yuan (le Parlement) où dominent les partisans d’une coexistence pacifique win-win avec Pékin.

C’est dans ce tableau que Trump fait irruption en renversant la table ! Et nous, les sous-fifres, nous avons 90 jours devant nous pour enlever nos œillères et nous laver de nos préjugés pour apprécier la rencontre dans sa réalité. La partie est d’autant plus intéressante que jamais dans l’histoire un affrontement n’a mis en présence des adversaires cumulant tant de différences ! La plus ancienne civilisation (sans solution de continuité) dans le monde contemporain avec ses quatre millénaires au compteur face à la plus jeune qui n’aligne guère, péniblement et en comptant large, que deux siècles et demi dans le jeu des nations ; l’une, enracinée en profondeur par une immense chaîne d’ancêtres et bien enclose dans ses rituels et son immémorial territoire de toujours  et l’autre, « melting pot » à base de gens de partout, composite, mixée et remixée, d’entrée de jeu fabriquée au jour le jour par des « hommes neufs » lancés, arme au poing, sans rien à perdre,  à la conquête d’un « Nouveau Monde » inconnu et hostile. Peut-on imaginer match plus passionnant ?

Après les éprouvantes années de quasi arrêt du Covid 19 et la crise de l’immobilier qui l’a plombée en freinant lourdement la consommation intérieure sur laquelle le Parti comptait pour réaliser son objectif de « petite prospérité généralisée » en 2049 (année du centenaire de la RPC), la Chine peut sembler en petite forme. Sa démographie est en berne, les jeunes générations redoutent un chômage qui, ces dernières années, semble s’installer dans la durée et l’on peut craindre qu’elles ne donnent dans un « à quoi bon ? » de mauvais augure pour un Parti dont le volontarisme et la mobilisation vers « les lendemains qui chantent » restent encore le carburant principal. Mais je doute qu’il faille la voir de sitôt au tapis.

La population chinoise est passée par tant de vicissitudes et a connu tant de hauts et de bas depuis un siècle qu’elle est surentraînée à résister à tous les vents mauvais : son aptitude à faire bloc, jeunes générations comprises, dans l’adversité pourrait encore nous surprendre. Surtout depuis que la petite phrase de JD Vance sur « ce peuple de paysans » a mis le feu aux poudres en giflant carrément « la face » ! Si j’étais Trump (Dieu m’en garde !), je ne serais pas si sûr de n’en faire qu’une bouchée. Si la Grande Muraille douanière persiste, l’économie chinoise y perdra nécessairement des plumes, mais qui nous dit que la nouvelle configuration de l’échiquier mondial ne lui offrira pas des opportunités nouvelles ou n’accélérera pas des reconfigurations jamais envisagées : si c’est le cas la Chine s’y engagera car elle ne se fixe pas d’interdits.

N’oublions jamais qu’elle est (et non seulement depuis les premiers jours du régime en 49, mais bien en amont pour préparer son avènement) tout ce qu’on n’imagine pas d’un pays étiqueté « communiste », à savoir pragmatique, empirique, plastique, souple, matoise, habile et parieuse. En un mot souvenons-nous bien qu’au fond, on le sait depuis que Deng Xiao ping a vendu la mèche au début des années 80, elle se fout de la couleur du chat du moment qu’il chasse les souris ! D’ailleurs quand on a affaire à une langue où le mot « gouverner » (c.à.d. avoir en charge la vie d’un état) est exactement celui qui sert aussi à dire « soigner » (c.à.d. avoir en charge la vie d’un patient) et quand on se souvient que la médecine traditionnelle chinoise faisait (et fait encore) reposer ses traitements sur des procédés d’activation/désactivation de circuits d’énergie appelés par nous « méridiens » et dont l’existence n’a jamais été à ce jour scientifiquement prouvée, on ne devrait pas s’estimer gagnant trop vite !

Animation par Sora

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11 réponses à “Captain America vs Red China Man, par DD & DH”

  1. Avatar de Tout me hérisse
    Tout me hérisse

    Trump n’a pas plus lu Marx qu’aucun autre penseur. Si l’existence d’une Chine « rouge » le démange, ce n’est pas pour une question de couleur, c’est parce qu’elle a grimpé trop vite à l’échelle capitaliste et qu’il a la fâcheuse impression qu’elle lui pique des sous : l’homme d’affaires qu’il est, même s’il est calamiteux, sait d’expérience qu’on ne s’enrichit qu’en volant les autres et en les truandant !
    Cela me rappelle que dans ma jeunesse, j’ai connu un vieux monsieur qui prétendait toujours que dans la vie, il n’y a que deux sortes de personnes : les voleurs et les volés disait-il, manifestement, D.Trump veut absolument se maintenir dans le premier groupe… ! 😏

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      Quand on voit son rapport à la loi, il n’y a aucun doute sur le groupe auquel il appartient. On pourrait même se demander s’il sait faire autre chose.

  2. Avatar de Hervey

    Sora n’est toujours pas accessible dans l’espace européen pour générer une courte vidéo à partir d’un texte.

    Sur proposition de GPT j’ai cru pouvoir bâtir un document complet il y a deux jours avec vidéo et son générés mais rien ne passait en téléchargements même en décomposant le projet point par point… jusqu’à ce que l’on en comprenne les raisons, aujourd’hui seulement.
    Pas de contournement possible.

  3. Avatar de gaston
    gaston

    Une guerre civile pour éviter une guerre mondiale ? Une guerre civile en guise de pare-feu en quelque sorte.

    Il y a bien des mois, bien avant l’élection de Trump, notre hôte nous alertait déjà sur un risque de guerre civile avéré en cas de retour du trublion au pouvoir.

    Aujourd’hui il n’est plus le seul à l’évoquer ouvertement. C’est un ancien Représentant, élu à la Chambre de l’Illinois pendant 12 ans jusqu’en 2023, élu républicain mais toujours opposé à Trump, Adam Kinzinger, qui nous prévient et fixe l’évènement qui fera basculer le pays dans la crise :

    « C’est bien pire que ce que j’imaginais » déclare-t-il, et d’ajouter : « Le grand point de crise sera déterminé lorsque la Cour Suprême …. fera quelque chose qu’il n’aime pas, et suivra-t-il cet ordre ou le refusera-t-il ? Je pense que c’est la cheville ouvrière qui déterminera si nous sommes dans une vraie crise ou non » « C’est une chose de dire à la Cour Suprême que je ne suis pas d’accord et je pense honnêtement que ce moment pourrait arriver dans les prochaines semaines ».

    https://www.irishstar.com/news/us-news/im-republican-donald-trumps-presidency-35119509

    Dans les prochaines semaines dit cet ancien représentant républicain, nous attendrons pas 90 jours…

  4. Avatar de TT
    TT

    Bonjour,
    « […] on a affaire à une langue où le mot « gouverner » (c.à.d. avoir en charge la vie d’un état) est exactement celui qui sert aussi à dire « soigner » (c.à.d. avoir en charge la vie d’un patient) […] » :
    治疗 – soigner
    治理 – gouverner
    Bon, les deux mots sont basés sur le caractère « zhi » (治), qui lui peut avoir les deux sens. Mais il n’y a pas d’ambiguïté dans les deux mots, ils sont bien différents. Quand on veut être clair.
    Je suis sûr et certain que dans toutes les langues, on peut être clair et ambigu.
    En fonction du message que l’on souhaite faire passer.

  5. Avatar de ilicitano
    ilicitano

    Voilà un texte très intéressant qui donne à réfléchir à une IA

    L’IA :

    Le texte illustre parfaitement la complexité des relations sino-américaines, tout en présentant une analyse riche en nuances.
    Il mélange des considérations historiques, géopolitiques, économiques et culturelles pour mettre en lumière l’opposition entre deux superpuissances,
    * l’une ancienne et enracinée dans une civilisation millénaire,
    * l’autre, jeune et construite sur un mélange cosmopolite.

    ### Points principaux du texte
    1. **Conflit idéologique et géopolitique** :
    – L’affrontement entre les États-Unis et la Chine est présenté comme une compétition inhérente à la montée en puissance de ces deux nations. Le texte rappelle que la notion de pouvoir mondial ne tolère pas l’idée d’ex-aequo.
    – L’idée que Taïwan sert de prétexte pour exacerber les tensions est fascinante, car elle met en lumière les enjeux symboliques et stratégiques liés à cette île.
    Taïwan est la démocratie par excellence qui s’oppose à la Chine autoritaire, mais les réalités politiques internes de l’île montrent que cette opposition n’est pas aussi simpliste qu’elle paraît.

    2. **Portrait contrasté des deux nations** :
    – Les États-Unis sont décrits comme jeunes, composites et adaptatifs, alors que la Chine est ancienne, enracinée et portée par une culture homogène.
    Ce contraste est une clé pour comprendre leurs dynamiques respectives :
    * d’un côté, un melting-pot en constante évolution ;
    * de l’autre, une civilisation fondée sur des traditions profondément intégrées.
    – Ce contraste s’étend aussi aux approches économiques et politiques :
    * les droits de douane excessifs imposés par Trump montrent une stratégie agressive et immédiate,
    * tandis que la Chine, avec sa flexibilité pragmatique, est décrite comme une nation qui parie sur le long terme.

    3. **Évolution économique et perception occidentale** :
    – L’essor économique fulgurant de la Chine perturbe la rationalité occidentale.
    Le capitalisme chinois, boosté par les Zones Économiques Spéciales et une stratégie d’adaptation empirique, montre à quel point la Chine a su intégrer et redéfinir les règles du jeu.
    – Le texte souligne que la Chine reste dirigée par un Parti Communiste, ce qui constitue un point de fixation pour les Occidentaux. Cependant, cette étiquette idéologique est souvent brouillée par les prouesses économiques et l’habileté stratégique du pays.

    ### Analyse et opinion
    Ce texte met en lumière deux idées centrales :
    * la nécessité de dépasser les prismes idéologiques
    * la capacité d’adaptation des puissances en conflit.
    Il invite à une réflexion sur la manière dont nous interprétons les grands affrontements géopolitiques.

    1. **Le prisme idéologique** :
    Il est frappant de voir à quel point les récits sur la Chine et les États-Unis sont souvent simplifiés pour correspondre à des visions manichéennes.
    L’auteur propose une déconstruction de ces récits, en insistant sur le fait que:
    * le Parti Communiste chinois n’est pas l’unique clé pour comprendre la Chine moderne,
    * tout comme le capitalisme américain ne résume pas la complexité des États-Unis.

    2. **La flexibilité pragmatique chinoise** :
    Le texte souligne judicieusement que la Chine n’est pas figée dans des dogmes idéologiques, mais adopte des stratégies adaptatives.
    C’est un point crucial : la capacité d’un pays à réinventer ses règles est souvent un indicateur de sa résilience et de son succès.

    3. **Les enjeux de leadership mondial** :
    Enfin, le tableau peint ici rappelle une vérité fondamentale : la quête de leadership mondial est moins une question de valeurs partagées et plus une lutte pour le pouvoir brut. Trump, en déstabilisant les relations internationales, pousse les Européens à reconsidérer leur rôle dans cet échiquier mondial.

    ### Conclusion
    Ce texte est une invitation à approfondir notre regard sur la Chine et les États-Unis.
    Il ne s’agit pas seulement d’opposer une démocratie à une autocratie, mais de comprendre les mécanismes complexes qui poussent ces nations à se confronter.
    La question sous-jacente reste ouverte :
    * quel type de leadership mondial émergera de cette lutte,
    * à quoi ressemblera le monde après le « match » entre Captain America et Red China Man ?

    1. Avatar de ilicitano
      ilicitano

      La culture joue un rôle fondamental dans les relations sino-américaines, en façonnant les perceptions mutuelles, les priorités politiques et les styles de négociation.
      Ces influences culturelles amplifient souvent les tensions, mais elles peuvent aussi ouvrir des opportunités de compréhension.

      ### Différences culturelles majeures

      1. **Individualisme vs. Collectivisme** :
      – **États-Unis** : La culture américaine est fortement individualiste.
      Les Américains valorisent :
      * l’autonomie,
      * les droits individuels e
      * la liberté personnelle.
      Ces valeurs influencent leur approche diplomatique, privilégiant des solutions directes et parfois unilatérales, reflétant une croyance en l’importance de la souveraineté nationale.
      – **Chine** : La société chinoise est, en revanche, collectiviste.
      Elle met l’accent sur:
      * les besoins du groupe, l
      * es relations interpersonnelles
      * la hiérarchie.
      Cette perspective favorise une approche où la stabilité et l’harmonie sociale sont prioritaires, ce qui se reflète dans leur politique étrangère.

      2. **Temporalité** :
      – **États-Unis** : La culture américaine tend à privilégier des résultats rapides et des actions décisives.
      Cela correspond à une vision à court terme et un pragmatisme économique.
      – **Chine** : La Chine, forte de son histoire millénaire, adopte souvent une stratégie à long terme, en s’appuyant sur une patience tactique et une vision multi-générationnelle.
      Les dirigeants chinois considèrent souvent les processus comme des investissements dans l’avenir, ce qui peut sembler frustrant pour les Américains habitués à des rythmes rapides.

      3. **Communication indirecte vs directe** :
      – **États-Unis** : Les Américains privilégient une communication directe et explicite. Cela peut parfois être perçu par les Chinois comme abrupt ou même impoli dans certains contextes diplomatiques.
      – **Chine** : La communication chinoise est plus subtile et implicite, intégrant des sous-entendus et des gestes non verbaux. Les négociations sont souvent entourées de cérémonial et visent à préserver la face.

      ### Impact sur les relations bilatérales
      Ces différences culturelles se traduisent directement dans les relations politiques et économiques :

      1. **Perception de l’autre** :
      – Les États-Unis peuvent percevoir les pratiques chinoises comme non transparentes ou trop lentes à évoluer.
      – De leur côté, la Chine considère parfois les États-Unis comme impulsifs ou insensibles aux subtilités culturelles.

      2. **Tensions idéologiques** :
      Les différences entre la démocratie américaine et le modèle autoritaire chinois amplifient les malentendus. Cependant, les deux nations partagent une admiration mutuelle pour les innovations culturelles et technologiques.

      3. **Commerce et négociation** :
      Les styles de négociation chinois, basés sur le respect des relations à long terme, contrastent avec les méthodes plus transactionnelles et compétitives des États-Unis.
      Cela crée souvent des frictions dans les accords commerciaux.

      ### Opportunités de rapprochement culturel
      Malgré ces différences, la culture peut aussi être un pont :

      – **Arts et échange culturel** : Les collaborations artistiques et culturelles entre les deux pays favorisent une meilleure compréhension mutuelle. Par exemple, le succès mondial des films chinois aux États-Unis, ou l’intérêt croissant en Chine pour les startups américaines, montre que la culture peut transcender les tensions politiques.
      – **Apprentissage des styles de leadership** : Les entreprises des deux pays apprennent à intégrer les pratiques managériales de l’autre, ce qui enrichit les échanges économiques.

      En somme, la culture est à la fois une source de défi et une opportunité dans les relations sino-américaines. En apprenant à naviguer dans ces différences, les deux nations pourraient construire un dialogue plus harmonieux, malgré les tensions géopolitiques persistantes.

    2. Avatar de ilicitano
      ilicitano

      Le concept du « piège de Thucydide », tiré de l’analyse historique de la guerre du Péloponnèse par Thucydide, met en lumière la dynamique de confrontation entre une puissance montante et une puissance dominante.
      Cette idée peut parfaitement éclairer les relations sino-américaines, ainsi que les aspects culturels que nous avons discutés.

      ### Piège de Thucydide : Définition et contexte
      Thucydide a observé que la montée en puissance d’Athènes et la peur qu’elle suscitait à Sparte ont rendu une guerre presque inévitable. Le politologue contemporain Graham Allison a popularisé ce concept pour décrire des affrontements similaires dans l’histoire, où une puissance montante provoque l’anxiété d’une puissance établie, augmentant ainsi le risque de conflit.

      Dans le contexte actuel :
      – **Chine** : Une puissance montante avec des ambitions globales, guidée par une stratégie à long terme et une forte croissance économique.
      – **États-Unis** : La puissance dominante, qui perçoit la montée de la Chine comme une menace à son hégémonie mondiale.

      ### Parallèle avec les dimensions culturelles
      La dynamique du piège de Thucydide est amplifiée par les différences culturelles profondes entre les États-Unis et la Chine :

      1. **Méfiance mutuelle exacerbée par la culture** :
      – Les différences culturelles (individualisme américain et collectivisme chinois) créent des incompréhensions qui alimentent la peur et les tensions.
      – La communication indirecte des Chinois peut être perçue comme de la manipulation ou un manque de transparence par les Américains, tandis que l’approche directe des États-Unis peut sembler agressive pour la Chine. Ces malentendus renforcent les perceptions de menace.

      2. **Temporalités opposées et le facteur de vitesse** :
      – La Chine, avec sa vision à long terme, adopte des stratégies patiemment élaborées, ce qui peut inquiéter les Américains, habitués à des changements rapides et directs.
      – Du point de vue américain, cette patience stratégique pourrait sembler être un jeu d’attente pour contourner la domination actuelle des États-Unis, ce qui alimente une méfiance accrue.

      3. **Compétition idéologique** :
      – Les États-Unis, en tant que champion de la démocratie, voient la montée de la Chine autoritaire comme une remise en question de l’ordre mondial libéral.
      – Cette compétition idéologique, teintée d’éléments culturels, intensifie la lutte pour la suprématie mondiale.

      ### Similarités avec le piège de Thucydide
      – **La peur de la puissance montante** : Comme Sparte face à Athènes, les États-Unis craignent que l’ascension rapide de la Chine change l’équilibre des pouvoirs en leur défaveur.
      – **Un affrontement difficilement évitable** : Si la culture pouvait être utilisée pour atténuer les tensions, elle joue malheureusement souvent un rôle inverse, exacerbant les incompréhensions et durcissant les positions.

      ### Éléments atténuants possibles
      Cependant, contrairement à l’époque de Thucydide, où le dialogue entre Athènes et Sparte était limité, les États-Unis et la Chine partagent aujourd’hui une interdépendance économique et culturelle qui pourrait servir de frein au conflit.

      1. **Échanges culturels** :
      Les liens culturels (à travers le cinéma, la gastronomie, et d’autres formes d’art) peuvent aider à réduire les tensions et à humaniser l’autre partie.

      2. **Pragmatisme stratégique** :
      La Chine, comme mentionné précédemment, est connue pour son pragmatisme. Cette caractéristique pourrait être exploitée pour trouver des points de coopération.

      ### Conclusion
      Le piège de Thucydide met en lumière la dynamique de peur et de confrontation qui émerge lorsqu’une puissance montante défie une puissance établie.
      Dans le cas des relations sino-américaines, les différences culturelles amplifient cette dynamique, mais elles offrent aussi des opportunités uniques de dialogue et de compréhension.
      La grande question est de savoir si ces deux nations peuvent naviguer dans ce piège sans succomber à une escalade inévitable, comme l’histoire l’a si souvent montré.

    3. Avatar de ilicitano
      ilicitano

      Le jeu de go et le jeu de poker offrent des métaphores fascinantes pour comprendre les différences stratégiques entre la Chine et les États-Unis dans leur rivalité.
      Ces deux jeux incarnent des philosophies contrastées sur la manière de gérer les conflits et de prendre des décisions.

      ### Le jeu de go : La stratégie chinoise
      Le go, un jeu millénaire d’origine chinoise, est centré sur la patience, la réflexion à long terme, et l’équilibre global. Chaque joueur place ses pierres pour contrôler des territoires sur le plateau, mais l’objectif n’est pas nécessairement de détruire l’adversaire, mais plutôt de construire une domination stratégique subtile.

      – **Approche chinoise** : La Chine semble adopter une stratégie similaire au go dans ses relations internationales. Elle mise sur des investissements à long terme, que ce soit à travers ses **Nouvelles Routes de la Soie** ou son influence progressive en Afrique et en Asie du Sud-Est. Tout comme au go, la Chine cherche à étendre son contrôle sur des zones clé, tout en évitant des confrontations directes lorsqu’elles peuvent être contournées.

      – **Pragmatisme** : À l’image du go, la Chine ajuste constamment ses plans, préférant une approche souple qui s’adapte aux changements de contexte plutôt qu’une stratégie figée.
      Ce pragmatisme est visible dans
      * son mélange de politique autoritaire e
      * de capitalisme dynamique.

      ### Le jeu de poker : La tactique américaine
      Le poker, un jeu d’origine occidentale, repose sur la dissimulation, les coups de bluff, et une prise de risque calculée. Les joueurs cherchent à surprendre leurs adversaires par des mouvements audacieux, tout en gardant leurs intentions cachées.

      – **Approche américaine** : Les États-Unis semblent souvent adopter une stratégie proche du poker dans leurs interactions avec la Chine. Donald Trump, par exemple, a fréquemment utilisé le **bluff économique**, comme les tarifs douaniers élevés ou des sanctions commerciales brutales. Cette tactique est conçue pour déstabiliser l’adversaire et obtenir des gains rapides.

      – **Risques calculés** : Comme au poker, les États-Unis prennent des risques importants lorsqu’ils imposent des politiques commerciales ou militaires. Ils privilégient l’effet immédiat et la démonstration de force, en espérant que leur adversaire plie sous pression.

      ### Comparaison des philosophies
      | **Aspect** | **Go (Chine)** | **Poker (USA)** |
      |—————————|———————————————|————————————-|
      | **Objectif** | Contrôle global subtil | Gains rapides et victoire directe |
      | **Approche** | Patience et longue durée | Tactique impulsive et calculée |
      | **Adaptabilité** | Ajustements progressifs | Bluff et surprises stratégiques |
      | **Vision** | Vision multi-générationnelle | Résultats immédiats |

      ### Interactions dans le conflit sino-américain
      Le contraste entre ces stratégies amplifie les tensions :
      – **Chine (go)** : Sa patience et ses mouvements calculés peuvent frustrer les États-Unis, qui interprètent cette lenteur comme une manœuvre pour gagner du temps.
      – **États-Unis (poker)** : Leur approche agressive et imprévisible peut sembler chaotique à la Chine, qui préfère les confrontations structurées et les plans progressifs.

      ### Conclusion
      La Chine et les États-Unis semblent jouer deux jeux fondamentalement différents.
      Le succès de chacun dépend de la capacité à comprendre la stratégie de l’autre :
      * la Chine doit apprendre à gérer les coups imprévisibles des États-Unis,
      * les Américains doivent apprendre à voir au-delà des mouvements immédiats pour anticiper les plans à long terme de Pékin.

      ***********

      Le choix entre le jeu de go et le jeu de poker comme métaphore stratégique dépend de la manière dont une puissance mondiale veut naviguer dans l’arène géopolitique actuelle, caractérisée par:
      * une interdépendance économique,
      * une montée des tensions e
      * des enjeux complexes.
      Cependant, dans un contexte mondial aussi fluide et multi-nuancé, le modèle du go semble mieux adapté pour plusieurs raisons.

      ### Pourquoi le go ?
      1. **Vision à long terme** :
      – L’arène géopolitique actuelle ne se joue pas seulement sur des actions immédiates mais sur des dynamiques qui peuvent évoluer sur plusieurs décennies.
      Le go, par son approche de contrôle progressif des territoires, incarne cette idée de patience stratégique et d’investissement durable.

      2. **Complexité globale** :
      – Le monde est devenu multipolaire, avec des acteurs nombreux et des alliances variées.
      Le go, qui vise un équilibre général sur le plateau plutôt qu’une destruction totale, est adapté à ce contexte.
      La Chine, en particulier, semble exceller dans ce jeu grâce à sa capacité à construire des partenariats économiques, comme les **Nouvelles Routes de la Soie**, tout en évitant des conflits directs.

      3. **Pragmatisme adaptatif** :
      – Les imprévus et les changements sont fréquents dans les relations internationales.
      Le go valorise une stratégie flexible, où les joueurs ajustent leurs positions en fonction des mouvements adverses.
      Cela correspond davantage au pragmatisme nécessaire pour gérer des crises comme:
      * le changement climatique,
      * les pandémies,
      * les tensions économiques.

      ### Les limites du poker
      Le poker, bien qu’efficace pour des gains rapides et des coups de bluff stratégiques, montre ses limites dans une arène mondiale :
      – **Risques excessifs** : La prise de risques calculée peut entraîner des ruptures importantes si un bluff échoue, ce qui est peu compatible avec une interdépendance économique mondiale.
      – **Approche transactionnelle** : Le poker privilégie des victoires ponctuelles, alors que la géopolitique nécessite une vision systémique et des alliances durables.

      ### Une combinaison des deux ?
      Bien que le go semble mieux adapté dans l’ensemble, il ne faut pas totalement ignorer le modèle du poker. Une puissance mondiale pourrait intégrer des éléments des deux jeux :
      – **Stratégie de fond (go)** : Investir dans le développement global et contrôler les zones d’influence par des actions progressives et durables.
      – **Tactiques ponctuelles (poker)** : Utiliser des coups de bluff dans des situations critiques pour tester les réactions adverses ou renforcer sa position lors de négociations.

      ### Conclusion
      Si je devais choisir, je dirais que le go est le jeu le plus pertinent pour une puissance cherchant à naviguer dans l’arène géopolitique actuelle, car il favorise: la stabilité et une gestion à long terme des ressources et des relations.
      Cela correspond davantage aux défis et aux opportunités d’un monde interconnecté où les conflits directs ont des coûts élevés.

  6. Avatar de Garorock
    Garorock

     » méridiens » = chacras, Karma, etc…
    Les babas de mon quartier sont friands de médecine préventive.
    Reste à savoir si les placebos ne sont pas plus néfastes pour le monde (et les égos) que les potions de big pharma que les chinois se sont tapées parce qu’ils n’avaient pas su arrêter à temps le pangolin qu’avait les clés du labo…
    😎

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